Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Luc  >  chapitre 2, versets 22-24

Lc  2  22-24

S. Cyrille. (comme précéd.) Après la cérémonie de la circoncision venait celle de la purification dont l’Évangéliste dit : « Lorsque le temps de la purification de Marie fut accompli, selon la loi, » etc. — Bède. Si vous examinez avec attention le texte de cette loi, vous conclurez certainement que la Mère de Dieu était affranchie de cette prescription légale, comme elle l’avait été de toute union charnelle. Car ce n’est point toute femme qui enfante qui est déclarée immonde, mais celle qui enfante par les voies ordinaires, pour distinguer de toutes les autres femmes celle qui conçut et enfanta sans cesser d’être vierge. Cependant Marie, à l’exemple de Jésus-Christ son fils, se soumet d’elle-même à cette loi, pour nous délivrer du joug de la loi. — Tite de Bostra. Aussi l’Évangéliste se sert-il de cette expression pleine de justesse « Lorsque les jours de sa purification furent accomplis selon la loi. » Et en réalité la Vierge sainte n’avait nul besoin d’attendre le jour de sa purification, elle qui, ayant conçu de l’Esprit saint, n’avait contracté aucune souillure.

« Ils le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. » — S. Athan. (Ch. Des Pèr. gr.) Mais quand donc le Seigneur cessa-t-il un seul instant d’être en la présence de son Père, de manière à échapper à ses regards ? et quel est l’endroit de la terre qui ne soit pas soumis à son empire, et où le Fils soit séparé de son Père, à moins qu’on ne l’apporte à Jérusalem et qu’on le présente au temple ? N’oublions pas que toutes ces circonstances sont écrites à cause de nous ; car de même que ce n’est point pour lui que le Sauveur s’est fait homme, et qu’il a été circoncis, mais pour faire de nous comme autant de dieux par sa grâce, et nous donner l’exemple de la circoncision spirituelle ; de même, il se présente à son Père, pour nous apprendre à nous offrir tout entiers au Seigneur. — Bède. C’est le trente-troisième jour après la circoncision qu’il est présenté au temple, pour nous apprendre dans un sens mystique, que pour être digne des regards du Seigneur, il faut avoir retranché tous les vices par la circoncision spirituelle, et qu’à moins d’être affranchi de tous les biens de la mortalité, on ne peut entrer pleinement dans les joies de la cité céleste.

« Comme il est écrit dans la loi du Seigneur. » — Origène. (hom. 14.) Où sont ceux qui nient que Jésus-Christ ait prêché dans l’Évangile le Dieu de la loi ? Admettra-t-on que le Dieu bon ait assujetti son Fils à la loi de son ennemi, que lui-même n’avait point donnée ? En effet, il est écrit dans la loi de Moïse : « Tout mâle ouvrant le sein de sa mère sera appelé la chose sainte du Seigneur. » — Ces paroles : « Ouvrant le sein de sa mère, » s’appliquent également au premier né de l’homme et des animaux, l’un et l’autre, selon la loi, devaient être offerts au Seigneur, et appartenir au prêtre, avec cette différence que pour le premier né de l’homme, il devait en recevoir le prix, et qu’il faisait racheter le premier né de tout animal immonde. — S. Grég. de Nysse. Cette prescription de la loi parait s’accomplir dans le Dieu incarné d’une manière toute particulière et toute exceptionnelle. Il est le seul, en effet, dont la conception ineffable et la naissance incompréhensible n’ait point ouvert le sein virginal que le mariage avait respecté, et qui a conservé miraculeusement après ce divin enfantement le sceau de la chasteté. — S. Ambr. Car ce n’est point l’union conjugale qui a ouvert le chaste sein de la Vierge, mais l’Esprit saint qui a déposé dans ce sanctuaire inviolable le principe d’une naissance immaculée. Celui qui avait sanctifié le sein d’une autre femme pour la rendre mère d’un prophète, ouvrit lui-même le sein de sa mère pour en sortir sain et sans aucune souillure. — Bède. L’Évangéliste, en disant : « Tout mâle qui ouvre le sein de sa mère, » ne fait que s’accommoder au langage en usage pour les naissances ordinaires ; car loin de nous la pensée que le Seigneur ait fait perdre par sa naissance la virginité au chaste sein qu’il avait sanctifié en y venant faire sa demeure. — S. Grég. de Nysse. (comme précéd.) C’est ici le seul enfant mâle qui, dans sa naissance, n’a rien contracté de la faute de la première femme. Aussi est-il appelé saint dans la force du terme, et l’ange Gabriel déclare pour ainsi dire que cette dénomination consacrée par la loi n’appartient qu’à lui seul, lorsqu’il dit : « Le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. » Pour les autres premiers nés, ils sont appelés saints, dans le style des Écritures, parce qu’ils tiennent ce nom de leur consécration à Dieu ; mais quant au premier né de toute créature, l’ange proclame qu’il naît saint d’une sainteté qui lui appartient en propre. — S. Ambr. Mais entre tous les enfants nés de la femme, Notre-Seigneur Jésus-Christ est le seul que le miracle inouï jusqu’alors de sa naissance immaculée ait préservé de la contagion de la corruption terrestre, qu’il a écarté par sa puissance toute divine. Si nous prenions les choses au pied de la lettre, comment pourrait-on dire que tout enfant mâle est saint, alors que nous savons qu’un grand nombre d’entre eux ont été les plus scélérats des hommes ? Mais celui-là seul est véritablement saint, que les préceptes de la loi divine annonçaient d’avance en figure du mystère qui devait s’accomplir, parce que seul il devait ouvrir le sein mystérieux de la sainte Église vierge, pour engendrer tous les peuples à Dieu.

