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Lc  7  29-35

S. Chrys. (hom. 38 sur S. Matth.) Après avoir fait l’éloge de Jean-Baptiste, le Sauveur fait ressortir le crime énorme des pharisiens et des docteurs de la loi qui, même après l’exemple donné par les publicains, n’ont pas voulu recevoir le baptême de Jean. — S. Ambr. Dieu est justifié dans le baptême, lorsque les hommes se justifient eux-mêmes en confessant leurs péchés. En effet, celui qui, après avoir péché, confesse à Dieu ses fautes, justifie Dieu, en se soumettant au pouvoir de ce vainqueur, et en espérant de lui la grâce du salut. — Eusèbe. Ceux qui ont cru ont aussi justifié Dieu, car ils l’ont trouvé juste dans toutes ses œuvres. Les pharisiens, au contraire, qui refusaient d’écouter Jean-Baptiste, par un sentiment de désobéissance, se mettaient en opposition avec ces paroles du prophète : « Afin que vous soyez reconnu juste dans vos paroles. » (Ps 50.) « Or, les pharisiens et les docteurs de la loi ont méprisé le conseil de Dieu, » etc. — Bède. Cette réflexion est de l’Évangéliste, ou de Notre-Seigneur lui-même (comme plusieurs le pensent) ; cette expression : « Sur eux, » ou : « Contre eux, » signifie que celui qui méprise la grâce de Dieu, agit contre ses intérêts, ou bien encore, le Sauveur condamne ici la conduite de ces insensés et de ces ingrats, qui n’ont pas voulu recevoir le conseil que Dieu leur manifestait. Or, le conseil de Dieu, c’est le décret de sauver le monde par la passion et la mort de Jésus-Christ, conseil que les pharisiens et les docteurs de la loi ont méprisé. — S. Ambr. Gardons-nous de mépriser, à l’exemple des pharisiens, le conseil de Dieu. Ce conseil de Dieu s’est manifesté dans le baptême de Jean-Baptiste, qui donc peut douter qu’il se manifeste également dans le baptême de Jésus-Christ ? C’est le conseil dont l’ange du grand conseil est l’auteur, et que personne ne connaît : « Car qui connaît les desseins de Dieu (Rm 11) ? » Personne ne méprise le conseil d’un homme, qui oserait rejeter le conseil de Dieu.

