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Lc  4  9-13

S. Ambr. A la tentation de sensualité succède celle de la vaine gloire, qui fait tomber dans les honteux abaissements du péché ; car aussitôt que les hommes cherchent à préconiser la gloire de leur vertu, ils tombent du liant rang où leurs mérites les avait élevés : « Et le démon le conduisit à Jérusalem, » etc. — Origène. (hom. 31.) Jésus suivait le démon comme un athlète qui marche volontairement au combat, et il semblait lui dire : Conduis-moi où tu voudras, tu me trouveras supérieur à toutes tes ruses et à toutes tes intrigues. — S. Athan. C’est le propre de la vaine gloire, en inspirant à celui qu’elle domine de s’élever présomptueusement à nui degré supérieur par la pratique d’oeuvres plus parfaites, de le faire tomber dans les actions les plus humiliantes : « Et il lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous au bas, » etc. — S. Athan. (Ch. des Pèr. gr.) Ce n’est pas contre la divinité que le démon engage le combat (il n’eût osé le faire), aussi c’est pourquoi il dit à Jésus : « Si vous êtes le Fils de Dieu, » mais c’est contre l’homme qu’il avait autrefois réussi à séduire. — S. Athan. C’est bien ici la voix du démon qui cherche à précipiter l’homme du haut rang où ses vertus l’ont élevé, mais il dévoile en même temps toute sa faiblesse et toute sa méchanceté, puisqu’il ne peut nuire à personne avant qu’on ne se soit pour ainsi dire précipité dans l’abîme. En effet, celui qui, aux choses du ciel, préfère les biens trompeurs de la terre, se jette comme volontairement dans un précipice où il trouve la mort. Cependant lorsque le démon vit son arme émoussée, lui qui avait soumis tous les hommes à son empire, il jugea que Jésus était plus qu’un homme. Or, il est à remarquer que Satan se transforme souvent en ange de lumière (2 Co 11), et dresse des piéges aux fidèles à l’aide des saintes Écritures : « Car il est écrit, » etc. — Origène. (hom. 34.) Comment peux-tu savoir, ô démon ! que ces paroles se trouvent dans l’Écriture, as-tu jamais lu les Prophètes ou les saintes Lettres ? Oui, tu les a lues, non pour devenir meilleur par cette lecture, mais pour tuer avec la lettre seule ceux qui s’attachent exclusivement à la lettre. (2 Co 3.) Tu sais que si tu empruntais tes témoignages à d’autres livres, tu ne pourrais réussir à tromper. — S. Ambr. Ne vous laissez donc pas séduire par les hérétiques qui pourront vous citer des témoignages de l’Écriture, le démon lui-même a recours à l’Écriture, non pour enseigner, mais pour tromper. — Origène. Vous voyez, du reste, l’artifice du démon jusque dans la citation de ces témoignages ; il veut amoindrir la gloire du Sauveur, comme s’il avait besoin du secours des auges, et que son pied dût heurter, s’il n’était soutenu par leurs mains. Or, ces paroles du Psalmiste ne s’appliquent nullement au Christ, mais en général à tous les saints ; car celui qui est au-dessus de tous les anges n’a nullement besoin de leur secours. Apprends donc plutôt, ô esprit superbe, que les anges eux-mêmes heurteraient leur pied, si la main de Dieu ne les soutenait, c’est ainsi que toi-même tu es venu heurter contre l’écueil, parce que tu as refusé de croire en Jésus-Christ, Fils de Dieu. Mais pourquoi donc passes-tu sous silence les paroles qui suivent : « Vous marcherez sur l’aspic et le basilic, sinon parce que tu es toi-même ce basilic, ce dragon, ce lion ? »

