Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Luc  >  chapitre 5, versets 17-26

Lc  5  17-26

S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr.) Les scribes et les pharisiens qui avaient été témoins des miracles de Jésus-Christ, venaient aussi entendre ses divines leçons : « Un jour qu’il enseignait étant assis, des pharisiens et des docteurs de la loi étaient également assis près de lui, et la vertu du Seigneur opérait pour guérir les malades. » Cette vertu n’était pas une puissance d’emprunt, c’était comme Dieu et comme Seigneur qu’il faisait ces miracles, par sa propre puissance. Souvent les hommes se rendent dignes de recevoir les dons spirituels, mais souvent aussi ils s’écartent du but que s’est proposé l’auteur de ces dons. Il n’en fut pas ainsi de Jésus-Christ, car une vertu toute divine affluait en lui pour guérir les malades. Or, il était nécessaire de donner à cette foule réunie de scribes et de pharisiens un témoignage éclatant de sa puissance, pour confondre ceux qui n’avaient pour lui que du mépris ; il guérit donc miraculeusement ce paralytique. Toutes les ressources de la médecine avaient été impuissantes pour le guérir, ceux qui s’intéressent à lui l’apportent donc au céleste et tout-puissant médecin : « Et voilà que des gens portaient sur un lit un homme paralytique, » etc. — S. Chrys. Les hommes qui portent ce paralytique sont vraiment admirables, ils ne peuvent le faire entrer par la porte, ils ont recours à un moyen nouveau et singulier : « Et ne trouvant point par où le faire entrer, ils montèrent sur le toit, » etc. Ils découvrirent le toit pour descendre le lit, et ils déposèrent le paralytique au milieu de la maison : « Et ils le descendirent par les tuiles. » L’endroit par où ils descendirent le lit du paralytique par les tuiles était sans doute peu élevé.

Bède. Avant de guérir cet homme de sa paralysie, le Seigneur l’affranchit d’abord des liens du péché ; il lui apprend ainsi que l’affaiblissement, la défaillance de ses membres est la punition des fautes dont son âme est comme enchaînée, et qu’il faut rompre ces chaînes spirituelles pour qu’il puisse recouvrer la santé. — S. Ambr. Qu’il est grand le Seigneur qui pardonne aux uns, en considération du mérite des autres, qui accueille favorablement les uns, et pardonne aux autres leurs égarements ! O homme ! comment pourriez-vous refuser d’écouter les prières de vos semblables, lorsqu’auprès de Dieu, un serviteur a le droit d’intervenir par ses mérites et d’obtenir ce qu’il demande ? Si donc vous désespérez d’obtenir le pardon de fautes énormes, ayez recours aux prières des autres, ayez recours à la médiation de l’Église, qui priera pour vous, et en sa considération, Dieu vous accordera le pardon qu’il aurait pu vous refuser à vous-même. — S. Chrys. (Hom. 30 sur S. Matth.) Disons cependant que la foi de ce paralytique concourait aussi pour demander sa guérison, car s’il n’avait eu la foi, il n’aurait pas consenti à ce qu’on le descendît ainsi aux pieds de Jésus.

S. Augustin. (de l’acc. des Evang., 2, 25.) Notre-Seigneur lui dit : « O homme ! vos péchés vous sont remis. » Et en parlant ainsi, il insinue que les péchés étaient remis à un homme qui, par là même qu’il était homme, ne pouvait dire : « Je suis sans péché. » Il voulait encore faire entendre que celui qui remettait les péchés était Dieu. — S. Chrys. (tiré des hom. 14, 30 sur S. Matth.) Lorsque nous sommes atteints de souffrances corporelles, nous nous empressons bien vite de les faire cesser ; si, au contraire, notre âme vient à être malade, nous différons de recourir aux remèdes, et c’est pour cela que nous n’obtenons pas la guérison de nos infirmités corporelles. Retranchons donc courageusement la source du mal, et le cours de ces infirmités s’arrêtera. Or, les pharisiens, dans la crainte de la multitude, n’osaient manifester leurs pensées, ils se contentaient de s’en occuper dans leurs coeurs : « Et ils commencèrent à dire en eux-mêmes : Qui est celui qui profère des blasphèmes ? » — S. Cyrille. En formulant cette accusation, ils se hâtent bien légèrement de prononcer la sentence de mort. Car la loi ordonnait de punir de mort tout homme coupable de blasphème contre Dieu. — S. Ambr. C’est ainsi qu’ils viennent eux-mêmes témoigner en faveur de l’oeuvre de la toute puissance du Fils de Dieu, car rien n’établit plus fortement la foi qu’un aveu involontaire et forcé, comme aussi rien n’augmente la culpabilité comme la négation de ceux qui se condamnent par leurs propres assertions : « Qui peut remettre les péchés que Dieu seul ? » Quelle folie de la part de ce peuple infidèle, de reconnaître d’un côté que Dieu seul peut remettre les péchés, et de ne point croire de l’autre au Dieu qui remet les péchés. — Bède. Ils disent vrai, Dieu seul peut remettre les péchés, et il les remet aussi par ceux auxquels il a donné ce pouvoir. Nous avons donc ici une preuve que Jésus-Christ est vraiment Dieu, puisqu’il peut remettre les péchés comme Dieu.

S. Ambr. Mais comme la volonté du Seigneur est de sauver les pécheurs, il leur prouve sa divinité par la connaissance qu’il a des choses cachées : « Mais, afin que vous sachiez, » etc. — S. Cyrille. Il semble leur dire : Vous dites, ô pharisiens : « Qui peut remettre les péchés que Dieu seul, » et moi je vous réponds : « Qui peut scruter les secrets des coeurs, si ce n’est Dieu seul ? » Lui qui dit par la bouche des prophètes : « Je suis le Seigneur qui scrute les coeurs et pénètre les reins (Jr 10 ; Ps 7, 10 ; 1 Paralip 28, 9 ; Sg 6, 4 ; Sof 12 ; Ap 2, 23). » — S. Chrys. (hom. 30 sur S. Matth.) Si vous refusez de croire le premier miracle (la rémission des péchés), j’en ajoute un second, en dévoilant vos pensées les plus secrètes, et un troisième en rendant la santé et la force au corps de ce paralytique : « Lequel est le plus facile, » etc. Il est évident qu’il est beaucoup plus facile de rendre la force à un corps affaibli, car l’âme est beaucoup plus noble que le corps, et la rémission de ses fautes est d’autant plus excellente. Mais comme vous refusez de croire au premier miracle, parce qu’il reste cache, j’en ajouterai un autre qui lui est inférieur, mais qui est visible et qui vous démontrera la vérité de celui qui est invisible. Remarquez encore qu’en adressant la parole au paralytique, Notre-Seigneur ne lui dit pas : « Je vous remets vos péchés, » pour établir sa propre puissance, mais lorsqu il y est force par la malice de ses ennemis, il la déclare ouvertement, en disant : « Or, afin que vous sachiez, » etc. — Théophile. Vous le voyez, c’est sur la terre qu’il remet les péchés ; en effet, tant que nous sommes sur la terre, nous pouvons effacer nos péchés, mais lorsque nous l’aurons quittée, nous ne pourrons plus les confesser, car la porte sera fermée.

S. Chrys (hom. 30 sur S. Matth) Le Sauveur prouve la rémission des péchés par la guérison du corps : « Il dit au paralytique : Je vous le commande, levez-vous, » et il prouve la guérison du corps de ce paralytique, en lui commandant d’emporter son lit, ce qui confirmait invinciblement la réalité de cette guérison : « Prenez votre lit, » etc., comme s’il lui disait : Je voulais me servir de votre infirmité pour guérir ceux qui paraissent pleins de saute, mais dont l’âme est bien malade, puisqu’ils refusent la guérison, allez convertir votre famille. — S. Ambr. La guérison s’opère immédiatement, et sans retard, le Sauveur guérit cet homme au même moment qu’il parle « Et se levant aussitôt, » etc. — S. Cyrille. Ce miracle prouve que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés ; ce qu’il déclare ici pour rétablir sa divinité et pour notre instruction. En effet, c’est en tant que Dieu fait homme, et comme maître de la loi, qu’il remet lui-même les péchés ; mais nous avons reçu nous-mêmes ce pouvoir admirable, car il a dit à ses disciples : « Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez. » Et comment n’aurait-il pas à un plus haut degré le pouvoir de remettre les péchés, lui qui a communiqué ce pouvoir aux autres ? Les rois et les princes de la terre, quand ils font grâce aux homicides, les délivrent du supplice qu’ils devaient subir en ce monde, mais ils ne peuvent les absoudre de leurs crimes.

