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Lc  11  27-28

Bède. Tandis que les scribes et les pharisiens tentent le Seigneur, et blasphèment contre ses oeuvres, une simple femme proclame avec une foi vraiment admirable le mystère de son incarnation : « Lorsqu’il parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu du peuple, lui dit : « Heureuses les entrailles qui vous ont porté, » etc. C’est ainsi qu’elle confond tout ensemble, les calomnies des princes des Juifs et la perfidie des hérétiques futurs. En effet, de même que les Juifs, par leurs blasphèmes contre les oeuvres de l’Esprit saint, niaient que le Sauveur fût le vrai Fils de Dieu, ainsi les hérétiques, en niant par la suite que par la coopération de l’Esprit saint, Marie, toujours vierge, ait contribué à former la chair du Fils de Dieu, n’ont pas voulu reconnaître que le Fils de l’homme fût le Fils véritable du Père, de même nature que lui. Mais si la chair du Verbe de Dieu fait homme, est étrangère à la chair de la Vierge mère, pourquoi proclamer bienheureuses les entrailles qui l’ont porté, et les mamelles qui l’ont allaité. Quelle raison de croire qu’il ait été nourri de son lait, si l’on ne veut admettre qu’il ait été conçu de son sang, puisque selon les médecins, le lait et le sang ont une seule et même source. Or, ce bonheur n’est pas le partage exclusif de celle qui a mérité d’enfanter corporellement le Verbe de Dieu, mais encore de tous ceux qui s’appliquent à concevoir spirituellement par la foi ce même Verbe, à l’enfanter et à le nourrir dans leur coeur, et dans celui du prochain, par la pratique des bonnes oeuvres : « Mais Jésus lui répondit : Bien plus heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. »

S. Chrys. (hom. 45 sur S. Matth.) En parlant de la sorte, le Sauveur ne reniait pas sa mère, mais il montrait qu’il n’eût servi de rien à Marie de l’avoir mis au monde, si elle n’eût d’ailleurs été le modèle de toutes les vertus. Or, s’il n’y avait aucun avantage pour Marie d’avoir donné le jour à Jésus-Christ, sans les vertus qui ornaient d’ailleurs son âme, n’espérons rien absolument des vertus d’un père, d’un frère ou d’un fils, si nous ne faisons aucun effort pour les imiter.

Bède. La Mère de Dieu est heureuse pour avoir été dans le temps l’instrument de l’incarnation du Verbe, mais elle est bien plus heureuse pour avoir gardé inviolablement et éternellement son saint amour. Ces paroles sont une condamnation des sages d’entre les Juifs qui, au lieu d’écouter la parole de Dieu et de la mettre en pratique, en faisaient un objet de négations et de blasphèmes.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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