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Jn  19  28-30

S. Augustin. (Traité 119 sur S. Jean.) L’homme qui apparaissait aux regards endurait toutes les souffrances qui étaient réglées par le Dieu qui demeurait caché. « Après cela, Jésus sachant que toutes choses étaient accomplies, afin que l’Ecriture, » c’est-à-dire cette prédiction de l’Ecriture : « Et dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre, » (Ps 68) reçût aussi son accomplissement, il dit : « J’ai soif. » Il semble dire par là aux Juifs : Vous avez oublié ce dernier trait, donnez-moi ce que vous êtes. Les Juifs étaient en effet un vinaigre dégénéré du vin des patriarches et des prophètes. Or, il y avait là un vase plein de vinaigre, c’est-à-dire que les Juifs, dont le cœur, semblable à une éponge, renfermait mille cavités tortueuses comme autant de repaires de malice, puisèrent à plein vase et remplirent leur cœur de l’iniquité du monde : « Les soldats remplirent une éponge de vinaigre, et, l’environnant d’hysope, la lui présentèrent à la bouche. » — S. Chrys. (Hom. 85 sur S. Jean.) Le spectacle qu’ils avaient sous les yeux, loin de les adoucir, ne fit qu’augmenter leur cruauté, et pour étancher sa soif, ils lui donnent le breuvage des condamnés, c’est pour cela qu’ils font usage d’hysope.

S. Augustin. L’hysope dont ils entourent l’éponge est une petite plante qui a une vertu purgative ; elle représente justement l’humilité de Jésus-Christ qu’ils entourèrent de leurs criminelles intrigues et qu’ils crurent avoir circonvenue ; car c’est l’humilité de Jésus-Christ qui nous purifie. Il ne faut pas s’étonner qu’ils aient pu approcher une éponge de la bouche de Jésus qui, sur la croix, était élevé bien au-dessus de la terre, car d’après les autres évangélistes qui nous rapportent cette circonstance, que celui-ci passe sous silence, ils le firent à l’aide d’un roseau, afin que le breuvage contenu dans l’éponge pût arriver à la hauteur de la croix. — Théophile. Il en est qui pensent que ce roseau fut tout simplement l’hysope, parce que cette plante a des branches qui ressemblent au roseau.

« Jésus ayant donc pris le vinaigre dit : Tout est accompli. » Qu’est-ce qui est accompli ? Ce que les prophètes avaient prédit si longtemps auparavant. — Bède. Mais comment concilier ce que dit ici saint Jean : « Après qu’il eut pris ce vinaigre, » avec ce que rapporte un autre Evangéliste : « Qu’il n’en voulut point boire ? » Cette difficulté est facile à résoudre. Jésus prit le vinaigre non pour le boire, mais pour accomplir ce qui était écrit. — S. Augustin. Et comme il ne restait plus rien de ce qui devait s’accomplir avant sa mort, l’Evangéliste ajoute : « Et baissant la tête, il rendit l’esprit, » après avoir fait toutes les choses dont il attendait l’accomplissement pour mourir, agissant en tout comme celui qui avait le pouvoir de donner sa vie et le pouvoir de la reprendre. — S. Grég. (Moral., 11, 3.) L’esprit est mis ici pour l’âme, car si par esprit l’Evangéliste entendait autre chose que l’âme, il s’en suivrait que l’âme serait restée après le départ de l’esprit. — S. Chrys. Ce n’est point parce qu’il expire qu’il baisse la tête, mais c’est après qu’il a baissé la tête qu’il expire, et l’Evangéliste veut nous montrer par toutes ces circonstances que Jésus est le maître de toutes choses. — S. Augustin. Quel autre s’endort si précisément quand il veut comme Jésus est mort au moment qu’il a voulu ? Quelle espérance, mais aussi quelle crainte doit inspirer la puissance qu’il fera éclater au jour du jugement, alors que celle qu’il manifeste en mourant est déjà si grande ? — Théophile. Le Sauveur remet sou esprit a Dieu et à son Père, pour nous apprendre que les âmes des saints ne restent point dans les tombeaux, mais qu’elles reviennent dans les mains du Père de tous les hommes, tandis que les âmes des pécheurs sont envoyées dans un lieu de supplices, c’est-à-dire dans l’enfer.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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