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Jn  16  1-5

S. Augustin. (Traité 93 sur S. Jean.) Après avoir promis à ses disciples l’Esprit saint, qui devait faire d’eux autant de témoins de la vérité, le Sauveur ajoute : « Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. » Et en effet, lorsque la charité de Dieu est répandue dans nos cœurs par l’Esprit saint qui nous a été donné (Rm 5), une paix abondante se répand en même temps dans l’âme de ceux qui aiment la loi de Dieu, et il n’y a point pour eux de scandale. (Ps 118, 165.) Il leur prédit ensuite les épreuves qui les attendent : « Ils vous chasseront des synagogues. » — S. Chrys. (hom. 77 sur S. Jean.) Ils avaient déjà pris de concert la résolution de chasser de la synagogue quiconque confesserait Jésus-Christ. — S. Augustin. Mais quel grand mal pour les Apôtres d’être chassés des synagogues des Juifs, puisqu’ils devaient en sortir d’eux-mêmes, alors que personne ne les chasserait dehors ? Il a donc voulu leur apprendre par-là que les Juifs ne devaient point recevoir Jésus-Christ, dont les disciples ne devaient point se séparer. Si, en effet, ils avaient voulu le reconnaître, comme il n’y avait point d’autre peuple de Dieu que la race d’Abraham, les Eglises de Jésus-Christ n’auraient pas été différentes des synagogues des Juifs. Mais ils ont refusé de recevoir Jésus-Christ, et la conséquence naturelle, c’est que restant eux-mêmes en dehors de Jésus-Christ, ils devaient chasser de leurs synagogues ceux qui ne consentaient pas à quitter Jésus-Christ. Le Sauveur ajoute, encore : « Et l’heure vient où quiconque vous fera mourir, croira faire nue chose agréable à Dieu, » paroles qui ont pour objet de consoler ceux qui seraient chassés des synagogues des Juifs. Est-ce donc que cette expulsion de la synagogue devait les affliger à ce point, qu’ils auraient mieux aimé mourir que de n’en plus faire partie ? Non, sans doute, une crainte semblable ne pouvait trouver place dans le cœur de ceux qui cherchaient, non la gloire des hommes, mais la gloire de Dieu. Voici donc le sens de ces paroles : « Ils vous chasseront des synagogues, mais ne craignez pas votre isolement ; vous serez exclus de leurs réunions, il est vrai, mais vous en rassemblerez un si grand nombre en mon nom, que les Juifs, craignant l’abandon de leur temple et de toutes les cérémonies de l’ancienne loi, vous mettront à mort, croyant en cela faire une chose agréable à Dieu, parce que leur zèle pour la gloire de Dieu, n’est pas un zèle dirigé par la science » (Rm 10, 2), paroles qu’il faut entendre des Juifs, dont Notre-Seigneur dit : « Ils vous chasseront de leurs synagogues. » En effet, lorsque les Gentils ont mis à mort les témoins, c’est-à-dire, les martyrs de Jésus-Christ, ce n’est pas à Dieu, mais à leurs fausses divinités qu’ils ont cru faire une chose agréable, tandis que ceux qui, parmi les Juifs, mirent à mort les prédicateurs de Jésus-Christ, crurent faire un acte agréable à Dieu, dans la crainte que ceux qui se convertiraient à Jésus-Christ, abandonneraient le culte du vrai Dieu. Voilà pourquoi dans l’ardeur d’un zèle qui n’était pas selon la science, ils mettaient à mort les disciples de Jésus-Christ, croyant en cela faire une œuvre agréable à Dieu.

S. Chrys. Jésus leur donne ensuite un nouveau motif de consolation : « Et ils vous traiteront de la sorte, parce qu’ils ne connaissent ni mon Père, ni moi, » c’est-à-dire, qu’il vous suffise comme consolation de penser que vous souffrez pour moi et pour mon Père. — S. Augustin. Il leur apprend ensuite que la cause pour laquelle il leur a prédit ces épreuves, c’est de prévenir le trouble qu’auraient jeté dans leurs cœurs non préparés des maux qu’ils n’avaient pas prévus, bien qu’ils dussent être de courte durée : « Je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu’un sera venue l’heure, vous vous souveniez que je vous les ai dites. » Cette heure, c’était l’heure des ténèbres, l’heure de la nuit, mais la nuit des Juifs n’a pu obscurcir de ses ténèbres les clartés du jour de Jésus-Christ qui en était séparé. — S. Chrys. Un autre motif pour lequel il leur annonce ces épreuves à l’avance ; c’est afin de bien les convaincre que l’avenir lui était présent, comme il le déclare par ces paroles : « Afin que lorsqu’on sera venue l’heure, vous vous souveniez que je vous les ai dites. Il ne veut pas non plus qu’ils pussent dire qu’il n’avait cherché qu’à les flatter et à leur dire des choses agréables. Mais pourquoi ne leur a-t-il pas fait tout d’abord ces prédictions ? En voici la raison : « Je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous, » c’est-à-dire, vous étiez sous ma garde, vous pouviez m’interroger quand vous vouliez ; tous les efforts de vos ennemis se concentraient sur moi ; il était donc inutile de vous en parler tout d’abord, mais au moins si je ne l’ai pas fait, ce n’est pas que j’ignorais que ces épreuves dussent arriver.

S. Augustin. (Tr. 94 sur S. Jean.) Selon les trois autres évangélistes, Notre-Seigneur fit cette prédiction avant la cène, taudis que saint Jean la place après la cène. Ne peut-on pas résoudre cette difficulté, en disant que les trois premiers évangélistes font observer que sa passion était proche, lorsqu’il fit ces prédictions ? Il ne les fit donc pas dès le commencement qu’il était avec eux. Cependant saint Matthieu rapporte que le Sauveur prédit ces événements, non-seulement aux approches de sa passion, mais encore dès le commencement. Comment donc expliquer ces paroles : « Je ne vous les ai pas dites dès le commencement, » etc., si ce n’est en faisant une exception pour les choses qu’il attribue ici à l’Esprit saint, et qu’il ne leur a pas fait connaître dès le commencement, par exemple qu’il devait leur être envoyé et rendre témoignage, lorsqu’ils seraient persécutés. En effet, il était alors au milieu d’eux, et sa présence seule était pour eux une véritable consolation. Mais lorsque le moment vint de les quitter, il devait leur annoncer la venue de l’Esprit saint, qui, en répandant dans leurs cœurs la charité de Dieu, leur donnerait le courage de prêcher hautement le Verbe de Dieu. — S. Chrys. (hom. 78 sur S. Jean.) Ou peut dire encore qu’il leur avait prédit les persécutions qu’ils devaient endurer, mais non pas que leur mort serait regardée comme une œuvre agréable à Dieu, ce qui devait être pour eux un sujet d’étonnement extraordinaire ; ou bien encore, il leur annonça dès le commencement, ce qu’ils devaient souffrir de la part des Gentils, et leur prédit ici les persécutions que leur préparaient les Juifs.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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