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Lc  17  11-19

S. Ambr. A la suite de cette parabole, Notre-Seigneur reproche aux Juifs leur ingratitude : « Il arriva qu’en allant à Jérusalem, Jésus traversait le pays de Samarie, » etc. — Tite de Bostra. (Ch. des Pèr. gr.) Son dessein est de faire ressortir la reconnaissance des samaritains comparée à l’ingratitude des Juifs pour les bienfaits qu’ils ont reçus. L’inimitié la plus grande existait entre les Samaritains et les Juifs, Notre-Seigneur voulant les pacifier passe entre les deux pour les réunir en un seul homme (Ep 2, 14). — S. Cyrille. Il manifeste ensuite sa gloire pour attirer les Israélites à la foi : « Et comme il entrait dans un village, il rencontra dix lépreux, » etc., expulsés des villes et des villages, et regardés comme immondes d’après la loi de Moïse.

Tite de Bostra. Ces dix lépreux vivaient ensemble, unis entre eux par la communauté de souffrances, et ils attendaient le passage de Jésus, pleins d’impatience de le voir venir : « Et ils se tenaient éloignés, » parce que la loi des Juifs regardait la lèpre comme une impureté, tandis que la loi de l’Évangile ne regarde comme impure que la lèpre intérieure, et non celle qui n’est qu’extérieure.

Théophile. Ces lépreux se tiennent éloignés, honteux pour ainsi dire de cette maladie qui les faisait regarder comme impurs ; car ils pensaient que Jésus-Christ aurait pour eux la même horreur que les autres ; ils se tiennent donc éloignés extérieurement, mais ils s’approchent de lui par leurs prières : car le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent dans la vérité (Ps 114) : « Et ils élevèrent la voix en disant : Jésus, Maître, ayez pitié de nous. » — Tite de Bostra. Ils prononcent le nom de Jésus, et méritent d’en éprouver l’efficacité, car le nom de Jésus veut dire Sauveur. Ils lui disent : « Ayez pitié de nous ; » pour ressentir les effets de sa puissance, ils ne lui demandent ni or ni argent, mais qu’il guérisse et purifie leur corps. — Théophile. Ils ne lui adressent pas leurs prières et leurs supplications comme à un simple mortel ; ils l’appellent Maître, c’est-à-dire Seigneur, et ils ne sont pas loin de le regarder comme Dieu. Jésus leur commande d’aller se montrer aux prêtres : « Dès qu’il les vit, il leur dit : Allez, montrez-vous aux prêtres, » car c’était à eux de vérifier si la guérison de la lèpre était véritable ou non.

S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr.) La loi ordonnait aussi à ceux qui étaient purifiés de la lèpre d’offrir un sacrifice en reconnaissance de leur guérison. — Théophile. En leur commandant d’aller se montrer aux prêtres, le Sauveur leur donnait à entendre qu’ils seraient guéris : « Et il arriva, pendant qu’ils y allaient, qu’ils furent purifiés. » — S. Cyrille. Les prêtres des Juifs, jaloux de la gloire de Jésus, avaient une preuve certaine que Jésus les avait guéris soudainement et miraculeusement par un acte de sa toute-puissance.

Théophile. Parmi ces dix lépreux, les neuf qui étaient Israélites se montrèrent ingrats, l’étranger seul qui était samaritain revint pour exprimer hautement sa reconnaissance : « Un d’eux se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix. » — Tite de Bostra. La guérison qui lui est rendue lui donne la confiance d’approcher du Sauveur : « Et il se prosterna la face contre terre aux pieds de Jésus, en lui rendant grâces, » et il manifeste ainsi doublement sa foi et sa reconnaissance.

« Et c’était un Samaritain. » — Théophile. Nous pouvons conclure de là que rien n’empêche qu’on soit agréable à Dieu, fût-on descendu d’une race coupable, pourvu qu’on fasse preuve de bonne volonté. Que personne aussi ne s’enorgueillisse d’avoir des saints comme ancêtres, puisque ces neuf qui étaient Israélites, furent des ingrats « Alors Jésus dit : Est-ce que les dix n’ont pas été guéris, » etc. ? — Tite de Bostra. Nous voyons ici que les étrangers étaient bien plus empressés que les Israélites pour embrasser la foi : « Et Jésus lui dit : Levez-vous, allez, votre foi vous a sauvé. »

S. Augustin. (quest. Evang., 2, 40.) Dans le sens figuré les lépreux représentent ceux qui, n’ayant point la science de la vraie foi, professent les doctrines si variées de l’erreur. Loin de cacher leur ignorance, fis la font paraître au grand jour comme une souveraine habileté, et la font valoir dans des discours pleins d’ostentation. La lèpre vicie et altère la couleur du corps ; or, ce mélange incohérent de vérités et d’erreurs qui se produit dans une seule discussion, dans un seul et même discours, comme dans la couleur extérieure d’un seul et même corps, figure la lèpre qui altère et flétrit le corps de l’homme par les nuances vraies et fausses de ses diverses couleurs. L’Église doit éviter la société de tels hommes, qui doivent être tenus au loin, et invoquer de là le Sauveur à grands cris. Le nom de Maître (cf. Mt 8 ; Mc 1 ; Lc 5), qu’ils lui donnent, me paraît indiquer que la lèpre est la figure des fausses doctrines qu’il n’appartient qu’au bon Maître de faire disparaître. Â l’exception de ces lépreux, nous ne voyons pas que Notre-Seigneur ait envoyé vers les prêtres aucun de ceux auxquels il avait rendu la santé du corps. Le sacerdoce des Juifs a été la figure du sacerdoce qui est dans l’Église ; le Seigneur guérit et corrige par lui-même toits les autres vices dans l’intérieur de la conscience : mais le pouvoir d’instruire et de sanctifier les âmes par l’administration des sacrements et d’enseigner par la prédication extérieure a été donné à l’Église. « Pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris ; » en effet les Gentils que Pierre vint trouver, avant d’avoir reçu le sacrement de baptême, qui nous fait parvenir spirituellement jusqu’aux prêtres, furent manifestement purifiés par l’effusion de l’Esprit saint. Tout fidèle donc qui dans la société de l’Église possède la doctrine de la foi dans sa vérité, et dans son intégrité, et qui n’a pas été souillé par les taches si variées de l’erreur comme par une lèpre, et qui par un sentiment d’ingratitude pour le Dieu qui l’a purifié ne se prosterne pas humblement à ses pieds, est semblable à ceux dont parle l’apôtre saint Paul : « Qui ayant connu Dieu, ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui Ont point rendu grâces. » Ils sont au nombre de neuf, signe qu’ils resteront dans leur imperfection, car le nombre neuf a besoin d’un pour former une espèce d’unité qui est le nombre dix. Au contraire celui qui vient rendre grâces, reçoit des éloges parce qu’il est la figure de l’Église qui est une. Quant aux neuf qui étaient Juifs, Notre-Seigneur déclare qu’ils ont perdu par leur orgueil le royaume des cieux, où règne la plus parfaite unité ; tandis que ce Samaritain qui veut dire gardien, rendant grâces à Dieu de ce qu’il avait reçu selon ces paroles du Psalmiste : « C’est en vous que je conserverai ma force, » (Ps 58) a gardé l’unité du royaume par son humble reconnaissance. — Bède. Il se prosterne la face contre terre, parce qu’il est couvert de honte au souvenir des fautes qu’il a commises, Notre-Seigneur lui ordonne de se lever et d’aller trouver les prêtres parce que celui qui s’humilie profondément dans la connaissance qu’il a de sa faiblesse, reçoit avec la consolation de la parole divine l’ordre de se porter à des oeuvres plus parfaites. Or, si la foi a sauvé celui qui s’est ainsi prosterné pour rendre grâces, c’est donc l’infidélité qui a perdu ceux qui négligèrent de rendre gloire à Dieu pour les bienfaits qu’ils en avaient reçus. Le Sauveur démontre donc ici par les faits ce qu’il avait enseigné dans la parabole précédente que la foi s’augmente et s’accroît par la pratique de l’humilité.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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