S. Ambr. Cependant Notre-Seigneur, voulant nous apprendre que tout ce qui avait été prédit de lui, ne devait pas s’accomplir selon le bon plaisir du démon, mais par la volonté souveraine de sa divinité, déjoue les artifices de ce malin esprit, et comme il a emprunté ses armes à l’Écriture, le Sauveur lui oppose l’autorité triomphante des Écritures : « Et Jésus lui répondit : Il est écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. » — S. Chrys. (des hom. sur l’ép. aux Hébr.) C’est en effet une inspiration diabolique que de se jeter dans le danger, pour tenter si Dieu nous en délivrera. — S. Cyrille. Dieu accorde son secours, non à ceux qui le tentent, mais à ceux qui croient et espèrent en lui ; aussi Jésus-Christ ne voulut point faire de miracles en présence de ceux qui étaient venus pour le tenter : « Cette génération perverse, disait-il, demande un prodige, et il ne lui sera point donné. » — S. Chrys. (comme précéd.) Voyez comme le Seigneur, sans être troublé, discute humblement avec le démon, vous donnant ainsi un exemple que vous devez imiter autant qu’il est possible. Le démon connaît les armes dont Jésus-Christ s’est servi pour le terrasser, il l’a combattu par la douceur, et en a triomphé par l’humilité. Vous donc aussi, si vous rencontrez un homme devenu l’instrument du démon pour lutter contre vous, cherchez à en triompher par les mêmes armes. Que votre âme apprenne à conformer vos paroles aux paroles du Christ ; car de même que le juge romain, assis sur son tribunal, n’écoute point la demande de celui qui ne sait point parler son langage ; ainsi Jésus-Christ ne vous exaucera point et ne prêtera aucune attention à vos paroles, si vous ne parlez son langage.

S. Grég. de Nysse. Celui qui lutte suivant les règles, arrive au terme du combat, soit que son adversaire cède de lui-même au vainqueur, soit qu’à la troisième défaite il dépose les armes suivant les lois du combat : « Et ayant épuisé toutes ses tentations, il se retira, » etc. — S. Athan. La sainte Écriture n’eût pas dit que le démon avait épuisé toutes les tentations, si les trois qui précédent n’étaient l’occasion de tous les crimes. En effet, toutes les tentations viennent des concupiscences qui sont le plaisir de la chair, le désir de la gloire et l’ambition du pouvoir. — S. Athan. L’ennemi de notre salut s’était approché de Jésus comme d’un homme, mais n’ayant trouvé en lui aucun des caractères de ses premiers ancêtres, il se retira. — S. Ambr. Vous voyez donc que le démon n’est point opiniâtre dans ses poursuites, il cède le terrain à la véritable vertu, et s’il ne cesse point de porter envie et de haïr, il craint de revenir à la charge, parce qu’il redoute la honte de fréquentes défaites. Aussitôt donc qu’il entend le nom de Dieu, il se retire pour un temps, dit l’Évangéliste ; car il revint plus tard, non plus pour tenter le Sauveur, mais pour le combattre à force ouverte. — Théophile. Ou bien, comme il l’avait tenté dans le désert par l’attrait de la sensualité, il se retira de lui jusqu’au temps de sa passion, où il devait le tenter par la crainte de la douleur. — S. Maxime. Ou bien encore, le démon avait suggéré à Jésus-Christ, dans le désert, de préférer les biens matériels à l’amour divin, le Sauveur lui ordonne de se retirer, ce qui était un signe de l’amour qu’il avait pour Dieu. Dans la suite, le démon s’efforça donc de lui faire transgresser le précepte de l’amour du prochain, ainsi il excitait les scribes et les pharisiens à lui dresser des embûches, alors qu’il leur enseignait les sentiers de la véritable vie pour le forcer de les haïr. Mais le Seigneur, ne perdant jamais de vue l’amour qu’il avait pour eux, ne cessait de les avertir, de les reprendre et de leur faire du bien.

S. Augustin. (de l’accord des Evang., 2, 6.) Saint Matthieu rapporte également l’ensemble de ces tentations, mais dans un ordre différent. Nous ne savons donc ce qui eut lieu d’abord, de la deuxième ou de la troisième tentation, c’est-à-dire si le démon fit voir au Sauveur tous les royaumes du monde avant de le transporter sur le pinacle du temple ; mais peu importe, dès lors qu’il est certain que ces deux faits sont véritables. — S. Maxime. L’un des Évangélistes a placé la seconde tentation avant la troisième ; l’autre, la troisième avant la seconde, parce que la vaine gloire et l’avarice s’engendrent mutuellement. — Origène. (hom. 29.) L’évangéliste saint Jean, qui commence son Évangile par la génération divine, et donne ce magnifique exode : « Au commencement était le Verbe, » n’a pas raconté les tentations du Sauveur, parce que la divinité dont il voulait surtout parler est inaccessible à la tentation. Au contraire, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, qui avaient surtout pour objet de décrire la génération temporelle, et la vie humaine de Notre-Seigneur, nous ont raconté sa tentation.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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