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Mt  12  29

S. Chrys. (hom. 42.) A cette seconde réponse, Notre-Seigneur en ajoute encore une troisième : « Comment quelqu’un peut-il entrer dans la maison du fort ? » etc. Que Satan ne puisse chasser Satan, c’est chose évidente d’après ce qui précède, et il est également hors de doute que personne ne peut le chasser sans l’avoir tout d’abord vaincu. Notre-Seigneur reproduit donc, mais avec une nouvelle force, la raison qu’il a donnée précédemment : Je suis si loin de demander au démon son appui, que je suis en guerre avec lui et que je le tiens captif, et la preuve, c’est que j’enlève tout ce qu’il possède. C’est ainsi qu’il établit le contraire de ce que ses ennemis cherchaient à lui reprocher. Que voulaient-ils en effet ? Persuader que ce n’était point par sa propre puissance qu’il chassait les démons. Or, il leur démontre qu’il a fait captifs, non-seulement les démons, mais leur chef lui-même. Ce qu’il a fait le prouve suffisamment. Car comment, sans l’avoir réduit le premier, aurait-il pu se rendre maître des démons qui sont sous ses ordres ? Ces paroles contiennent, à mon avis, une prophétie ; car non-seulement il chasse actuellement les démons, mais il fera disparaître l’erreur de toute la face de la terre, et détruira tous les artifices du démon. Il ne dit pas : Il enlèvera, mais : « Il arrachera, » pour montrer la puissance avec laquelle il agit. — S. Jérôme. La maison du démon, c’est le monde qui est soumis à l’empire du malin esprit, non par la volonté de son Créateur, mais par la grandeur de sa faute. Le fort a été chargé de chaînes, relégué dans l’enfer et brisé sous les pieds du Seigneur. Toutefois nous ne devons pas être sans crainte ; car notre adversaire est proclamé « le fort » par la bouche même de son vainqueur. — S. Chrys. (hom. 42.) Il l’appelle le fort, pour exprimer son antique tyrannie, due tout entière à notre lâcheté. — S. Augustin. (Quest. évang., 1, 5.) Satan tenait les hommes captifs, et ils ne pouvaient s’arracher de ses mains par leurs propres forces, si la grâce de Dieu n’était venu les délivrer. Ce qu’il appelle ses armes, ce sont les infidèles. Il a lié le fort en lui enlevant le pouvoir qu’il avait de s’opposer à la volonté des fidèles qui veulent suivre le Christ, et conquérir le royaume de Dieu. — Raban. Il a pillé sa maison, parce qu’il a délivré des pièges du démon, pour les réunir à son Église, ceux qu’il avait prévus devoir être à lui, ou bien lorsqu’il a donné le monde entier à convertir à ses Apôtres et à leurs successeurs. Par cette comparaison si claire, il leur montre donc qu’il n’est point associé aux opérations mensongères du démon, comme ils l’en accusaient faussement, mais que c’est par la puissance divine qu’il a délivré les hommes de la tyrannie des démons.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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