S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr., hom. 17.) O profondeur des conseils de la sagesse et de la science de Dieu ! celui qui est honoré avec son Père dans tous les sacrifices, lui offre lui-même des victimes ; la vérité observe les cérémonies figuratives de la loi, celui qui comme Dieu est l’auteur de la loi, se soumet comme homme aux prescriptions de la loi : « Et pour offrir en sacrifice, ainsi que le prescrit la loi du Seigneur, deux tourterelles ou deux petits de colombes » (Lv 16). — Bède. (hom. sur la Purific.) C’était l’offrande des pauvres ; en effet, d’après la loi, ceux qui en avaient le moyen devaient offrir pour un enfant mâle ou pour une fille, un agneau, et en même temps une tourterelle ou une colombe : s’ils étaient pauvres et n’avaient pas le moyen d’offrir un agneau, ils offraient à la place deux tourterelles ou deux petits de colombe. Ainsi le Seigneur, de riche qu’il était, a daigné se faire pauvre, afin de nous faire entrer par sa pauvreté en participation de ses richesses.

S. Cyrille. (comme précéd.) Examinons quelle est la signification mystérieuse de ces offrandes. La tourterelle est de tous les oiseaux celle dont le chant est le plus fréquent et le plus continu ; et la colombe est un animal plein de douceur. Or, c’est sous ces deux qualités que notre Sauveur s’est présenté à nous, toute sa vie a été le modèle de la plus parfaite douceur, et comme la tourterelle il a attiré à lui tout l’univers, en remplissant son jardin de ses célestes mélodies (cf. Ct 2, 1). On immolait donc une tourterelle ou une colombe en figure de celui qui devait être immolé pour la vie du monde. — Bède. (comme précéd.) Ou bien la colombe est le symbole de la simplicité, et la tourterelle l’emblème de la chasteté, parce que la colombe aime par instinct la simplicité, et la tourterelle la chasteté. En effet, si la tourterelle vient à perdre sa compagne, elle n’en cherche pas une autre. C’est donc pour une raison mystérieuse qu’on offrait à Dieu une tourterelle et une colombe pour être immolés, parce que la vie simple et chaste des fidèles est aux yeux de Dieu un sacrifice agréable de justice. — S. Athan. (ch. des Pèr. gr.) La loi ordonnait d’offrir deux de ces oiseaux, parce que l’homme étant composé d’un corps et d’une âme, Dieu demande de nous deux choses, la chasteté et la douceur, non seulement du corps, mais aussi de l’âme ; autrement l’homme ne serait à ses yeux qu’un hypocrite cherchant à dissimuler la malice secrète de son coeur, sous les dehors d’une innocente trompeuse. — Bède. (comme précéd.) Ces deux oiseaux, par l’habitude qu’ils ont de gémir, sont l’emblème des pieux gémissements des saints pendant la vie présente ; ils diffèrent cependant en ce que la tourterelle recherche la solitude, tandis que la colombe aime à voler par compagnies. Aussi l’une représente plus particulièrement les larmes secrètes de l’oraison, et l’autre les assemblées publiques de l’Église. — Bède (sur S. Luc.) Ou bien encore la colombe qui aime à voler par troupes, signifie le grand nombre de ceux qui mènent la vie active ; la tourterelle qui recherche la solitude représente les âmes qui gravissent les hauteurs de la vie contemplative. Ces deux offrandes sont également agréables à Dieu, aussi est-ce avec dessein que saint Luc ne précise pas si on a offert au Seigneur des tourterelles ou des petits de colombes, pour ne point paraître donner la préférence à l’un de ces deux genres de vie, mais nous enseigner que nous devions suivre l’un et l’autre.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle