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PREMIÈRE PARTIE : L’ORIGINE DE L’ISLAM EXPLIQUÉE AUX CHRÉTIENS
 
 
CHAPITRE 4

L’islam fut l’invention de Mohamed

L’origine purement humaine de l’islam[25] n’est pas démontrable au sens strict du terme, comme d’ailleurs son origine divine. Quelques signes peuvent cependant l’indiquer.

Un signe de théologie judéo-chrétienne

Les musulmans l’ont reconnu : jamais Mohamed n’obtint de Dieu un quelconque miracle pour confirmer l’origine divine de ses dires. On lui en demanda souvent :

« Les incrédules disent : Est-ce que par hasard Dieu ne lui [Mohamed] aurait donné aucun pouvoir pour faire des miracles ? Tu n’es donc qu’un donneur d’avis… » Coran[*] 13, 7. « Ils disent : à moins qu’il n’y ait des miracles qui lui soient envoyés de la part de son Seigneur, nous ne croirons pas. Réponds-leur : les signes (miracles) sont chez Dieu, et moi, je ne suis qu’un apôtre chargé d’avertir. Ne leur suffit-il pas que nous t’ayons envoyé le livre dont tu leur récites les versets ? »[26]

Page du Coran en script maghribi datant du XIIIe ou XIVe siècle.
Page du Coran en script maghribi
(XIIIe s.)

Les musulmans voient dans la poésie du Coran la preuve suprême de sa révélation puisque Mohamed était illettré. Le Coran est le miracle de Dieu. Il y a certes un prodige, une certaine beauté poétique. Mais peut-on parler de miracle dans un peuple habitué à la tradition orale et qui se réunissait pour la veillée autours de conteurs ?

L’absence de miracle pose un problème théologique. Il est légitime que Dieu justifie sa parole par un signe indubitable venant de lui. Jésus ni aucun des prophètes anciens n’ont refusé de donner ce genre de signe sans quoi n’importe qui pourrait s’affirmer prophète de Dieu. Le propre des sectes d’origine humaine n’est-il pas de demander une foi sans restriction envers un homme qui se dit envoyé de Dieu, sans jamais le prouver ? Jésus fit des miracles. Il tint à prouver ses dires, car il pensait, sans illusion sur la réaction de foi des hommes, que cela était nécessaire. Vers la fin de sa vie, il donna aux responsables juifs d’être témoin d’un miracle d’origine nécessairement divine. Tout théologien du monothéisme le sait, nul autre que Dieu, pas même un ange, ne peut ressusciter un mort qui « sent déjà ».[27]

On reprocha souvent à Mohamed d’inventer lui-même ses sourates puisqu’elles tombaient du ciel comme cela, sans preuve. Lui les dictait à ses proches. Parfois, elles variaient selon les circonstances. Ainsi, l’autorisation de n’avoir que quatre épouses fut transformée spécialement pour lui en davantage, « compte tenu de la présence de veuves de guerre ». De même, le vin fut d’abord autorisé. Mohamed se ravisa, voyant les effets de l’alcool sur des proches.

Hadith Sahih Bukhari, page couverture.
Hadith Sahih Bukhari
(page couverture)

Les Hadith[*] reconnaissent cette ambigüité du Coran. Il fut révélé de sept manières différentes.

Omar-ben-El-Khattâb disait : « J’ai entendu Hîcham réciter la sourate d’El-Forqân autrement qu’on ne la récitait d’ordinaire. Or l’Envoyé de Dieu me l’avait fait réciter lui-même. Je fus sur le point de me précipiter immédiatement sur Hîcham… Je le traînai devant l’Envoyé de Dieu et dis à ce dernier : Je viens d’entendre cet homme réciter le Coran autrement que tu me l’as fait réciter toi-même. Lâche-le, me dit le Prophète ; et il dit à Hîcham de réciter. Celui-ci récita. C’est ainsi qu’a été révélée cette sourate, ajouta le Prophète. S’adressant alors à moi, il me dit de réciter. Je récitai. C’est bien ainsi que cette sourate a été révélée, ajouta-t-il encore. Le Coran a été révélé de sept manières. »[28]

