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PREMIÈRE PARTIE : L’ORIGINE DE L’ISLAM EXPLIQUÉE AUX CHRÉTIENS
 
 
CHAPITRE 3

Dieu bénit deux fils d’Abraham

À propos de l’origine de l’islam, il est très difficile d’être absolument concluant, car l’Écriture Sainte et le Magistère de l’Église ne donnent pas d’enseignements définitifs.

Depuis le concile Vatican II, l’Église appelle simplement à un regard de respect. Elle distingue la marque du Nom de Dieu, non seulement dans l’islam, mais aussi dans les autres traditions religieuses qu’elle cite. Elle a reconnu la riche valeur de la foi et de la morale musulmane. « Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. »[13]

Ce respect de l’Église est important. Il montre qu’il n’est plus possible de considérer l’islam ou les autres religions comme de simples « antichristianismes » venus du démon.

Une telle position ne nourrit que le cœur. Elle ne peut suffire à une intelligence croyante.

D’où vient l’islam ?

Il faut s’efforcer pour répondre de voir s’il existe des prophéties bibliques à son propos et si elle s’y reconnaît.

Or, il est remarquable de constater que la première référence des musulmans est le patriarche Abraham et ils désirent se soumettre à Dieu comme lui-même s’est soumis. Ils se disent fils d’Abraham par son fils Ismaël. C’est donc du côté des promesses faites à Abraham qu’il faut chercher.

La lettre des Écritures est alors surprenante. On y apprend effectivement qu’Abraham a eu deux fils, et non un seul et que ces fils reçurent tous deux une promesse de bénédiction de Dieu. Il convient de rappeler ici l’histoire, en la prenant à sa source même.

La grande tristesse d’Abraham, ce pasteur sémite, était de ne jamais avoir eu d’enfant :

« La parole de Yahvé fut adressée à Abram[14], dans une vision : “Ne crains pas, Abram ! Je suis ton bouclier, ta récompense sera très grande.” Abram répondit : “Mon Seigneur Yahvé, que me donnerais-tu ? Je m’en vais sans enfant…” Alors cette parole de Yahvé lui fut adressée : “Ce n’est pas un serviteur qui sera ton héritier, mais bien quelqu’un issu de ton sang.” Il le conduisit dehors et dit : “Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer”, et il lui dit : “Telle sera ta postérité.” Abram crut en Yahvé, qui le lui compta comme justice. »[15]

Ismaël, figure allégorique de l’islam

Quelques mois après, la promesse tardait à se réaliser. Sarah, épouse d’Abraham, s’impatienta et lui dit, dans son bon sens :

Expulsion d’Agar et d’Ismaël par Abraham, gravure de Friedrich August Ludy d’arès un tableau de Johann Friedrich Overbeck, Harvard Art Museums, Cambridge.
Ismaël et Agar

« “Vois, je te prie : Yahvé n’a pas permis que j’enfante. Va donc vers ma servante. Peut-être obtiendrai-je par elle des enfants.” Et Abram écouta la voix de Sarah. Ainsi, au bout de dix ans qu’Abram résidait au pays de Canaan, sa femme Sarah prit Agar l’Egyptienne, sa servante, et la donna pour femme à son mari, Abram. Celui-ci alla vers Agar, qui devint enceinte. »[16]

Ainsi, le fils aîné d’Abraham fut celui d’une servante, d’une muslim selon la terminologie sémitique.

Ici, il convient d’être attentif. Quel est cet enfant premier-né et que dit la Bible de lui, de son avenir ?

« Lorsque Agar se vit enceinte, sa maîtresse ne compta plus à ses yeux. Alors Sarah dit à Abram : “Tu es responsable de l’injure qui m’est faite ! J’ai mis ma servante entre tes bras et, depuis qu’elle s’est vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que Yahvé juge entre moi et toi !” Abram dit à Sarah : “Eh bien, ta servante est entre tes mains, fais-lui comme il te semblera bon.” Sarah la maltraita tellement que l’autre s’enfuit de devant elle. L’Ange de Yahvé la rencontra près d’une certaine source au désert. Il dit : “Agar, servante de Sarah, d’où viens-tu et où vas-tu ?” Elle répondit : “Je fuis devant ma maîtresse Sarah.” L’Ange de Yahvé lui dit : “Retourne chez ta maîtresse et sois-lui soumise.” L’Ange de Yahvé lui dit : “Je multiplierai beaucoup ta descendance, tellement qu’on ne pourra pas la compter.” L’Ange de Yahvé lui dit : “Tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom d’Ismaël, car Yahvé a entendu ta détresse. Celui-là sera un onagre d’homme, sa main contre tous, la main de tous contre lui, il s’établira à la face de tous ses frères”. »[17]

Ainsi, l’enfant fut béni par Dieu après sa conception. Dieu ne fut pas à l’origine de sa naissance mais il le bénit tout de même, à cause d’Abraham. Et sa bénédiction fut grande !

