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PREMIÈRE PARTIE : LA FIN DU MONDE
 
 
CHAPITRE 8

Septième jour, le jour du Seigneur

 

Le jour du Seigneur.

 

« Aussitôt après cette tribulation, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme. Et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine. Et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec grande puissance et grande gloire. Et il enverra ses anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses élus des quatre vents des extrémités des cieux à leur extrémité.[1] »
 
Daniel, en parlant de la fin de l’Antéchrist, écrit:
« Il sera brisé sans acte de main.[2] ».
 
Saint Paul va dans son sens: « Le Seigneur fera disparaître l’Impie par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue.[3] »

La durée du monde de l’Antéchrist
Le Jour du Seigneur
« Nous ne mourrons pas tous »
La résurrection des morts
La Vision béatifique et l’enfer
Le monde nouveau

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La durée du monde de l’Antéchrist

(Chose indécise)

On le voit, ces textes multiples ne laissent pas de doute. La venue du dernier Antéchrist précédera et annoncera le retour glorieux du Christ. Le Seigneur affirme avec netteté: “Quand vous verrez cela, redressez-vous et relevez la tête car votre Rédemption est proche[4]”.

Toute la question est d’interpréter ce mot « proche ». Combien de temps durera le monde soumis au culte l’Homme à travers le culte explicite de Lucifer*? Durera-t-il quelques années seulement? Lorsque la dernière prophétie sera réalisée, combien de temps faudra-t-il précisément attendre? Pour répondre à ces questions, seuls des principes généraux sont certains. Dieu laissera durer ce monde sans espérance suffisamment de temps pour qu’il puisse produire des fruits que l’Antéchrist ne prévoira pas, à savoir de la souffrance donc de l’humilité et du désir pour le vrai Dieu. Mais il le fera cesser par son retour glorieux assez vite pour que des élus aient la vie sauve. « Et si ces jours-là n’avaient été abrégés, nul n’aurait eu la vie sauve; mais à cause des élus, ils seront abrégés, ces jours-là.[5] »

D’après le prophète Daniel, la durée du règne de l’Antéchrist sera courte: “le temps d’une semaine (temps symbolisant ce que vit une génération humaine), il consolidera une alliance avec un grand nombre et le temps d’une demi-semaine, il fera cesser le sacrifice et l’oblation[6]”(donc, semble-t-il, quelques années).

Ailleurs[7], il parle de la manière suivante: “A compter du moment où sera aboli le sacrifice perpétuel et posée l’abomination de la désolation, 1290 jours. Heureux celui qui atteindra 1335 jours  ». 1290 jours représentent la durée du minis­tère public de Jésus (trois ans et demi). Ce chiffre signifie non un temps réel (du moins pas nécessairement) mais une mission. Appliqué à l’Église, ils symbolisent les siècles de son existence sur terre. Les chrétiens qui ont gardé ou garderont la foi dans leur cœur[8], ont été et seront appelés à la même mission que le Christ, sauver le monde. Ils seront les prêtres du monde, c’est-à-dire qu’il leur appartiendra d’offrir à Dieu des supplications pour l’âme de leurs contemporains éloignés de la vraie Vie. Heureux donc ceux qui, tout au long de l’histoire de l’Église (déjà près de 2000 ans), ont gardé et garderont intacte leur confiance en Dieu.

Quant aux 1335 jours (1290 jours + 45), ils symbolisent non seulement les trois années et demi de la vie apostolique de Jésus, mais aussi le temps très court du sépulcre (3 jours), jusqu’à la Pentecôte (40 jours). Heureux aussi ceux qui garderont la foi durant les trois jours du sépulcre de l’Église (3 jours symboliques) et jusqu’au retour glorieux du Christ (après 40 jours symboliques). Ils seront l’Église de la fin du monde de la même manière que Marie* fut à elle seule toute l’Église pendant les trois jours du sépulcre et les 40 jours d’errance et de doute avant la Pentecôte.

Concrètement, tous ces chiffres symboliques ne nous avancent pas beaucoup. Il est impossible de savoir avec certitude quelle sera la durée exacte du règne de l’Antéchrist (et peut-être de ses successeurs). Une seule chose est certaine. Dieu n’annonce plus aucun événement nouveau sur terre hormis la Venue du Christ qui «  fera disparaître l’Impie par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue[9] ». Il n’y aura donc plus cette fois d’autre temps.

J’ai longtemps hésité à propos de cette durée. Je n’arrive pas à conclure. J’ai essayé de comparer à ce qui s’était jadis passé, lors de la « fin de certains mondes particuliers ». Des prophéties anciennes, adressées à l’Égypte antique, parlaient déjà de « fin du monde ». On m’a rapporté qu’une inscription hiéroglyphique du temple de Philae dit: « Les temples seront désertés. Les dieux seront oubliés. Les écrits deviendront obscurs et nul ne pourra plus les déchiffrer. La fin du monde approche ». La fin du monde, en ce qui concerne l’Égypte antique, ne fut que la fin d’un monde. 1700 ans après l’assassinat du dernier moine de Philae, l’humanité est toujours sur terre. Il y a ici une analogie avec la fin de l’Église et des religions.

 

En conséquence, deux opinions peuvent être soutenues.

