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Lc  2  13-14

Bède. Le témoignage d’un seul ange pouvait paraître insuffisant ; aussitôt donc que cet ange est venu annoncer le mystère de la nouvelle naissance, on voit paraître la multitude des légions célestes : « Au même instant se joignit à l’ange une grande troupe de l’armée céleste. » Le nom de milice céleste que donne l’Évangéliste au choeur des anges est parfaitement choisi, car elle exécute humblement les ordres et seconde dans les combats les efforts du chef puissant qui est venu triompher des puissances de l’air, jeter le trouble et l’épouvante parmi les légions ennemies, et rendre ainsi inutiles leurs pernicieux desseins contre les hommes. Celui qui vient de naître est tout à la fois Dieu et homme, c’est donc à juste titre que les anges annoncent la paix aux hommes, et chantent gloire à Dieu : « Ils louaient Dieu et disaient : Gloire à Dieu au plus haut des cieux. » Un seul ange, un seul envoyé du ciel, vient d’annoncer qu’un Dieu vient de naître dans une chair mortelle, et aussitôt la multitude des légions célestes proclame la gloire du Créateur. Elle témoigne ainsi de son amour pour Jésus-Christ, et nous instruit par son exemple. Toutes les fois, en effet, que l’un de nos frères nous fait entendre la parole de la science sacrée, ou lorsque nous-mêmes nous repassons dans notre âme une pensée pieuse, notre coeur, notre bouche, nos oeuvres doivent aussitôt rendre gloire à Dieu.

S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr.) Autrefois les anges étaient envoyés comme exécuteurs de la justice de Dieu, aux Israélites, à David, aux habitants de Sodome, à la vallée des gémissements ; maintenant au contraire, ils chantent à Dieu un cantique d’actions de grâces, parce qu’il leur a fait connaître sa venue parmi les hommes. — S. Grég. (Moral., 28, 7.) Ils chantent les louanges de Dieu, pour mettre leurs concerts en harmonie avec le bienfait de la rédemption ; heureux ainsi de voir les hommes réconciliés appelés à compléter leur nombre dans les cieux. — Bède. Ils souhaitent la paix aux hommes, en ajoutant : « Et sur la terre paix aux hommes », etc., parce qu’ils vénèrent des compagnons et des frères dans ceux qu’ils avaient vus en proie à toute sorte d’infirmités et d’humiliations. — S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr.) Cette paix est l’oeuvre de Jésus-Christ, il nous a réconciliés par lui-même à Dieu son Père (2 Cor 5, 18 et 19 ; Ep 2, 16 ; Col 1, 20. 22), en effaçant les fautes qui nous rendaient ses ennemis. Il a pacifié les deux peuples pour n’en faire qu’un seul homme, et a formé un seul troupeau des habitants du ciel et de ceux qui sont sur la terre.

Bède. Mais à quels hommes les anges souhaitent-ils la paix ? Ils l’expliquent eux-mêmes en ajoutant : « De bonne volonté, » c’est-à-dire, à ceux qui recevront le Christ qui vient de naître, car il n’y a point de paix pour les impies (Is 57), elle est le partage de ceux qui aiment le nom de Dieu (Ps 118). — Origène. Le lecteur attentif demandera comment le Sauveur a pu dire (Lc 12) : « Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, » tandis que les anges chantent à sa naissance : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » mais la question se trouve résolue par ces paroles mêmes : « Paix aux hommes de bonne volonté », car la paix dont Dieu n’est pas l’auteur, n’est pas la paix de bonne volonté. — S. Augustin. (de la Trin., 13, 1-3.) La justice fait partie de la bonne volonté. — S. Chrys. (Ch. des Pèr. 9r.) Voyez la marche admirable que Dieu a suivie, il a fait descendre les anges jusqu’à nous, pour faire remonter ensuite l’homme jusqu’au ciel ; le ciel s’est fait terre pour relever les choses de la terre.

Origène. (comme précéd.) Dans le sens mystique, les anges reconnaissaient qu’ils ne pouvaient accomplir la mission qui leur avait été confiée sans le secours de celui qui seul avait la puissance de sauver, et que tous leurs remèdes étaient inefficaces pour guérir les hommes. Ainsi, lorsqu’un médecin d’une science supérieure arrive près d’un malade que d’autres n’ont pu guérir, dès que ceux-ci voient la gangrène des plaies les plus profondes disparaître au simple toucher du savant docteur ; loin de lui porter envie, ils célèbrent les louanges du médecin et de Dieu, qui leur a envoyé ainsi qu’aux malades, un homme d’une science si éminente ; c’est ainsi que la multitude des anges loue et remercie Dieu d’avoir envoyé Jésus-Christ sur la terre.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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