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Mt  12  23-24

La glose. — Le Seigneur venait de réfuter les calomnies des pharisiens qui lui reprochaient de faire des miracles le jour du sabbat ; mais comme, par une méchanceté plus noire encore, ils dénaturaient les miracles eux-mêmes qu’il opérait par une vertu toute divine en les attribuant à l’esprit impur, 1’Évangéliste raconte le prodige qui fut pour eux l’occasion de ce blasphème : « Alors on lui présenta un possédé. »

S. Rémi. Ce mot alors se rapporte au moment où il sortait de la synagogue après avoir guéri cet homme dont la main était desséchée. Ou bien cette expression alors signifie un espace de temps plus étendu et voudrait dire alors qu’il prononçait tous les discours, ou qu’il faisait les oeuvres qui sont ici racontés. — S. Chrys. (hom. 41.) Quelle malice surprenante dans le démon ! il avait fermé les deux passages par lesquels la foi aurait pu entrer dans cet homme, c’est-à-dire la vue et l’ouïe ; mais le Seigneur va ouvrir l’un et l’autre : « Et il le guérit, » ajoute l’Evangéliste. — S. Jérôme. Nous voyons ici trois prodiges opérés dans un seul homme : l’aveugle voit, le muet parle, le possédé est délivré du démon, et ce miracle extérieur et sensible se renouvelle tous les jours dans la conversion de ceux qui embrassent la foi ; après que le démon est chassé de leur âme ils voient la lumière de la foi, et leur bouche, jusqu’alors muette, s’ouvre pour proclamer les louanges de Dieu. — S. Hil. (can. 12 sur S. Matth.) Ce n’est pas sans un des­sein particulier de Dieu qu’après avoir parlé d’une multitude de per­sonnes guéries en commun, l’Évangéliste nous raconte la guérison particulière d’un homme qui était tout à la fois possédé, aveugle et muet. Il convenait en effet qu’après la guérison dans la synagogue de l’homme dont la main était desséchée, celui dont il est ici question devînt la figure de la guérison spirituelle des nations, et qu’après avoir été possédé du démon, aveugle et muet, il devint l’habitation de Dieu, vît et reconnut le vrai Dieu dans la personne du Christ et rendît gloire à Dieu pour les œuvres qu’il opérait. — S. Augustin. (Quest. Evang., 2, 4.) Celui qui ne croit point et qui est l’esclave du démon est tout à la fois possédé, aveugle et muet ; il ne comprend pas, il ne confesse pas la foi ou il ne rend pas gloire à Dieu. — S. Augustin. (De l’accord des Evang., 2, 37.) Ce n’est pas dans le même ordre que saint Luc raconte ce fait (Lc 11) ; il parle d’un muet seulement, sans ajou­ter qu’il fût aveugle ; mais de ce qu’il omet une circonstance de ce genre, on ne peut conclure qu’il veut raconter une guérison diffé­rente, car la suite de son récit revient à celui de saint Matthieu.

S. Hil. (can. 12.) A la vue de ce miracle, la foule est dans l’étonnement, mais l’envie des pharisiens ne fait que s’accroître : « Et tout le peuple étonné disait : N’est-ce point là le fils de David ? » — La glose. Ils l’appellent le Fils de David à cause de sa bonté et de ses bienfaits. — Raban. Tandis que le peuple moins instruit ne cessait d’ad­mirer les prodiges du Sauveur, ceux-ci s’appliquaient toujours à les nier, ou, lorsqu’ils ne le pouvaient, à les révoquer du moins en doute, à les dénaturer par des interprétations malveillantes, comme s’ils étaient l’œuvre non pas de la divinité, mais de l’esprit immonde, de Beelzébub qui passait pour le dieu d’Accaron. C’est ce qu’ils firent dans cette circonstance. « Les pharisiens entendant cela dirent : Cet homme ne chasse les démons que par Beelzébub, prince des démons. »

S. Rémi. Beelzébub n’est autre chose que Beel ou Baal, ou Beelphégor. Beel fut le père de Ninus, roi des Assyriens ; il fut appelé Baal parce qu’on l’adorait sur les hauteurs, et Beelphégor à cause de la montagne de Phéga, où son idole était placée. Zébul fut un serviteur d’Abimélech, fils de Gédéon. C’est cet Abimélech qui, après le meurtre de ses soixante-dix frères, éleva un temple à Baal et y établit prêtre Zébub pour chasser les mouches qui s’y rassemblaient en grand nombre à cause de la grande quantité de sang des victimes immo­lées (cf. Jg 9, 28) ; car Zébub signifie mouche et Beelzébub veut dire l’homme des mouches. Ils l’appelaient prince des démons à cause des impuretés qui déshonoraient son culte. Ne trouvant donc rien de plus infâme à objecter contre le Sauveur, ils disaient que c’était par Beelzébub qu’il chassait les démons. Il faut remarquer que ce nom doit être écrit avec un b à la fin et non avec un t ou avec un d, comme on le voit dans quelques exemplaires fautifs.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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