ACCUEIL     SUIVANT    CONSULTER LE TEXTE DU TRAITÉ MODERNISÉ

LES FINS DERNIÈRES

Supplément à la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin

Questions 69 à 99

compilées par Frère Réginald OP, secrétaire de saint Thomas d'Aquin en 1275

ÉDITIONS DU CERF, Paris, Tournai, Rome, 1961 

 

  Sommaire

L’AU-DELÀ

QUESTION 69 : LA DEMEURE DES ÂMES APRÈS LA MORT

QUESTION 70 : LA CONDITION DE L’ÂME SÉPARÉE DU CORPS, ET LA PEINE QUE PEUT LUI INFLIGER UN FEU CORPOREL

QUESTION 70 bis : LA CONDITION DES [ÂMES EN ÉTAT DE PÉCHÉ ORIGINEL

QUESTION 70 ter : LE PURGATOIRE

QUESTION 71 : LES SUFFRAGES POUR LES DÉFUNTS.

QUESTION 72 : LA PRIÈRE DES SAINTS QUI SONT AU CIEL

 

LA FIN DU MONDE

QUESTION 73 : LES SIGNES PRÉCURSEURS DU JUGEMENT

QUESTION 74 : LA CONFLAGRATION DE L’UNIVERS À LA FIN DES TEMPS

 

LA RÉSURRECTION DE LA CHAIR

QUESTION 75 : LA RÉSURRECTION

QUESTION 76 : LA CAUSE DE LA RÉSURRECTION

QUESTION 77 : LE TEMPS ET LE MODE DE LA RÉSURRECTION

QUESTION 78 : LE POINT DE DÉPART DE LA RÉSURRECTION

QUESTION 79 : L’ÉTAT DES RÉSSUSCITÉS ET D’ABORD LEUR IDENTITÉ

QUESTION 80 : L’INTÉGRITÉ DU CORPS RESSUSCITÉ

QUESTION 81 : LA QUALITÉ DU CORPS DES RÉSSUSCITES

QUESTION 82 : L’ÉTAT CORPOREL DES ELUS

QUESTION 83 : LA SUBTILITÉ DU CORPS DES ÉLUS

QUESTION 84 : L’AGILITÉ DU CORPS DES ÉLUS

QUESTION 85 : LA CLARTÉ DU CORPS DES ÉLUS

QUESTION 86 : L’ÉTAT CORPOREL DES DAMNÉS

 

LE MONDE DES RESSUSCITÉS

QUESTION 87 : LA CONNAISSANCE QUE LES RESSUSCITÉS AURONT, AU JOUR DU JUGEMENT, DE LEURS MÉRITES ET DE LEURS DÉMÉRITES

QUESTION 88 : DU JUGEMENT GÉNÉRAL, DE SA DATE ET DE SON LIEU

QUESTION 89 : JUGES ET JUGÉS AU JUGEMENT GÉNÉRAL

QUESTION 90 : LA FORME SOUS LAQUELLE LE JUGE VIENDRA

QUESTION 91 : L’ÉTAT DU MONDE APRÈS LE JUGEMENT

QUESTION 92 : LA VISION DE L’ESSENCE DIVINE

QUESTION 93 : LA BÉATITUDE DES SAINTS ET LEURS DEMEURES

QUESTION 94 : LE COMPORTEMENT DES SAINTS ENVERS LES DAMNÉS

QUESTION 95 : LES DOTS DES BIENHEUREUX

QUESTION 96 : LES AURÉOLES

QUESTION 97 : LE CHATIMENT DES DAMNÉS

QUESTION 98 : LA VOLONTÉ ET L’INTELLIGENCE DES DAMNÉS

QUESTION 99 : LA MISÉRICORDE ET LA JUSTICE DE DIEU À L’ÉGARD DES DAMNÉS

ACCUEIL     SUIVANT

CONSULTER LE TEXTE DU TRAITÉ DES FINS DERNIÈRES

 

Présentation

 

Saint Thomas d’Aquin n’a jamais terminé sa Somme de théologie. Surpris par une apparition du Christ alors qu’il célébrait la messe, il n’a jamais voulu reprendre sa dictée. Ce Traité des Fins dernières n’est donc pas directement de lui. Il est une compilation effectuée après sa mort par son secrétaire particulier, Frère Réginald, à partir d’œuvres de jeunesse du Maître.

Il présente plusieurs défauts graves et un certain nombre de défauts plus légers.

Sur le fond, le défaut le plus grave consiste dans le fait que saint Thomas, à la suite de saint Augustin, met en enfer tous les non chrétiens. Il damne aussi pour l’éternité, quoique sans souffrance, les enfants morts sans baptême. Il le fait en s’appuyant sur un argument de la foi qu’il pousse au bout de sa logique : « Tout homme qui meurt sans la charité est damné pour l’éternité. » Il ne pense pas à le contrebalancer par un autre article de foi, tout aussi valable : « Dieu qui veut que tout homme soit sauvé propose à tous son salut, de telle manière que celui qui se damne ne peut le faire qu’à travers un libre blasphème contre l’Esprit Saint. » C’est pourquoi on doit affirmer que cette analyse de saint Thomas d’Aquin est périmée. C'est ce qu'enseigne le Concile Vatican II[1]: « Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu seul connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal ».

Cette façon que Dieu seul connaît semble être de plus en plus clairement révélée à l’Église de notre époque. Sainte Faustine en parle explicitement[2]. Au plan philosophique, les Expériences de Mort Imminente (N.D.E.) le confirment. On peut la résumer de la manière suivante : « Le Christ vient prêcher l’Évangile à tous les hommes à l’heure de leur mort, c’est-à-dire dans la onzième heure de leur vie terrestre. »

Sur la forme, le travail de frère Réginald présente le défaut principal d’être centré sur la promesse de la résurrection de la chair, alors que son vrai principe d’intelligibilité devrait être la promesse de la Vision béatifique. Il est évident que la Vision face à face de l’essence de Dieu est un mystère infiniment plus essentiel que tout autre. Il donne la raison de toutes les choses. Il en résulte un manque d’ordre scientifique que saint Thomas d’Aquin aurait certainement corrigé.

Les autres défauts portent plus sur des questions de détails. Par exemple, comme toujours, les sciences de la matière (physique, biologie, astronomie) du Moyen Age étant périmées, tout ce qui à trait aux natures corporelles n’offre plus guère d’intérêt pour nos contemporains. Cela touche principalement toutes les questions portant sur le mode de la résurrection de la chair, sur la nature du monde nouveau.

Mais, au-delà de ses défauts, ce traité mérite d’être reproduit. Il a marqué pendant des siècles les générations de chrétiens et suscité le zèle des missionnaires pour le salut des païens. Mais ce site internet (http://eschatologie.ifrance.com) propose au lecteur le Traité des Fins dernières corrigé et modernisé selon la même méthode que saint Thomas d’Aquin. Il mérite d’être consulter.

Cette partie du Supplément à la Somme de théologie a été traduite par des Pères dominicains et publiée par les éditions du Cerf vers 1961.


NOTES

[1] Gaudium et Spes, n° 22, 5 / trad. officielle.

“Dieu, selon des voies connues de lui seul, peut conduire à la foi sans laquelle on ne peut être agréable à Dieu, des hommes qui, sans faute de leur part, ne connaissent pas l'Evangile” (AM = Ad Gentes, n° 7 / trad. officielle).

[2] … qui est une sainte canonisée. De ce fait, ses écrits ont une certaine autorité, d’un degré bien sûr inférieur à celui de l’Écriture Sainte ou du Magistère de l’Église. “ J’accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine. Je supplie Dieu de leur donner toute la grâce divine, qui est toujours victo­rieuse. La miséricorde divine atteint plus d’une fois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur nous croyons que tout est perdu, mais il n’en est pas ainsi. L’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon de ses fautes et de leurs punitions. Elle ne nous donne à l’extérieur, aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures. Oh! Que la miséricorde divine est insondable.

Mais horreur! Il y a aussi des âmes, qui volontairement et consciemment rejettent cette grâce et la dédaignent. C’est déjà le moment même de l’agonie, mais Dieu, dans sa miséricorde, donne à l’âme en son for intérieur ce moment de clarté. Et si l’âme le veut, elle a la possibilité de revenir à Dieu. Mais parfois il y a des âmes d’une telle dureté de cœur, qu’elles choisissent consciemment l’Enfer. Elles font échouer non seulement toutes les prières que d’autres âmes dirigent vers Dieu à leur intention, mais même aussi les efforts divins. » Journal de sœur Faustine, édition Hovine 1985, p. 542.