1 - Première hypothèse. Sans trop s’avancer, il est probable que les hommes qui seront présents sur terre lorsque sera donné le dernier des signes (la tentative de conquête de l’arbre de vie), seront encore en majorité vivants lors du retour du Christ. Ce temps d’attente ne durera pas plus que l’espace d’une génération, selon le sens littéral de cette parole de Jésus[10]: « En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. » Jusqu’alors réalisée de manière cachée, à travers la succession des morts individuelles, cette parole le sera d’un coup par le retour glorieux du Christ. Plusieurs arguments étayent cette opinion. Les prophéties concerneront, cette fois, l’Église universelle et la totalité des nations* de la terre. Elles seront toutes réalisées. Rien d’autre ne sera annoncé. Les événements rapportés dans le livre de la Genèse se seront produits en sens inverse, au sens littéral du terme. Ainsi, l’Alpha et l’Oméga, la Genèse et l’Apocalypse se seront rejoints. Déjà de nos jours, les tours de Babel[11] modernes se dressent dans presque tous les pays comme symbole de leur orgueil; L’unification des langues[12] est en voie de réalisation dans l’anglais; Les nations commencent à penser leur disparition au profit d’un gouvernement mondial[13]; Le rêve d’une prolongation de la vie humaine tente déjà les généticiens[14]. Il s’agit donc bien du temps des temps, de la fin des fins[15], de même que le livre de la Genèse raconte le commencement du commencement.

Combien d’années ? Les exemples du passé montrent la diversité des temps accordés par Dieu aux impostures politiques. Parmi les divers antichristianismes apocalyptiques, on peut citer l’exil à Babylone du peuple juif qui dura soixante-dix ans[16]; Le communisme athée en Russie dura soixante-douze ans; L’exode dans le désert dura quarante années[17]; Hitler tint l’Allemagne durant douze ans et le monde en guerre durant six ans. Rarement, au cours de l’histoire, un régime politique monstrueux n’aura duré plus que le temps d’une vie humaine. Or l’Antéchrist, celui qui accomplira les dernières prophéties, sera un homme, pas un dieu.

2 - Deuxième hypothèse. Mais il existe une autre hypothèse, peu probable et peu étayée quoique légitime. Rien n’empêche que l’Antéchrist ait des successeurs. Ce monde sans autre religion que celle de la collaboration avec Lucifer peut durer plusieurs siècles. Au risque de décevoir, lorsqu’on regarde dans l’Écriture sainte la façon dont Dieu utilise le mot « bientôt », on reste hésitant. Un texte de l’apocalypse est à cet égard significatif[18]: « Ces paroles sont certaines et vraies; le Seigneur Dieu, qui inspire les prophètes, a envoyé son Ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Voici que mon retour est proche! Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre ». Ce texte est lu depuis 2000 ans par des générations de chrétiens qui sont invités à y croire. De fait, ces paroles se réalisent puisque les gens meurent vite, donc « bientôt ». C’est le bientôt de Dieu! J’ai expliqué que le monde de l’Antéchrist, quoique centré sur l’Homme et le culte de la gloire, n’est pas un monde où l’on se damne davantage que dans les autres époques. La détresse spirituelle y est source de rédemption, comme au temps de l’Ancien Testament où Dieu se taisait. Il se peut donc que Dieu laisse faire, qu’il observe jusqu’où peut aller la folie des habitants de la planète bleue.

Dans cette hypothèse, que feront-ils, perdus, seuls, comme une tête d’épingle dans une galaxie de cent-mille années lumière, à la conquête de la gloire[19]? Et Yahvé dit: « Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. » Il se peut donc que Dieu laisse tourner le monde et observe du Ciel sa folie, comme aux jours de Babel. Ils conquerront de nouvelles planètes. Ils s’efforceront de sortir du système solaire. Ils lutteront pour vaincre la mort. Ils pratiqueront le contact spirite avec l’autre monde. Tout cela se fera dans une perpétuelle et pitoyable guerre intérieure. Le dieu qui les illuminera sera sans amour… Ce sera un monde de petits vieux, spirituellement usés, moralement désespérés, ossements desséchés. Mais, inconsciemment ou consciemment, ils seront assoiffés d’un désir brûlant pour le vrai Dieu.

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Le Jour du Seigneur[20]

(Chose certaine)

Alors, finalement, le Christ apparaîtra. Ce ne sera pas une simple grâce spirituelle mais une apparition aussi réelle et visible que celle de Marie à Bernadette de Lourdes. Il se montrera d’un seul coup aux yeux de chair, exactement de la même façon que le voient ceux qui meurent de nos jours. Il s’agit du même mystère que celui que j’ai décrit en racontant la mort individuelle de chacun[21]. Le Christ ne viendra pas seul mais accompagné du Ciel entier (la Bible appelle cela les nuées du ciel), des milliers d’anges pour ce jour de fête et de terreur (Dies irae), des saints du passé et de tous les pays, enveloppés de lumière. Les anges auront revêtu, pour ce jour, une apparence corporelle qui dévoilera leur esprit aux mille lumières[22].

La Vier­ge Marie.

En tête, la Vier­ge Marie, dans son corps physique glorifié apparaîtra simple. Plus un être est saint, plus il est simple. On s’écriera de toute part en la voyant, à l’image des pauvres mots de sainte Bernadette: « Elle a les yeux bleus ». Ce sera une couleur d’âme, qui ne se décrit pas avec des mots, une transparence de pureté intérieure où chacun lira qu’elle n’a jamais péché. Tout le monde verra ce grand spectacle en un seul regard. Quand Dieu veut faire grand, il en prend les moyens.

Chacun verra le Ciel lui apparaître comme s’il était seul au monde. “Comme l’éclair, en effet, part du levant et brille jusqu’au couchant, ainsi en sera-t-il de l’avènement du fils de l’homme.[23]” Chacun aura son apparition personnelle et, en même temps, chacun verra qu’il n’est pas le seul. Les enfants s’extasieront et diront à leurs parents: « Dieu est lumière et amour! Et nous ne le savions pas! »

Chaque homme réagira devant la Révélation de cette gloire selon les dispositions de son cœur. Les quelques fidèles qui auront su rester fidèles à leur attente du retour du Christ seront debout, attitude que la Bible réserve à l’ami. Dans leur joie, ils ne pourront dire autre chose que merci. Leur sainteté leur sera révélée. Ils comprendront que c’est leur prière qui provoque cette explosion de gloire. Semblables à Marie, ils en seront « troublés »[24].

A genoux, c’est-à-dire repentants, les hommes de bonne volonté, jusque là soumis à l’Antéchrist, pleureront en disant: « Nous ne savions pas que tu étais ainsi. Nous croyions, on nous l’avait dit, que tu n’étais qu’un mauvais esprit, un dieu jaloux de son pouvoir. Pardon pour nos péchés. Fais de nous ce qu’il te plaira ». Mais, dans l’apparition de Jésus, ils ne discerneront ni jugement ni condamnation. Nous avons une image de l’accueil qu’il réserve à tout homme quel qu’il soit à l’heure ultime. Il en sera en ce jour-là comme de la parabole rapportée par Jésus dans son Évangile[25], “comme d’un homme qui avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient. Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, il commença à se trouver dans la misère. Il eut faim et décida de retourner chez son père, voulant se présenter à lui comme le dernier de ses serviteurs. Le voyant arriver de loin, le père l’aperçut et fut saisi de pitié. Il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils (…) Mais le Père dit à ses domestiques: vite apportez les plus beaux vêtements pour l’habiller et mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons, festoyons car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé.” Il le prépare par la famine ressentie sur la terre­. Il le fait revenir à lui par le désir qu’il a d’être heureux. Puis il devance ses paroles, se montre à lui tel qu’il est, et au moindre signe de repentir, il lui promet la gloire des Noces éternelles. Comment douter de Dieu à la lecture de textes tels que celui-ci?

Les Juifs[26], face à la constatation des faits diront: « Jésus, Messie, gloire à toi au plus haut des cieux! » Ils réaliseront ce jour-là la prophétie de Jésus: « Vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! [27] » De même, les quelques musulmans fidèles diront avec un étonnement qui les laissera sans force: « Jésus, Fils de Marie, tu es Dieu. Tu es vraiment mort sur la croix pour nous! Tu nous proposes ton amitié et la vie éternelle dans la vision face à face! Nous ne le savions pas. Nous te choisissons tel que tu es, Jésus. Nous ne serons plus tes serviteurs mais, si tu le veux, nous serons tes amis ». Ce sera une immense clameur de joie et les peuples, ceux qui auront le cœur pauvre, se précipiteront vers Jésus, vers les saints du Ciel. On s’élancera vers lui à la mesure de la soif qu’on en avait éprouvée sans le savoir ou en le sachant. En un moment, chacune des vies qui peupleront la terre décidera de son destin pour l’éternité.

Mais, bien sûr, il n’y aura pas que des pauvres de cœur sur la terre en cette époque. Il y aura aussi beaucoup d’orgueilleux et parmi eux, l’Antéchrist. En un instant, en raison de la simple appari­tion du cœur du Christ, ses constructions n’auront plus de sens. Il en sera fini du monde créé par lui. L’adoration du dieu arrogant et présomptueux paraîtra vaine à tous les cœurs justes, c’est-à-dire à la majorité des hommes. Chacun voudra le vrai Dieu de l’humilité et de l’amour.

L’Antéchrist ne sera pas rejeté, malgré tout le mal spirituel qu’il aura fait. Il sera visité, lui tout seul comme tous les autres hommes, par Jésus et il se verra proposer le salut. Il comprendra alors (s’il ne l’avait déjà compris…) que le Messie était mort pour lui aussi et qu’il serait mort tout de même pour lui s’il avait été le seul habitant de la terre. Mais l’Antéchrist, sera porté à refuser. Après s’être battu toute une vie pour la dignité de l’homme libre, indépendant, debout, en un mot orgueilleux, comment pourra-t-il accepter la victoire de Jésus, l’Homme humble et aimant (donc plus que jamais libre et debout) ? Voyant en un instant son oeuvre, son monde séparé du vrai Dieu détruit de l’inté­rieur et vidé de ses sujets, il est évident qu’il sera tenté par son propre péché et par la présence de Satan.

Lucifer, le chef des anges révoltés, exactement comme à l’heure de la mort individuelle de chacun, recevra l’autorisation de se montrer, de s’adresser aux hommes. Il leur tiendra ce langage, à tous, dans un dernier discours intérieur particulièrement séducteur: « N’avez-vous pas été heureux et puissants sur la terre durant toutes ces années grâce à moi et à mes serviteurs? Allez-vous renoncer maintenant à ce bonheur, d’un seul coup, parce qu’on vous en propose un autre? Mais ne comprenez-vous pas ce que veut ce Jésus? Il vous veut humbles et dépendants alors que vous êtes faits pour la liberté, le pouvoir, la décision autonome du bien et du mal. Il vous veut aimants alors que vous pouviez jusqu’ici vivre sans dépendre de personne. Refusez avec moi ce pitoyable paradis! Restez ce que vous avez toujours été, des hommes debout! »

Seuls les orgueilleux.

