Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Luc  >  chapitre 23, versets 13-25

Lc  23  13-25

S. Augustin. (Quest. Evang., 3, 8.) Saint Luc revient aux événements qui se passèrent chez le gouverneur et dont il avait interrompu le récit pour raconter ce qui arriva chez Hérode : « Pilate, ayant assemblé les princes des prêtres, » etc. Nous voyons par là que cet Évangéliste a passé sous silence la demande que Pilate fit au Seigneur de répondre à ses accusateurs (Mt 27, 13 ; Mc 15, 4).

S. Ambr. Pilate reconnaît judiciairement l’innocence du Sauveur, et il le crucifie par un acte arbitraire de son autorité. Jésus est envoyé à Hérode, qui le renvoie à Pilate : « Je n’ai trouvé en lui aucun des crimes dont vous l’accusez, ni Hérode non plus, car je vous ai renvoyés à lui, et on ne l’a convaincu de rien qui mérite la mort. » Ainsi tous deux s’accordent à proclamer son innocence, et cependant, par un lâche sentiment de crainte, Pilate se rend aux désirs sanguinaires d’un peuple cruel.

Théophile. Jésus est donc déclaré innocent par le témoignage de ces deux hommes, tandis que les Juifs qui l’accusent, ne peuvent produire aucun témoin digne de foi. Voyez quelle est la puissance de la vérité, Jésus se tait, et ses ennemis lui rendent témoignage ; les Juifs demandent sa mort à grands cris, et personne ne vient appuyer leurs vociférations sanguinaires. — Bède. Périssent donc ces écrits qui ont été composés si longtemps après contre Jésus-Christ, ils n’ont pu réussir à prouver que le Sauveur avait été accusé de magie au tribunal de Pilate, mais ils démontrent jusqu’à l’évidence que ceux qui les ont composés sont coupables au tribunal de Dieu de perfidie et de mensonge.

Théophile. Pilate donc lâche et timide et sans fermeté pour la défense de la vérité, parce qu’il craint d’être lui-même accusé, ajoute : « Je le renverrai donc après l’avoir fait châtier. » — Bède. Paroles dont voici le sens : Je l’accablerai de coups, je le couvrirai d’ignominie, tant que vous le voudrez, pourvu que vous cessiez d’avoir soif du sang innocent. « Or, il était obligé de leur accorder la délivrance d’un prisonnier à la fête de Pâques. » Cette nécessité lui était imposée, non par une disposition d’une loi impériale, mais par la coutume annuelle dont la nation juive était en possession, et qu’il observait fidèlement pour leur être agréable. — Théophile. En effet, les Romains avaient permis aux Juifs de vivre selon leurs lois et leurs rites particuliers. Or, c’était une coutume nationale parmi les Juifs de demander à celui qui les gouvernait la grâce des condamnés, c’est ainsi que nous les voyons, demander à Saül la grâce de Jonathas. (1 R 14, 45.) Or, voici la demande qu’ils firent à Pilate : « La foule entière s’écria : Faites mourir celui-ci et donnez-nous Barabbas ». — S. Ambr. Il est juste qu’ils sollicitent la grâce d’un homicide, eux qui demandaient avec tant d’instance la mort d’un innocent, telles sont les lois auxquelles obéit l’iniquité, l’affection du crime est acquise à ce que l’innocence a en horreur. Le nom de ce grand criminel a d’ailleurs une signification symbolique : Barabbas veut dire en latin fils du père. Or, ce sont ceux à qui Jésus a dit : « Vous êtes les enfants du démon, » que nous voyons donner la préférence au fils de leur père, c’est-à-dire à l’Antéchrist sur le vrai Fils de Dieu. — Bède. Les Juifs sont encore aujourd’hui victimes de cette indigne préférence. Sur le choix qu’il leur fut donné, ils ont préféré à Jésus un voleur, au Sauveur un assassin, et ils ont mérité par là de perdre à la fois le salut et la vie, et ils se sont livrés à tant de brigandages et de séditions. qu’ils se sont vu enlever leur patrie et leur royaume. — Théophile. C’est ainsi que cette nation autrefois sainte s’acharne à de — mander la mort de l’innocent, tandis que Pilate, païen d’origine s’oppose à ce désir sanguinaire : « Pilate leur parla de nouveau, dans le désir qu’il avait de délivrer Jésus. Mais ils redoublaient leurs clameurs, en disant : Crucifiez-le, crucifiez-le. » — Bède. Ils demandent que l’innocent meure de la mort la plus affreuse, c’est-à-dire de la mort de la croix. En effet, les crucifiés attachés au bois de la croix par des clous qui leur perçaient les pieds et les mains, étaient condamnés à mourir d’une mort lente pour prolonger plus longtemps leurs souffrances. Mais le Seigneur avait choisi cette mort de la croix, parce qu’il voulait, après avoir triomphé du démon, placer cette croix sur le front des fidèles comme un trophée de sa victoire.

Théophile. Pilate proclame une troisième fois l’innocence de Jésus : « Pour la troisième fois Pilate leur dit : Qu’a-t-il donc fait de mal ? Je ne trouve rien en lui qui mérite la mort. Je vais donc le faire châtier et je le renverrai. » — Bède. Nous lisons dans l’Évangile selon saint Jean, que Pilate ne se contenta pas de proposer aux Juifs pour leur être agréable, de châtier Jésus, espérant désarmer ainsi leur acharnement à demander sa mort, mais qu’après l’avoir fait flageller, il le leur présenta comme un objet de dérision. Alors les Juifs, voyant que tout le système d’accusations qu’ils avaient dressé contre Jésus ne pouvait tenir contre la persistance de Pilate à le déclarer innocent, n’ont plus recours qu’à la prière, et demandent avec instance qu’il soit crucifié. — Théophile. Ils renouvellent trois fois leurs cris de mort contre Jésus-Christ, pour constater par ce triple cri que cette mort du Sauveur est bien leur oeuvre, et qu’ils l’ont obtenue violemment par leurs demandes répétées : « Alors Pilate ordonna que ce qu’ils demandaient fût exécuté. Il leur délivra, selon leur désir, celui qui avait été mis en prison pour cause de meurtre et de sédition, et il abandonna Jésus à leur volonté. » — S. Chrys. Ils croyaient ainsi pouvoir persuader que Jésus était mille fois pire que ce voleur, et tellement coupable que ni la compassion, ni l’occasion privilégiée de la fête n’avaient pu déterminer à lui rendre ta liberté.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle