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Lc  11  29-32

Bède. Les ennemis du Sauveur lui avaient fait deux questions insidieuses, les uns l’accusaient de chasser les démons par Béelzébub, et nous l’avons vu confondre cette accusation calomnieuse ; les autres, pour le tenter, demandaient un signe du ciel, et c’est à eux qu’il va répondre : « Et comme le peuple s’assemblait en foule, Jésus commença à dire : « Cette génération est une génération méchante, » etc. — S. Ambr. Paroles qui indiquent que la synagogue perd toute sa beauté au moment où l’Église doit briller de tout son éclat. Or, le Fils de l’homme sera un signe pour les Juifs, comme Jonas l’a été pour les Ninivites : « Elle demande un signe, et il ne lui en sera pas donné d’autre que le signe du prophète Jonas. » — S. Basile. (Ch. des Pèr. gr.) Un signe est une chose sensible, placée sous les yeux de tous, et qui a pour objet de faire connaître une chose cachée, et c’est ainsi que les faits miraculeux de la vie de Jonas représentent la descente de Jésus aux enfers, sa sortie et sa résurrection d’entre les morts : « Car, comme Jonas fut un signe pour les Ninivites, le Fils de l’homme le sera pour cette génération. » — Bède. Il ne leur donne pas un signe du ciel, parce qu’ils étaient indignes de le voir, mais des profondeurs de la terre, c’est-à-dire le signe de son incarnation, non de sa divinité ; le signe de sa passion, et non celui de sa gloire.

S. Ambr. Le signe de Jonas n’est pas seulement la figure de la passion du Sauveur, mais encore un témoignage des crimes énormes commis par les Juifs, et nous y voyons une prophétie qui porte tout à la fois le caractère de la justice divine et celui de la miséricorde. En effet, l’exemple des Ninivites nous présente et la menace du supplice, et l’indication des moyens propres à l’éviter ; et ainsi les Juifs eux-mêmes, ne doivent pas désespérer du pardon, s’ils veulent faire pénitence. — Théophile. Mais les Ninivites se convertirent à la prédication de Jonas, lorsqu’il fut sorti du ventre de la baleine, tandis que les Juifs ont refusé de croire à Jésus-Christ ressuscité des morts, c’est ce qui a été la cause de leur condamnation, et le Sauveur en donne successivement deux preuves par comparaison : « La reine du Midi s’élèvera au jour du jugement contre les hommes de cette génération, et les condamnera. » — Bède. Elle les condamnera, non par la puissance qui lui sera donnée de juger, mais par la simple opposition de sa conduite sage avec celle des Juifs : « Parce qu’elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, » et cependant il y a ici plus que Salomon. Le mot hic (ici), en cet endroit, n’est pas un pronom, mais un adverbe de lieu, qui veut dire : Vous avez ici, et parmi vous, celui qui est incomparablement plus grand que Salomon. — S. Cyrille. Il ne dit pas : Je suis plus grand que Salomon, pour nous apprendre à nous humilier, alors même que nous sommes comblés de grâces spirituelles. Voici le sens de ces paroles : Cette femme barbare, sans tenir compté de la longueur du voyage, s’est empressée de venir entendre Salomon pour apprendre de lui la science des êtres visibles, et les propriétés des plantes ; et vous qui, sans sortir de votre pays, entendez là sagesse elle-même vous enseigner les choses invisibles et célestes, et la voyez confirmer sa doctrine par des oeuvres et par des prodiges, vous vous révoltez contre sa parole, et ses miracles vous laissent insensibles.

Bède. Or, si la reine du Midi, qui est sans nul doute du nombre des élus, doit s’élever au jour du jugement avec les réprouvés, il est évident qu’il n’y aura pour tous les hommes, bons et mauvais, qu’une seule résurrection, et qu’elle n’aura pas lieu, conformément aux fables des Juifs, mille ans avant le jugement, mais au temps même fixé pour le jugement. — S. Ambr. En même temps que le Sauveur condamne le peuple juif, il nous donne une figure éclatante de l’Église qui, semblable à la reine du Midi, et avide d’apprendre la sagesse, se rassemble des extrémités de la terre, pour entendre les paroles du Salomon pacifique ; reine véritable, dont le royaume, un et indivisible, se compose des peuples les plus divers et les plus éloignés, réunis en même corps. — S. Grég. de Nysse. (hom. 7 sur les Cant.) A l’exemple de cette reine d’Ethiopie qui venait d’un pays éloigné, l’Église, composée de ces différents peuples, était noire aussi au commencement, et très-éloignée de la connaissance du vrai Dieu ; mais aussitôt que le Christ pacifique apparut, tandis que les Juifs restent dans l’aveuglement, les Gentils viennent le trouver, pour lui offrir les parfums de la piété, l’or de la connaissance de Dieu, et les pierres précieuses de l’obéissance aux commandements. — Théophile. Ou bien encore, de même que le vent du midi, au témoignage de l’Écriture, répand la chaleur et la vie, ainsi l’âme qui règne dans le Midi, c’est-à-dire dans une vie toute spirituelle, vient entendre la sagesse du roi pacifique Salomon, qui est le Seigneur notre Dieu, c’est-à-dire qu’elle s’élève jusqu’à la contemplation, dont on ne peut s’approcher, qu’autant qu’on règne véritablement sur soi-même par une vie vertueuse. Notre-Seigneur apporte ensuite l’exemple des Ninivites : « Les Ninivites s’élèveront an jour du jugement contre ce peuple, et le condamneront. »

S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr.) Le jugement de condamnation est prononcé par des personnes de même condition ou de condition différente ; de même condition, comme dans la parabole des dix vierges ; de condition différente, lorsque les ministres condamnèrent ceux qui vivaient au temps de Jésus-Christ. En effet, les uns étaient des barbares, et les autres des Juifs ; ceux-ci étaient nourris des enseignements prophétiques, ceux-là n’avaient jamais entendu la parole divine ; Dieu n’envoya qu’un de ses serviteurs aux Ninivites, et lui-même vint trouver les Juifs ; Jonas annonçait la destruction de Ninive, Jésus annonçait le royaume des cieux. Il est donc évident que les Juifs avaient beaucoup plus de motifs pour croire, mais c’est le contraire qui arriva : « Ils ont fait pénitence à la voix de Jonas, et il y a ici plus que Jonas. »

S. Ambr. Dans le sens allégorique, l’Église se trouve dans deux états ou elle est exempte de fautes, ce que figure la reine du Midi, ou elle cesse d’en commettre, ce que représente la pénitence des Ninivites, car la pénitence efface le péché, et la sagesse l’évite.

S. Ambr. (de l’acc. des Evang., 2, 39.) Saint Luc place ces paroles du Sauveur au même endroit que saint Matthieu, tout en suivant un ordre tant soit peu différent. Mais qui ne voit qu’il est superflu de chercher dans quel ordre précis Notre-Seigneur les a dites, puisque l’autorité si imposante des Évangélistes nous apprend que l’inversion dans le récit des actions ou des paroles ne détruit pas la vérité du fait qui reste toujours le même, quel que soit l’ordre dans lequel il est présenté ?

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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