Ce discours ne séduira que peu d’hommes, à sa grande fureur. Seuls les orgueilleux capables de maintenir leur choix devant la révélation d’un si grand amour, le suivront. Le livre de l’Apocalypse commente[28]: « Mais la Bête (l’idéologie de l’orgueil) fut capturée, avec le faux prophète (l’Antéchrist) -celui qui accomplit au service de la Bête des prodiges par lesquels il fourvoyait les gens ayant reçu la marque de la Bête et les adorateurs de son image,- on les jeta tous deux, vivants, dans l’étang de feu, de soufre embrasé (…) Il maîtrisa le Dragon, l’antique Serpent, -c’est le Diable, Satan,- et l’enchaîna pour mille années (ici, dans ce sens qui est le dernier, mille années signifient l’éternité). » Un autre texte de l’Apocalypse, du même genre, semble indiquer[29] que l’Antéchrist suit Satan en enfer: « Alors le diable, leur séducteur, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, y rejoignant la Bête (c’est-à-dire l’idéologie d’un monde sans vrai Dieu) et le faux prophète (l’Antéchrist), et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles.” Pour Judas, Hitler et d’autres[30] que ces prophéties de damnation sous-entendent toujours: “s’il ne se convertit pas au dernier moment.” Il n’en demeure pas moins vrai, comme pour tous les hommes dont j’ai montré le choix décisif à l’heure de la mort[31], que plus l’orgueil et l’égoïsme sont importants, plus la conversion est difficile.

La plupart des hommes, après avoir été abreuvés pendant des années du vide spirituel créé par l’Antéchrist, reconnaîtront n’avoir aimé qu’eux-mêmes en recherchant les joies sensibles. Ils le reconnaîtront devant le Christ et devant tous les saints. Ils comprendront la gravité de l’égoïsme qui se déguise en amour tout en rejetant l’époux qui lasse, les parents âgés qui meurent seuls, les enfants malvenus. Ils comprendront à la vue du Christ ce qu’est le vrai amour et seront prêts à prendre tout le temps qu’il faut pour se purifier. Le livre de l’Apocalypse raconte, à travers les symboles d’une bataille, ces conversions provoquées par la Venue du Christ[32]: « Tout le reste fut exterminé par l’épée (la parole de vérité) du Cavalier, qui sort de sa bouche, et tous les oiseaux (les contemplatifs) se repurent de leurs chairs ». Il y aura en effet au Ciel une grande joie devant la foule immense du peuple qui se convertira. Ce sera la joie de la Victoire de l’amour. On verra des prostituées, jusque là adonnées aux péchés, se convertir et, telle Marie-Madeleine, pleurer en essuyant les pieds de Jésus avec leurs cheveux[33]. On verra des hommes d’argent renoncer à leur fortune et, tel le publicain Lévi, arriver les mains vides devant Jésus. Mais celui qui maintiendra son orgueil jusqu’au bout, celui là sera perdu.

Après le retour du Christ, le temps sera comme suspendu. Ceux qui auront choisi de l’aimer vivront ces heures en sa présence dans une extase perpétuelle. Ils ne pourront détacher leur âme de sa vue. Ils ne verront pas seulement sa beauté physique mais aussi celle de son cœur. Tous les symboles utilisés jadis par le Seigneur auprès de sainte Marguerite-Marie prendront sens. Au même moment, ceux parmi les sauvés qui auront à purifier quelque chose seront éloignés de sa vue. Cela ne durera qu’un instant mais pourra leur paraître des heu­res, des années tant ils aimeront et ne supporteront pas son absence. Le purgatoire est fait ainsi. Il ne dure sans doute pas longtemps en temps objectif mais sa durée intérieure peut sembler aussi longue que des siècles.”Avez-vous vu mon Bien-aimé?[34]” Ceux qui auront refusé le Christ seront aussi sur la terre en ces instants mais ils fuiront. Ils ne se sauveront pas dans d’autres lieux, le Christ étant présent partout à la fois devant leur regard. Ils fuiront en eux-mêmes en essayant de détourner leurs pensées de son regard insoutenable. Ils crieront: « Va-t-en. Ne vois-tu pas que nous ne voulons pas de toi ni d’aucun de ceux qui sont avec toi. Pourquoi restes-tu ainsi? Veux-tu donc nous torturer ? » Leur choix de la solitude sera, on le voit à travers ces mots, définitif.

Il est inutile d’insister davantage sur le retour du Christ car sa venue a déjà amplement été décrite[35]. La mort individuelle de chacun est exactement, point par point, le même mystère, à une nuance près: tout le monde le verra en même temps.

Pour conclure ce chapitre, il faut se reposer la question fondamentale déjà formulée ci-dessus. Pourquoi Jésus permettra-t-il avant son retour, que l’apostasie* s’installe jusqu’à supprimer toute trace extérieure et visible de la présence de Dieu? Nous voyons maintenant comme dans un grand panorama le bien qui en sortira, beaucoup d’humilité pour la majorité des hommes, vivant sans espoir de vrai bonheur dans un monde où tout matériellement dispose au bonheur; une grande espérance pour ceux qui auront gardé la foi, mais toute pauvre devant l’absence de tout signe extérieur du retour du Christ; une charité inégalée, enfin, pour les chrétiens de cette époque. Il en sortira une grande victoire. Avec saint Paul, devant la confusion du démon définitivement vaincu chacun s’écriera: « La mort a été engloutie dans la victoire; où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô mort ton aiguillon? Mais grâce soit à Dieu, qui nous donne la victoire par notre seigneur Jésus Christ.[36] »

 

LA PREUVE SUPRÊME QUE DIEU NOUS AIME,

C’EST QUE LE CHRIST

REVIENDRA NOUS CHERCHER

ALORS QUE NOUS NE L’ATTENDRONS PLUS[37].

Le Christ reviendra nous chercher, icône de la miséricorde.

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« Nous ne mourrons pas tous »

(Chose certaine)

A la fin des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Après le jugement universel, les justes règneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et l’univers lui-même sera renouvelé: « Alors l’Église sera "consommée dans la gloire céleste, lorsque, avec le genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa définitive perfection". » Cette rénovation mystérieuse, qui transformera l’humanité et le monde, la Sainte Ecriture l’appelle "les cieux nouveaux et la terre nouvelle". Ce sera la réalisation définitive du dessein de Dieu de "ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres".[38]

Le jour du Seigneur, son retour glorieux visible d’un bout à l’autre de la terre, mettra fin aux naissances et aux morts. La terre telle qu’elle est n’aura plus ni sens ni utilité, les hommes ayant tous sans exception fait leur choix pour l’éternité. Saint Paul raconte ainsi ce qui se produi­ra alors[39]: “Je vais vous dire un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais nous serons transformés. En un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, les vivants, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité.”[40]

Les paroles de saint Paul sont claires. Si nous sommes présents sur la terre au jour du retour du Christ, nous ne mourrons pas. Nous serons tous, sans exception, dispensés de la mort et ce sera le premier cadeau de noces de la part de Dieu. J’ai montré que les dernières générations de l’humanité seront extrêmement cultivées et intellectualisées, même si elles auront tendance à se donner à un culte antichristique. Leur sensibilité sera affinée, beaucoup plus sensible au vide spirituel. C’est pourquoi la mort n’aura plus vraiment d’utilité. Le règne désespérant de l’Antéchrist et le retour glorieux du Christ seront des événements si puissants qu’ils suffiront à rendre tous les genoux chancelants. Les damnés eux-mêmes seront dispensés de mourir, leur choix final étant parfaitement lucide et définitif.

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La résurrection des morts

(Chose certaine)

La résurrection des morts.

L’univers sera donc peuplé de deux sortes d’humains. Les anciens, ceux qui seront déjà passés par la mort, seront présents. Ils auront accompagné le Christ ou le démon le jour de la Parousie*. Mais ces personnes-là n’auront pas leur corps de chair. Ils seront face à la dernière génération de l’humanité, bien en chair.

Avant la résurrection de la chair, l’homme est privé d’une partie de son être. Il conserve bien sûr la partie essentielle de son être, son esprit, ses pensées et ses choix profonds. Mais tout semble indiquer qu’il conserve aussi la partie psychique de son être. Il voit, il entend. Il garde malgré la disparition de l’organe du cerveau, avec une acuité très grande, tous les souvenirs sensibles accumulés durant la vie terrestre et que la vieillesse fait parfois oublier. Cette découverte de la survie de la vie sensible est récente en Occident. On la doit aux études du Docteur Raymond Moody sur les personnes victimes d’un arrêt cardiaque[41]. Par contre le corps charnel a disparu. Son absence ampute le mort des sens du toucher et du goût qui lui sont liés. Ce manque est très peu gênant. Ceux qui sont déjà au Ciel sont parfaitement heureux. Comment pourrait-il en être autrement puisqu’ils voient Dieu?

Pourtant Dieu ne nous laissera pas éternellement amputés d’une partie de nous-mêmes. En cet instant, la trompette sonnera[42], dit saint Paul. Cette trompette sym­bolise la voix du Christ. Tout pouvoir lui a été remis par Dieu. L’Esprit Saint qui repose sur lui est décrit dans la Bible comme une trompette ou un tonnerre à cause de sa force[43]. C’est à lui qu’appartient, à travers son humanité, de donner un tel commandement.

Il donnera un ordre à ses anges. Eux, utilisant leur puissance naturelle sur cette matière qu’ils façonnent depuis la création du monde, récolteront de la terre et, à partir de ses éléments, reconstitueront le corps physique complet, parfait et en pleine jeunesse de tous les morts, les saints comme les damnés. Ce sera leur corps à eux, reconstitué précisément mais débarrassé de ses défauts. Les handicapés renaîtront en pleine possession de tous leurs moyens, les trisomiques ne porteront les stigmates de leur handicap que comme une gloire de leur âme plus humble. Chaque mort, en un éclair, réintégrera son propre corps dont elle reconnaîtra chacune des fibres.

Je ne veux pas signifier par là que ce corps sera fait avec les mêmes éléments matériels qui ont déjà servi durant notre vie terrestre (atomes et molécules)[44]. L’Église affirme que notre corps de ressuscités sera notre vrai corps physique, aussi palpable et capable de manger que celui de Jésus après sa résurrection.

La résurrection de la chair fait partie de la foi. A cela, on pourrait, semble-t-il, objecter le texte de saint Paul dans sa première lettre aux corinthiens[45]: « On est semé ici-bas corps psychique, on ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel. » L’interprétation de ce texte pourrait conduire à affirmer l’apparition d’un corps qui n’est plus fait de matière mais qui, de fait, est celui d’un pur esprit. Les anges eux-mêmes ne se façonnent-ils pas parfois des apparences de corps que l’on peut voir et toucher?[46] Or les Évangiles ne cessent de le rappeler, saint Paul n’a pas voulu dire cela. Jésus prouve à Thomas dans son apparition qu’il a un vrai corps. “Mets ton doigt dans mon côté, ne soit pas incrédule, soit croyant.[47]” Avec son autorité infaillible, l’Église a confirmé qu’il s’agit bien d’une résurrection de la chair, c’est-à-dire des molécules palpables qu’un fantôme ne possède pas. Il s’agira bien de notre corps physique mais il sera, aussi bien pour les saints du Ciel que pour les damnés, débarrassé de tous ses défauts. Ces défauts ne serviront plus à rien puisque notre choix aura été fait. Les damnés et les saints réintégreront la perfection de leur être, pour que chacun puisse vivre comme il le désire, loin de Dieu ou près de lui. Déjà au temps du prophète Daniel, les Juifs savaient que tous les morts sans aucune exception ressusciteraient un jour: “Une multitude, ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la réprobation et l’horreur éternelle.[48]” Dieu rendra à chacun son corps, respectant même chez les damnés la liberté qui les a conduits à choisir l’horreur éternelle d’une vie sans amour[49]. Saint Paul, en parlant d’un corps spirituel, voulait signifier que les saints comme les damnés réintégreront leur corps parfaitement soumis et adapté à leur esprit.

Notre corps sera spirituel en ce sens qu’il obéira tout entier à notre esprit. Les damnés eux-mêmes seront dotés de cette liberté à une nuance près. Leur esprit sera malade de l’absence de Dieu. Il brûlera de l’intérieur du feu de ce manque. Ainsi, malgré la présence d’un corps doté d’incorruptibilité et parfaitement soumis à leur volonté, ils n’en profiteront pas. Que sert à l’homme d’avoir une santé physique parfaite et un contrôle de son psychisme s’il n’est pas heureux? Cela se répercutera d’ailleurs dans leur apparence. Leur corps sera doté d’une grande vitalité mais leur visage sera sans cesse déformé par les effets de leur égoïsme choisi. Tout leur malheur viendra de leur esprit orienté vers un choix pervers. Ils ne penseront qu’à eux-mêmes, à leur obsession tendue vers leur propre réalisation, mais ils ne pourront réaliser ce but loin de Dieu qui seul aurait pu les combler. Ils écumeront de colère. Toutes les passions mauvaises seront leur lot quotidien puisqu’ils chercheront le bonheur, c’est-à-dire Dieu, tout en refusant la nature et les conditions de ce bonheur (l’humilité du repentir). C’est une contradiction interne, choix de leur liberté, que la Bible appelle « l’horreur ».

Les humbles, quant à eux, recevront de la part de Dieu ce même corps, doté de la même perfection. Mais, pour eux, tout sera surélevé en gloire. Comment pourrait-il en être autrement puisqu’ils verront Dieu? La Trinité emplira leur esprit, comblant en béatitude tous leurs désirs. En conséquence, leur sensibilité et leur corps seront plus que soumis totalement à leur esprit après le miracle de la résurrection. Ils s’en trouveront glorifiés, c’est-à-dire dotés de pouvoirs venant de Dieu. Des propriétés nouvelles et inimaginables apparaîtront[50]. Saint Thomas d’Aquin, regardant la façon dont se comportait Jésus après sa résurrection, les résume en quatre mots, impassibilité (il n’est plus accessible à la souffrance, à la mort), subtilité (il passe à travers les portes closes), agilité (il se déplace instantanément) et clarté (son visage physique révèle parfaitement son esprit)[51].

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La Vision béatifique et l’enfer

(Chose certaine)

Lorsque le dernier homme aura achevé de purifier son amour à travers un purgatoire de solitude[52], tout sera consommé. Il n’y aura plus que deux « demeures » dans l’autre monde, c’est-à-dire deux types d’hommes. Ils sont symbolisés dans l’Écriture par le bon grain et l’ivraie[53]. Il s’agit des habitants du paradis et de l’enfer. Il ne convient pas d’imaginer cela comme deux mondes physiquement séparés. L’enfer étant un choix de liberté, respecté par Dieu, son lieu est le même que celui du paradis. C’est l’univers entier et ses merveilles. De fait, Dieu donnera aux damnés obstinés en cadeau tout ce qu’ils désirent. Ils recevront la puissance à laquelle ils aspirent. Ils auront la possession de l’univers. Ils pourront y faire ce qu’ils veulent selon le choix de leur liberté. Une seule chose leur sera refusée. La Vision sublime de Celui qui voulait les épouser. Faut-il donc affirmer que les paroles de l’Écriture qui les décrivent condamner à un étang de feu[54], sont de vaines images? Il s’agit au contraire d’une triste réalité, pire encore que la lettre du texte laisse imaginer. En effet, à cause de leur méchanceté intérieure, toute cette liberté et puissance se retournera contre eux. Ils ne profiteront de rien. La vue d’une fleur ou de toutes les merveilles créées par Dieu sera source d’allégresse pour les saints. Pour les damnés, elle sera une pointe de plus dans leur cœur envieux. Mais la plus grande souffrance sera pour eux la vue d’un élu. Ils ne supporteront pas la vue de l’humilité, de l’amour généreux et de la gloire qu’elle mérite. Ce sera pour eux un objet de rage qui leur rappellera douloureusement la perte qu’il auront faite. Ils fuiront donc le plus loin possible, dans les recoins les plus sombres de l’univers. Ils se sépareront à jamais de toute présence vivante et habiteront les lieux déserts. Ils chercheront le centre des astres, l’obscurité brûlante de ces étangs de feu[55] où nul saint ne s’aventure. Plutôt que de céder à l’amour et de se repentir, ils rumineront la haine pour toujours.

