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Lc  14  15-24

Eusèbe. Notre-Seigneur venait de recommander d’inviter au repas ceux qui ne peuvent le rendre, afin d’en recevoir la récompense à la résurrection des justes. Un des convives qui confondait la résurrection des justes avec le royaume de Dieu, exalte cette récompense qui est promise : « Un de ceux qui étaient à table avec lui, ayant entendu ces paroles, lui dit ; Heureux celui qui mangera le pain dans le royaume de Dieu. » — S. Cyrille. Cet homme avait des idées toute charnelles, et ne comprenait pas le sens exact des paroles du Sauveur ; car il s’imaginait que les récompenses des saints seraient matérielles. — S. Augustin. (serm. 33 sur les par. du Seig.) Peut-être encore était-ce qu’il soupirait après un bonheur qui lui paraissait éloigné, tandis qu’il avait sous les yeux le pain qui faisait l’objet de ses désirs. Car quel est le pain du royaume de Dieu, si ce n’est celui qui a dit : « Je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel ? » (Jn 6.) Ce n’est donc pas la bouche qu’il faut ouvrir, c’est le coeur.

Bède. Mais comme il en est plusieurs qui se contentent de sentir par la foi l’odeur de ce pain céleste, mais qui dédaignent d’en savourer les douceurs en le mangeant réellement, Notre-Seigneur se sert de la parabole suivante pour déclarer que ce dédain les rend indignes du festin des cieux : « Et il leur dit : Un homme fit un grand festin et y convia beaucoup de monde. » — S. Cyrille. Cet homme, c’est Dieu le père, d’après la signification de ces paraboles, qui sont les images de la vérité. Toutes les fois que Dieu veut exprimer sa puissance vindicative, il se sert des comparaisons de l’ours, du léopard, du lion, et d’autres du même genre, mais quand il veut nous parler de sa miséricorde, il se présente à nous sous la figure d’un homme.

S. Cyrille. Le Créateur de toutes choses, et le Père de gloire, le Seigneur en un mot a préparé un grand festin, qui a eu lieu dans la personne du Christ. Dans les derniers temps, et comme vers le déclin du monde, le Fils de Dieu a fait briller sa lumière à nos yeux, et en mourant pour nous, il nous a donné son corps à manger ; c’est pour cela qu’on immolait chaque jour, au soir, un agneau selon les prescriptions de la loi de Moïse, et c’est pour cela que le festin qui nous est préparé dans la personne de Jésus-Christ, porte le nom de cène. — S. Grég. (hom. 36 sur les Evang.) Ou bien, il a fait un grand festin, en nous préparant le banquet des douceurs éternelles, où tous nos désirs seront satisfaits. Il y convie beaucoup de monde, et peu se rendent à son invitation, parce que souvent ceux qui font profession de lui être soumis par la foi, se rendent indignes par la dépravation de leur vie de son banquet éternel. Or, il y a cette différence entre les plaisirs du corps et ceux du coeur, que les plaisirs du corps excitent de violents désirs avant qu’on les ait goûter, mais dès qu’on en est en possession, ils se changent en satiété et en dégoût pour celui qui s’y est livré ; au contraire, les délices spirituelles inspirent le dégoût à ceux qui ne les connaissent pas, tandis qu’elles excitent de vifs désirs dans le coeur de celui qui les a une fois goûtées. C’est pour cela que la miséricorde divine place sous les yeux de notre âme ces délices spirituelles que nous dédaignons, et pour combattre cet éloignement, nous invite à venir les goûter : « Et il envoya son serviteur, » etc. — S. Cyrille. Ce serviteur qui est envoyé, c’est Jésus-Christ lui-même (cf. Mt 12, 18) qui étant Dieu par essence, et vrai Fils de Dieu, s’est anéanti lui-même en prenant la forme d’esclave. Il a été envoyé à l’heure de la Cène ; car ce n’est pas dès l’origine que le Verbe du Père s’est revêtu de notre nature, mais dans les derniers temps. Il ajoute : « Parce que tout est prêt. » Dieu le Père, en effet, nous a préparé dans la personne de Jésus-Christ, tous les biens qu’il a répandus par lui sur le monde, la rémission des péchés, la participation à l’Esprit saint, l’honneur de l’adoption divine ; c’est à toutes ces grâces que Jésus-Christ est venu nous appeler par les enseignements de l’Évangile.

