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Jn  15  26-27

S. Chrys. (hom. 77 sur S. Jean.) Les disciples pouvaient dire au Sauveur : S’ils ont entendu de votre bouche des paroles que nul autre n’a dites, s’ils ont vu des prodiges que personne autre n’a faits, sans en retirer la moindre utilité ; si au contraire ils n’ont eu que de la haine pour votre Père et pour vous, pourquoi donc nous envoyer, et comment espérer que nous soyons dignes de foi ? Notre-Seigneur dissipe la crainte que pouvaient faire naître ces pensées, en leur faisant cette promesse consolante : « Lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du sein du Père, etc., il rendra témoignage de moi. » — S. Augustin. (Tr. 92 sur S. Jean.) C’est-à-dire, les Juifs m’ont haï et m’ont mis à mort, bien qu’ils aient vu de leurs yeux les œuvres que j’ai faites, mais le Paraclet rendra de moi un si éclatant témoignage, qu’il fera croire en moi ceux mêmes qui n’auront pu me voir. (Traité 93.) En même temps que l’Esprit de vérité me rendra témoignage, vous aussi me rendrez témoignage, lui dans les cœurs, et vous par vos paroles, lui par ses inspirations, vous par vos prédications. (Traité 92) Vous pourrez alors prêcher hautement ce que vous connaissez, vous qui avez été avec moi dès le commencement, ce que vous ne pouvez faire maintenant, parce que vous n’avez pas encore reçu la plénitude de l’Esprit saint ; car c’est dans la charité qui a été répandue dans vos cœurs par l’Esprit saint qui vous a été donnée (Rm 5), que vous puiserez le courage nécessaire pour me rendre témoignage. L’Esprit saint, en effet, en rendant lui-même témoignage, et en inspirant à ces nouveaux témoins un courage à toute épreuve, a banni complètement la crainte du cœur des amis de Jésus-Christ, et a converti en amour la haine de ses ennemis.

Didyme. (de l’Esprit saint, 2) Le Sauveur donne à l’Esprit saint le nom de consolateur, nom significatif de ce qu’il produit dans les âmes, parce que, non-seulement il affranchit de toute espèce de trouble ceux qu’il eu trouve dignes, mais il les remplit encore d’une joie ineffable ; car les cœurs où l’Esprit saint fixe son séjour, jouissent d’une joie éternelle. Cet Esprit consolateur est envoyé par le Fils, non comme Dieu envoyait les anges, les prophètes ou les Apôtres, mais comme il convenait à la sagesse et à la vérité d’envoyer l’Esprit de Dieu qui a une nature indivisible avec cette même sagesse et cette même vérité. En effet, le Fils qui est envoyé par le Père, n’en est pour cela ni séparé, ni divisé, il demeure dans son Père, et son Père demeure en lui. Ainsi l’Esprit saint envoyé par le Fils, soit du Père, sans aller d’un lieu dans un autre ; car de même que le Père ne peut être contenu dans un espace limité, puisque son infinité s’étend au-delà de tous les espaces matériels, ainsi l’Esprit de vérité ne peut être circonscrit par aucune limite, parce qu’il est incorporel et qu’il est au-dessus de toutes les créatures raisonnables.

S. Chrys. Notre-Seigneur l’appelle, non l’Esprit saint, mais l’Esprit de vérité, pour montrer combien son témoignage est digne de foi. Il déclare qu’il procède du Père, c’est-à-dire, qu’il sait toutes choses avec une entière certitude, comme le Sauveur dit de lui-même dans un autre endroit : « Je sais d’où je viens et où je vais. » — Didyme. Il aurait pu dire qu’il procédait de Dieu ou du Tout-Puissant, il laisse ces dénominations et choisit de préférence celle du Père, non sans doute que le Père soit différent du Dieu tout-puissant ; mais parce que l’Esprit de vérité sort de lui en vertu de cette propriété et de cette intelligence qui est propre au Père. Or, en même temps que le Fils envoie l’Esprit de vérité, le Père l’envoie également, puisqu’il vient par un seul et même acte de la volonté du Père et du Fils. — Théophile. Nous voyons ailleurs que le Père envoie l’Esprit saint, ici le Sauveur, en déclarant qu’il l’enverra lui-même, prouve qu’il a une même puissance avec le Père. Et afin qu’où ne crût pas qu’il était opposé au Père, et qu’il envoyait l’Esprit saint en vertu d’une puissance différente, il ajoute : « Qui procède du Père, » pour nous apprendre que non-seulement le Père consent à cette mission, mais qu’il la donne lui-même. Lorsque vous entendez dire que l’Esprit saint procède, n’allez pas croire que celte procession soit une mission extérieure comme celle qui est donnée aux esprits qui servent le Seigneur (He 1, 14) ; cette procession est une propriété toute différente, attribut exclusif de cet esprit principal. La procession du Saint-Esprit n’est autre que l’origine de son être, il ne faut donc pas prendre la procession pour la mission, car la procession est l’acte en vertu duquel l’Esprit reçoit du Père sa nature divine.

S. Augustin. (Traité 96.) On nous fera peut-être ici cette question : L’Esprit saint procède-t-il aussi du Fils ? Le Fils est Fils du Père seulement, et le Père est exclusivement le Père du Fils ; or, l’Esprit saint n’est pas l’Esprit d’une seule des deux premières personnes divines, il est l’Esprit des deux, puisque Jésus-Christ dit expressément : « L’Esprit de votre Père qui parle en vous, » (Mt 10, 20) et que l’Apôtre nous dit de son côté : « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos cœurs. » (Ga 4, 6.) Et je ne vois pas d’autre raison pour laquelle on lui donne le nom d’Esprit, car si on nous interroge sur ce que nous pensons de chacune des autres personnes, il n’y a que le Père et le Fils à qui nous puissions donner ce nom d’Esprit. Or, ce nom qui est le nom commun des deux premières personnes, a dû être donné proprement à celui qui n’est pas l’Esprit de l’un deux, mais qui est le principe d’union des deux personnes divines. Pourquoi donc n’admettrions-nous pas que l’Esprit saint procède du Fils, puisqu’il est aussi l’Esprit du Fils ? S’il ne procédait pas de lui, le Fils de Dieu n’aurait pas soufflé sur ses disciples après sa résurrection, en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit, » c’est aussi de cette vertu de l’Esprit saint que l’Evangéliste veut parler, quand il dit : « Une vertu sortait de lui et les guérissait tous. » (Lc 6, 19) Mais si l’Esprit saint procède du Père et du Fils, pourquoi le Fils déclare-t-il qu’il procède du Père ? C’est parce qu’il a coutume de rapporter tous ses attributs divins à celui de qui vient sa nature divine. C’est dans ce même sens qu’il dit ailleurs : Ma doctrine n’est pas ma doctrine, mais la doctrine de celui qui m’a envoyé. Si donc on doit regarder comme sa doctrine la doctrine qu’il déclare être non la sienne, mais celle de son Père, à plus forte raison doit-on entendre que l’Esprit saint procède de lui, lorsqu’il dit : « Qui procède du Père, » et non : Il procède de moi. C’est du Père que le Fils a reçu d’être Dieu, c’est du Père aussi qu’il a reçu d’être le principe d’où procède l’Esprit saint. D’est ce qui nous explique, aussi pourquoi on ne dit pas de l’Esprit saint qu’il est né mais qu’il procède ; car s’il était appelé Fils, il faudrait dire qu’il est le Fils des deux personnes divines, ce qui serait une absurdité, car on ne peut être le Fils de deux personnes, que lorsque ces deux personnes sont le père et la mère, or, loin de nous de supposer quelque chose de semblable entre Dieu le Père et Dieu le Fils. Disons plus, même, parmi les hommes, le fils ne procède pas en même temps du père et de la mère, car au moment où il procède du père dans la mère, il ne procède pas de la mère. Quant à l’Esprit saint, il ne procède pas du Père dans le Fils et du Fils dans les créatures qu’il sanctifie, il procède en même temps du Père et du Fils, car nous ne pouvons dire que l’Esprit saint ne soit pas la vie, puisque le Père est la vie, et que le Fils aussi est la vie, et ainsi de même que le Père qui a la vie en lui-même, a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même (Jn 5), ainsi a-t-il donné au Fils que la vie procède de lui, comme elle procède du Père.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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