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Le monde nouveau

(Chose certaine)

« Quant au cosmos, la Révélation affirme la profonde communauté de destin du monde matériel et de l’homme: Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu… avec l’espérance d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption… Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule; nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps (Romains 8, 19-23).[56] »

Frederic Edwin Church, « Rainy Season in the Tropics »

Qu’est-ce que le paradis ?[57] « Voir Dieu face à face et ne posséder rien d’autre vaut infiniment plus que posséder l’univers entier et avoir perdu Dieu[58]. » Pourtant, Dieu se prépare à offrir à ses amis, en plus de lui-même, un univers entier. Il ne s’agit pas d’une exagération littéraire. Saint Paul l’a dit, « selon qu’il est écrit, nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment[59]. » A partir d’ici, j’aborde les grâces supplémentaires que Dieu a préparées[60]. C’est un travail très difficile. D’incroyables surprises nous attendent. Nous ignorons encore presque tout des propriétés cachées de la lourde matière dont nous sommes faits mais qui se trouvera transfigurée. Parmi ces propriétés, quelques-unes sont certaines.

Après la résurrection de la chair, l’homme retrouve la plénitude des facultés physiques, le sens du toucher inclus. L’Église n’a jamais souscrit à cette foi un peu fondamentaliste des Témoins de Jéhovah, comme si le lieu du paradis devait être la terre. Ce lieu est bien trop exigu pour une éternité selon le rêve de Dieu. En toute logique, la présence de ce corps doit s’accompagner de la recréation d’un univers physique qui lui corresponde. A l’heure dite, immédiatement après le retour du Christ, conjointement à la résurrection des morts, il préparera la réalisation de bienfaits inimaginables jusque dans notre sensibilité et notre corps, jusque dans le monde physique qu’il transformera, pour que nous puissions admirer éternellement sa richesse et sa beauté[61].

Nous ne pouvons nous faire une idée de l’énergie qu’il déploiera pour nous combler. Dieu ressemblera à un fiancé enfin réuni à sa bien-aimée. Il ne sait que faire pour elle. Il se donne à elle et cela suffit. Pourtant, il ajoute toutes les folies que l’amour peut imaginer, des parures somptueuses, des royaumes, des amis, des fleurs, des ani­maux… Dieu se comportera de la même façon, comme un prince des contes, à la mesure de sa toute puissance. Il créera un univers grandiose de telle façon que l’éternité ne nous suffira pas pour le visiter. A vie éternelle de bonheur, Dieu fait corres­pondre un univers infini de beautés.

La destruction de la terre et de ses scories

(Chose certaine)

Il commencera son oeuvre en détruisant. Saint Pierre* décrit son action: « Il viendra, le jour du Seigneur, comme un voleur. En ce jour, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les oeuvres qu’elle renferme sera consumée[62]”. Comme tous les textes apocalyptiques, ce texte parle en premier lieu de notre mort individuelle. Mais il décrit aussi la fin de notre planète. Dieu ne voudra pas la laisser subsister car elle est souillée tout entière des restes de nos péchés. Rien ne devra demeurer des immenses cités où l’homme a si rarement vécu pour son prochain. Personne ne regrettera les cathédrales gothiques[63], qui furent construites comme toute œuvre humaine dans un mélange de sainteté et d’orgueil, où l’on priait si mal au temps où Dieu se cachait dans son eucharistie. Personne ne voudra garder les immenses bibliothèques puisqu’on lira les sciences à livre ouvert sur le visage de Dieu et dans la science des anges. Il ne devra rien subsister du monde ancien, pas pierre sur pierre[64], car le monde nouveau le remplacera. Même les oeuvres faites par Dieu pour cette terre disparaîtront. Les textes des Évangiles seront brûlés par le feu dont parle saint Pierre*[65]. Nous n’en aurons plus besoin. Nous aurons le Christ lui-même, présent devant nos yeux. Les constructeurs des cathédrales seront à nos côtés, vivants et prêts à construire plus beau.

