Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Matthieu  >  chapitre 13, versets 34-35

Mt  13  34-35

S. Chrys. (hom. 48.) Après avoir rapporté ces paraboles, l’Évangéliste, voulant prouver que Notre-Seigneur n’introduisait pas en cela de nouveautés, cite le prophète qui avait prédit ce mode d’enseignement. « Or Jésus dit toutes ces choses, » etc. Saint Marc dit qu’il parlait en paraboles pour se mettre à la portée de leur intelligence (Mc 4). Ne soyez donc pas surpris si, en parlant du royaume des cieux, il emprunte les comparaisons de la semence et du levain ; il s’adressait à des hommes ignorants et qui avaient besoin de cette méthode simple pour être amenés à la vérité. — S. Rémi. Le mot parabole, en grec comme en latin, signifie comparaison qui sert à démontrer la vérité, car elle nous découvre dans les différentes parties de la comparaison des expressions figurées et des images de la vérité.

S. Jérôme. Ce n’est pas aux disciples, mais au peuple qu’il parlait en paraboles, et encore aujourd’hui c’est le langage que le peuple entend volontiers ; aussi l’Évangéliste ajoute-t-il : « Et il ne leur parlait point sans paraboles. » — S. Chrys. (hom. 48.) Cependant il a parlé souvent au peuple sans paraboles, mais dans cette circonstance il ne leur parla qu’en paraboles. — S. Augustin. (Quest. év.) Ou bien l’Évangéliste s’exprime ainsi, non que le Seigneur n’ait jamais parlé dans le sens littéral, mais parce qu’il n’a presque jamais fait de discours où il n’ait enseigné quelque vérité sous le voile de la parabole, bien qu’il y ait parlé en même temps dans le sens littéral ; c’est-à-dire que souvent son discours est tout entier composé de paraboles, tandis qu’on n’en trouve aucun qui soit tout entier dans le sens littéral. Par discours entiers et complets, j’entends ceux que le Seigneur faisait suivant que l’occasion se présentait, jusqu’à ce que la matière qu’il traitait, étant terminée, il passait à un autre sujet. On ne peut nier du reste que souvent un évangéliste présente en un seul discours ce qu’un autre évangéliste rapporte comme ayant été dit en plusieurs circonstances différentes, parce qu’il s’attache dans sa narration, non pas à l’ordre historique des faits, mais à l’ordre dans lequel ils se présentent à son souvenir.

Or, l’auteur sacré nous apprend pourquoi il parlait en paraboles : « C’est afin que cette parole du Prophète fût accomplie. » — S. Jérôme. Ce témoignage est emprunté au Ps 77. Dans quelques manuscrits, au lieu de la traduction de la Vulgate que nous avons rapportée : « Afin que cette parole du prophète fut accomplie, » on lit : « Cette parole du prophète Isaïe. » — S. Rémi. Porphyre prend occasion de là pour faire cette objection aux chrétiens : Votre Évangéliste a poussé la sottise jusqu’à attribuer à Isaïe ce qui se trouve dans les psaumes et à citer ce témoignage comme venant du prophète Isaïe. — S. Jérôme. Comme cette citation ne se trouvait nullement dans Isaïe, j’avais d’abord pensé que des hommes instruits avaient fait disparaître le nom du prophète. Mais je crois maintenant que le texte portait primitivement : « Ce qui a été écrit par le prophète Asaph. » En effet, le Ps 72, auquel est emprunté ce témoignage, a pour titre : « Au prophète Asaph. » Les premiers copistes n’auront pas compris ce nom d’Asaph et, croyant que c’était une faute d’écriture, ils auront remplacé ce nom par le nom plus connu d’Isaïe ; car il faut se rappeler que non-seulement David, mais tous les autres dont les noms se trouvent en tête des psaumes, des hymnes et des divins cantiques, tels qu’Asaph, Idithun, Eman, Ezarite et d’autres dont l’Écriture fait mention, méritent le nom de prophète. Quant à ce qui est dit de la personne du Christ : « J’ouvrirai ma bouche en paraboles, » etc., si nous considérons attentivement ces paroles, nous y verrons la description de la sortie d’Israël de la terre d’Égypte, et le récit de tous les miracles qui sont contenus dans l’Exode ; d’où nous devons conclure que tout ce qui se trouve écrit dans ce livre doit être pris dans un sens allégorique et nous révèle des mystères cachés. Ce sont ces vérités mystérieuses que le Seigneur promet de dévoiler, lorsqu’il dit : « J’ouvrirai ma bouche en paraboles. » — La glose. Ces paroles veulent dire : J’ai parlé autrefois par les prophètes ; je parlerai maintenant moi-même en paraboles, et je ferai sortir du trésor de mes secrets des mystères qui s’y trouvaient cachés depuis la création du monde.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle