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Jn  11  54-86

Origène. (Traité 28.) Jésus ayant appris la résolution que les prêtres et les pharisiens avaient prise dans leur conseil de le mettre à mort, s’environna de plus de précautions, et ne se montra plus avec autant de confiance au milieu des Juifs. Il choisit pour retraite non une cité populeuse, mais une petite ville éloignée et située près du désert : « C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus en public parmi les Juifs, » etc. — S. Augustin. (Traité 19.) Ce n’est pas que sa puissance lui fit défaut, et il aurait très bien pu, s’il avait voulu, demeurer publiquement au milieu des Juifs, sans avoir rien à craindre, mais il voulut apprendre par son exemple à ses disciples, qu’il n’y a pour eux aucun péché à se dérober à la haine de leurs persécuteurs, et qu’il vaut mieux échapper en se cachant à leur fureur sacrilège, que de la rendre plus ardente en paraissant à leurs yeux. — Origène. Il est beau et louable pour confesser le nom de Jésus, de ne point rougir d’affronter le combat qui se présente, et de ne point refuser de souffrir la mort pour la défense de la vérité ; mais il n’est pas moins louable de ne point donner occasion à une si grande épreuve, non-seulement parce que nous ne pouvons pas prévoir l’issue d’un si grand combat, mais parce que nous devons éviter de donner aux impies et aux méchants les moyens augmenter leur impiété et leurs crimes ; car si celui qui devient pour un autre une occasion de péché, portera nécessairement la peine de ce péché, celui qui ne fuit point la persécution, lorsqu’il le peut, ne sera-t-il pas aussi responsable du crime de son persécuteur ? Et non-seulement le Seigneur se rendit dans cet endroit écarté, mais pour ôter tout motif à ses ennemis de le chercher, il y conduisit avec lui ses disciples : « Et il y demeurait avec ses disciples. » — S. Chrys. Combien les disciples durent être troublés en voyant leur divin Maître échapper au danger par des moyens humains, et comme forcé de chercher un refuge pour se dérober à la poursuite de ses ennemis ? Tous sont dans la joie et l’allégresse qui accompagnent les grandes solennités, eux, au contraire, se cachent exposés qu’ils sont à de grands dangers ; cependant ils persévèrent avec le Sauveur, suivant la parole qu’il leur avait dite : « C’est vous qui êtes demeurés avec moi au milieu de mes épreuves. »

Origène. Dans le sens anagogique, on peut dire que Jésus demeurait avec confiance au milieu des Juifs, alors que le Verbe divin habitait avec eux dans la personne des prophètes ; mais il s’en est retiré, et le Verbe de Dieu n’est plus avec les Juifs. Il se rendit dans une petite ville qui était près du désert et dont le prophète a dit : « Les enfants de la femme abandonnée (ou déserte) sont plus nombreux que les enfante de l’épouse. » Cette ville s’appelait Ephrem, qui veut dire fertilité ; or, Ephraïm fut le frère de Manassé, c’est-à-dire, du peuple ancien livré à l’oubli, car c’est après que ce peuple eut été livré à l’oubli et abandonné, que l’abondance sortit du milieu des nations. Notre-Seigneur quitte donc la Judée et vient dans la terre de tout l’univers, auprès de l’Eglise déserte et abandonnée, et dont le nom veut dire cité féconde, et il y demeure avec ses disciples.

S. Augustin. (Traité 50 sur S. Jean.) Celui qui était descendu du ciel pour souffrir, ne voulut pas s’éloigner du lieu de sa passion, parce que l’heure de sa mort approchait : « Or, la Pâque des Juifs était proche, » etc. Les Juifs n’avaient que l’ombre de la vraie Pâque, nous en avons la lumière ; le haut des portes des maisons juives était marqué du sang de l’agneau immolé, nos fronts sont marqués du sang de Jésus-Christ. Les Juifs ont voulu ensanglanter ce jour en répandant le sang du Seigneur, et l’Agneau qui a été immolé a consacré à jamais ce jour de fête par son sang. La loi faisait un précepte aux Juifs de se réunir pour cette fête à Jérusalem, de toutes les parties de la Judée, et de se sanctifier par la célébration de cette grande fête : « Un grand nombre de Juifs, dit l’Evangéliste, montèrent de la province à Jérusalem avant la Pâque, pour se purifier. » — Théophile. Ils se rendirent à Jérusalem avant la Pâque pour se purifier, parce que ceux qui s’étaient rendus coupables d’une faute volontaire ou involontaire ne célébraient point la Pâque avant de s’être purifiés, selon la coutume, par des bains, par des jeûnes, en se rasant les cheveux, et aussi en faisant les offrandes qui étaient commandées à cet effet. C’est donc pendant le temps qu’ils accomplissaient ces purifications légales qu’ils cherchent à tendre des pièges au Sauveur. « Ils cherchaient donc Jésus, et se disaient les uns aux autres : Que pensez-vous de ce qu’il n’est pas venu pour la fête ? » — S. Chrys. (hom. 65.) Ils lui tendent des embûches jusque dans cette fête de Pâque, et font de cette grande solennité un temps de meurtre et d’homicide. — Omet. Aussi l’Evangéliste ne dit pas : La Pâque du Seigneur, mais : « La Pâque des Juifs, » parce qu’ils dressaient des embûches au Seigneur dans cette fête. — Alcuin. Les Juifs cherchaient Jésus-Christ avec de mauvaises intentions ; pour nous, nous le cherchons en restant dans le temple à nous consoler, à nous exhorter mutuellement, et à demander qu’il se rende à notre jour de fête, et nous sanctifie par sa présence. — Théophile. S’il n’y avait que le peuple pour s’occuper de ce dessein sanguinaire, on pourrait dire que sa passion a été le résultat de l’ignorance, mais ce sont les pharisiens eux-mêmes qui donnent l’ordre de se saisir du sa personne : « Or, les pontifes et les pharisiens avaient donné ordre que si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin qu’ils le fissent prendre. » — Origène. Remarquez qu’ils ignoraient où il était ; car, nous avons dit qu’il avait quitté la ville de Jérusalem. Vous irez ajouter qu’en cherchant à tendre des pièges à Jésus, ils ne auvent où il est, et qu’ils donnent des commandements bien différents des commandements divins, en enseignant des maximes et des ordonnances tout humaines. — S. Augustin. Pour nous, indiquons aux Juifs où Jésus se trouve maintenant. Plaise à Dieu qu’ils veuillent nous entendre et se saisir de lui ! Qu’ils viennent dans l’Eglise, qu’ils apprennent où se trouve Jésus-Christ, et qu’ils s’emparent de sa personne.

Saint Thomas d’Aquin, Glose continue des Évangiles. La chaîne d’or, ouvrage rédigé de 1263 à 1264.
Trad. par l’abbé J.-M. Peronne, Librairie Louis Vivès, 1868.

 

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