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Lc  2  15-20

S. Grég. (Géomét.) L’apparition de l’ange, son récit, jetèrent les bergers dans un grand étonnement ; ils laissèrent donc leurs troupeaux et partirent cette nuit-là même pour Bethléem, à la recherche de cette lumière du Sauveur : « Et ils se disaient l’un à l’autre, » etc. — Bède. C’est le langage d’hommes qui veillent véritablement ; ils ne disent pas : voyons cet enfant, mais voyons le Verbe qui a été fait, c’est-à-dire, voyons comment ce Verbe qui a été de tout temps a été fait chair pour nous, car ce Verbe c’est le Seigneur, comme la suite l’indique : « Que le Seigneur a fait et nous a révélé, » c’est-à-dire, voyons comment le Verbe s’est fait lui-même, et nous a manifesté sa chair. — S. Ambr. Voyez avec quel soin la sainte Écriture pèse le sens de chacune des paroles qu’elle emploie ; en effet, celui qui voit la chair du Seigneur, voit le Verbe qui est le Fils de Dieu. Gardez-vous de faire peu de cas de cet exemple de foi, parce qu’il vous est donné par de pauvres bergers, Dieu recherche la simplicité et rejette les prétentions orgueilleuses : « Et ils se hâtèrent de venir, » etc. Personne né doit chercher Jésus-Christ avec négligence. — Origène. (hom. 13.) Pour récompense de leur pieux empressement, « ils trouvèrent Marie (qui avait enfanté Jésus), Joseph (le protecteur de la naissance du Seigneur), et l’enfant couché dans une crèche, » c’est-à-dire, le Sauveur lui-même. — Bède. Il est dans l’ordre qu’après avoir rendu à l’incarnation du Verbe les honneurs qui lui sont dus, on soit admis à contempler la gloire elle-même du Verbe : « Et l’ayant vu, ils reconnurent la vérité de ce qui leur avait été dit, » etc. — S. Grég. (c’est-à-dire Photius, Ch. des Pèr. gr.) Ils contemplent avec foi dans le secret de leurs coeurs l’accomplissement de l’heureuse nouvelle qui leur a été annoncée, et non contents de ce sentiment d’admiration, ils racontaient tout ce qu’ils avaient vu et entendu, non seulement à Marie et à Joseph, mais à tous ceux qu’ils rencontraient, et (ce qui est mieux encore) ils le gravaient dans les coeurs : « Et tous ceux qui l’entendirent admirèrent, » etc. Et quel plus juste sujet d’admiration que de voir celui qui habite dans les cieux, s’unissant à la terre pour la réconcilier avec les cieux, et cet ineffable petit enfant, unissant étroitement ensemble les choses célestes par sa divinité, avec les choses terrestres par son humanité, offrant ainsi une admirable alliance entre ces deux natures intimement unies en lui-même. — La glose. L’objet de cette admiration n’est pas seulement le mystère de l’Incarnation, mais le témoignage si frappant des bergers, incapables d’imaginer ce qu’ils n’auraient pas entendu, et qui publiaient la vérité avec une éloquence pleine de simplicité.

S. Ambr. Gardez-vous de mépriser comme de peu d’importance les paroles des bergers, car Marie recueille ces paroles pour confirmer sa foi : « Or Marie conservait toutes ces choses en elle-même, les repassant dans son coeur. Apprenons quelle était en toutes choses la chasteté de Marie ; non moins pure dans ses paroles que dans son corps, elle repassait dans son coeur les preuves de la foi. — Bède. (hom.) Fidèle observatrice des lois de la pureté virginale, elle ne voulait révéler à personne les mystères du Christ qu’elle connaissait, mais elle rapprochait les prédictions qu’elle avait lues, de leur accomplissement qu’elle avait sous les yeux, et sans en rien publier elle gardait tout renfermé dans son coeur.

