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Lc  4  14-21

Origène. (hom. 32.) La victoire que Notre-Seigneur venait de remporter sur le tentateur, donna un nouvel accroissement, ou plutôt un nouveau degré de manifestation à sa vertu : « Et Jésus retourna en Galilée dans la vertu de l’Esprit, » etc. — Bède. Cette vertu de l’Esprit, c’est la puissance de faire des miracles. — S. Cyrille. Le Sauveur ne faisait pas des miracles par une puissance qui lui fut extrinsèque, et comme les autres saints qui agissaient en vertu de la grâce de l’Esprit saint qu’ils avaient reçue ; mais comme il était le Fils de Dieu par nature, et qu’il entrait en participation de tous les attributs du Père, il se sert pour agir de la vertu de l’Esprit saint comme lui appartenant en propre. Il était du reste convenable qu’il se manifestât désormais et qu’il fît éclater aux yeux des enfants d’Israël le mystère de l’incarnation : « Et sa renommée se répandit, » etc. — Bède. La sagesse se rapporte à la doctrine, et la puissance aux oeuvres, aussi l’Evangéliste réunit ici ces deux attributs : « Et il enseignait dans les synagogues, » etc. Le mot synagogue, qui vient du grec, veut dire réunion, les Juifs appelaient ainsi non seulement l’assemblée du peuple, mais encore le lieu où il se réunissait pour entendre la parole de Dieu. C’est ainsi que nous donnons le nom d’églises aux lieux où se réunissent les fidèles pour chanter les louanges de Dieu. Il y a cependant une différence entre le mot synagogue qui veut dire réunion, et le mot église qui signifie assemblée ; des animaux, ou n’importe quelles autres choses, peuvent former une réunion, tandis qu’une assemblée ne peut se composer que d’êtres doués de raison. C’est pour cela que les docteurs apostoliques ont jugé plus convenable de donner le nom d’Église, plutôt que celui de synagogue aux réunions du peuple, élevé par la grâce à une plus liante dignité. C’est avec raison que tous publiaient ses louanges, lui à qui tous les faits et tous les oracles précédents avaient rendu un si éclatant témoignage : « Et il était exalté par tous. » — Origène. Gardez-vous de penser que ceux-là seuls furent heureux qui eurent le bonheur d’entendre les enseignements du Sauveur, et de croire que vous êtes privé de la même faveur ; car aujourd’hui encore, il enseigne dans tout l’univers par ses organes, et sa gloire est célébrée par un plus grand nombre de voix qu’au temps de sa vie mortelle, où les hommes d’une seule contrée s’assemblaient autour de lui pour recevoir ses divines leçons.

S. Cyrille. Notre-Seigneur se fait connaître à ceux parmi lesquels il a passé les premières années de sa vie mortelle : « Et il vint à Nazareth, » etc. — Théophile. Il nous apprend ainsi à instruire d’abord de préférence nos proches, et à leur faire du bien avant de répandre sur les autres les effets de notre charité. — Bède. Ils se réunissaient en foule le jour du sabbat dans les synagogues, où, libres des préoccupations des affaires du monde, ils pouvaient méditer dans un coeur calme et tranquille les divins enseignements de la loi : « Et il entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue. — S. Ambr. Notre-Seigneur s’est tellement familiarisé avec tous les abaissements, qu’il n’a pas dédaigné l’humble fonction de lecteur : « Et il se leva pour lire, et on lui donna le livre des prophéties d’Isaïe, » etc. Il prit le livre pour déclarer que c’était lui qui avait parlé par la bouche des prophètes, et pour écarter cette doctrine sacrilège, qui prétend que le Dieu de l’Ancien Testament n’est pas le même que le Dieu du Nouveau, ou qui ne fait remonter l’origine de Jésus-Christ qu’à sa conception dans le sein de la Vierge ; comment soutenir, en effet, que son existence date seulement de sa conception, lui qui faisait entendre sa voix avant même que la Vierge existât ?

