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Lc  2  21

Bède. (hom. sur la circoncis.) Après le récit de la naissance du Sauveur, vient celui de la circoncision : « Lorsque les huit jours furent accomplis pour circoncire l’enfant. » — S. Ambr. Quel est cet enfant ? celui dont il a été dit (Is 9) : « Un enfant nous est né ; un fils nous a été donné ; » car il s’est assujetti à la loi pour racheter ceux qui étaient sous la loi. — S. Epiph. (Ch. des Pèr. gr.). Les sectateurs d’Ebion et de Cérinthe nous disent : Il suffit au disciple d’être comme Son maître ; le Christ a été circoncis, vous devez donc, vous aussi, vous soumettre à la circoncision. Ces hérétiques sont dans l’erreur et détruisent leurs propres principes. En effet, si Ebion admettait que c’est le Christ Dieu descendu des cieux qui a été circoncis le huitième jour, il fournirait une preuve en faveur de la circoncision ; mais il affirme que le Christ n’est qu’un homme. Or, cet enfant ne peut être la cause déterminante de sa circoncision, pas plus que les enfants ne sont les auteurs de leur propre circoncision. Pour nous, nous professons que le Christ est le Dieu descendu du ciel, qu’il a séjourné dans le sein d’une vierge le temps voulu par les lois de la nature, jusqu’au moment où la chair de son humanité a été entièrement formée de ce sein virginal ; c’est dans cette chair qu’il a été circoncis le huitième jour en réalité, et non en apparence. Or, puisque les figures sont parvenues à leur accomplissement spirituel, ni lui, ni ses disciples ne doivent chercher à propager ces figures, mais la vérité seule. — Origène. (hom. 14.) Car de même que nous sommes morts avec Jésus-Christ dans sa mort, et que nous sommes ressuscités dans sa résurrection ; nous avons été circoncis avec lui, et nous n’avons plus besoin de la circoncision charnelle.

S. Epiph. Le Christ s’est soumis à la circoncision pour plusieurs raisons ; premièrement, il a voulu prouver ainsi la vérité de sa chair contre les Manichéens et ceux qui prétendent qu’il n’est venu sur la terre qu’en apparence ; secondement, il a fait voir par là que son corps n’était pas consubstantiel à la divinité, comme le soutient Apollinaire, et qu’il ne l’avait point apporté du ciel comme l’affirme Valentin ; troisièmement, il a voulu confirmer, par son exemple, la loi de la circoncision qu’il avait autrefois instituée comme préparation à sa venue ; quatrièmement enfin, il a voulu ôter ainsi aux Juifs toute excuse, car s’il n’avait pas reçu la circoncision, ils auraient pu objecter qu’ils ne pouvaient recevoir un Christ incirconcis. — Bède. (hom. comme précéd.) Il voulait encore nous recommander fortement, par son exemple, la vertu d’obéissance, et aussi aider, en compatissant à leurs maux, ceux qui succombaient sous le joug pesant de la loi. Il fallait que celui qui venait, revêtu de la chair du péché, se soumit au remède institué pour purifier la chair ; car sous la loi, la circoncision avait comme remède salutaire contre la plaie du péché originel la même efficacité que le baptême sous le régime de la grâce. Disons cependant qu’on ne pouvait encore entrer dans le royaume céleste, on était admis après la mort dans le sein d’Abraham, pour y jouir d’un doux repos, et y attendre, dans une bienheureuse espérance, l’entrée du séjour de la paix éternelle. — S. Athan. La circoncision qui avait lieu sur cette partie du corps, qui est la cause de la naissance corporelle, ne signifiait autre chose que le dépouillement de la génération charnelle. On la pratiquait alors comme signe du baptême que le Christ devait instituer. Aujourd’hui donc que nous possédons l’objet figuré, la figure a cessé d’exister ; puisque la chair du vieil homme se trouve détruite tout entière par le baptême, l’incision figurative d’une partie de la chair est maintenant superflue.

S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr.) C’était la coutume chez les Juifs de célébrer la circoncision de la chair le huitième jour, car c’est le huitième jour que le Christ est ressuscité, et qu’il nous a donné l’idée de la circoncision spirituelle par ces paroles « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant, » etc. — Bède. La résurrection de Jésus-Christ est la figure de notre double résurrection, de celle du corps et de celle de l’âme. En effet, par sa circoncision, il nous enseigne que c’est par lui que notre nature peut dans cette vie être purifiée de la souillure des vices, et qu’au dernier jour elle doit être délivrée de la corruption du tombeau. De même que le Seigneur est ressuscité le huitième jour, c’est-à-dire après le septième jour du sabbat, nous aussi, après les six âges du monde, après le septième âge du repos des âmes qui, en attendant, s’écoule dans l’autre vie, nous ressusciterons comme au huitième âge. — S. Cyrille. Pour obéir encore aux prescriptions de la loi, le Seigneur reçut le même jour le nom qui lui était destiné : « On lui donna le nom de Jésus. » Ce nom signifie Sauveur, car il est né pour le salut du monde entier, salut dont sa circoncision était la figure selon ce que l’Apôtre dit aux Colossiens (Col 2) : « Vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’est pas faite de main d’homme, mais qui consiste dans le dépouillement du corps charnel. — Bède. C’est le jour même de sa circoncision que son nom lui a été donné, conformément à la coutume ancienne. En effet, Abraham, qui reçut le sacrement figuratif de la circoncision, mérita ce jour-là même de voir son nom augmenté par une bénédiction spéciale. — Origène. (hom. 44.) Le nom glorieux de Jésus, digne de tous les honneurs, ce nom qui est au-dessus de tous les noms, ne devait être ni donné ni choisi par les hommes, aussi l’Évangéliste ajoute-t-il d’une manière significative : « Nom que l’ange lui avait donné, » etc. — Bède. Les élus eux-mêmes se réjouissent d’être rendus participant de la gloire de ce nom dans leur circoncision ; car de même que les chrétiens tirent leur nom du nom de Christ, ainsi ils sont appelés sauvés du nom de Sauveur, et ce nom, Dieu leur a donné non seulement avant qu’ils fussent conçus par la foi dans le sein de l’Église, mais avant tous les siècles.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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