S. Grég. (ou Métaphraste, Ch. des Pèr. gr.) Tout ce que l’ange avait dit à Marie, tout ce qu’elle avait appris de Zacharie et d’Elisabeth elle le conservait dans son âme, elle en faisait le rapprochement, et cette Mère de la sagesse en admirait la parfaite harmonie, qui lui faisait reconnaître un Dieu dans celui dont elle était la Mère.

S. Athan. (Ch. des Pèr. gr.) La naissance de Jésus-Christ était le sujet d’une joie universelle, non pas d’une joie toute humaine comme celle qu’inspire la naissance d’un enfant ordinaire, mais d’une joie céleste produite par la présence du Christ et par l’éclat de la lumière divine : « Et les bergers s’en retournèrent glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient entendu. » — Bède. De ce qu’ils avaient entendu des anges, et de ce qu’ils avaient vu à Bethléem, selon ce qui leur avait été dit. Ainsi ils glorifient Dieu de ce qu’ils ont trouvé celui qu’on leur avait annoncé ; ou bien encore ils glorifient, ils louent Dieu, selon ce qui leur avait été dit par les anges qui ne leur en avaient point fait une loi, mais leur offraient un modèle parfait de religion dans l’hymne de gloire qu’ils avaient chanté à Dieu au plus haut des cieux.

Bède.(Hom.) Dans le sens mystique, les pasteurs du troupeau des âmes, disons mieux, tous les fidèles, à l’exemple de ces bergers doivent aller par la pensée jusqu’à Bethléem, et célébrer par de dignes hommages l’incarnation du Christ. Mais commençons par rejeter bien loin toutes les basses concupiscences de la chair avant de nous élever sur l’aile des plus ardents désirs de notre coeur jusqu’à la Bethléem céleste (c’est-à-dire la maison du pain vivant), où nous serons rendus dignes de voir régner sur le trône de Dieu le Père, celui que les bergers ont mérité de voir pleurant et gémissant dans la crèche. Point de négligence, point de langueur dans la recherche d’un si grand bonheur, c’est avec ardeur qu’il faut suivre les pas de Jésus-Christ. Après qu’ils eurent vu, ils connurent, et nous aussi, hâtons-nous de recevoir avec un coeur plein d’amour tout ce qui nous est dit sur le Sauveur du monde, afin que nous puissions arriver à le connaître parfaitement dans les splendeurs de la vision des cieux. — Bède. (sur S. Luc.) Les pasteurs du troupeau du Seigneur vont aussi contempler la vie des Pères qui les ont précédés, et où se conserve le pain de vie, comme s’ils entraient dans la ville de Bethléem ; et ils y trouvent la beauté virginale de l’Église, c’est-à-dire Marie ; la noble cohorte des docteurs spirituels, c’est-à-dire Joseph, et l’humble avènement du Christ inscrit dans les pages de la sainte Écriture, c’est-à-dire, Jésus-Christ enfant couché dans la crèche. — Origène. (hom. 43). Ou bien cette crèche est celle qu’Israël n’a point connu, d’après ces paroles d’Isaïe : « Le bœuf a connu celui à qui il appartient, et l’âne l’étable de son maître ; — Bède. (in hom.) Les bergers n’ont point enseveli dans le silence les mystères qui leur avaient été manifestés, parce que les pasteurs de l’Église sont établis pour enseigner aux fidèles les vérités qu’ils ont puisées dans les saintes Écritures. — Bède. (sur S. Luc.) Ajoutons encore que les pasteurs du troupeau des âmes, tandis que tous les autres se livrent au sommeil, tantôt s’adonnent à la contemplation des choses célestes, tantôt parcourent la vie des saints pour recueillir leurs exemples, et reprennent ensuite par l’enseignement l’exercice du ministère pastoral. — Bède. (hom.) Chaque fidèle, même celui qui semble renfermé dans la vie privée, remplit l’office de pasteur, s’il prend soin de recueillir une multitude de bonnes oeuvres et de chastes pensées, de la gouverner dans une sage mesure, de la nourrir des pâturages de la sainte Écriture, et de la préserver des embûches du démon.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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