Accueil  >  Bibliothèque  >  La Chaîne d’or  >  Évangile selon saint Jean  >  chapitre 19, versets 31-37

Jn  19  31-37

S. Chrys. (Hom. 85 sur S. Jean.) Les Juifs, qui ne craignaient pas d’avaler le chameau et rejetaient le moucheron, après avoir audacieusement consommé un si grand attentat, manifestent des scrupules, des inquiétudes au sujet du jour du sabbat. « Les Juifs, de peur que les corps ne demeurassent sur la croix le jour du sabbat, » etc. — Bède. Le mot parasceve, qui veut dire préparation, indique ici le sixième jour de la semaine, et on lui donnait ce nom parce qu’en ce jour, les Israélites devaient préparer une double provision d’aliments ; parce que le lendemain était le grand jour du sabbat, à cause de la grande solennité de Pâque. — S. Augustin. (Traité 120 sur S. Jean.) Ce ne sont point les jambes des suppliciés qui devaient être enlevées, mais ceux à qui on les brisait pour les faire mourir devaient être détachées de la croix pour ne point profaner ce grand jour de fête par le spectacle de leur supplice prolongé sur la croix. — Théophile. D’ailleurs la loi défendait que le supplice d’un homme condamné à mort se prolongent au delà du coucher du soleil. Peut-être aussi ne voulurent-ils pas être regardés comme des bourreaux ou des homicides dans ce jour de fête.

S. Chrys. Voyez ici combien est grande la force de la vérité ; les Juifs eux-mêmes, par leurs efforts, concourent à l’accomplissement des prophéties : « Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes au premier, et de même à l’autre qu’on avait crucifié avec lui. Puis étant venu à Jésus, et voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes ; mais un des soldats lui ouvrit le côté avec une lance. » — Théophile. Pour complaire aux Juifs, les soldats percent de leur lance le corps de Jésus-Christ et poursuivent de leurs outrages ce corps même inanimé ; mais cet outrage donne lieu à un miracle éclatant, car n’est-ce pas un véritable miracle que le sang coule d’un corps privé de la vie ? — S. Augustin. L’Evangéliste se sert ici d’une expression choisie à dessein ; il ne dit pas il frappa ou il blessa son côté, mais il ouvrit son côte avec une lance, pour nous apprendre qu’il ouvrait ainsi la porte de la vie d’où sont sortis les sacrements de l’Eglise, sans lesquels on ne peut avoir d’accès à la véritable vie. « Et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau. » Ce sang a été répandu pour la rémission des péchés, cette eau vient se mêler pour nous au breuvage du salut ; elle est à la fois un bain qui purifie et une boisson rafraîchissante. Nous voyons une figure de ce mystère dans l’ordre donné à Noé d’ouvrir sur un des côtés de l’arche une porte par où pussent entrer les animaux qui devaient échapper au déluge, et qui représentaient l’Eglise, (Gn 6, 16) C’est en vue du même mystère que la première femme fut faite d’une des côtes d’Adam pendant son sommeil (Gn 2, 22), et nous voyons ici le second Adam s’endormir sur la croix après avoir incliné la tête pour qu’une épouse aussi lui fût formée par ce sang et cette eau qui coulèrent de son côté après sa mort. O mort qui devient pour les morts un principe de résurrection et de vie ! Quoi de plus pur que ce sang ? Quoi de plus salutaire que cette blessure ? — S. Chrys. C’est donc de ce côté ouvert que nos saints mystères tirent leur origine ; lors donc que vous approchez de l’autel pour boire ce calice redoutable, approchez dans les mêmes dispositions que si vous deviez appliquer vos lèvres sur le côté même de Jésus-Christ. — Théophile. Ceux qui refusent de mêler l’eau avec le vin dans la célébration des saints mystères trouvent donc ici leur condamnation, car ils paraissent ne pas croire que l’eau ait coulé du côté du Sauveur. Essaiera-t-on de dire qu’il restait encore un léger principe de vie dans le corps de Jésus, ce qui explique le sang qui sortit de son côté ; mais l’eau qui en sort maintenant est une preuve sans réplique qu’il était mort. Aussi l’Evangéliste prend-il soin d’ajouter : « Et celui qui l’a vu en rend témoignage. » — S. Chrys. C’est-à-dire, il ne l’a point appris des autres, il était présent, il en a été le témoin oculaire ; « et son témoignage est véritable. » Il fait cette réflexion à l’occasion de ce nouvel outrage fait au corps du Sauveur, et non après le récit de quelque prodige extraordinaire pour fixer davantage l’attention. Eu s’exprimant de la sorte, il ferme aussi par avance la bouche des hérétiques, prédit les mystères que l’avenir devait dévoiler, et arrête ses regards sur le trésor inépuisable qu’ils renferment.

« Et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi. » — S. Augustin. Celui qui a vu ce miracle le sait, et son témoignage doit servir d’appui à la foi de celui qui ne l’a pas vu. Saint Jean confirme par deux-témoignages de l’Ecriture les deux faits dont il atteste la vérité. Après avoir dit : « Ils ne brisèrent point les jambes à Jésus, » il ajoute : « Ces choses se sont faites afin que cette parole de l’Ecriture fût accomplie : Vous ne briserez aucun de ses os, » etc. (Ex 12, 46.) C’est ce qui était recommandé à ceux qui, dans l’ancienne loi, célébraient la pâque par l’immolation d’un agneau, qui était la figure de la passion du Sauveur. Saint Jean avait dit aussi : « Un des soldats ouvrit son côté avec une lance, » et à l’appui il cite cet autre témoignage : « Il est dit encore dans un autre endroit de l’Ecriture : Ils jetèrent leurs regards sur celui qu’ils ont percé ; » (Za 12, 11) ; prophétie qui annonçait que le Christ paraîtrait au monde avec cette chair dans laquelle il a été crucifié. — S. Jérôme. (Préface sur le Pentateuque.) Ce second témoignage est emprunté au prophète Zacharie.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

Plan du site    |    Contact    |    Liens    |    Chapelle