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Mt  18  21-22

Notre-Seigneur avait fait plus haut cette recommandation : « Prenez garde de mépriser aucun de ces petits ; » il avait ajouté : « Si votre frère pèche contre vous, recevez-le, » etc., et il avait promis de récompenser cette conduite en leur disant : « Si d’eux d’entre vous sont unis entre eux, tout ce qu’ils demanderont leur sera accordé » Pierre, excité par ces paroles, interroge le Sauveur comme l’Évangéliste le rapporte : « Alors Pierre s’approchant, lui dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? » Et, tout en faisant cette question, il donne son avis : « Est-ce jusqu’à sept fois ? » — S. Chrys. (hom. 61.) Pierre croit avoir fait un acte héroïque ; mais que lui répond Jésus, le tendre ami des hommes ? « Jésus lui dit : Je ne vous dis pas jusqu’à sept fois, » etc. — S. Augustin. (serm. 16 sur les paroles du Seigneur.) J’ose le dire, quand même il aurait péché septante fois huit fois, pardonnez-lui ; eût-il péché cent fois, pardonnez-lui encore ; en un mot, toutes les fois qu’il pèche, ne cessez de lui pardonner. Car si Jésus-Christ, bien qu’il ait trouvé en nous des milliers de péchés, nous les a tous pardonnés, ne refusez donc pas de faire vous-mêmes miséricorde, ainsi que l’Apôtre vous le recommande en ces termes (Col 3) : « Vous pardonnant entre vous les sujets de plainte que vous pourriez avoir les uns contre les autres, comme Dieu vous a pardonné en Jésus-Christ (cf. 2 Co 5, 10). » — S. Chrys. (hom. 61.) En disant : « Jusqu’à septante fois sept fois, le Sauveur ne précise pas un nombre et ne circonscrit pas le pardon dans un chiffre quelconque, mais il veut dire qu’il ne faut mettre aucune restriction, aucune limite à ce pardon. — S. Augustin. (serm. 16 sur les paroles du Seigneur.) Cependant ce n’est point au hasard que le Sauveur choisit le nombre de septante fois sept fois ; car la loi a été donnée en dix commandements. Si la loi est représentée par le nombre dix, le péché l’est par le nombre onze, car il va au delà du nombre dix. Le nombre sept se prend ordinairement pour un tout complet, car le temps fait sa révolution en sept jours. Or, onze fois sept font soixante-dix-sept ; le Sauveur, en choisissant ce nombre soixante-dix-sept, a donc voulu que tous les péchés que nos frères pourraient commettre fussent pardonnés. — Origène. (Traité 6 sur S. Matth.) Ou bien encore, comme le nombre six paraît désigner l’action et le travail, et le nombre sept le repos et la tranquillité, on peut dire que celui qui aime le monde et qui fait les oeuvres du monde, pèche sept fois en se livrant à ces actions toutes mondaines. Pierre croyait sans doute qu’il était question de ces oeuvres, quand il pensait qu’il fallait pardonner sept fois ; mais comme Jésus-Christ savait qu’il en est dont les péchés s’étendent bien au delà, il ajoute le nombre septante au nombre sept pour nous apprendre que nous devons pardonner à nos frères qui vivent dans le monde et qui pèchent dans l’usage qu’ils font des choses du monde. Mais si quelqu’un multiplie les transgressions au delà de ce nombre, il n’a point de pardon à espérer. — S. Jérôme. Ou bien il faut entendre ces septante fois sept fois dans le sens de. quatre cent quatre-vingt-dix fois, c’est-à-dire que vous devez pardonner à votre frère autant de fois qu’il pourra pécher. — Raban. Toutefois, il y a une différence entre le pardon que nous accordons à un frère qui le demande et avec lequel nous renouons les liens étroits qui nous unissaient (comme Joseph avec ses frères), et le pardon que nous accordons à un ennemi qui nous persécute, à qui nous voulons, et à qui même, s’il est possible, nous faisons du bien, comme David lorsqu’il fuyait devant Saül.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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