S. Cyrille. Voici l’espèce de jeu auquel se livraient les enfants des Juifs : une troupe d’enfants se partageaient en deux pour se jouer des vicissitudes si rapides de la vie présente ; les uns chantaient, et les autres se lamentaient ; mais ni ceux qui pleuraient ne participaient à la joie de ceux qui chantaient, ni ceux qui se réjouissaient ne prenaient part à la tristesse de ceux qui pleuraient, et alors ils se reprochaient mutuellement leur absence de sympathie. C’est l’image de la conduite du peuple juif et des princes des prêtres, au témoignage de Jésus-Christ : « A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération et à qui sont-ils semblables ? Ils sont semblables à des enfants, » etc. — Bède. La génération présente des Juifs est comparée à des enfants, parce qu’ils avaient autrefois pour docteurs les prophètes dont il est écrit : « Vous avez tiré la louange la plus parfaite de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle (Ps 8). » — S. Ambr. Or, les prophètes ont chanté, proclamant dans leurs mélodies spirituelles les oracles du salut du monde ; ils ont pleuré pour attendrir par leurs plaintives lamentations les coeurs endurcis des Juifs. Ce n’était ni dans le Forum, ni sur les places publiques que ces chants se faisaient entendre, mais dans la ville de Jérusalem, car cette ville est comme le Forum du Seigneur, où se publient les droits immuables des commandements célestes. Les chants et les lamentations ne sont que l’effet d’une émotion vive de joie et de tristesse. Les instruments de musique laissent échapper une mélodie sympathique qui porte l’homme à manifester les sentiments intérieurs qu’elle fait naître par le mouvement cadencé de son pied ou de tout son corps ; voilà pourquoi ces enfants disent : « Nous avons chanté et vous n’avez pas dansé ; » « nous nous sommes lamentés et vous n’avez point pleuré. » — S. Augustin. (Quest. évang., 2, 11.) Notre-Seigneur fait ici allusion à la conduite dès Juifs à l’égard de Jean-Baptiste et de Jésus-Christ : « Ces paroles : Nous nous sommes lamentés et vous n’avez point pleuré, » se rapportent à la prédication de Jean-Baptiste, qui, par l’austérité de sa manière de vivre, figurait la tristesse de la pénitence ; aussi Notre-Seigneur ajoute : « Car Jean-Baptiste est venu ne mangeant point de pain et ne buvant point de vin, » et vous dites : « Il est possédé du démon. » — S. Cyrille. Ils osent incriminer un homme digne de toute leur admiration, et ils traitent de possédé celui qui mortifiait la loi du péché cachée dans nos membres. — S. Augustin. (Quest. év., 2, 11.) Les paroles qui précèdent : « Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé, » sont une allusion à Notre-Seigneur lui-même, qui, en adoptant la manière de vivre ordinaire des hommes avec lesquels il mangeait et buvait, était la figure de la joie du royaume : « Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, » etc. — Tite de Bostra. Jésus-Christ, en effet, n’a point voulu s’interdire l’usage de ces aliments pour ôter tout prétexte aux hérétiques (cf. 1 Tm 4), qui disent que les créatures sont mauvaises et qui condamnent l’usage des viandes et du vin. — S. Cyrille. Mais où ont-ils donc trouvé que le Seigneur était un homme de bonne chère ? Ne voyons-nous pas au contraire qu’en toute circonstance il se garde de tout excès et conseille la tempérance et la modération ? Il ne dédaignait pas, il est vrai, d’entrer en relations avec les publicains et les pécheurs, aussi l’accusaient-ils d’être « l’ami des publicains et des pécheurs, » bien que cette fréquentation ne pût lui être aucunement nuisible, mais qu’elle devint, au contraire, pour les pécheurs la cause de leur conversion et de leur salut. En effet, est-ce que le soleil qui inonde toute la terre de ses rayons, contracte la moindre souillure, parce que sa lumière pénètre les corps immondes ? Comment donc le soleil de justice pourrait-il éprouver la moindre altération dans ses rapports avec les méchants. Cependant gardons-nous tous, qui que nous soyons, de prétendre aux mêmes privilèges que Jésus-Christ, mais à la vue de notre propre fragilité, évitons le commerce des méchants, car les mauvaises conversations corrompent les bonnes moeurs (1 Co 15).

« Et la sagesse a été justifiée par tous ses enfants. » — S. Ambr. Le Fils de Dieu est la sagesse de Dieu par nature et non par le progrès de l’âge ou de l’étude ; cette sagesse est justifiée dans le baptême, lorsqu’elle n’est pas rejetée par opiniâtreté, mais qu’elle est reçue par la justice comme une grâce de Dieu. La justification de Dieu consiste donc à ce que ses dons soient communiqués, non à ceux qui s’en rendent indignes par leurs crimes, mais à ceux qui sont devenus justes et saints par le baptême. — S. Chrys. (hom. sur les Psaumes.) Il appelle les sages les fils de la sagesse, car c’est la coutume de l’Écriture, de désigner les méchants par le mal qu’ils commettent, et d’appeler les bons, fils de la vertu qui les caractérise. — S. Ambr. Il dit avec raison : « Par tous ses enfants, » car la justice doit s’exercer sur tous les hommes, sur les justes, pour leur salut, sur les infidèles pour leur condamnation. — S. Augustin. (Quest. évang.) Ou bien encore, ces paroles : « La sagesse a été justifiée par tous ses enfants, » nous font entendre que les fils de la sagesse comprennent que la justice ne consiste ni à se permettre, ni à s’interdire la nourriture, mais à supporter la pauvreté avec patience, car ce n’est point l’usage modéré, mais la sensualité qui est ici coupable, et rien de plus légitime que de se conformer pour le choix des aliments aux habitudes de ceux avec lesquels vous êtes appelé à vivre.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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