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Lc  19  37-40

Origène. (sur S. Luc.) Tant que le Seigneur fut sur la montagne, il était avec les Apôtres seuls ; mais lorsqu’il est près de descendre, le peuple vient à sa rencontre : « Et comme il approchait de la descente du mont des Oliviers, les disciples en foule, » etc. — Théophile. L’Évangéliste appelle disciples non seulement les douze, ou les soixante-douze, mais encore tous ceux qui suivaient Jésus-Christ, entraînés par l’éclat de ses miracles ou par le charme de sa doctrine qui attirait même jusqu’aux enfants, comme le racontent les autres évangélistes : « Ils commencèrent à louer Dieu de tous les prodiges qu’ils avaient vus. » — Bède Le Sauveur les avaient rendus témoins d’un grand nombre de miracles, mais ils étaient surtout frappés de la résurrection de Lazare, car comme le dit saint Jean : « Une grande multitude de peuple vint à sa rencontre, parce qu’ils avaient entendu parler de ce miracle. » (Jn 12, 48.) Il faut remarquer aussi que ce n’est pas la première fois que Notre-Seigneur venait à Jérusalem, nous voyons dans l’Évangile selon saint Jean, qu’il y était déjà venu plusieurs fois.

S. Ambr. La foule reconnaît sa dignité, elle l’appelle son roi, elle lui applique les oracles des prophètes, et proclame que le Fils de David selon la chair qu’ils attendaient, est arrivé : « Béni soit, disaient ils, le roi qui vient au nom du Seigneur ! » — Bède. C’est-à-dire, au nom de Dieu le Père ; bien qu’on puisse entendre aussi, en son propre nom, car il est Dieu lui-même ; mais il vaut mieux adopter ici le sens que nous indiquent les propres paroles : « Je suis venu, nous dit-il, au nom de mon Père, » (Jn 5, 43) car Jésus est le maître et le modèle de l’humilité. Si donc il consent à être appelé roi, ce n’est ni pour exiger des impôts, lever des armées, et combattre visiblement contre ses ennemis ; mais parce qu’il est le roi des coeurs, et qu’il veut conduire dans le royaume des cieux tous ceux qui croient, espèrent en lui, et qui l’aiment ; car s’il a voulu être roi d’Israël, c’est pour nous montrer sa miséricorde et non pour augmenter sa puissance. Or, comme Jésus-Christ s’est manifesté dans une chair mortelle pour être la victime de propitiation du monde entier, le ciel est la terre s’unissent dans un admirable concert pour célébrer ses louanges. A sa naissance, les armées des cieux ont, chanté un cantique de louanges sur son berceau, et lorsqu’il est sur le point de retourner dans les cieux, les hommes publient à leur tour ses louanges : « Paix dans les cieux ! » — Théophile. C’est-à-dire que la guerre que nous faisions depuis si longtemps à Dieu a enfin cessé : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » parce qu’en effet les anges louent Dieu d’avoir opéré cette réconciliation, car n’est-ce pas une preuve que Dieu est en paix avec nous, de le voir se manifester sous une forme visible au milieu même de ses ennemis ? Cependant les pharisiens murmuraient d’entendre la foule le proclamer roi, et le louer comme un Dieu. Lui donner le nom de roi, c’est à leurs yeux un acte de sédition, lui donner celui, de Dieu un blasphème « Alors quelques pharisiens qui étaient parmi le peuple, lui dirent : Maître, faites taire vos disciples. » — Bède. Dans quel excès de folie tombent les envieux ; ils n’ont pas hésité à lui donner le nom de Maître, parce qu’ils ont reconnu la vérité de sa doctrine, et comme s’ils étaient maintenant mieux instruits, ils veulent empêcher ses disciples de publier ses louanges.

S. Cyrille. Mais le Sauveur, loin de faire taire ceux qui publiaient ses louanges, comme s’il était Dieu, impose silence à ceux qui veulent les reprendre, et atteste lui-même la gloire de sa divinité : « Il leur répondit : Je vous le dis, si ceux-ci se taisent, les pierres crieront. — Théophile. C’est-à-dire, ce n’est pas sans raison qu’ils publient mes louanges, mais ils agissent sous l’impression des miracles dont ils ont été les témoins.

Bède. Lorsque le Seigneur fut crucifié, tandis que la crainte fermait la bouche à ses amis, les pierres et les rochers publièrent sa gloire, alors qu’au moment où il rendait le dernier soupir la terre trembla, les rochers se fendirent, et les tombeaux s’ouvrirent. — S. Ambr. Or, il n’est pas étonnant que les rochers, contre leur nature, publient sa divinité, puisque ses bourreaux, plus durs que les rochers, sont obligés de la reconnaître. N’entendons-nous pas, en effet, cette même foule qui, dans quelques jours, doit crucifier son Dieu, et renier dans son coeur celui dont sa voix confesse aujourd’hui la divinité ? Ne peut-on pas dire aussi qu’au milieu du silence gardé par les Juifs après la passion du Seigneur, les pierres vivantes (selon le langage de saint Pierre) (1 P 2, 5), élèveront la voix. — Origène. (sur S. Luc.) Lorsque nous gardons le silence (c’est-à-dire lorsque la charité d’un grand nombre se refroidit, les pierres élèvent la voix ; car Dieu, des pierres mêmes, peut susciter des enfants d’Abraham. — S. Ambr. Ce n’est pas sans un dessein mystérieux que nous voyons la foule qui louait Dieu, venir à la rencontre du Sauveur, lorsqu’il descendait de la montagne, elle nous apprend par cette démarche que celui qui doit accomplir les mystères du salut de nos âmes est descendu du ciel. La multitude descend avec le Seigneur de la montagne des Oliviers, pour nous apprendre encore, à nous qui avons besoin de la miséricorde du Sauveur, à marcher sur les traces de l’auteur de la miséricorde qui s’est si profondément humilié pour notre salut.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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