S. Augustin. (serm. 33 sur les par. du Seig.) Ou bien encore cet homme, c’est le médiateur de Dieu et des hommes, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il envoie presser de venir les invités, c’est-à-dire ceux qui avaient été invités par les prophètes qu’il avait envoyés. Ils étaient chargés, en effet, d’inviter à la Cène du Christ ; ils ont été souvent envoyés aux enfants d’Israël, souvent ils leur ont renouvelé l’invitation de venir à l’heure de la Cène ; ceux-ci ont accepté l’invitation, et ont refusé de venir au festin ; et c’est ainsi que sans le savoir, ils nous ont préparé ce grand festin. Lorsque tout fut prêt pour ce festin, c’est-à-dire lorsque Jésus-Christ fut immolé, les Apôtres furent envoyés à leur tour vers ceux à qui Dieu avait autrefois envoyé les prophètes.

S. Grég. (comme précéd.) Ce serviteur, que le père de famille envoie vers les invités, figure l’ordre des prédicateurs. Or, il arrive souvent qu’un personnage puissant ait un serviteur qui parait mériter peu de considération ; cependant lorsque le maître transmet ses ordres par ce serviteur, on se garde de mépriser sa personne, parce qu’on respecte intérieurement l’autorité du Maître qui l’a envoyé. Dieu offre donc ce qu’on aurait dû le supplier de donner, et qu’il prie lui-même de recevoir ; il veut donner ce qu’on pouvait à peine espérer, et tous s’excusent comme de concert. « Et ils commencèrent à s’excuser tous ensemble. » Un homme riche invite à son festin, et tous les pauvres s’empressent de se rendre à son invitation ; Dieu nous invite à son banquet, et nous apportons des excuses.

S. Augustin. (comme précéd.) Nous voyons ici trois excuses différentes : « Le premier dit : J’ai acheté une maison de campagne, et il faut que j’aille la voir. » Cette maison de campagne, cette propriété figure l’esprit de domination, aussi l’orgueil est le premier des vices qui aient été châtiés ; car le premier homme a voulu dominer, en cherchant à se soustraire à l’autorité de Dieu qu’il avait pour Maître. — S. Grég. Ou encore, cette maison de campagne représente les biens de la terre, cet homme va donc la voir, parce qu’il ne pense qu’aux biens extérieurs destinés à l’entretien de cette vie. — S. Ambr. Il est donc ordonné au fidèle qui s’est engagé dans la milice sainte, de mépriser tous les biens de la terre, parce que celui qui, tout occupé d’intérêts secondaires, achète des propriétés ici-bas, ne peut acquérir le royaume des cieux, au témoignage du Sauveur qui a dit : « Vendez tout ce que vous avez, et suivez-moi (cf. Mt 19, 21 ; Mc 10, 21 ; Lc 18, 22). »

