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Mc  11  20-26

S. Jérôme. Le Sauveur laisse après lui les ténèbres dans les cœurs des Juifs, et comme le soleil, il abandonne cette ville pour aller en éclairer une autre plus soumise et plus obéissante, c’est le sens de ces paroles : " Le soir, étant venu, " etc. Mais le soleil se couche et il se lève ; la lumière qui est enlevée aux scribes, brille sur les Apôtres ; Jésus revient donc dans la ville : " Et le lendemain malin, en passant, ils virent le figuier desséché jusqu’à la racine. " — Théophyl. Ce qui rend ce miracle plus frappant, c’est qu’un arbre si vert et si plein de sève fut entièrement desséché. Quoique saint Matthieu affirme que le figuier fut immédiatement desséché et que les disciples en furent saisis d’étonnement, ne soyez point surpris d’entendre dire à saint Marc, que ce ne fut que le lendemain que les disciples virent cet arbre desséché, car on peut entendre le récit de saint Matthieu dans ce sens que les disciples ne s’aperçurent que le lendemain du dessèchement de cet arbre. — S. Augustin. (De l’acc. des Evang., 2, 68.) Il ne faut pas croire cependant qu’il ne se dessécha que lorsqu’ils le virent, la malédiction du Sauveur produisit aussitôt son effet, car les disciples ne le virent pas se desséchant, mais entièrement desséché, et ils comprirent que c’était la parole du Seigneur qui l’avait immédiatement frappé de stérilité.

S. Jérôme. Ce figuier desséché jusque dans ses racines, c’est la synagogue, à partir de Caïn et de tous les autres à qui on redemande le sang d’Abel et de tous les justes, jusqu’à Zacharie (Mt 23, 35). — Bède. Le figuier fut desséché jusque dans ses racines pour montrer que cette nation impie ne serait pas dévastée en partie et pour un temps par les excursions des étrangers, et qu’elle serait ensuite délivrée par son repentir comme par le passé, mais qu’elle serait frappée d’une éternelle damnation, ou bien encore cet arbre fut desséché jusque dans ses racines, pour apprendre à cette nation qu’elle serait privée, non-seulement à l’extérieur de tout secours humain, mais à l’intérieur de toute faveur divine. — S. Jérôme. Pierre reconnaît cette racine desséchée et arrachée de terre, à laquelle succède l’olivier choisi de Dieu, et aussi remarquable par sa beauté que par sa fécondité. " Et Pierre se ressouvenant de la parole du Christ, lui dit : Maître, voyez comme le figuier que vous avez maudit est devenu sec. " — S. Chrys. Cet étonnement de Pierre et des autres disciples, prouve que leur foi n’était pas encore parfaite, car ce n’était point là pour Dieu un bien grand miracle. Ils ne connaissaient pas encore toute l’étendue de sa puissance, et leur ignorance les jette dans l’admiration. Aussi Jésus leur répond : " Ayez la foi en Dieu. Je vous dis en vérité, que quiconque dira à cette montagne : ôte-toi de là et te jette dans la mer, et cela sans hésiter dans son cœur… il le verra en effet arriver, " c’est-à-dire, qu’il pourra non-seulement dessécher un arbre, mais transporter une montagne par la puissance de sa parole et de son commandement. — Théophile. Admirez ici la miséricorde de Dieu qui nous communique, lorsque nous approchons de lui par la foi, le pouvoir de faire des miracles qu’il tient de sa nature, pouvoir qui va jusqu’à transporter les montagnes.

Bède. Les païens qui ont pris plaisir à calomnier l’Eglise dans leurs écrits, ont reproché aux nôtres l’imperfection de leur foi en Dieu, puisqu’ils n’ont jamais pu, disent-ils, transporter des montagnes : nous leur répondrons que tous les miracles qui se sont accomplis dans l’Eglise, ne nous ont pas été conservés par écrit, comme l’Ecriture l’atteste des faits de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Si ce miracle avait été nécessaire, il aurait bien pu se reproduire comme du temps de saint Grégoire de Néocésarée, qui obtint de Dieu par ses prières, qu’une montagne lui laissa autant de place qu’il lui fallait pour la construction d’une église. — S. Chrys. Ou bien dans un autre sens, le Sauveur n’a point desséché le figuier pour lui-même, mais comme signe de la stérilité dont il allait frapper Jérusalem, et tout à la fois de sa puissance ; or, c’est dans le même sens que l’on doit entendre la promesse qui a pour objet le déplacement d’une montagne, bien qu’un prodige de ce genre ne soit pas impossible à la puissance de Dieu. — S. Jérôme. Jésus-Christ, qui est cette pierre détachée de la montagne sans la main d’aucun homme et qui devient elle-même une grande montagne, est arraché et jetée dans la mer, lorsque les Apôtres tiennent aux Juifs ce langage justement mérité : " Nous allons vers les gentils, parce que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la parole de Dieu. — Bède. Cette montagne peut aussi être la figure du démon à cause de son orgueil ; or, cette montagne est arrachée de terre et jetée dans la mer, à la parole de ceux qui sont forts dans la foi, lorsque les saints docteurs prêchant la parole de Dieu, l’esprit immonde est chassé du cœur de ceux qui sont prédestinés à la vie éternelle ; il lui est alors permis d’exercer la violence de sa tyrannie dans les cœurs des infidèles remplis de trouble et d’amertume, et il se déchaîne contre eux avec une fureur égale à la douleur qu’il éprouve de n’avoir pu tourmenter et perdre les premiers.

" C’est pourquoi je vous le dis : Tout ce que vous demanderez dans la prière, croyiez que vous l’obtiendrez. " — Théophile. Celui qui croit par un motif d’amour, élève certainement son cœur à Dieu, il s’unit à lui, et sou cœur embrasé d’amour lui donne l’assurance que sa prière est exaucée. Cette vérité sera comprise de ceux qui en ont fait l’expérience, c’est-à-dire, à mon avis, de ceux qui cherchent à avoir la mesure et le degré de la foi véritable. C’est pour cela que le Sauveur déclare que vous recevrez tout ce que vous demanderez avec foi ; car celui qui croit que sa vie toute entière est soumise aux dispositions providentielles de Dieu, verse en sa présence ses larmes et ses supplications, tient comme embrassés ses pieds dans la prière, et ne peut manquer d’obtenir ce qu’il demande. Voulez-vous un autre moyen d’obtenir infailliblement ce que vous demandez ? Pardonnez à votre frère les fautes qu’il aura commises contre vous. " Et lorsque vous vous présenterez pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez-lui, " etc. — S. Jérôme. Saint Marc, selon sa coutume, abrège les sept demandes de l’Oraison dominicale, et les comprend toutes dans une seule. Or, que reste-t-il à demander à celui qui a reçu la rémission de ses péchés, si ce n’est la persévérance dans la grâce obtenue ?

Bède. Parmi ceux qui prient, il faut distinguer soigneusement ceux qui ont cette foi parfaite qui opère par la charité (Ga 5, 6) ; une seule prière, une seule parole sortie de leur bouche ; peut transporter des montagnes spirituelles, comme saint Paul le fît pour le magicien Elymas (Ac 13). Quant à ceux qui ne peuvent atteindre le sommet de la perfection, qu’ils demandent la rémission de leurs péchés et ils l’obtiendront, si toutefois ils pardonnent tout d’abord à ceux qui les ont offensés. S’ils refusent de pardonner, leurs prières ne pourront obtenir ni la grâce de pratiquer la vertu, ni même le pardon de leurs péchés : " Que si vous ne pardonnez point, dit Notre-Seigneur, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus. " — La glose (interlin.) Effrayante sentence !

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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