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Mt  12  27-28

S. Chrys. (hom. 42.) A cette première réponse, Notre-Seigneur en ajoute une seconde beaucoup plus évidente encore : « Et si c’est par Béelzébub que je chasse les démons, par qui vos enfants les chasseront-ils ? » Par les enfants des Juifs, il entend les exorcistes établis par la loi ou les Apôtres sortis de la nation juive. S’il veut parler des exorcistes qui chassaient les démons en invoquant le nom de Dieu, il force les pharisiens par cette question adroite de reconnaître en eux l’oeuvre de l’Esprit saint ? Si le pouvoir de chasser les démons, leur dit-il, est dans vos enfants l’oeuvre de Dieu, et non pas des démons, pourquoi cette puissance aurait-elle en moi un autre principe ? Ils seront donc eux-mêmes vos juges, non par la puissance qu’ils exerceront sur vous, mais par l’opposition de leur conduite avec la vôtre, puisque c’est à Dieu qu’ils font remonter le pouvoir de chasser les dénions, tandis que vous l’attribuez au prince des démons. Si au contraire ces paroles doivent s’entendre des Apôtres, ce qui est plus probable, ils seront leurs juges, parce qu’ils siégeront sur douze siéges pour juger les douze tribus d’israël. (Mt 19.) — S. Hil. (can. 12.) Or, c’est à juste titre que les Apôtres seront établis leurs juges, eux qui ont été revêtus du pouvoir de chasser les démons, pouvoir que les pharisiens ont refusé de reconnaître dans le Christ lui-même. — Raban. Ou bien encore, c’est parce que les Apôtres avaient la conscience que le Christ ne les avait initiés à aucune science funeste.

S. Chrys. (hom. 42.) Le Sauveur ne dit pas ici : Mes disciples, ni mes Apôtres, mais « vos enfants, » afin de leur donner toute facilité de reprendre leur dignité, ou, s’ils persévéraient dans leur ingratitude, d’ôter toute excuse à leur impudence. Or, les Apôtres chassaient les démons en vertu du pouvoir que le Sauveur lui-même leur avait donné ; cependant les pharisiens ne songeaient pas à les accuser, car ce n’était pas le fait lui-même qu’ils attaquaient, mais la personne du Christ. Il prend les Apôtres pour exemple, afin de leur prouver que c’était sous l’inspiration de l’envie qu’ils parlaient ainsi de lui. Il les conduit ensuite de nouveau à la connaissance de lui-même, en leur démontrant qu’ils sont les ennemis déclarés de leur propre bonheur, et qu’ils s’opposent à leur salut, tandis qu’ils devraient se réjouir de ce qu’il était venu pour leur communiquer des biens ineffables. Or, poursuit-il, si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc parvenu jusqu’à vous. » Il leur montre par là que chasser les démons n’est pas l’effet d’une grâce ordinaire ; mais un acte de puissance extraordinaire, et c’est pour établir cette vérité qu’il tire cette conclusion : « Donc le royaume de Dieu est parvenu jusqu’à vous. » Comme s’il disait : S’il en est ainsi, vous ne pouvez douter de la venue du Fils de Dieu sur la terre. Mais il laisse cette conséquence dans l’obscurité, pour ne pas leur être insupportable. Au contraire, comme il veut les attirer à lui, il ne se contente pas de dire : Le royaume de Dieu est arrivé, mais « il est arrivé jusqu’à vous. » Il semble leur dire : Les biens vous arrivent et se répandent sur vous ; pourquoi donc vous déclarer contre ce qui doit être votre salut ? Ces oeuvres si grandes de la puissance divine ont été prédites par tous les prophètes comme le signe de la présence du Fils de Dieu sur la terre. — S. Jérôme. Il se désigne lui-même comme ce royaume de Dieu, dont il est dit ailleurs : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17 ;) Et encore : « Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas. » (Jn 1.) Ou bien encore, c’est ce royaume que Jean-Baptiste et le Seigneur lui-même ont annoncé en ces termes : « Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche. » (Mt 3.) Il est un troisième royaume de la sainte Écriture qui est enlevé aux Juifs pour être donné à une nation qui lui fera porter des fruits. (Mt 21.) — S. Hil. (can. 12.) Si donc les disciples agissent par la vertu du Christ, et que le Christ agisse lui-même par la vertu de l’Esprit saint, le royaume de Dieu arrive, puisqu’il a été communiqué aux Apôtres par le ministère du médiateur lui-même. — La glose. On peut dire aussi que l’affaiblissement du pouvoir du démon est une augmentation du royaume de Dieu. — S. Augustin. (Quest. évang., 1, 5.) On peut donc donner aussi cette explication : Si je chasse les démons par Béelzébub, même dans votre pensée, le royaume de Dieu est parvenu jusqu’à vous ; car ce royaume du démon qui, de votre aveu, est divisé contre lui-même, ne peut subsister. Ce royaume de Dieu dont il parle, c’est celui où les impies subissent leur condamnation, et où ils sont séparés des fidèles qui font maintenant pénitence de leurs péchés.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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