Anas-ben-Malik rapporte que « Hodzaïfa fut effrayé de la diversité que les musulmans apportaient dans la récitation du Coran… “Otsman, arrête les musulmans avant qu’ils ne soient, sur leur Livre, dans un désaccord pareil à celui des juifs et des chrétiens…” Ils décidèrent de faire un recueil du Coran… Quand les copies furent achevées, Otsman rendit les feuillets à Hafsa et il envoya de tous cotés des exemplaires qu’il avait fait exécuter, ordonnant de brûler tout feuillet ou exemplaire complet qui contiendrait autre chose que le Coran qu’il venait de faire exécuter… »[29]

Tout cela paraît bien humain et peu conciliable avec une dictée mot à mot, à moins que l’on entende ce mot à mot avec souplesse. À cela, les théologiens musulmans ont des réponses, intéressantes, distinguant la lettre de l’esprit. Mais elles ont du mal à justifier la revendication d’une différence avec les modes de révélation des autres religions monothéistes… Tout cela ressemble plus à de l’inspiration qu’à de la dictée.

Un signe exégétique

Le second signe de l’origine humaine du Coran et des Hadith peut être déduite d’une étude précise des contenus. Visiblement, on a affaire à la compilation de données anciennes auxquelles a eu accès Mohamed dans son milieu et au cours de ses voyages. Ibn Warraq écrit : « Les plus importantes étapes de l’histoire de l’islam furent caractérisées par l’assimilation d’influences étrangères […] Mohamed, son fondateur, ne proclamait pas d’idées nouvelles. Il n’enrichissait pas les conceptions antérieures sur les relations entre l’homme et le transcendantal ou l’infini […] Le message du prophète arabe fut une composition éclectique d’idées religieuses et de règles. Ces idées lui furent inspirées par des contacts avec des juifs, des chrétiens, et d’autres encore qui l’avaient profondément impressionné. »[30]

La nature éclectique et hétérogène de l’islam est connue depuis longtemps et reconnue par l’islam. « L’islam n’est ni plus ni moins que du judaïsme, plus la nature apostolique de Mohamed ».[31] Mohamed n’était pas un penseur original. Il n’a pas découvert de nouvelles règles d’éthique ; il s’est simplement contenté de puiser dans le milieu culturel ambiant. Mohamed savait que l’islam n’était pas une religion nouvelle et que les révélations contenues dans le Coran ne faisaient que confirmer des Écritures Saintes qui existaient depuis des millénaires. Il a toujours proclamé l’affiliation de l’islam aux autres grandes religions judéo-chrétiennes.

Des commentateurs musulmans tel qu’Al-Sharestani ont reconnu que le Prophète avait fait davantage. Il avait incorporé dans l’islam des croyances et des rites païens de son milieu arabe, en particulier dans les cérémonies du grand pèlerinage. D’autres influences sont visibles : Mazdéisme (ou zoroastrisme) et, plus grave, animisme et superstitions arabes. La Bible est liée au même phénomène d’inculturation. Mais le Coran seul se prétend indépendant de tout cela, car dicté mot à mot d’en haut…

Conclusion : dictée de l’ange ?

On ne peut évidemment pas reprocher à Mohamed d’avoir islamisé les mœurs, les rites et les croyances païennes de son temps. Il s’agit plutôt d’une preuve d’intelligence. Il a purifié tout cela et l’a transformé en un véritable monothéisme. Mais ce procédé ne conduit pas à pencher en faveur d’une révélation dictée mot à mot par Dieu. Visiblement, s’il y a révélation, une grande liberté est laissée à sa culture personnelle. Les juifs et les chrétiens semblent plus honnêtes lorsqu’ils reconnaissent que leurs auteurs sacrés n’ont pas reçu de dictée mais seulement une inspiration, leur sensibilité faisant une grande part du travail.

Les musulmans croient fermement que leur foi vient directement du ciel, que Dieu lui-même, par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, a donné le Coran à Mohamed. Ils considèrent que le Coran est éternel, écrit au ciel, reposant comme il est, là, sur la Table gardée.[32] Il s’agit même du dogme fondateur de leur foi, de leur théologie. Ce qui distingue le Coran de la Bible ou des Évangiles dans ce cas là – l’expression précise est l’Évangile ! – c’est justement qu’il est exempt d’ajouts et d’erreurs. C’est pourquoi Salman Rushdie, en affirmant que certains versets étaient dictés par Satan[33], commit le blasphème suprême et ruina la base de la foi. « J’informe le fier peuple musulman du monde entier que l’auteur du livre Les Versets sataniques, qui est contraire à l’islam, au Prophète et au Coran, ainsi que tout ceux impliqués dans sa publication et qui connaissaient son contenu sont condamnés à mort […] J’appelle tout musulman zélé à les exécuter rapidement, où qu’ils soient […] Tout musulman qui serait tué dans cette voie sera considéré comme un martyr. » Par ces mots, l’Ayatollah Khomeiny proclame le 14 février 1989, sur les ondes de Radio Téhéran, la fatwa[*][34] qui condamne Rushdie à mort.