Origène. Or, ce ne fut point par hasard, mais par un effet de la Providence divine, qu’en déroulant le livre, il tomba sur la prophétie qui prédisait sa venue : « Et l’ayant déroulé, il trouva l’endroit où il était écrit, » etc. — S. Athan. (2e discours contre les Ar.) Il parle de la sorte pour nous expliquer les causes de son incarnation et de sa manifestation en ce monde ; car de même que lui, qui, comme Fils de Dieu, envoie et donne l’Esprit saint, ne fait pas difficulté d’avouer, comme homme, que c’est par l’Esprit de Dieu qu’il chasse les démons ; de même, en tant qu’il s’est fait homme, il ne craint pas de dire « L’Esprit du Seigneur est sur moi. » — S. Cyrille. C’est ainsi que nous confessons qu’il a reçu l’onction comme homme revêtu de notre nature : « C’est pourquoi il m’a consacré par son onction ; » car ce n’est pas la nature divine qui reçoit cette onction, mais la nature qui lui est commune avec la nôtre. Ainsi encore lorsqu’il dit qu’il a été envoyé, il faut l’entendre de son humanité « Il m’a envoyé évangéliser les pauvres. » — S. Ambr. Vous voyez la Trinité coéternelle et parfaite. L’Écriture proclame que Jésus est Dieu parfait et homme parfait, elle proclame également la divinité du Père et de l’Esprit saint le coopérateur du Père qui est descendu sur Jésus Christ sous la forme extérieure d’une colombe. — Origène. Les pauvres ici sont toutes les nations pauvres eu effet, parce qu’elles étaient dénuées de tout bien, sans Dieu, sans loi, sans prophètes, sans justice, sans aucunes vertus. — S. Ambr. Ou encore, il reçoit dans sa plénitude l’onction de l’huile spirituelle et de la vertu céleste pour enrichir la pauvreté de la nature humaine du trésor de sa résurrection. — Bède. Dieu l’envoie prêcher l’Évangile aux pauvres, et leur dire : « Bienheureux vous qui êtes pauvres, parce que le royaume des cieux est à vous. » — S. Cyrille. Peut-être veut-il dire par là que de tous les biens dont Jésus-Christ est la source, la meilleure part est donnée aux pauvres en esprit. — suite. « Guérir les coeurs brisés. » Ces coeurs brisés ce sont les faibles, dont l’âme est fragile, qui ne peuvent résister aux assauts des passions, et à qui il promet le retour à la santé. — S. Basile. Il vient guérir les coeurs brisés, c’est-à-dire ceux dont Satan a comme brisé le coeur par le péché ; car il n’y a rien qui brise et écrase le coeur humain comme le péché. — Bède. Ou bien encore, comme il est écrit que Dieu ne rejette pas un coeur contrit et humilié (Ps. L), le Sauveur dit qu’il est envoyé pour guérir ceux dont le coeur est contrit, selon cette parole : « Il guérit ceux dont le coeur est brisé. »

« Et annonce la délivrance aux captifs. » — S. Chrys. (sur le Ps 125.) Le mot captivité a plusieurs significations : il y a une captivité bonne et louable, dont saint Paul a dit : « Réduisant en captivité toute intelligence sous l’obéissance de Jésus-Christ. » (2 Co 10.) Mais il y a une captivité mauvaise dont le même Apôtre a dit : « Ils traînent captives de jeunes femmes chargées de péchés. » (2 Tm 3.) La captivité peut être corporelle et venir d’ennemis extérieurs ; mais la plus affreuse est celle de l’âme, dont il est ici question, car le péché exerce sur l’âme la plus dure tyrannie, il lui fait comme une loi du mal, et la couvre de confusion lorsqu’elle lui obéit ; c’est de cette captivité spirituelle que Jésus-Christ nous a délivrés. — Théophile. On peut encore entendre ces paroles des morts qui étaient aussi captifs, et qui furent délivrés du joug du tyran de l’enfer par la résurrection de Jésus-Christ.

« Et le bienfait de la vue aux aveugles. » — S. Cyrille. Jésus-Christ, le vrai soleil de justice, a dissipé ces ténèbres épaisses que le démon avait amassées dans le coeur des hommes ; ils étaient enfants de la nuit et des ténèbres, il les a faits enfants du jour et de la lumière, au témoignage de l’Apôtre (1 Th 5) ; car il a fait entrer dans le sentier de la justice ceux qui étaient égarés loin de la véritable voie.

