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Lc  11  33-36

S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr.) Les Juifs accusaient le Seigneur de faire ses miracles, non pour établir la foi, et afin que l’on crût en lui, mais pour obtenir les applaudissements de la foule et pour se faire des sectateurs. Il repousse cette calomnie par la comparaison de la lampe : « Il n’y a personne qui, ayant allumé une lampe, la mette en un lieu caché ou sous un boisseau, mais on la met sur un chandelier, » etc. — Bède. Le Sauveur veut parler ici de lui-même, et comme il avait dit précédemment qu’il ne serait donné à cette génération que le signe de Jonas, il montre cependant que l’éclat de la lumière ne devait pas rester caché pour les fidèles. En effet, il a lui-même allumé cette lampe, lorsqu’il a rempli le vase de la nature humaine de la flamme de la divinité ; or, il n’a voulu ni dérober aux fidèles la lumière de cette lampe, ni la mettre sous le boisseau, c’est-à-dire, la renfermer sous la mesure de la loi, ni la restreindre dans les limites étroites du peuple juif, mais il. l’a placée sur le chandelier, c’est-à-dire, sur l’Église, parce qu’il a gravé sur nos fronts la foi à son incarnation, afin que ceux qui veulent entrer dans l’Église conduits par la foi, puissent voir clairement la lumière de la vérité. Enfin, il nous prescrit aussi de purifier avec un soin tout particulier, non seulement nos actions, mais nos pensées et les plus secrètes intentions de notre coeur : « La lampe de votre corps, c’est votre oeil. » — S. Ambr. Ou bien encore, cette lampe c’est la foi, selon ces paroles du Psalmiste : « Votre parole, Seigneur, est comme une lampe devant mes pas. » En effet, la parole de Dieu est notre foi, mais une lampe ne peut donner de lumière qu’autant qu’elle la reçoit d’ailleurs ; c’est ainsi que les facultés de notre esprit et de notre intelligence sont éclairées pour nous aider à retrouver la drachme perdue (Lc 15, 8). Que personne donc ne place la foi sous la loi, car la loi est contenue dans une certaine mesure, mais la grâce ne connaît pas de mesure ; la loi répand des ombres, tandis que la grâce projette de vives clartés. — Théophile. Ou bien, dans un autre sens, comme les Juifs, témoins des miracles de Jésus, en faisaient un sujet d’accusation contre lui, à cause de la malice de leur esprit, Notre-Seigneur leur reproche, que tout en ayant reçu de Dieu une lampe allumée, c’es,t-à-dire l’intelligence, l’envie les aveuglait, au point de méconnaître ses miracles et ses bienfaits. Nous avons donc reçu de Dieu l’intelligence pour la placer sur le chandelier, afin que tous ceux qui entrent voient la lumière. Celui qui est sage est déjà entré, mais celui qui est à l’école de la sagesse, est encore en chemin. Le Sauveur semble donc dire aux pharisiens : Votre intelligence doit vous servir à reconnaître la véritable cause de mes miracles, et à apprendre aux autres que les oeuvres dont vous êtes témoins, ne sont point les oeuvres de Béelzébub, mais les oeuvres du Fils de Dieu. C’est en suivant cette même pensée qu’il ajoute : « Votre oeil est la lumière de votre corps. » — Origène. Il appelle oeil notre intelligence, et dans un sens métaphorique, il donne le nom de corps à toute notre âme, bien qu’elle soit immatérielle, car c’est par l’intelligence que l’âme tout entière est éclairée.

Théophile. Si l’oeil du corps est lumineux, le corps sera aussi dans la lumière, mais s’il est ténébreux, le corps également sera dans les ténèbres. Ainsi en est-il de l’intelligence par rapport à l’âme, et c’est pour quoi Notre-Seigneur ajoute : « Si votre oeil est simple et pur, tout votre corps sera lumineux, si au contraire votre oeil est mauvais, tout votre corps sera dans les ténèbres. » — Origène. Car l’intelligence, tant qu’elle l’este fidèle à son principe, ne recherche que la simplicité et ne contient en elle-même ni duplicité, ni ruse, ni division. — S. Chrys. (hom. 21 sur S. Matth.) Si donc nous laissons corrompre en nous l’intelligence qui devait nous affranchir de nos passions, nous avons fait à toute notre âme une profonde blessure, et l’aveugle perversité de notre intelligence nous plonge dans d’épaisses ténèbres : « Prenez donc garde, ajoute Notre-Seigneur, que la lumière qui est en vous ne soit elle-même de vraies ténèbres. » Il semble parler de ténèbres sensibles, mais ces ténèbres ont une origine extérieure, et nous les portons partout avec nous, dès que l’oeil de notre âme vient à s’éteindre. C’est de la puissance de cet oeil, lorsqu’il est simple et lumineux que Notre-Seigneur veut parler, quand il ajoute : « Si donc votre corps est tout éclairé, n’ayant aucune partie ténébreuse, » etc. — Origène. C’est-à-dire, si votre corps matériel, lorsqu’il est éclairé par la lumière, devient tout lumineux, de telle sorte qu’il n’y ait plus en vous aucun membre dans les ténèbres, à plus forte raison si vous fuyez le péché, tout votre corps spirituel deviendra si lumineux, que son éclat sera semblable à une lampe qui répand partout sa lumière, alors que la lumière du corps qui, auparavant, était ténébreuse, se trouve dirigée au gré de l’intelligence.

S. Grég. de Nazianze. (Lettre 22.) Ou bien encore, la lumière et l’oeil de l’Église, c’est le Pontife ; de même donc qu’un oeil pur et lumineux dirige sûrement tous les pas du corps, tandis qu’un oeil ténébreux l’égare infailliblement ; ainsi le salut ou la ruine de l’Église sont attachés à la conduite bonne ou mauvaise de l’Église.

S. Grég. (Mor., 28, 6.) Ou bien enfin, dans un autre sens, le corps figure ici chacune de nos actions qui suit l’intention, comme un oeil qui l’éclaire. Dans ce sens, l’oeil est la lumière de notre corps, parce que la bonne intention rayonnant sur notre action, lui donne tout son éclat. Si donc votre oeil est simple, tout votre corps sera lumineux, parce que si une pensée simple rend votre intention droite, votre action deviendra bonne, quand même l’apparence extérieure serait défavorable. Mais si au contraire votre oeil est mauvais, tout votre corps sera dans les ténèbres, parce qu’une action, même bonne, faite avec une intention mauvaise, est toujours une oeuvre ténébreuse pour celui qui voit et juge l’intérieur, quand même cette action aurait un certain éclat aux yeux des hommes. C’est donc avec raison que Notre-Seigneur ajoute : « Prenez donc garde que la lumière qui est en vous, ne se change en ténèbres, car si même les oeuvres que nous croyons bonnes, se trouvent obscurcies par une intention mauvaise, dans quelles ténèbres seront plongées les oeuvres que nous savons être mauvaises, quand nous les faisons. — Bède. Lorsque Notre-Seigneur ajoute : « Si donc votre corps est tout éclairé, » etc., par le corps il entend toutes nos oeuvres. Si donc vous faites le bien avec une bonne intention, sans avoir dans votre conscience aucune pensée ténébreuse, alors même que votre bonne action pourrait nuire au prochain ; cependant la droiture de votre coeur vous obtiendra la grâce de Dieu ici-bas, et dans la vie future les splendeurs de la gloire, auxquelles le Sauveur fait allusion dans les paroles suivantes : « Et il vous éclairera comme une lampe éclatante. » C’est surtout contre l’hypocrisie des pharisiens qui venaient astucieusement demander des signes, que ces paroles sont dirigées.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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