Les motivations de sa sentence de mort, bien que n’ayant pas été précisées par l’ayatollah Khomeiny, sont évidentes pour tout musulman. En effet, affirmer qu’une erreur ait pu se glisser dans le Coran est pour un Musulman un blasphème, une insulte au texte sacré qui ruine la spécificité de sa religion face au judaïsme et au christianisme. Au-delà de cette polémique sur Satan, les musulmans craignent par-dessus tout que soit prouvée l’influence d’une source humaine terrestre dans l’origine du Coran. Ils n’ont pas tort. L’épreuve de l’exégèse moderne qui a tellement ébranlé le judaïsme et le christianisme, ne manquera pas d’atteindre l’islam, tôt ou tard. Mais ce sera plus violent, car l’islam, étant dicté et non inspiré, ne peut ployer tel le jonc. Tel le chêne, il tiendra ou cassera.[35]

 

25. Ce qui n’empêche en aucune façon, nous allons le montrer au cours de cet ouvrage, que Dieu a pu inspirer à Mohamed d’étonnantes vérités. [↩]

26. Coran 29, 50. [↩]

27. Jean 11, 39. [↩]

28. Hadith 44, 4 (Point 3). [↩]

29. Hadith 66, 3 (Point 2). [↩]

30. Ce chapitre reprend l’essentiel du livre : Pourquoi je ne suis pas musulman, Ibn Warraq, L’Age d’Homme, 1999. [↩]

31. S.M. Zwemer. [↩]

32. Sourates 85, 21 ; 6, 19 ; 97. [↩]

33. Les versets sataniques : « Aux sources du conflit », André Chouraqui : Liminaire au Coran, Paris, 1990 : « Les attaques de Satan contre le Prophète visent (…) les versets 18, 19 et 20 de la sourate 53 du Coran : « 18. Ainsi a-t-il contemplé le plus grand des Signes de son Maître. 19. Avez-vous vu al-Lât et al-’Uzza. 20. et Manât, la troisième, l’autre ? » Cette contemplation, cette vision, n’est pas innocente puisque Al-Lât, Al-Uzza et Manât sont les filles d’Allah, les principales déesses de l’Arabie anté-islamique ; elles avaient leurs statues dans la Kaaba[*] et dans d’autres sanctuaires. De plus, ce passage du Coran aurait été expurgé de deux versets d’obédience polythéiste : « Elles sont des déesses sublimes dont l’intercession est à implorer. » Au moment où Mohamed les aurait prononcés, tous ses auditeurs, y compris les musulmans, se seraient prosternés. Mais l’Ange Gabriel aurait révélé que les versets incriminés venaient non d’Allah, mais de Satan. L’islam orthodoxe ne nie aucune véracité à cette affaire, inspirée, à ses yeux, par Satan. Les adversaires de l’islam la gonflent démesurément, tandis que les orientalistes sont partagés sur son authenticité. Certains d’entre eux, Burton par exemple, soutiennent qu’elle aurait été inventée par des juristes qui s’appuyaient sur la 22e sourate, verset 52 (mais Allah annule ce qu’attaque Satan, Allah confirme alors ses Signes) pour preuve de leur théorie de l’abrogation possible de textes antérieurement révélés. Voilà en quoi se résume l’affaire des « versets sataniques » qui a fait couler vainement tant d’encre, jusque de nos jours (…) » [↩]

34. Fatwa : Réponse juridique d’un Mufti (dignitaire religieux) à une consultation. Lorsque les textes musulmans restent muets sur tel ou tel problème, le Mufti peut rendre une décision juridique basée sur une interprétation personnelle des écrits religieux. [↩]

35. Voir la deuxième partie, les deux faiblesses eschatologiques de l’islam. [↩]

Arnaud Dumouch, Le mystère de l’islam : prophéties de la Bible et du Coran, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2008.

 

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