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Lc  23  50-56

Chaîne des Pères Grecs. Joseph avait été jusque là un disciple caché de Jésus-Christ ; il triomphe aujourd’hui de la crainte qui le retenait, et plein de zèle et d’ardeur, il dépose le corps du Seigneur de la croix où il était ignominieusement attaché, et acquiert ainsi la pierre précieuse de l’Évangile par la sagesse de ses paroles : « Et voici qu’un membre du grand conseil nommé Joseph, » etc. — Bède. Il est appelé décurion, parce qu’il appartenait à la curie et en gérait les affaires ; cette charge est aussi appelée curiale, parce qu’elle a pour objet de veiller sur les intérêts civils des citoyens, Joseph était donc revêtu d’une haute dignité, dans le monde, mais il était bien plus élevé encore en vertu et en mérite aux yeux de Dieu : « C’était un homme vertueux et juste, d’Arimathie, ville de Judée, » etc. Arimathie est la même ville que Ramatha, patrie d’Helcana et de Samuel.

S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 22.) Saint Jean dit qu’il était disciple de Jésus, ce qui fait ajouter à saint Luc : « Et il attendait, lui aussi, le royaume de Dieu. » On s’étonne avec raison que ce disciple qui avait jusque là dissimulé soigneusement ses relations avec Jésus, dans la crainte d’encourir la haine des Juifs, ait osé demander. son corps, ce qu’aucun de ceux qui le suivaient publiquement n’aurait osé faire : « Il vint trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. » Mais cette difficulté disparaît, si l’on considère que la haute dignité de Joseph lui donnait ses entrées chez Pilate, et lui inspira assez de confiance pour lui faire cette demande, D’ailleurs, si lorsqu’il allait écouter les divins enseignements du Sauveur, il prenait soin d’éviter la haine et la vengeance des Juifs, il semble ne plus se préoccuper d’eux, aujourd’hui qu’il s’agit de rendre au corps de Jésus les derniers devoirs.

Bède. Joseph fut donc jugé digne d’ensevelir le corps du Seigneur, à cause de son éminente vertu, de même qu’il obtint de Pilate le corps de Jésus, en considération du rang élevé qu’il occupait parmi les Juifs : « Et l’ayant détaché de la croix il l’enveloppa d’un linceul. » Cette modeste sépulture du Seigneur condamne la vanité des riches, qui veulent être entourés de leurs richesses jusque dans la poussière du tombeau.

S. Athan. (Vie de S. Ant.) C’est un véritable crime que d’embaumer les corps des morts, et de ne pas les ensevelir, même quand ce seraient les corps des saints, car qu’y a-t-il de plus saint ou de plus grand que le corps du Seigneur ? Cependant il fut mis dans le tombeau et y demeura jusqu’au troisième jour, où il ressuscita : « Et il le déposa dans un tombeau taillé dans le roc. » — Bède. Ce tombeau était taillé dans le roc, car s’il avait été construit de plusieurs pierres assemblées, on aurait accusé ses disciples d’en avoir soulevé les fondements pour enlever le corps de leur maître. Il est déposé dans un tombeau neuf, comme le fait remarquer l’Évangéliste : « Dans lequel personne n’avait encore été mis, » car s’il était resté d’autres corps dans ce sépulcre, après la résurrection on aurait pu croire que c’était un autre que Jésus qui était ressuscité. C’est le sixième jour que l’homme avait été créé, c’est aussi le sixième jour que le Seigneur fut crucifié pour accomplir le mystère de la réparation du genre humain : « Or, c’était le jour de la préparation ; » c’est le nom que les Juifs donnaient au sixième jour, parce qu’ils préparaient ce jour-là tout ce qui était nécessaire pour le jour du sabbat. De même aussi que le créateur s’est reposé de son oeuvre le septième jour, ainsi le Sauveur s’est reposé dans le sépulcre le septième jour : « Et le jour du sabbat allait commencer. » Nous avons vu plus haut que tous ceux qui étaient de la connaissance de Jésus, et les femmes qui l’avaient suivi se tenaient à l’écart. Lors donc que le corps de Jésus eut été détaché de la croix, les amis du Sauveur s’en retournèrent chez eux ; et les femmes seules qui l’aimaient plus tendrement, suivirent ses funérailles, dans le désir qu’elles avaient de voir où son corps serait déposé. « Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus, ayant suivi Joseph, virent le sépulcre, et comment le corps de Jésus y avait été déposé, » afin de pouvoir lui offrir en temps opportun l’hommage de leur pieuse affection.

Théophile. Cependant elles n’avaient pas encore une foi véritable. Elles préparent des aromates et des parfums pour la sépulture définitive de Jésus, comme s’il n’était qu’un homme, suivant la coutume des Juifs qui ensevelissaient ainsi leurs morts : « Et s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums, » etc. Après que le Sauveur fut déposé dans le sépulcre, elles s’occupèrent à préparer des aromates, tant qu’il leur fut permis de travailler ; c’est à-dire jusqu’au coucher du soleil. Or, la loi voulait que le silence ou le repos du sabbat fût scrupuleusement observé depuis le soir du jour précédent, jusqu’au soir du jour suivant : « Et le jour du sabbat, elles demeurèrent en repos pour obéir aux préceptes de la loi. »

S. Ambr. Dans le sens figuré, remarquons que c’est un juste qui ensevelit le corps de Jésus-Christ ; car la fraude et l’iniquité ne doivent prendre aucune part à la sépulture du Sauveur. Ce n’est pas sans raison que saint Matthieu nous fait observer que Joseph, qui se charge d’ensevelir le corps de Jésus-Christ, était riche ; car en portant lui-même le corps d’un riche, il ne connut point la pauvreté de la foi. Il enveloppa le corps de Jésus-Christ dans un linceul ; et vous aussi revêtez le corps du Seigneur de sa gloire, si vous voulez être juste, et bien que vous croyiez, qu’il a souffert la mort, couvrez-le de la plénitude de la divinité. L’Église elle-même se revêt aussi de la grâce de l’innocence. — Bède. Celui qui reçoit Jésus dans un coeur pur, l’enveloppe dans un suaire blanc. — S. Ambr. Ce n’est pas sans raison non plus qu’un évangéliste rapporte que le tombeau était neuf, et un autre que c’était le tombeau de Joseph. En effet, c’est à ceux qui sont soumis à la loi de la mort qu’on prépare un tombeau, mais le vainqueur de la mort n’a pas besoin d’avoir son sépulcre ; car quel rapport peut-il y avoir entre Dieu et un tombeau. Il est mis seul dans ce sépulcre, parce que bien que la mort de Jésus-Christ lui soit commune avec nous, à ne considérer que la nature de son corps, elle est exceptionnelle à raison de sa puissance. Jésus-Christ est enseveli dans le sépulcre d’un juste, pour nous apprendre qu’il prend volontiers son repos dans la demeure de la justice. Le juste a creusé ce sépulcre à l’aide de la parole pénétrante dans la pierre dure du coeur des Gentils, pour faire éclater parmi les nations la puissance de Jésus-Christ ; c’est aussi dans un dessein mystérieux qu’on roule une grande pierre à l’entrée du sépulcre. Celui qui a donné à Jésus-Christ une sépulture convenable dans son coeur, doit le garder avec soin pour ne pas s’exposer à le perdre et ne pas donner entrée dans son âme à l’incrédulité.

Bède. Notre-Seigneur a voulu être crucifié le sixième jour, et se reposer le septième jour dans le sépulcre, pour nous apprendre que pendant le sixième âge du monde, nous devons souffrir et être crucifié au monde pour le Seigneur. (Ga 6, 14.) Mais au septième âge, c’est-à-dire après la mort, les corps reposent dans les tombeaux et les âmes dans le sein de Dieu. Aujourd’hui encore, il y a de saintes femmes, c’est-à-dire des âmes vraiment humbles et embrasés d’amour qui suivent avec un pieux empressement la passion de Jésus-Christ, et qui, afin d’en faire l’objet de leur imitation, méditent avec soin l’ordre dans lequel elle s’est accomplie. Après qu’elles l’ont lue, entendue et gravée dans leur mémoire, elles s’appliquent à la pratique des bonnes oeuvres qui sont agréables à Jésus-Christ, afin que lorsque finira la préparation de la vie présente, elles puissent, le jour de la résurrection, aller au-devant du Sauveur dans le repos bienheureux, portant avec elles les parfums des oeuvres spirituelles.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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