« Rendre à la liberté ceux qu’écrasent leurs fers. » — Origène. Qu’y avait-il, en effet, de plus brisé, de plus broyé que l’homme, à qui Jésus-Christ est venu rendre la liberté et la guérison ? — Bède. Ou bien encore, il est venu rendre la liberté aux opprimés, c’est-à-dire, à ceux qui étaient comme écrasés sous le fardeau insupportable de la loi.

Origène. Toutes ces choses qui ont été prédites, la vue rendue aux aveugles, la liberté aux captifs, la guérison à ceux qui étaient blessés, nous amènent naturellement à l’année favorable du Seigneur : « Et publier l’année salutaire du Seigneur. » Quelques-uns, prenant ces paroles dans leur sens le plus simple et le plus littéral, disent que le prophète, en faisant cette prédiction, avait en vue l’année pendant laquelle le Sauveur a prêché l’Évangile dans la Judée. Ou bien encore, cette année favorable du Seigneur, c’est toute la durée de l’existence de l’Église qui voyage loin du Seigneur, tant qu’elle reste dans ce corps mortel (2 Co 5). — Bède. Ce ne fut pas seulement l’année de la prédication du Seigneur, qui fut l’année favorable, mais encore celle où l’Apôtre disait dans ses prédications : « Voici maintenant le temps favorable. » (2 Co 6.) Après l’année favorable du Seigneur, il ajoute : « Et le jour de la rétribution, » c’est-à-dire, de la rétribution dernière, où Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres. — S. Ambr. Ou bien encore, cette année favorable du Seigneur, c’est l’année de l’éternité, qui ne ramènera plus le cercle des travaux de ce monde, et qui donnera aux hommes la jouissance des fruits éternels d’un repos qui ne finira jamais.

« Ayant replié le livre, il le rendit, » etc. Il lut ce livre en présence de ceux qui étaient là pour l’écouter, mais après cette lecture il le rendit au ministre. En effet, tandis qu’il était dans le monde, il parlait publiquement, enseignant dans les synagogues et dans le temple, mais lorsqu’il fut sur le point de remonter vers le ciel, il confia le ministère de la prédication à ceux qui avaient été dès le commencement les témoins de ses actions et les ministres de sa parole. Il se tient debout pour faire cette lecture, parce qu’en nous expliquant les Ecritures qui se rapportaient à lui, il daignait agir dans la nature humaine dont il s’était revêtu ; mais il s’asseoit après avoir rendu le livre, parce qu’il rentre alors en possession du trône de son éternel repos. En effet, celui qui agit se tient ordinairement debout, et c’est le propre de celui qui se repose ou qui rend la justice d’être assis. Tel doit être le prédicateur de la parole de Dieu, il doit se tenir debout pour lire, c’est-à-dire, pour agir et pour prêcher ; il doit s’asseoir, c’est-à-dire, attendre le repos pour récompense. Il lut ce livre après l’avoir déroulé, parce qu’il a enseigné à l’Église toute vérité par l’Esprit de vérité qu’il lui a envoyé ; il le rendit au ministre après l’avoir plié, parce que toute doctrine ne peut être enseignée à tous indistinctement, mais les docteurs sont obligés de proportionner leur enseignement à l’intelligence de ceux qui les écoutent.

« Et tous dans la synagogue avaient les yeux attachés sur lui. — Origène. Et maintenant encore, si nous le voulons, nous pouvons fixer nos regards sur le Sauveur, car si vous dirigez l’intention de votre coeur vers la sagesse, la vérité et la contemplation du Fils unique de Dieu, vos yeux alors s’arrêtent sur Jésus. — S. Cyrille. Il attirait sur lui les regards de tous ces hommes étonnés de voir qu’il savait les Écritures sans les avoir apprises. Et comme les Juifs avaient coutume de dire que les prophéties qui concernaient le Christ, avaient reçu leur accomplissement dans quelques-uns de leurs chefs, de leurs rois ou des saints prophètes, Notre-Seigneur leur fait voir en lui l’accomplissement de cette prophétie : « Et il commença à leur dire : C’est aujourd’hui que cette prophétie que vous venez d’entendre est accomplie. »

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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