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PREMIÈRE PARTIE : L’ORIGINE DE L’ISLAM EXPLIQUÉE AUX CHRÉTIENS
 
 
CHAPITRE 5

Théologie chrétienne
Dieu peut-il bénir une hérésie ?

L’islam ne peut avoir été dicté par Dieu…

Nous l’avons montré, l’islam enseigne des dogmes contradictoires avec la foi chrétienne ; ce qui a rapport avec la vie surnaturelle est nié : la Trinité, l’Incarnation du Verbe, sa Passion, sa Résurrection et l’élévation de l’homme à l’amitié avec Dieu. Selon beaucoup d’auteurs musulmans, Le paradis est réduit à un bonheur humain et la vision de Dieu face à face est impossible chez beaucoup d’auteurs musulmans.

En ce sens, on peut dire que cette religion consiste en une dégradation grave des promesses du Christ. D’ami, elle réduit l’homme à être serviteur de Dieu.

…mais il a été béni de Dieu

En effet, une religion ne peut subsister 1423 ans et connaître un tel succès si elle n’en reçoit pas de Dieu l’autorisation. Quand je dis que Dieu bénit[*] telle ou telle communauté humaine, cela signifie qu’il la laisse se multiplier. Il lui donne du pouvoir, de la réussite. Jésus l’affirme à Pilate lorsqu’il se vantait de son pouvoir sur lui :

« Tu ne me parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher et que j’ai pouvoir de te crucifier ? Jésus lui répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne t’avait été donné d’en haut. »[36]

Pourquoi ?

Il est nécessaire de revenir à ce qui transparaît dans l’Évangile et qui semble être une des bases de la Révélation du Christ pour répondre à cette question de manière chrétienne.

Dieu préfère-t-il la vérité ou l’humilité ?

Il arrive que, dans son obstination, l’homme contraigne Dieu à choisir entre deux termes qui devraient être normalement unis. Dès le début du christianisme, saint Jean Chrysostome l’affirmait :

« Donnez-moi deux attelages pour une course de chars. Que les chevaux du premier s’appellent Vérité (christianisme) et Orgueil, ceux du second s’appellent Hérésie et Humilité. Et bien vous verrez le second attelage remporter la victoire, non à cause de l’erreur mais à cause de la force du cheval Humilité. »

Il importe moins pour Dieu qu’un homme soit chrétien si, parallèlement, il se conduit comme un égoïste ou avec la morgue d’un pharisien. C’est, semble-t-il, l’explication de la bénédiction de l’islam par Dieu.[37]

Une seule chose importe à Dieu in fine : sauver tous les hommes, façonner leur cœur dans la plus grande disposition à son mystère. Ces qualités se résument à deux : humilité et amour. Il lui importe peu la survie de l’Afrique du Nord ou de l’Egypte chrétienne si leur christianisme devient objet de perdition pour leurs peuples.

Dieu peut parfois autoriser – c’est-à-dire, selon l’expression biblique, bénir – ce qui apparaît à un regard superficiel comme un désastre, à cause d’un bien plus profond qu’il en fait sortir et qui est lié au salut éternel des hommes.[38]

Toute l’histoire biblique donne des exemples de ce comportement. Dieu semble se faire ennemi des projets de l’homme, à chaque fois qu’il y discerne l’orgueil et le désir de puissance.

Le premier exemple biblique est donné par l’épisode de la tour de Babel :

La confusion des langues, Genèse 11, 1-9, gravure de Gustave Doré

« Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée et ils s’y établirent. Ils dirent : “Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre !” Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit : “Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres.” Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre. »[39]

On pourrait croire que ce texte est périmé, qu’il ne s’applique plus à l’humanité. C’est l’erreur que firent les juifs à l’époque de Salomon. Dieu donna à ce roi une puissance et une unité populaire jamais observée. Alors, comme il est naturel dans ce cas, Salomon s’enorgueillit, prit un nombre incroyable de femmes, imposa à son peuple des corvées. Yahvé dit à Salomon :

« Parce que tu t’es comporté ainsi et que tu n’as pas observé mon alliance et les prescriptions que je t’avais faites, je vais sûrement t’arracher le royaume et le donner à l’un de tes serviteurs. Seulement je ne ferai pas cela durant ta vie, en considération de ton père David ; c’est de la main de ton fils que je l’arracherai. Encore ne lui arracherai-je pas tout le royaume : je laisserai une tribu à ton fils, en considération de mon serviteur David et de Jérusalem que j’ai choisie. »[40]

De même, l’Église catholique d’Occident subit une telle humiliation au XVIe siècle. Devant les excès des papes soucieux de construire de grands temples pour Dieu (et pour que leur nom demeure), des voix s’élevaient et protestaient. De grands saints, poussés par l’Esprit de Dieu, sentaient l’approche du malheur et réclamaient une réforme de l’Église. Mais la décadence était profonde. En 1514, le Dominicain Tetzel avait entrepris de persuader les fidèles que le salut s’opère aisément par les œuvres. II proposait les passeports pour franchir l’océan en furie, et arriver tout droit au paradis. Il utilisait volontiers le dicton : « Sitôt l’argent tinte dans la cassette, sitôt l’âme en faveur de qui l’on donne saute hors du purgatoire. »

Le Ciel voyait arriver à l’heure de la mort des hommes bardés de sacrements et d’indulgences, assurés ainsi de leur salut alors que leur cœur ne se souciait que d’eux-mêmes.

Le mal était si profond et si dangereux pour le salut de ceux qu’il aimait que Dieu agit. En Allemagne, il trouva un jeune moine augustin, prêtre depuis peu de temps (1507). Son nom était Martin Luther. Angoissé par le salut à la vue de ses propres péchés, il lisait, méditait, cherchait une règle capable de rendre un homme certain de son salut.

Dans saint Paul, il lut que l’homme sera sauvé par sa foi, c’est-à-dire par sa confiance en Dieu. Ce fut pour lui un baume de réconfort. Il s’opposa à partir de ce jour aux prédicateurs vendant des indulgences. Poussant plus loin l’intuition de Luther, Calvin élabora une théorie selon laquelle ceux qui meurent sans avoir cette confiance en Dieu sont à coup sûrs damnés, non de par leur faute mais par un choix mystérieux de Dieu qui ne leur a pas communiqué sa grâce. Cette thèse excessive est une hérésie, au sens fort du mot. Pour comprendre pourquoi Dieu bénit après coup cette Réforme, lui permettant de s’étendre dans près de la moitié du catholicisme, il faut se rappeler la très belle remarque de saint Jean Chrysostome, citée plus haut : « le cheval Humilité… » C’est ainsi que pense Dieu. Que sert à l’homme d’avoir la plénitude de la Révélation s’il s’en sert mal ? S’il y a une hérésie dans la Réforme, il existe aussi des richesses immenses en oraison, lecture de la Bible, liberté des enfants de Dieu. Mais Dieu, en divisant l’Église d’Occident de l’intérieur fit sortir du bien[41], obligeant le catholicisme à se réformer d’urgence, laissant le protestantisme dans la pauvreté de ses propres divisions, suscitant par les compétitions entre ces confessions un zèle nouveau pour Dieu. C’est pour ce bien-là et surtout pour l’humilité que suscite l’humiliation que Dieu veut[42] parfois la division.[43]

Il en fut de même pour la naissance de l’islam. Je le montrerai plus loin.

 

36. Jean 19, 10. [↩]

37. Voir deuxième partie, chapitre 1. Ce mystère y est expliqué dans ses causes et ses effets, dont le plus mystérieux est le mal permis sur la terre. [↩]

38. Finalement, toutes les erreurs possibles, les pires des idéologies sont pour un temps donné « bénies ». Elles reçoivent un temps de réussite terrestre. Dieu sait se servir de leur victoire puis de leur écroulement pour en tirer un bien plus grand. Il sauve les victimes. Il les récupère de l’autre côté de la vie et beaucoup d’entre eux ont compris jusqu’à la misère la stupidité de l’orgueil humain. [↩]

39. Genèse 11, 3-8. [↩]

40. 1 Rois 11, 12, 20. [↩]

41. cf. Genèse 50, 20. [↩]

42. Il fait plus que permettre la division. L’unité d’une Église est pour lui un mal si elle conduit à l’orgueil et à la damnation. [↩]

43. Parce qu’il vaut mieux une Église divisée qu’une Église orgueilleuse, il se peut que l’unité des chrétiens (tant désirée depuis quelques années par le courant de l’œcuménisme) ne se fasse que dans l’humiliation extrême vécue au temps de l’Antéchrist ou encore au moment du retour glorieux du Christ. [↩]

Arnaud Dumouch, Le mystère de l’islam : prophéties de la Bible et du Coran, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2008.

 

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