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Lc  21  5-9

Eusèbe ou Théophane. (Ch. des Pèr. gr.) L’histoire nous atteste quelle était la magnificence des constructions du temple, et ce qui en reste encore aujourd’hui nous fait comprendre quelle devaient être la grandeur et la richesse de cet édifice. Or, comme ses disciples admiraient les constructions du temple, Notre-Seigneur leur déclare qu’il n’en restera pas pierre sur pierre : « Quelques-uns lui faisant remarquer la beauté des pierres du temple, et les riches offrandes dont il était orné, il dit : Il ne restera pas pierre suit pierre. » Il était juste, en effet, que ce lieu fût entièrement détruit, pour punir l’insolence audacieuse de ceux qui venaient y accomplir les cérémonies de leur culte. — Bède. Ce fut encore par un dessein particulier de la Providence divine que la ville et le temple furent voués à, une entière destruction, car il était à craindre que des chrétiens, faibles encore dans la foi, voyant la ville et le temple debout, et considérant avec étonnement les sacrifices qu’on y offrait, ne fussent comme ébranlés par le spectacle de ces rites si différents. — S. Ambr. Ce que le Sauveur prédisait de la destruction future de ce temple bâti par les hommes, était vrai, car tout ce qui est construit de main d’homme, ou périt nécessairement de vétusté, ou est renversé par la force, ou est consumé par le feu. Il y a cependant un autre temple (la synagogue), dont l’antique édifice devait s’écrouler à la naissance de l’Église. Nous avons tous aussi un temple au-dedans de nous, qui s’écroule lorsque la foi s’affaiblit, et surtout lorsqu’on affecte par hypocrisie de paraître extérieurement chrétien pour se déclarer plus facilement contre Jésus-Christ dans l’intérieur de son âme.

S. Cyrille. Les disciples ne comprenaient point le sens de ces paroles, ils s’imaginaient que le Sauveur voulait parler de la fin du monde, c’est pourquoi ils lui demandent quand cette destruction devait avoir lieu : « Alors ils lui demandèrent : Maître, quand cela arrivera-t-il ? et à quel signe connaîtra-t-on que ces choses sont, prêtes à s’accomplir ? » — S. Ambr. Saint Matthieu ajoute une troisième question, c’est-à-dire, que les disciples demandent à la fois le temps de la destruction du temple, les signes de l’avènement du Sauveur, et ceux qui doivent précéder la fin du monde. Or, Notre-Seigneur, interrogé sur le temps de la destruction du temple et sur les signes de son avènement, s’explique sur cette dernière question, mais ne répond pas à la première : « Il leur dit : Prenez garde d’être séduits. » — S. Athan. (Disc. 4 contr. les Ar.) Dieu nous a donné des grâces et fait connaître des vérités qui appartiennent à l’ordre surnaturel (par exemple les règles de la vie céleste, la puissance contre les démons, l’adoption, la connaissance du Père et du Fils, et le don de l’Esprit saint) ; aussi le démon, notre ennemi, rôde sans cesse autour de nous pour nous ravir la semence de la parole divine. Dieu donc, pour conserver en nous les dons précieux qu’il nous a faits et les enseignements qu’il nous a donnés, nous prémunit contre la séduction. Le Verbe de Dieu nous a fait une grâce extraordinaire, c’est non seulement de ne pas nous laisser tromper par les choses apparentes, mais encore de discerner, à l’aide de la grâce de l’Esprit saint celles qui sont cachées. Le démon, auteur de tout mal, sait l’horreur qu’il inspire, il cache donc avec soin ce qu’il est, et se couvre astucieusement d’un nom qu’il sait être cher à tous. Il fait comme celui qui veut gagner des enfants en l’absence de leurs parents, il prend leur extérieur et simule leur Voix pour tromper l’amour de ces enfants. Ainsi donc, dans toutes les hérésies, le démon se déguise et dit : Je suis le Christ, la vérité est avec moi : « Plusieurs viendront en mon nom et diront : C’est moi, et le temps approche. » — S. Cyrille. Avant que Jésus-Christ descende du ciel, il en viendra plusieurs qu’il faudra se garder de suivre, ce qui sera facile, car si le premier avènement du Verbe, Fils unique de Dieu, venant pour sauver le monde, a été obscur et caché, parce qu’il voulait souffrir pour nous la mort de la croix ; son second avènement, au contraire, sera éclatant et terrible, car il descendra environné de la gloire de Dieu le Père, au milieu des anges, qui seront ses ministres, pour juger le monde dans la justice ; ne les suivez donc point, nous dit-il. — Tite de Bostra. Peut-être ne veut-il point parler ici de des faux christs qui viendront avant la fin du monde, mais de ceux qui parurent au temps des Apôtres. — Bède. En effet, peu de temps avant la ruine de Jérusalem, on vit paraître plusieurs chefs de sédition, qui affirmaient qu’ils étaient le Christ, et annonçaient l’approche de l’ère de l’affranchissement et de la liberté. On vit aussi dans l’Église, des hérésiarques, que l’Apôtre a condamnés (2 Th 2, 2), et qui annonçaient que le jour du Seigneur approchait. Il parut aussi plusieurs antéchrists, qui déclaraient venir au nom du Christ ; le premier d’entre eux fut Simon le magicien, qui disait de lui-même : « Celui-ci est la grande vertu de Dieu (Ac 8, 10). »

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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