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Lc  14  25-28

S. Grég. (hom. 37 sur les Evang.) L’âme s’enflamme en entendant parler des récompenses célestes, et elle désirerait déjà être transportée dans ce séjour d’éternelle félicité ; mais on ne peut parvenir à ces grandes récompenses sans de grands efforts. C’est ce que Notre-Seigneur va nous apprendre : « Or, comme une grande foule de peuple allait avec lui, il se retourna vers eux et leur dit. » — Théophile. Parmi ceux qui l’accompagnaient, il en était beaucoup qui ne le suivaient pas de tout coeur, mais avec une certaine tiédeur ; il leur apprend donc les qualités que doit avoir son disciple.

S. Grég. (hom. 37.) On peut demander comment Notre-Seigneur nous fait un devoir de haïr nos parents et ceux qui nous sont unis par les liens du sang, tandis qu’il nous est commandé d’ailleurs d’aimer jusqu’à nos ennemis ? Mais si nous comprenons bien toute la force de ce précepte, nous pourrons pratiquer l’un et l’autre par un sage discernement ; d’un côté, aimer ceux qui nous sont unis par les liens du sang et que nous reconnaissons pour nos proches ; de l’autre, haïr et éviter ceux qui se déclarent contre nous dans la voie de Dieu, car en refusant d’écouter les mauvaises suggestions des hommes charnels, nous les aimons jusque dans notre haine. — S. Ambr. Le Seigneur, dans votre intérêt, a renoncé sa mère : « Quelle est ma mère, et quels sont mes frères ? » (Mt 12, Mc 3.) Et vous oseriez-vous préférer à votre Dieu ? Le Seigneur ne veut, ni que nous méconnaissions les droits de la nature, ni que nous en soyons esclaves ; nous devons leur accorder assez pour honorer l’auteur de la nature, mais ne jamais nous séparer de Dieu par amour pour nos parents.

S. Grég. (hom. 37.) Pour démontrer plus clairement que cette haine pour nos parents prenait son principe, non d’un mauvais sentiment ou de la passion, mais de la charité, Notre-Seigneur ajoute : « Et même sa propre vie. » Il est donc évident que celui qui hait son prochain comme soi-même, doit l’aimer tout en le haïssant, car nous avons pour notre âme une haine vraiment louable, lorsque nous ne consentons pas à ses désirs charnels, lorsque nous brisons ses inclinations, lorsque nous luttons contre ses penchants voluptueux. Puisque nous la rendons meilleure en la traitant avec mépris, nous l’aimons donc jusque dans la haine que nous avons pour elle. — S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr. et liv. V sur Isaie.) Nous ne devons pas chercher à quitter la v-le que saint Paul lui-même a conservée dans son corps et dans son âme, pour l’employer tout entière à la prédication de Jésus-Christ, mais il nous déclare lui-même que lorsqu’il fallait exposer sa vie pour achever sa course, elle ne lui était plus alors d’aucun prix. (Ac 20, 24.)

S. Grég. (hom. 37.) Mais comment cette haine pour notre propre vie doit-elle se manifester ? Le voici : « Et celui qui ne porte pas sa croix, » etc. Il ne veut pas dire que nous devions porter sur nos épaules une croix de bois, mais que nous devons avoir la mort toujours présente à nos yeux, comme saint Paul qui mourait tous les jours (1 Co 15), et qui méprisait la mort. — S. Basile. (Régl. abrég., quest. 234.) En portant ainsi sa croix, il annonçait la mort du Seigneur et disait : « Le monde est crucifié pour moi, et je suis crucifié pour lui. » (Ga 6.) Et c’est ce que nous commençons nous-mêmes à faire au baptême dans lequel « notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit. » (Rm 6.) — S. Grég. (hom. 37.) Comme le mot croix vient de souffrance cruelle, nous portons la croix du Seigneur de deux manières ; ou lorsque nous mortifions notre chair par la pénitence, ou lorsque la compassion pour le prochain nous identifie avec ses propres souffrances. Mais il en est quelques-uns qui pratiquent la mortification, non pour plaire à Dieu, mais par un motif de vaine gloire, et qui témoignent au prochain une compassion toute charnelle, Notre-Seigneur ajoute : « Et ne me suit pas. » Car porter sa croix et suivre le Sauveur, c’est pratiquer la mortification de la chair, ou compâtir aux souffrances du prochain en vue de la récompense éternelle.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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