S. Ambr. Les Juifs incrédules voient le paralytique se lever et s’étonnent qu’il marche : « Et ils furent tous frappés de stupeur, » etc. — S. Chrys. (hom. 30 sur S. Matth.) Les Juifs rampent encore dans des pensées terrestres, tout en louant Dieu, mais sans reconnaître que Jésus-Christ lui-même était Dieu, car la chair était pour eux un obstacle, et toutefois, c’était beaucoup déjà de le reconnaître comme le premier des mortels et comme l’envoyé de Dieu. — S. Ambr. Ils sont témoins des miracles de sa toute-puissance, et ils aiment mieux se laisser dominer par la crainte que diriger par la foi : « Et ils furent remplis de crainte, » etc. S’ils avaient cru, ils eussent cessé de craindre pour aimer, car l’amour parfait chasse la crainte (1 Jn 4). Or, la guérison de ce paralytique nous donne un enseignement important ; Notre-Seigneur commença par prier, non par nécessité, mais pour nous donner l’exemple. — S. Augustin. (Quest. évang., 2, 4.) On peut voir dans ce paralytique une image de l’âme privée de ses membres, c’est-à-dire, de ses opérations, cherchant Jésus-Christ (c’est-à-dire, la volonté du Verbe de Dieu). Elle ne peut arriver jusqu’à lui, empêchée qu’elle en est par la foule tumultueuse de ses pensées ; il faut qu’elle découvre le toit, c’est-à-dire, le voile des Écritures, pour arriver ainsi à la connaissance de Jésus-Christ, c’est-à-dire, pour descendre pieusement jusqu’à l’humilité de la foi. — Bède. Ce n’est pas sans dessein que la maison où se trouve Jésus nous est représentée comme couverte de tuiles, parce que, sous le voile grossier de la lettre, nous trouvons la vertu de la grâce spirituelle.

S. Ambr. Chacun de nous, s’il est malade, doit recourir aux prières de ses frères pour obtenir sa guérison, pour que l’assemblage tout brisé de notre vie et les pas chancelants de nos oeuvres soient raffermis par le remède de la parole céleste. Il faut donc pour les âmes de sages directeurs, qui élèvent vers le ciel l’esprit de l’homme appesanti par l’infirmité du corps. Il faut aussi que l’homme se prête facilement à tous les mouvements qu’on lui imprime, qu’il se laisse élever, abaisser, pour être placé devant Jésus, et être rendu digne de ses regards, car le Seigneur abaisse ses regards sur les humbles (cf. Lc 1, 48). — S. Augustin. (Quest. évang.) Ceux donc qui déposent le paralytique peuvent représenter les vrais docteurs de l’Église, et le lit sur lequel il est déposé signifie que c’est pendant que l’homme est revêtu d’un corps mortel qu’il doit chercher à connaître Jésus-Christ. — S. Ambr. Le Seigneur voulant établir l’espérance pleine et entière de la résurrection, pardonne les péchés de l’âme et guérit l’infirmité de la chair, c’est la guérison de l’homme tout entier. Il est grand sans doute de remettre aux hommes leurs péchés, mais il est plus divin de rendre la vie aux corps par la résurrection, puisque Dieu lui-môme est la résurrection ; or, le lit qu’on ordonne au paralytique d’emporter c’est le corps humain. — S. Augustin. (Quest. évang.) Il ne faut pas que l’infirmité de l’âme se repose davantage dans les joies charnelles, comme sur un lit, mais au contraire, qu’elle réprime les affections de la chair, et se dirige vers sa maison, c’est-à-dire, vers le repos mystérieux de son coeur. — S. Ambr. Ou bien encore, regagner sa maison c’est retourner au paradis. C’est en effet la véritable maison, qui fut la première habitation de l’homme et qu’il a perdue contre toute justice par la fraude du démon. Il faut donc que cette habitation lui soit rendue à l’avènement de celui qui est venu pour détruire la fraude du démon, et rendre à la justice tous ses droits.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle