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Lc  11  24-27

S. Cyrille. (Ch. des Pèr. gr.) Notre-Seigneur fait voir ensuite comment le peuple juif en est venu à se faire de semblables idées sur le Christ : « Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, » etc. Dans saint Matthieu, le Sauveur applique aux Juifs cette comparaison en termes exprès « C’est ce qui arrivera à cette génération criminelle, » (Mt 12, 45.) En effet, lorsqu’ils vivaient en Égypte, en se conformant aux usages des Egyptiens, ils étaient la demeure de l’esprit mauvais, il en fut chassé lorsqu’ils immolèrent l’agneau qui était la figure du Christ, et qu’ils marquèrent leurs portes de son sang pour échapper à l’ange exterminateur. (Ex 12)

S. Ambr. Dans ce seul homme, se trouve donc figuré tout le peuple juif qui avait été délivré de l’esprit mauvais par la loi. Cependant comme les coeurs des Gentils, arides d’abord, mais pénétrés ensuite de la rosée de l’Esprit saint par le baptême, ne pouvaient offrir au démon un lieu de repos, parce qu’ils croyaient en Jésus-Christ, et que Jésus-Christ est une flamme dévorante pour les esprits impurs, il revint vers le peuple juif : « Et comme il n’en trouve point, il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti. » — Origène. (Ch. des Pèr. gr.) C’est-à-dire : Je retournerai vers les enfants d’Israël qui n’ont en eux rien de divin, qui sont comme déserts, et m’offrent un endroit où je puis habiter. « Et lorsqu’il y est rentré, il la trouve nettoyée et parée. » — S. Ambr. Mais sous cette pureté extérieure et apparente, l’intérieur n’en demeurait que plus souillé ; car elle ne pouvait ni se purifier de ces souillures, ni éteindre le feu des passions dans les eaux de la fontaine sacrée ; aussi l’esprit impur s’empressait-il de rentrer dans cette maison, avec sept esprits plus mauvais que lui : « Alors il s’en va prendre sept esprits plus méchants que lui, et entrant dans cette maison, ils en font leur demeure. » Juste punition du crime que ce peuple sacrilège avait commis en violant la semaine de la loi, et le mystère du huitième jour. Ainsi de même que la grâce se répand avec abondance sur nous par les sept dons de l’Esprit saint, toute la malice des démons s’empare aussi de ce peuple par ces sept esprits impurs ; car le nombre sept, dans l’Écriture, exprime ordinairement l’universalité.

S. Chrys. (hom. 44 sur S. Matth.) Les démons qui habitent les âmes des Juifs sont pires que les premiers. Autrefois, ils traitaient avec cruauté les prophètes ; aujourd’hui, c’est au Seigneur lui-même que s’adressent leurs outrages, aussi en ont-ils été punis bien plus sévèrement par Vespasien et par Tite, qu’ils ne l’avaient été en Égypte et lors de la captivité de Babylone : « Et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. » Autrefois encore, ils étaient gouvernés par la divine Providence et par la grâce de l’Esprit saint, mais aujourd’hui cette protection toute paternelle leur fait défaut, et par suite, ils sont dans un dénuement complet de vertu, et en proie à des peines plus déchirantes et à toute la violence des démons.

S. Cyrille. Le dernier état devient pire que le premier, selon cette parole de l’apôtre saint Pierre : « Il eût mieux valu pour eux ne jamais connaître la voie de la vérité, que de s’en écarter après l’avoir connue.

Bède. On peut encore entendre ces paroles de tous les hérétiques, de tous les schismatiques, et même des mauvais catholiques qui, à l’époque de leur baptême, avaient été délivrés de l’esprit immonde. Ce mauvais esprit parcourt alors les lieux arides, c’est-à-dire, qu’en tentateur habile et rusé, il examine les coeurs des fidèles qui ont été purifiés de toutes les pensées impures et dangereuses, pour voir s’il peut y imprimer la trace de ses pas maudits. Il dit : « Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti. » Ces paroles doivent nous faire craindre que les fautes, que nous regardions comme à jamais effacées, ne profitent de notre négligence pour reprendre sur nous leur funeste empire. Il trouve cette maison nettoyée, c’est-à-dire purifiée par la grâce du baptême des souillures du péché ; mais complètement dénuée de l’ornement des bonnes oeuvres. Les sept mauvais esprits qu’il prend avec lui, représentent l’universalité des vices. Ces esprits sont plus mauvais que lui, parce que cette maison non seulement aura les sept vices directement opposés aux sept vertus spirituelles, mais elle voudra encore, par un sentiment d’hypocrisie, paraître avoir ces vertus.

S. Chrys. (hom. 44.) Ce n’est pas seulement aux Juifs, mais à nous-mêmes, que s’appliquent les paroles suivantes : « Le dernier état de cet homme devient pire que le premier. » En effet, si après avoir été éclairés et délivrés de nos fautes passées, nous retournons à nos habitudes vicieuses, le châtiment qui attend ces nouvelles fautes sera bien plus terrible.

Bède. On peut encore dire que Notre-Seigneur n’a dans ces paroles d’autre but, que d’établir la distinction qui sépare ses oeuvres de celles du démon, c’est-à-dire que le caractère du Sauveur est de purifier tout ce qui est souillé, tandis que celui du démon est de s’empresser de souiller encore davantage ce que Jésus a purifié.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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