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Mc  11  15-19

Bède. Ce que Notre-Seigneur a fait en figure eu maudissant le figuier stérile, il le fait plus clairement en chassant du temple les impies, car le figuier n’était point coupable de ne point porter de fruit avant le temps, mais bien les prêtres. " Et ils vinrent de nouveau à Jérusalem, et lorsqu’il fut entré dans le temple, " etc. Il est à croire qu’on ne vendait et qu’on n’achetait dans le temple que les choses nécessaires aux sacrifices ; si donc le Seigneur ne peut souffrir qu’on traite dans sa maison les affaires temporelles dont il est permis de s’occuper ailleurs, quel sera son courroux lorsqu’il verra s’accomplir dans des lieux qui lui sont consacrés, des actes qui partout ailleurs sont des crimes : " Et les tables des banquiers. " — Théophile. Il appelle banquiers (nummularios) les changeurs de monnaie, car le nummus était une petite monnaie de cuivre, " Et les sièges de ceux qui vendaient des colombes. " — Bède. Comme le Saint-Esprit a paru sur la tête du Sauveur sous la forme d’une colombe (Mt 3, 2 ; Mc 1, 10 ; Lc 3, 2), les dons de ce divin Esprit sont justement figurés par les colombes. On vend donc la colombe lorsqu’on donne pour de l’argent l’imposition des mains, par laquelle nous recevons l’Esprit saint. Jésus renverse les sièges de ceux qui vendent des colombes pour nous apprendre que ceux qui font trafic des grâces spirituelles, sont privés du ministère sacerdotal, soit devant Dieu, soit devant les hommes. — Théophile. Celui qui livre au démon par le péché la grâce et l’innocence de son baptême, vend sa colombe, et mérite pour cela d’être chassé du temple.

" Et il ne souffrait pas que personne transportât aucun objet par le temple. " — Bède. Il veut parler de ces objets qu’on n’apportait dans le temple que pour en trafiquer. Gardons-nous de croire, en effet, que le Sauveur ait banni du temple ou qu’il ait défendu d’y introduire les vases ou autres objets consacrés au culte de Dieu. Nous voyons ici une figure du jugement que Notre-Seigneur devait exercer plus tard, en chassant de l’Eglise les pécheurs obstinés, et leur interdisant à tout jamais de revenir troubler l’Eglise par les châtiments éternels dont il les frappe. Quant aux péchés qui se glissent dans les cœurs des fidèles, la componction dont Dieu est l’auteur les efface, et la grâce divine les préserve de toute rechute.

" Et il les instruisait en leur disant : Ma maison sera une maison de prière pour toutes les nations, " etc. — S. Jérôme. Ce sont les paroles d’Isaïe (Is 56, 7), " mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. " — Bède. C’est pour toutes les nations, et non pas seulement pour la seule nation juive ou pour la seule ville de Jérusalem, et ce n’est nullement une maison de taureaux, de boucs ou de béliers, mais une maison de prière. — Théophile. Le Sauveur appelle le temple une caverne de voleurs à cause du gain qu’on y réalisait. Il est, en effet, une espèce de voleurs qui se réunissent dans ce dessein, et il leur donne le nom de voleurs, parce qu’ils ne vendaient les animaux destines aux sacrifices que par le désir effréné du gain. — Bède. Ils n’étaient dans le temple qu’à cette fin de persécuter extérieurement ceux qui ne donnaient pas, ou de faire mourir spirituellement ceux qui donnaient. L’âme et la conscience des fidèles sont aussi le temple et la maison de Dieu ; lorsqu’elles donnent naissance à des pensées coupables et nuisibles au prochain, ces pensées sont comme des voleurs dans une caverne. Le cœur des fidèles devient donc une caverne de voleurs lorsqu’il abandonne la simplicité qui est le caractère propre de la sainteté, pour se livrer à des actes préjudiciables au prochain.

S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 2, 67.) Saint Jean place ce fait à une époque toute différente (Jn 2), d’où il est clair qu’il y a eu, non un seul fait, mais deux faits semblables dans la vie du Sauveur ; Jean raconte le premier dans l’ordre chronologique, et les trois autres le dernier. — Théophyl. C’est ce qui rend les Juifs beaucoup plus coupables, de ne s’être point corrigés après que cet acte de sévérité s’était répété plusieurs fois sous leurs yeux. — S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 2, 68.) Saint Marc lui-même ne suit pas le même ordre que saint Matthieu ; mais comme saint Matthieu établit cette liaison dans son récit : " Et les ayant quittés, il sortit de la ville, et s’en alla à Béthanie, " (Mt 21), et que c’est le lendemain matin, en revenant à Jérusalem que Jésus maudit le figuier, il est vraisemblable que cet Evangéliste a suivi plus exactement l’ordre chronologique sur le fait des vendeurs et des acheteurs chassés du temple. Saint Marc a donc passé d’abord sous silence ce que Jésus fit le premier jour lorsqu’il fut entré dans le temple, et se l’étant rappelé, il l’a raconté après l’histoire du figuier, sur lequel le Sauveur ne trouva que des figues, ce qui eut lieu le second jour, au témoignage des deux Evangélistes. — La glose. Or, quel fruit produisit la réprimande du Sauveur dans les ministres du temple, l’Evangéliste nous l’apprend : " Ce qu’ayant entendu, les princes des prêtres et les scribes cherchaient un moyen de le perdre. " Ils accomplissaient ainsi cet oracle du prophète : " Ils ont haï celui qui les reprenait dans les assemblées publiques, et ils ont eu en abomination celui qui leur parlait dans la droiture et la vérité. " (Am 5) La crainte seule leur fit ajourner l’exécution de leur criminel dessein : " Car ils le craignaient, parce que tout le peuple admirait sa doctrine. " En effet, il les enseignait comme ayant autorité, et non comme leurs scribes et les pharisiens.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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