« Un second dit : J’ai acheté cinq paires de boeufs, et je vais les essayer. » — S. Augustin. (serm. 33 sur les par. du Seig.) Ces cinq paires de boeufs figurent les cinq sens de notre corps, la vue dans les yeux ; l’ouïe dans les oreilles ; l’odorat dans les narines, le goût dans la bouche ; le toucher répandu dans tous les membres. Mais l’analogie parait plus frappante dans les trois premiers sens, parce qu’ils sont doubles ; nous avons deux yeux, deux oreilles, deux narines, voilà trois paires. Nous trouvons aussi dans le goût comme un double sens parce que nous ne pouvons rien sentir par le goût que par le contact de la langue et du palais. Quant à la volupté de la chair qui se rapporte au sens du toucher, elle cache aussi une double sensation extérieure et intérieure. Ces cinq sens sont comparés à des paires de boeufs, parce que les boeufs labourent la terre, et que c’est par les sens du corps que nous sommes en rapport avec les choses de la terre. Ainsi les hommes éloignés de la foi, et livrés tout entiers aux intérêts de la terre, ne veulent rien croire que ce qu’ils peuvent percevoir par un des cinq sens du corps : « Je ne crois que ce que je vois, » telle est leur maxime. Si telles étaient nos pensées, les cinq paires de boeufs nous empêcheraient de nous rendre au festin. Et pour vous faire comprendre que l’obstacle qui vient de ces cinq sens n’est pas le plaisir qui charme, la volupté qui entraîne, mais un simple mouvement de curiosité, cet homme ne dit pas : J’ai acheté cinq paires de boeufs, et je vais les faire paître, mais : « Je vais les essayer. » — S. Grég. (hom. 36 sur les Evang.) Comme les sens du corps ne peuvent comprendre les choses intérieures et ne connaissent que ce qui paraît au dehors, ils représentent à juste titre la curiosité qui, en cherchant à discuter la vie d’autrui, ignore toujours son état intérieur, et se répand tout entière dans les choses extérieures. Remarquez encore que ceux qui s’excusent de venir au festin où ils sont invités, l’un, parce qu’il va voir sa maison de campagne ; l’autre, parce qu’il veut essayer les boeufs qu’il a achetés, s’excusent avec une espèce de respect et d’humilité : « Je vous prie, » disent-ils, et ils refusent de venir, c’est-à-dire que l’humilité est dans leurs paroles, et l’orgueil dans leur manière d’agir.

« Un autre dit : J’ai pris une femme, et c’est pourquoi je ne puis venir. » — S. Augustin. (serm. 33 sur les par. du Seig.) Ce sont les plaisirs de la chair qui sont un obstacle pour le plus grand nombre, et plût à Dieu que cet obstacle ne fût qu’extérieur ! Car celui qui prend une femme, qui se livre aux joies de la chair, et s’excuse de venir au festin, doit prendre bien garde de ne pas s’exposer à mourir de faim intérieure. — S. Basile. (Chaîne des Pèr. gr.) Il dit : « Je ne puis venir, » parce que l’esprit de l’homme qui se laisse entraîner par les charmes du monde, n’a plus de force pour pratiquer les commandements divins. — S. Grég. (hom. 36 sur les Evang.) Bien que le mariage soit bon et établi par la divine Providence pour la propagation du genre humain, il en est plusieurs néanmoins qui s’y proposent, non d’avoir une nombreuse famille, mais la satisfaction de leurs désirs voluptueux ; et voilà pourquoi une chose juste et licite, peut très bien être la figure d’une chose injuste et criminelle. — S. Ambr. On peut dire encore que le Sauveur ne blâme pas ici le mariage, mais qu’il lui préfère la chasteté qu’il appelle à de plus grands honneurs ; car une femme qui n’est point mariée, pense aux choses qui sont du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit ; mais celle qui est mariée, pense aux choses du monde. (1 Co 7, 34.)

S. Augustin. (serm. 33 sur les par. du Seig.) Or, saint Jean, en disant : « Tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et ambition du monde (1 Jn 2, 16), » commence par où l’Évangile termine : « J’ai pris une femme, » voilà la concupiscence de la chair : « J’ai acheté cinq paires de boeufs, » c’est la concupiscence des yeux ; « J’ai acheté une maison de campagne, » voilà l’ambition du siècle. C’est en prenant la partie pour le tout, que les cinq sens sont représentés par les yeux seuls qui tiennent le premier rang parmi les sens ; aussi, bien que les yeux soient l’organe spécial de la vue, cependant dans le langage habituel, nous étendons aux cinq sens la faculté de voir.

S. Cyrille. Or, quels sont ceux qui, pour ces différents motifs, ont refusé de se rendre à l’invitation qui leur était faite, si ce n’est les principaux d’entre les Juifs dont la sainte Écriture condamne à chaque page la coupable indifférence ? — Origène. (et Géom. Ch. des Pèr. gr.) Ou bien encore, ceux qui ont acheté la maison de campagne, sont ceux qui ont reçu tous les autres enseignements divins, mais qui ne les ont point mis en pratique, et n’ont eu que de l’indifférence et du mépris pour la divine parole qu’ils possédaient. Celui qui avait acheté cinq paires de boeufs, est la figure de ceux qui négligent leur nature spirituelle pour s’attacher aux choses sensibles, et qui se rendent incapables de comprendre ce qui est immatériel. Celui qui a pris une femme, représente ceux qui sont étroitement liés à la chair, et qui ont plus d’amour pour la volupté que pour Dieu. (2 Tm 3, 4.) — S. Ambr. On peut voir encore ici trois sortes d’hommes qui sont exclus de ce festin ; les Gentils, les Juifs et les hérétiques. Les Juifs, esclaves d’une religion tout extérieure, portent le joug de la loi ; les cinq paires de boeufs, sont les dix commandements dont il est dit (Dt 4, 13) : « Dieu vous a fait connaître son alliance qu’il vous a commandé d’observer, et les dix paroles. qu’il écrivit sur deux tailles de pierre, » etc. (c’est-à-dire, les commandements du Décalogue) ; ou bien les cinq paires de boeufs sont les cinq livres de la loi ancienne ; en second lieu, l’hérésie, comme Ève autrefois, tente le sentiment de la foi par ses entraînantes séductions. Enfin l’Apôtre nous recommande en plusieurs endroits (Ep 5 ; Col 3 ; He 13 ; 2 Tm 2) de fuir l’avarice, qui nous empêcherait, comme les Gentils, de parvenir au royaume de Jésus-Christ. Ainsi celui qui a acheté une maison de campagne, celui qui a mieux aimé porter le joug de la loi que celui de la grâce, et celui qui s’excuse, parce qu’il vient de se marier, sont tous exclus du royaume de Dieu.

« Le serviteur étant revenu, rapporta tout ceci à son maître. » — S. Augustin. (sur la Genès. expliq. littér., V, 19.) Dieu n’a pas besoin d’envoyés pour connaître ce qui se passe dans le monde qui lui est inférieur, et ils ne peuvent ajouter rien à sa science, car elle embrasse toutes choses dans sa durée comme dans son immutabilité ; si donc il se sert d’envoyés, c’est tout à la fois dans leur intérêt et dans le nôtre, car c’est un avantage en rapport avec leur nature, que de se tenir ainsi sous les yeux et en présence de Dieu, pour le servir vis-à-vis des créatures inférieures et exécuter ses ordres suprêmes.

S. Cyrille. Ce refus des premiers d’entre les Juifs de se rendre à l’appel de Dieu, refus qu’ils constatent par leurs propres paroles : « Y a-t-il quelqu’un des sénateurs ou des pharisiens qui ait cru en lui ? » (Jn 7, 48) remplit d’une juste indignation le père de famille : « Alors le père de famille, irrité, » etc. — S. Basile. (cf. Ps 37 ; Is 5, 25) La divinité ne peut être accessible à la passion de la colère, mais nous appelons en Dieu colère et indignation, ce qui ressemble aux sentiments que nous éprouvons sous l’impression de ces passions. — S. Cyrille. Le père de famille fut donc irrité contre les principaux des Juifs, et à leur place il appela ceux qui, parmi eux, composaient le peuple et qui avaient un esprit faible et plus borné. Ainsi à la parole de Pierre, trois mille d’abord (Ac 2), cinq mille ensuite (Ac 4), embrassèrent la foi, et une grande multitude après eux. Écoutez, en effet, ce que le maître dit au serviteur : « Allez vite dans les places et les rues de la ville, et amenez ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. » — S. Ambr Il invite les pauvres, les infirmes et les aveugles, pour montrer qu’aucune infirmité corporelle n’exclut du royaume ; que celui qui n’est point exposé aux séductions du péché, tombe aussi plus rarement dans le péché, et aussi peut-être que l’infirmité que produit le péché est guérie par la miséricorde de Dieu ; c’est pour cela qu’il les envoie chercher sur les places publiques, afin de leur faire quitter les voies larges et spacieuses pour suivre le sentier étroit.

