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PREMIÈRE PARTIE : L’ORIGINE DE L’ISLAM EXPLIQUÉE AUX CHRÉTIENS
 
 
CHAPITRE 6

Bénir une religion de la guerre ?

« Dieu fut avec Ismaël, il grandit et demeura au désert,
et il devint un tireur d’arc. »[44]

La guerre sainte (Djihad)

Le fait de la guerre sainte

Djihad, la guerre sainte.

Les musulmans fidèles sont obligés de le reconnaître : « Nous avons reçu de répandre le Message de Mohamed dans le monde entier. L’un des moyens de l’apostolat est le Djihad. Le principe de la guerre sainte (ou Djihad) n’est pas l’invention récente d’une poignée d’extrémistes vivant en Afghanistan. Le principe de la guerre sainte est inhérent à l’islam, avant tout parce qu’il est inscrit dans le Livre par excellence de l’islam, le Coran. Mais surtout parce que la guerre sainte est juste. Nous montrerons comment il est possible, même à un non-musulman, de le comprendre. Mais attention, il ne s’agit pas de n’importe quelle guerre sainte. Le djihad n’est pas n’importe quoi. Tout n’y est pas permis, ce que sont loin de comprendre les extrémistes actuels. Il y a une spiritualité du djihad, un but à viser. »

Laissons parler un théologien musulman[45] : « On attribue généralement à la notion de Djihad un sens belliciste ; elle se traduit par guerre sainte, à savoir le recours aux armes dans le but de proposer la foi islamique et d’imposer une juste morale humaine. L’acception militaire du terme fait partie effectivement de la doctrine islamique comme d’ailleurs de celle des autres religions avec une nuance. Dans le christianisme, Jésus semble s’y opposer[46] :

« Rengaine ton glaive ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. »

Certes, au xe et XIe siècles, les croisades conduites par le christianisme avaient bien des motivations religieuses. La reconquête de l’Espagne ne se fit pas sans effusion de sang au nom de l’Église catholique à une époque où les institutions mises en place par l’islam respectaient les différents cultes et sauvegardaient les personnes et les biens des gens du Livre. Mais aucun texte du Nouveau Testament n’encourage à la guerre.[47] Au contraire, en islam, le Djihad[*] est sanctifié et encouragé explicitement par le Coran[*] et les Hadith[*], pas seulement de manière défensive. Sourate 9, 29 :

« Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés. »

Le Coran distingue quatre sens du mot djihad. Un catéchisme musulman officiel, édité par la Grande Mosquée de Paris[48], les définit de manière très claire :

1. Le Djihad contre les non croyants (mécréants) et les belligérants par la force, les biens, la langue et le cœur. Le Prophète dit : « Combattez les polythéistes en vous servant de vos biens, de vos personnes et de votre langue. » (Ahmed, Abou Daoud et Nassa’i)

2. Le Djihad contre les pécheurs musulmans. Il en est de même de la lutte contre les pervers, par la main, la parole et le cœur. Le Prophète dit : « Quiconque constate un fait répréhensible doit le corriger en recourant à la force. S’il en est incapable, qu’il intervienne par la parole. S’il en est encore incapable, qu’il le réprouve en son for intérieur. Le dernier stade est le plus faible de la foi. » (Moslim)

3. Le Djihad contre Satan en repoussant ses insinuations perfides et les passions qu’il pare à nos yeux. Dieu dit : « Que Satan vous subornant, ne vous leurre pas au sujet de Dieu. » (31, Loqman. 93) « Satan est votre ennemi juré, traitez-le comme tel » (35, Les Anges. 4)

4. Le Djihad contre soi-même consiste à s’astreindre à approfondir ses connaissances religieuses, à les mettre en pratique, à les transmettre, à combattre ses abus et à les éviter. La lutte contre soi-même est l’ultime Djihad et c’est ainsi qu’on l’appelle.

Le mérite du Djihad et de la mort en martyr pour la Cause de Dieu est exprimé en termes nets dans le Coran et dans les Hadith authentiques du Prophète qui font du Djihad l’œuvre la plus méritoire et l’acte le plus distingué de la dévotion. Dieu dit :

« Dieu a acheté aux croyants leur vie et leurs biens. En échange, Il leur a accordé le Paradis, en foi de quoi ils se battront pour Sa Cause : Ils tueront et se feront tuer. Une promesse solennelle leur a été faite par Dieu, dont la Thora[49], l’Évangile et le Coran se portent témoins. Quel autre que Dieu ferait plus honneur à Sa promesse ? Réjouissez-vous, croyants, de votre engagement. C’est le comble du succès. »[50]

À propos des martyrs tombés pour Sa Cause, Dieu dit :

« Ne crois surtout pas que ceux qui sont tombés pour la Cause de Dieu soient morts. Ils sont bien en vie auprès de Leur Seigneur, recevant de Lui leur substance, heureux de tant de bienfaits reçus de Dieu. »[51]

Les trois interprétations actuelles de la guerre sainte

Les Docteurs de l’islam, surtout depuis qu’ils se sont installés dans les démocraties occidentales, ressentent une certaine gêne dans leur interprétation de la guerre sainte. Selon qu’on se rend dans telle ou telle mosquée, on entend trois interprétations du djihad.

 

Djihad, la guerre sainte.

S’agit-il d’abord d’une guerre des idées ?

Le Docteur Tahar Gaïd[52] s’oppose à toute conception agressive du Djihad. Il affirme que la guerre est uniquement autorisée quand il s’agit de se défendre d’une agression préexistante. Selon lui, le djihad militaire est une guerre moins importante que la guerre qu’on mène contre ses péchés. Il cite pour prouver ses dires un Hadith du prophète Mohamed :

« La définition du véritable Djihad est donnée par le Prophète lui-même qui, au retour d’une bataille, a dit : “Nous sommes revenus de la petite guerre sainte à la grande guerre sainte”, c’est-à-dire, précise-t-il à ses Compagnons : “la guerre contre l’âme”, tant il est vrai qu’en chaque croyant sommeillent des germes d’infidélité. »

Le Djihad serait donc d’abord un effort raisonné exercé sur soi-même. Le bien et le mal s’opposent en nous perpétuellement. Il est demandé de combattre les mauvais penchants, de respecter les prescriptions Coraniques pour réaliser son unité personnelle. Ce n’est qu’en second lieu qu’il sortirait, au sein de la société, un ordre social où règnent la justice et la liberté individuelle et collective. Cette tâche ne se concrétise que grâce à un effort continuel afin de valoriser ses connaissances et d’élever le niveau culturel et moral de la communauté musulmane.

Malheureusement, ce Hadith ne semble pas authentique. Il apparaît pour la première fois au XIe siècle, sous l’influence des courants mystiques. Un Musulman fidèle ne peut souscrire à cette conception du djihad.

S’agit-il au contraire d’une guerre militaire totale, sans limite ni règle autre que le bon plaisir du Calife, telle que la voient les Wahhabites ?

Eux aussi prétendent s’appuyer sur des textes du Coran. Mais ils se gardent bien de citer les sourates dans leur ensemble, de les confronter à l’ensemble des textes. Ils interprètent comme cela les arrange. Ils lisent : « Tuez les polythéistes, partout ou vous les trouverez », et ils oublient les autres passages qui obligent le combattant musulman à l’honneur, au respect de la vie des civils, etc. Ces gens ne méritent pas d’être décrits davantage. Le sang des enfants égorgés, des jeunes filles Musulmanes enlevées et violées sous prétexte de butin de guerre, crie contre eux. Ils sont le déshonneur de Dieu. Leur Dieu est le démon. Ils se font juge de la vérité, prétendent la posséder et exécutent tous ceux qui discutent leur prétention.

Il s’agit d’une guerre, certes militaire, mais soumise à des règles

Le Djihad au sens strict du mot tend à proscrire toute autre adoration que celle de Dieu, l’unique, à se dresser contre la violence et le mal, à sauvegarder la vie, les biens et l’équité, à généraliser le bien et à répandre la vertu. Dieu dit :

« Combattez-les afin que plus aucun croyant ne soit tenté d’abjurer et que le culte tout entier soit rendu à Dieu.»[53]

Mais cette guerre ne se pratique pas n’importe comment. Le djihad est soumis à des règles venant de Dieu :

1. En conséquence, en premier lieu, aucune guerre sainte n’est légitime si elle n’est pas commandée par l’autorité du calife légitime.

2. Ensuite, le combat ne se fait pas n’importe comment. Il ne ressemble en rien aux guerres barbares et sans limites qui caractérisent la colère humaine. Il est précédé par un avertissement chevaleresque :

a) Avant l’engagement, il faut convier l’ennemi à la conversion à l’islam. Cette première étape se fait par la discussion, l’exposition de la foi musulmane.

b) S’il refuse, on lui propose une seconde solution : il lui est possible de se soumettre aux codes des lois civiles Musulmanes et de payer un tribut, sans qu’il ait besoin de devenir musulman.

c) S’il le refuse encore, on recourt alors aux armes. On lui impose par la force les lois civiles et morales justes, tout en le laissant libre de garder sa propre conviction religieuse.

Il n’y a pas de pillage individuel dans l’islam. Les prises de guerre sont certes récupérées sur les champs de bataille mais elles sont utilisées pour le bien de l’oumma[*] toute entière. Il ne faut rien soustraire du bien conquis, ni tuer une femme, ni un enfant, ni un vieillard non impliqués dans la guerre. S’ils y ont participé, ils auront le même sort que les guerriers (libérés, soumis à l’esclavage ou exécutés selon les cas).

Le Prophète disait aux chefs de ses troupes :

« Partez, au nom de Dieu, par Sa Puissance et selon la Sunna de Son Prophète. Ne tuez ni vieillards hors d’âge, ni enfants, ni bébés, ni femmes. Ne fraudez pas sur le butin conquis, rassemblez le et dirigez vos affaires au mieux. Dieu aime ceux qui s’appliquent à bien faire. » (Abou Daoud)

On pourrait multiplier les avertissements du Prophète sur la manière de faire la guerre. Il encourageait la ruse et l’intelligence au combat mais jamais la trahison. Il ne faut jamais trahir, disait-il, l’engagement donné par un Musulman à un infidèle de sauvegarder sa vie. Le Prophète dit :

« Jamais vous ne trahissez ! » (Moslim) Il dit aussi : « Une enseigne sera érigée le Jour de la Résurrection pour tout traître. Il sera annoncé : « C’est la trahison d’un tel, fils d’un tel. » (Boukhari et Moslim)

Il est interdit de détruire l’ennemi par le feu. Le Prophète dit :

« Si jamais vous trouvez un tel, tuez-le, mais ne le brûlez pas. Le créateur du feu a seul le droit d’infliger ce supplice. » (Boukhari)

Il ne faut jamais mutiler les morts. Le Prophète, dit Omran Ben Hoçéine, nous exhortait à faire de l’aumône et nous interdisait la mutilation. « Les gens de la foi, dit le Prophète, sont les plus humains quant à la façon de tuer. » (Abou Daoud)

3. Enfin, et c’est le plus important, le but du djihad n’est pas de convertir de force à la religion. La foi ne s’impose jamais. Elle est affaire de conscience et de don de Dieu. Il ne s’agit pas d’abord de s’enrichir ou de capturer des esclaves. Il s’agit de tout autre chose. Deux buts sont visés :

I – Proposer la vérité de la révélation de Mohamed.

II – Répandre et imposer la droiture et la justice morales et civiles dans des nations soumises à la perversion, à l’injustice, au meurtre. Il s’agit de guerres de libération vis-à-vis de lois iniques qui bafouent les droits élémentaires de Dieu et des hommes. Elle les oblige simplement à adopter la règle des lois civiles et morales Musulmanes. Il s’agit essentiellement des sept commandements moraux de Moïse.[54] Cette distinction entre foi et morale humaine des sept commandements est essentielle pour comprendre ce que vise le djihad musulman. En soumettant des peuples pervers, elle leur propose certes d’adhérer à l’islam (donc aux trois commandements religieux de Moïse[55]), mais elle ne le leur impose pas. Elle leur interdit par contre, de manière stricte et selon les cas, les sacrifices humains, le meurtre des enfants, l’avortement, l’euthanasie, les manipulations du génome humain, bref toutes ces formes d’injustice que les nations païennes appellent le bien mais dont les victimes sont les plus innocentes des êtres.

Qui peut nier que Mohamed délivra les nations arabes païennes de leurs coutumes d’immoler les petites filles aux idoles ? Qui peut nier que les nations africaines, lorsqu’elles furent délivrées du cannibalisme par le djihad, furent sauvées et civilisées ?

Les trois interprétations du djihad ; un débat redoutable dans l’islam

Djihad, la guerre sainte.

La vraie guerre sainte est militaire. Les musulmans doivent bien l’accepter, sous peine de changer le Coran et les Hadith. Leur enseignement est très net. Les paroles et les actes de Mohamed forment une vision unifiée du djihad. Il ne devient que par extension et grâce à l’apport des docteurs spirituels du IVe siècle de l’islam, cette forme de guerre spirituelle que désirait le prophète contre le démon et soi-même. Leur théologie est, pour la plupart des musulmans, très saine et excellente car le djihad militaire ne sera admiré des peuples que s’il est pratiqué par des hommes justes.

Les Européens se souviennent encore avec admiration du sens de l’honneur, de la miséricorde et de la piété de Saladin qui, loin d’exécuter les prisonniers croisés, les rendait souvent sans exiger rançon, en échange de leur promesse de quitter le pays. Son attitude a fait plus de bien à l’islam et aux croisés eux-mêmes qu’une intransigeance barbare et inutile. Le djihad vrai n’a jamais été, au grand jamais, cette guerre barbare des islamistes Wahhabites, ces fléaux de notre siècle.

Nous touchons ici au cœur du débat en islam. Trois conceptions s’opposent. À cause de la lettre des textes et de l’absence chez eux d’une autorité dogmatique unique et capable de s’imposer à tous les musulmans, ce débat ne sera jamais réglé. Les conséquences, nous le verrons, sont graves.

Ce qui est certain pour notre sujet, c’est que l’islam n’est pas, de par sa fondation, une religion de tolérance pour le péché. Face aux horreurs de la perversion des mœurs, le Coran parle de la guerre et en fait un devoir. Mais elle n’est pas une religion du massacre des créatures de Dieu.

 

44. Genèse 17, 20. [↩]

45. Voir par exemple le Dictionnaire élémentaire de l’islam, par Tahar Gaïd, où la guerre sainte est relativisée à un rôle défensif. [↩]

46. Matthieu 26, 52. [↩]

47. Ce qui n’est pas le cas de l’Ancien Testament, totalement reconnu par les chrétiens. [↩]

48. La Voie du musulman de Aboubaker Djaber Eldjazaïri (Aslim éditions, 1986, France). Rien de tel qu’un tel texte doté de l’imprimatur des plus hautes autorités de l’islam sunnite pour comprendre le sujet. Les références du Coran ou des Hadith (paroles du prophètes) sont indiquées. [↩]

49. Les cinq premiers livres de la Bible hébraïque. [↩]

50. Coran 9, Le Repentir 11. [↩]

51. Coran 3, Famille d’Omran, 169. [↩]

52. Dictionnaire élémentaire de l’islam, par Tahar Gaïd. [↩]

53. Coran 8, Le Butin 39. [↩]

54. Ne pas tuer, voler, commettre l’adultère, mentir, etc. [↩]

55. Adorer un seul Dieu, ne pas faire d’image de lui, ne pas le blasphémer. [↩]

Arnaud Dumouch, Le mystère de l’islam : prophéties de la Bible et du Coran, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2008.

 

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