D’autres prophéties bibliques furent données par la suite concernant Ismaël. Sarah, qui était une femme terrible, chassa à nouveau l’enfant de la servante après la naissance d’Isaac, le fils qui lui vint dans sa vieillesse :

« Lorsque cela arriva, Dieu dit à Abraham : “Ne te chagrine pas à cause du petit et de ta servante, tout ce que Sara te demande, accorde-le, car c’est par Isaac qu’une descendance perpétuera ton nom, mais du fils de la servante je ferai aussi une grande nation car il est de ta race.” Abraham se leva tôt, il prit du pain et une outre d’eau qu’il donna à Agar, et il mit l’enfant sur son épaule, puis il la renvoya. Elle s’en fut errer au désert de Bersabée. Quand l’eau de l’outre fut épuisée, elle jeta l’enfant sous un buisson et elle alla s’asseoir vis-à-vis, loin comme une portée d’arc. Elle se disait en effet : “Je ne veux pas voir mourir l’enfant !” Elle s’assit vis-à-vis et elle se mit à crier et à pleurer. Dieu entendit les cris du petit et l’Ange de Dieu appela du ciel Agar et lui dit : “Qu’as-tu, Agar ? Ne crains pas, car Dieu a entendu les cris du petit, là où il était. Debout ! Soulève le petit et tiens-le ferme, car j’en ferai une grande nation.” Dieu dessilla les yeux d’Agar et elle aperçut un puits. Elle alla remplir l’outre et fit boire le petit. Dieu fut avec lui, il grandit et demeura au désert, et il devint un tireur d’arc. Il demeura au désert de Parân et sa mère lui choisit une femme du pays d’Egypte. »[18]

Une deuxième fois, Ismaël fut béni et quelques précisions sur son destin furent données : son lien avec le désert (l’islam naquit dans le Sahara), le fait qu’il devint tireur d’arc (donc une religion de la guerre).

Parce que la figure d’Ismaël semble une allégorie[*] de l’islam, la fin de sa vie d’Ismaël mérite aussi d’être rapportée.

« Voici la descendance d’Ismaël, le fils d’Abraham, que lui enfanta Agar, la servante égyptienne de Sara. Voici les noms des fils d’Ismaël, selon leurs noms et leur lignée : le premier-né d’Ismaël Nebayot, puis Qédar, Adbéel, Mibsam, Mishma, Duma, Massa, Hadad, Téma, Yetur, Naphish et Qédma. Ce sont là les fils d’Ismaël et tels sont leurs noms, d’après leurs douars et leurs camps, douze chefs d’autant de clans. Voici la durée de la vie d’Ismaël : 137 ans. Puis il expira ; il mourut et il fut réuni à sa parenté. Il habita depuis Havila jusqu’à Shur, qui est à l’est de l’Egypte, en allant vers l’Assyrie. Il s’était établi à la face de tous ses frères. »[19]

Isaac, figure du christianisme

Le second fils d’Abraham fut appelé Isaac. L’annonce de sa naissance fut très différente. Elle fut décidée par Dieu lui-même lors de son apparition au chêne de Mambré sous la forme de trois personnes (la Trinité fut révélée ce jour-là pour la première fois). Il fut conçu par la femme libre d’Abraham, c’est-à-dire par Sara. Et Dieu dit à propos d’Isaac et d’Ismaël :

« C’est par Isaac qu’une descendance perpétuera ton nom mais du fils de la servante, je ferai aussi une grande nation, car il est de ta race. »[20]

Isaac et Ismaël, deux frères, deux religions

Il y a là une allégorie qui concerne les deux religions issues du judaïsme, à savoir l’islam et le christianisme. Les détails de ressemblance sont plus que frappants.

En effet, le christianisme fut créé immédiatement par une initiative de Dieu qui vint lui-même le prêcher sur terre. Cette religion reçut la révélation du Mystère de la Trinité symbolisée dans l’histoire d’Isaac au chêne de Mambré[21] par les Trois personnes qui étaient un seul Dieu. Les chrétiens sont appelés enfants et amis de Dieu de même qu’Isaac est enfant d’Abraham par son épouse légitime inutile.

Les musulmans se nomment eux-mêmes les esclaves de Dieu (muslim), ce qui est symbolisé dans cette prophétie par leur mère qui était esclave égyptienne. Le mot arabe « islam » signifie « soumission, abandon à Dieu » La formule « inch Allah » (Si Dieu le veut) exprime la foi et la soumission en l’action constante et souveraine de Dieu dans sa création. La formule « Mektoub » (c’était écrit) est plus populaire. Elle exprime une tendance à la passivité respectueuse de Dieu devant les malheurs.

Si l’on suit la lettre de l’Écriture, le christianisme est l’Alliance voulue explicitement par Dieu et symbolisée par Isaac. Quant à l’islam, si on en croit cette prophétie, il vient de l’initiative des hommes, de même qu’Ismaël naquit par l’initiative personnelle d’Abraham et de Sarah, sans ordre de Dieu. Il fut inventé par Mohamed. Mais Dieu le bénit par la suite et le rendit extrêmement fécond à cause de la foi dont faisaient preuve les musulmans, suivant en cela l’exemple de leur Père Abraham.

Si on regarde avec précision les diverses prophéties qu’ajoute la Bible concernant le destin d’Ismaël, on est frappé de constater qu’il s’agit du portrait de l’islam tel que nous le voyons depuis 1422 ans. Le livre de la Genèse 16 nous donne un portrait prophétique d’Ismaël, donc de l’islam, qui correspond trait pour trait à sa façon d’exister depuis des siècles : « Il sera un onagre d’homme » (c’est-à-dire comme un âne indomptable, obtus, peu cultivé mais intransigeant pour ce qui concerne sa foi) ­. « Sa main contre tous et la main de tous contre lui » (à cause de cette intransigeance pour la foi, qu’il aura tendance à imposer). « Il s’établira à la face de tous ses frères » (à commencer par son frère chrétien qu’il supplanta en Afrique du Nord, puis en Turquie). La Genèse précise[22] qu’il devint un « tireur d’arc » (donc par métaphore, un peuple guerrier se répandant par la conquête militaire). « Douze tribus sortirent de lui », à l’image des nations revendiquées comme terres musulmanes : Arabes, Perses, Egyptiens, Indonésiens, Pakistanais (d’origine indienne), Africains noirs, Turcs, nations Slaves du Caucase, peuples musulmans de Chine et Afghans.

Une allégorie qui se prolonge dans la bible

En regardant avec attention la Bible, on voit que cette métaphore annonçant deux descendances se prolonge avec l’idée de la présence permanente de « deux témoins » de Dieu devant le monde, l’un étant symbolisé par Hénoch[23] (homme doux, délicat, plein d’amour de Dieu, parfois faible « qui marcha avec Dieu, puis disparut, car Dieu l’enleva ») et l’autre par Élie[24] (homme fort, zélé pour Dieu, manifestant avec force et parfois violence la vérité). Ces deux témoins sont aujourd’hui nettement incarnés dans le christianisme et l’islam. À travers l’histoire de Jacob et de son jumeau Ésaü, l’Écriture semble même nous donner une prophétie de la manière dont, vers la fin du monde le christianisme et son extrême fécondité se réconciliera avec l’islam et ses forces combatives :

« Cependant, Jacob passa devant sa descendance et se prosterna sept fois à terre avant d’aborder son frère. Mais Ésaü, courant à sa rencontre, le prit dans ses bras, se jeta à son cou et l’embrassa en pleurant. Lorsqu’Ésaü leva les yeux et qu’il vit les femmes et les enfants de Jacob, il demanda : “Qui sont ceux que tu as là ?”

Jacob répondit : “Ce sont les enfants dont Dieu a gratifié ton serviteur.” Ésaü reprit ce jour-là sa route vers Séïr, mais Jacob partit pour Sukkot, il se bâtit une maison et fit des huttes pour son bétail ; c’est pourquoi on a donné à l’endroit le nom de Sukkot. »

Le texte complet mérite d’être étudié à cette lumière et semble annoncer de manière prophétique que chacune de ces religions reçoit de Dieu à la fois son territoire et la fécondité exacte qu’Il veut.

 

13. Lumen Gentium, 16. [↩]

14. Abram ne reçut que plus tard le nouveau nom d’Abraham. [↩]

15. Genèse 15, 1-6. [↩]

16. Genèse 16, 2. [↩]

17. Ibid 16, 5-12. [↩]

18. Genèse 21, 10-21. [↩]

19. Genèse 25, 12-18. [↩]

20. Ibid. 21, 11. [↩]

21. Ibid. 18. [↩]

22. Ibid. 21, 20. [↩]

23. Ibid. 5, 24. [↩]

24. 1 Rois 17 et suivants. Élie va jusqu’à égorger les prophètes polythéistes… [↩]

Arnaud Dumouch, Le mystère de l’islam : prophéties de la Bible et du Coran, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2008.

 

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