S. Grég. (hom. 36 sur les Evang.) Au défaut des orgueilleux qui refusent de venir, les pauvres sont choisis ; le texte sacré dit les infirmes et les pauvres qui sont infirmes à leurs yeux, car il y a des pauvres que l’on peut regarder comme forts, ce sont ceux qui sont orgueilleux jusqu’au sein de la pauvreté ; les aveugles sont ceux qui n’ont aucune lumière dans l’esprit ; les boiteux, ceux qui manquent de droiture dans leurs actions. Or, comme les infirmités corporelles de ces derniers sont la figure de leurs vices intérieurs, il s’ensuit que ceux qui ont été invités et ont refusé de venir, et ceux qui ont répondu à l’invitation étaient pécheurs les uns comme les autres ; mais les premiers ont été rejetés comme des pécheurs orgueilleux, tandis que les seconds ont été choisis, parce qu’ils étaient humbles : Dieu choisit donc ceux que le monde méprise, car la plupart du temps, le mépris des hommes fait rentrer en soi-même, et on écoute avec d’autant plus de docilité la voix de Dieu, que le monde offre moins d’attraits. Dieu appelle donc à son festin ceux qui sont dans les rues et les places publiques, ils sont la figure de ce peuple qui tenait à honneur d’être fidèle à l’observation de la loi, mais la multitude du peuple d’Israël, qui a embrassé la foi, n’a pu remplir la salle du festin des cieux. Aussi écoutez la suite : « Et le serviteur dit à son maître : Il a été fait comme vous avez commandé ; et il y a encore de la place, » etc. Les Juifs sont en effet entrés en grand nombre, mais il y a encore de la place dans le royaume pour recevoir la multitude innombrable des Gentils. C’est pourquoi « le maître dit au serviteur : Allez dans les chemins et le long des haies, et contraignez-les d’entrer. » Ces convives qu’il envoie chercher dans les chemins et le long des haies, c’est un peuple encore barbare et grossier, c’est-à-dire, le peuple des Gentils.

S. Ambr. Ou bien il envoie dans les chemins et le long des haies, pour figurer que ceux-là sont propres au royaume des cieux qui, dégagés de toutes les passions de la vie présente, se hâtent d’arriver à la possession des biens futurs, en suivant le sentier que leur bonne volonté leur a ouvert ; et aussi ceux qui, semblables aux haies qui séparent la terre cultivée de celle qui ne l’est pas, et la défend coutre le ravage des animaux, savent discerner le bien du mal et opposer le rempart de la foi aux attaques de l’esprit du mal (Ep 6, 12 ).S. Augustin. (serm. 33 sur les par. du Seign.) Les Gentils sont venus des chemins et des places publiques, les hérétiques viennent comme du milieu des haies. Ceux, en effet, qui plantent des haies, cherchent à établir des divisions ; qu’ils soient donc retirés d’entre ces haies, qu’ils soient arrachés du milieu de ces épines. Mais ils ne veulent pas qu’on les contraigne : « Nous entrerons, dit-il, de notre propre volonté. » Ce n’est pas ce que le Seigneur a commandé : « Contraignez-les d’entrer, » nous dit-il, usez de contrainte au dehors, de là naîtra la bonne volonté.

S. Grég. (hom. 36 sur les Evang.) Ceux qui reviennent à l’amour de Dieu, après avoir été brisés par les tribulations du monde, entrent comme par violence. Mais la sentence est de nature à nous faire trembler : « Or, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités, ne goûtera de mon festin. » Gardons-nous donc de mépriser l’invitation qui nous est faite, de peur qu’après nous être excusés d’y répondre, nous ne puissions plus entrer dans la salle du festin, lorsque nous en aurons la volonté.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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