Accueil > Bibliothèque > La Chaîne d’or > Évangile selon saint Luc > chapitre 21, versets 9-11
S. Grég. (hom. 35 sur les Evang.) Notre-Seigneur prédit les calamités qui doivent précéder la fin du monde, pour diminuer par cette prédiction le trouble qu’elles produiront quand elles seront arrivées, car les coups qui sont prévus se font moins sentir. Il commence donc ainsi : « Et lorsque vous entendrez parler de guerres et de séditions, » etc. Les guerres viendront des ennemis, les séditions des concitoyens entre eux, et le Sauveur prend soin de distinguer ce que nous aurons à souffrir des ennemis extérieurs et de nos propres frères, pour nous faire comprendre que nous serons en proie au trouble et à l’affliction tout à la fois au dedans et au dehors. — S. Ambr. Qui peut mieux attester la vérité de ces paroles divines que nous-mêmes, qui devons être les témoins de la fin du monde ? Quelles guerres avons-nous apprises, et quels bruits de combats avons-nous entendus !
S. Grég. (hom. 35.) Mais la fin du monde ne doit pas suivre immédiatement ces calamités, qui en seront comme les signes précurseurs. Aussi Notre-Seigneur ajoute : « Il faut d’abord que ces choses arrivent, mais la fin ne viendra pas immédiatement après. » La dernière tribulation sera précédée par beaucoup d’autres tribulations, car Dieu veut que le malheur qui n’aura point de fin soit précédé et annoncé par des calamités sans nombre : « Alors, ajouta-t-il, on verra se soulever peuple contre peuple et royaume contre royaume. » Les maux que nous aurons à souffrir nous viendront, les uns du ciel, les autres de la terre, ceux-ci des éléments, ceux-là des hommes, et Notre-Seigneur commence par ces derniers. Il ajoute : « Il y aura en divers lieux de grands tremblements de terre. » Voilà les effets de la colère céleste. — S. Chrys. (hom 2 sur les Actes.) Les tremblements de terre sont quelquefois les effets de la colère de Dieu, comme lorsque le Sauveur fut crucifié ; quelquefois, ils sont un signe de la grâce et des faveurs divines, c’est ainsi que le lieu où les Apôtres étaient réunis pour prier, trembla lorsque l’Esprit saint descendit sur eux : « Et des pestes. » — S. Grég. (hom. 35.) Voilà la perturbation des corps : « Et les famines ; » c’est la stérilité de la terre : « Il paraîtra des signes épouvantables et des signes extraordinaires dans le ciel, » c’est la perturbation dans les airs, Il faut entendre ces paroles des tempêtes qui viennent en dehors des lois ordinaires de la nature, car pour celles qui suivent ses lois, elles ne sont point des signes. Nous avons détourné à des usages coupables, ce que nous avions reçu pour les besoins de notre vie ; Dieu, à son tour, fera servir à notre châtiment toutes les créatures dont nous aurons fait des instruments d’iniquité.
S. Ambr. La fin du monde sera donc précédée de divers fléaux qui en seront comme les maladies, c’est-à-dire, la famine, la peste et la persécution. — Théophile. Suivant quelques interprètes, ces prédictions n’ont pas seulement pour objet les événements qui doivent précéder la fin du monde, mais elles ont reçu leur accomplissement au temps du siège et de la ruine de Jérusalem. C’est à juste titre, en effet, que les Juifs qui avaient mis à mort l’auteur de la paix, virent éclater parmi eux les guerres et les séditions. La guerre à son tour fut suivie de la peste et de la famine, comme conséquence, la première, de l’air infecté par les cadavres ; la seconde, des champs restés sans culture. L’historien Josèphe, rapporte les effroyables extrémités dont cette famine fut la cause, nous voyons dans les Actes, que sous le règne de l’empereur Claude, la Judée fut en proie à une grande famine (Ac 11), et le même Josèphe raconte beaucoup d’autres terribles fléaux, qui annonçaient la prise de Jérusalem.
S. Chrys. Notre-Seigneur prédit que la prise et la ruine de la ville ne suivront pas immédiatement ces signes précurseurs, mais qu’elles n’auront lieu qu’après de longs et nombreux combats. — Bède. Notre-Seigneur veut aussi avertir les Apôtres, de ne pas s’effrayer de ces signes précurseurs, et de ne quitter ni Jérusalem ni la Judée. On peut voir encore dans ces royaumes soulevés les uns contre les autres, dans ces pestes, les doctrines pestilentielles qui s’étendent et rongent comme un cancer (2 Tm n, 16) ; dans ces famines, la faim d’entendre la parole de Dieu ; dans ce tremblement de toute la terre, la séparation de la vraie foi même dans les hérétiques qui, en luttant les uns contre les autres, contribuent ainsi au triomphe de l’Église. — S. Ambr. Il y a encore d’autres guerres que doit soutenir un chrétien, ce sont les combats contre les passions multipliées et contre les désirs coupables qui naissent en nous, et ces ennemis domestiques sont mille fois plus redoutables que ceux du dehors.
Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.