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Lc  23  47-49

S. Augustin. (De la Trinité, 4, 13.) Tous ceux qui étaient présents furent saisis d’étonnement en voyant Jésus rendre l’âme après avoir poussé ce grand cri, car les crucifiés ne mouraient qu’après de longues tortures : « Or, le centurion voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu en disant Vraiment, cet homme était juste. » — S. Augustin. (De l’accord des Evang., 3, 30.) Il n’y a point de contradiction entre saint Matthieu, qui attribue l’étonnement du centurion au tremblement de terre qui eut alors lieu, et saint Luc, d’après lequel le centurion fut saisi d’étonnement de voir Jésus expirer après avoir poussé ce grand cri, et montrer ainsi quelle puissance il avait en mourant. D’ailleurs saint Matthieu, en attribuant l’étonnement du centurion au tremblement de terre et à tout ce qui se passait, démontre la vérité du récit de saint Luc, qui donne pour cause de cet étonnement la mort même du Sauveur. Saint Luc, de son côté, en s’exprimant de la sorte : « Le centurion voyant ce qui était arrivé, » comprend dans cette manière générale de parler, tous les prodiges qui eurent lieu alors, et le renferme dans un seul prodige dont les apôtres faisaient partie et dont ils étaient comme des circonstances détaillées. On pourrait peut-être trouver une divergence en ce que, d’après un autre évangéliste, le centurion dit : « Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu, » tandis que d’après saint Luc, il se contente de dire : « Cet homme était vraiment juste. » Mais on peut admettre que le centurion a confessé ces deux vérités, et que chacun des évangélistes n’en a rapporté qu’une seule, ou que saint Luc a exprimé dans quel sens le centurion avait confessé que Jésus était le Fils de Dieu. En effet, le centurion n’a peut-être pas voulu dire qu’il était le Fils unique et consubstantiel du Père, mais il l’a proclamé Fils de Dieu, parce qu’il croyait à son innocence, et dans le même sens qu’un grand nombre de justes ont été appelés fils de Dieu (cf. Gn 6, 2.4). D’après le récit de saint Matthieu encore, ceux qui étaient avec le centurion partagèrent sa crainte, circonstance dont saint Luc n’a rien dit ; mais où est la contradiction, lorsque l’un raconte ce que l’autre passe sous silence ? Enfin, suivant saint Matthieu : « Ils furent saisis de crainte, » tandis que saint Luc dit simplement du centurion : « Il glorifia Dieu. » Mais qui ne comprend que c’est un sentiment de crainte qui l’a porté à glorifier Dieu ?

Théophile. Nous voyons ici l’accomplissement de cette prédiction. du Sauveur : « Lorsque j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. » En effet, c’est lorsqu’il fut élevé sur la croix qu’il attira le bon larron, le centurion et plusieurs autres d’entre les Juifs, dont l’Evangéliste dit : « Et toute la multitude de ceux qui assistaient à ce spectacle et qui virent toutes ces choses, frappaient leurs poitrines, » etc. — Bède. Ils frappaient leur poitrine eu signe de repentir et de tristesse, ce qui peut s’entendre de deux manières, ou parce qu’ils s’affligeaient de la mort injuste de celui dont ils avaient tant aimé la vie, ou parce qu’ils voyaient celui dont ils avaient demandé la mort, environné dans sa mort même d’une gloire encore plus éclatante. Remarquez aussi que la crainte de Dieu ouvre la bouche des Gentils, et leur fait confesser et glorifier Dieu à haute voix, tandis que les Juifs se contentent de frapper leur poitrine et retournent en silence dans leurs maisons.

S. Ambr. O coeurs des Juifs plus durs que les rochers ! Celui qu’ils ont pris pour juge les condamne, le centurion est forcé de croire, le traître disciple désavoue son crime par sa mort, les éléments se troublent, la terre est ébranlée, les sépulcres s’ouvrent, et cependant la dureté des Juifs demeure inflexible au milieu du bouleversement de l’univers. — Bède. Le centurion figure ici la foi de l’Église, qui proclame que Jésus est le Fils. de Dieu, tandis que la synagogue garde un coupable silence. C’est alors aussi que s’accomplit cette prédiction du Roi-prophète, où le Seigneur se plaint à Dieu son Père en ces termes : « Vous avez éloigné de moi mes amis et mes proches, et vous avez fait que ceux qui me connaissaient m’ont quitté à cause de ma misère. » (Ps 87, 19.) « Là aussi, dit l’Évangéliste, à quelque distance se tenaient tous ceux de la connaissance de Jésus. » — Théophile. Les femmes, dont le sexe fut autrefois maudit, demeurent et considèrent toutes ces choses : « Et les femmes qui l’avaient suivi de Galilée se tenaient à l’écart, regardant ce qui se passait ; » et c’est ainsi qu’elles reçurent les premières la grâce de la justification et toutes les bénédictions qui découlent de la passion aussi bien que de la résurrection de Jésus-Christ.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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