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Mc  11  12-14

Bède. Le temps de sa passion n’étant pas éloigné, Notre-Seigneur voulut se rapprocher du lieu où il devait souffrir, pour bien établir qu’il mourait par un effet de sa volonté : " Et Jésus entra à Jérusalem dans le temple. " A peine entré dans la ville, il se dirige vers le temple ; il nous donne ainsi un grand exemple de religion et nous apprend qu’en arrivant dans un endroit où se trouve une maison de prières, nous devons nous empresser de nous y rendre. Remarquons encore que la pauvreté du Sauveur était si grande et qu’il recherchait si peu la faveur des hommes, que dans une si grande ville il ne trouve personne qui le reçût, aucun endroit où il pût se retirer. Il est oblige d’aller dans une pauvre campagne demander l’hospitalité à Lazare et à ses sœurs, car Béthanie était le village qu’ils habitaient. " Et ayant observé toutes choses (c’est-à-dire, si quelqu’un lui offrirait un asile), comme déjà l’heure était avancée, " etc. Il ne fit pas seulement cela une fois, mais pendant les cinq jours qui s’écoulèrent depuis son entrée à Jérusalem jusqu’à sa passion ; il enseignait toute la journée dans le temple, et sortait de Jérusalem le soir pour aller passer la nuit sur la montagne des Oliviers.

" Le lendemain, comme il sortait de Béthanie, il eut faim. " — S. Chrys. (hom. 68 surS. Matth.) Comment se fait-il que le Sauveur avait faim dès le matin, comme le raconte saint Matthieu, si ce n’est par une permission divine qui était la suite de son incarnation. " Et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il s’avança pour voir s’il ne trouverait pas quelque fruit. " Il est évident que l’Evangéliste conforme son récit à la pensée des disciples, qui croyaient que Jésus s’approchait du figuier dans ce dessein, et qu’il avait maudit en figuier parce qu’il n’y avait trouvé pas de fruit. " Mais après s’en être approché, il n’y trouva que des feuilles, car ce n’était pas le temps des fruits. Et il dit au figuier, que jamais nul ne mange plus de ton fruit. " Il maudit donc ce figuier, dans l’intérêt des disciples, pour affermir leur confiance. Jusque là, en effet, il avait partout semé les bienfaits sous ses pas, et n’avait puni personne ; il importait donc qu’il donnât un exemple de sa puissance vindicative pour apprendre aux disciples qu’il aurait pu dessécher de la même manière les Juifs ses persécuteurs ; mais il ne voulut pas exercer sur les hommes cet acte de sévérité, c’est sur un arbuste qu’il l’a fait éclater. Nous voyons par là que c’est justement pour ce motif qu’il s’approche du figuier, et non parce qu’il avait faim. Et qui serait assez ignorant pour supposer qu’il pût éprouver de si grand matin le besoin de la faim ? Qui d’ailleurs l’empêchait de satisfaire ce besoin avant de sortir de la maison ? On ne peut dire non plus que c’est la vue des fruits qui excitait son appétit, car ce n’était point la saison des figues ; et puis s’il avait faim, pourquoi ne pas chercher un autre aliment au lieu de demander des figues à un figuier qui ne pouvait lui en donner. Quelle peine encore pouvait mériter un figuier de ne point porter de fruits avant la saison ? Toutes ces circonstances autorisent suffisamment cette conclusion que le Sauveur voulait donner un exemple de sa puissance, pour prévenir l’abattement où sa passion devait jeter ses disciples. — Théophile. Son dessein était de leur prouver qu’il pouvait exterminer en un moment, s’il l’eût voulu, ceux qui devaient le crucifier. Dans le sens mystique, Notre-Seigneur entre dans le temple, et en sort aussitôt pour montrer qu’il allait l’abandonner, comme une solitude déserte, et exposée à la dévastation des voleurs.

Bède. Il observe avec attention tous les cœurs et ne trouvant pas où reposer la tête dans ces contradicteurs de la vérité, il se retire chez les fidèles et fixe sa demeure parmi ceux qui lui obéissent, car Béthanie signifie maison d’obéissance. — S. Jérôme. C’est le matin qu’il vient vers les Juifs, et c’est au soir du monde qu’il nous visite. — Bède. Les actions du Sauveur sont paraboliques comme ses discours. Ainsi la faim semble le presser de chercher sur un figuier des figues, dont la saison, il le savait bien, n’était pas encore venue ; et cependant il le frappe d’une stérilité perpétuelle, pour montrer que le peuple juif ne pouvait être sauvé par des feuilles sans fruit, c’est-à-dire, par les paroles de justice qui étaient sur ses lèvres, sans être accompagnées des bonnes œuvres, mais qu’il serait arraché et jeté au feu. Notre-Seigneur donc, pressé par la faim, c’est-à-dire, plein du désir de sauver le genre humain, voit un figuier, c’est-à-dire, le peuple juif couvert de faillies, c’est-à-dire, des oracles de lu loi et des prophètes, il cherche à lui faire produire le fruit des bonnes œuvres par ses enseignements, ses reproduis, ses miracles, et ne trouvant pas ce fruit, il condamne le figuier. Vous aussi, si vous ne voulez pas être condamné par Jésus-Christ au jour du jugement, gardez-vous d’être un arbre stérile, mais empressez-vous d’offrir à Jésus-Christ pauvre, le fruit de piété qu’il nous demande. — S. Chrys. On peut encore dire que le Sauveur a maudit ce figuier sur lequel il n’avait point trouvé le fruit qu’il demandait avant le temps, parce que tous ceux qui accomplissent les commandements de la loi, celui-ci, par exemple : " Vous ne commettrez point d’adultère, " sont dits porter des fruits dans leur temps. Celui, au contraire, qui non content d’éviter l’adultère, pratique la virginité, ce qui est beaucoup plus parfait, s’élève au plus haut degré des vertus. Or, le Seigneur exige des parfaits la pratique, non-seulement des devoirs ordinaires, mais des vertus supérieures à ce qu’exigent les commandements.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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