Un nouveau monde physique

(Chose certaine mais inimaginable pour le concret)

Après la destruction de la terre, Dieu commencera à façonner un nouvel univers. Il s’agira d’un univers physique, tout autant que notre corps, mais adapté à sa nouvelle vie. Il sera donc comme lui éternel, délivré de toute corruption et génération, dispensé de cette loi de désagrégation (l’entropie) qui nous tient actuellement. C’est Dieu lui-même qui, en le soutenant comme il soutiendra notre corps et le dispensera de se nourrir, le rendra incorruptible. Nous comprendrons à cette heure l’utilité des milliards de mondes dont nous apercevons la lumière la nuit par temps clair. Il existe des milliards d’étoiles parce que ces mondes sont préparés pour nous après notre résurrection. Nous pourrons les visiter et qui sait ce que Dieu y aura préparé en beauté, nouveauté et féerie? Ces mondes sont-ils habités par des créatures spirituelles? Rien dans la révélation ne nous permet de l’affirmer ou de le nier. De grands théologiens ont répondu non à cette question, affirmant que nous étions le centre du monde. La preuve de ce fait leur paraissait sauter aux yeux puisque le Verbe de Dieu s’est fait homme « pour nous ». La réponse est solide au moins en apparence. Mais elle oublie un détail. Si le Verbe s’est incarné[66], c’est qu’il est capable de folies d’amour dont personne ne peut soupçonner la limite. Rien ne l’a empêché de créer des anges et de les conduire à la vision béatifique en un instant, dès le premier acte de leur amour pour lui. De même qui peut affirmer en son nom qu’il est certain qu’il n’a pas mis, en chacune des milliards de galaxies, des êtres dotés de vie spirituelle qu’il destine à être nos compagnons de bonheur pour toujours? Nous ne pouvons savoir avec certitude qu’une chose. S’il les a créés, c’est qu’il veut se donner à eux comme à nous et aux anges, dans le bonheur de sa présence. Comme à nous et aux anges, il ne demandera qu’une condition, humilité et amour offert en retour.

Pour plus de précisions sur ce monde nouveau, voir L’heure de la mort, chapitre 8, La résurrection des morts et la formation du nouveau monde.

 

1. Matthieu 24, 29-31. [↩]

2. Daniel 8, 25. [↩]

3. 2 Thessaloniciens 2, 8. [↩]

4. Luc 21, 28. [↩]

5. Matthieu 24, 22. [↩]

6. Daniel 9, 27. [↩]

7. Daniel 12, 11. [↩]

8. Il réaliseront ce que Jésus dit de Jean: “S’il me plaît qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne” malgré la disparition de l’Église hiérarchique (symbolisée dans le même texte par saint Pierre. [↩]

9. 2 Thessaloniciens 2, 8. [↩]

10. Matthieu 24, 34. [↩]

11. Genèse 11, 4. [↩]

12. Genèse 11, 1. [↩]

13. Genèse 11, 7. [↩]

14. Genèse 6, 3. [↩]

15. Selon l’expression de la Vierge Marie dans son apparition à la Salette. [↩]

16. 2 Chroniques 36, 21. [↩]

17. Exode 16, 35. [↩]

18. Apocalypse 22, 6. [↩]

19. Genèse 11, 6. [↩]

20. Isaïe 2, 11. [↩]

21. Du même auteur, L’heure la mort. [↩]

22. Sur ce pouvoir des anges, voir dans la Bible, Tobie 12, 19. [↩]

23. Matthieu 24, 27. On voit qu’il n’y a aucune confusion possible avec les prodiges de l’Antéchrist, ses techniques d’élévation aériennes. [↩]

24. Luc 1, 29, car l’ange l’avait appelée « pleine de grâce ». Les chrétiens de l’Église du sépulcre seront plein de grâces. [↩]

25. Luc 15, 11 ss. [↩]

26. S’il en reste à cette époque car il est probable qu’ils auront déjà reconnu en masse Jésus comme le Messie. Voir chapitre 7, la conversion d’Israël. [↩]

27. Luc 13, 35. [↩]

28. Apocalypse 19, 20. [↩]

29. Apocalypse 20, 10. [↩]

30. Voir du même auteur, L’heure de la mort, les six péchés contre l’Esprit Saint. On peut, grâce à la théologie, reconstituer une partie du destin d’Hitler, juste après son suicide. Il fut lui aussi un Antéchrist. Sa vie illustre celle du dernier Antéchrist. Lorsque Adolf Hitler s’est suicidé, il a quitté ce monde en emportant la responsabilité directe de dizaines de millions de vies humaines détruites dont, en particulier, quelques millions de femmes, d’enfants coupables d’être nés accompagnés de son mépris. Formellement, et sans entrer trop rapidement dans sa conscience, Hitler ne semble pas s’être rendu coupable ici-bas d’un véritable blasphème contre l’Esprit Saint. Rappelons-le, les conditions requises pour commettre ce péché sont vertigineuses. Dieu est juste et la moindre ignorance déterminante par rapport au sens de la vie terrestre est reçue comme une circonstance atténuante. A la différence de Monseigneur Cauchon, le théologien bourreau de sainte Jeanne d’Arc, Hitler ignore bien évidemment la théologie et le cœur de Dieu. Il ne soupçonnait pas un seul instant à quel point il était aimé par les milliards d’êtres humains et angéliques présents auprès de Dieu. Nul ne peut savoir à l’avance comment il aurait vécu s’il avait connu le Seigneur de la gloire.
De toute façon, il est certain qu’il fut accueilli à l’heure de sa mort par le déploiement d’un innombrable cortège de saints. Le Ciel entier se mobilisa pour sauver ce grand pécheur. Parmi les âmes présentes brillaient celles de millions de juifs qu’il avait fait exterminer. Il les vit un à un pendant un de ces regards profonds que peut offrir la puissance de Dieu au moment décisif. Toutes ces âmes réunies proposaient leur pardon à Hitler, sans arrière-pensée. C’est ainsi que l’on est au Ciel. Nul ne peut entrer au Ciel sans être ainsi. C’est pourquoi il est certain que les Juifs accueillirent Hitler de cette façon. Il vit le visage de Jésus rayonnant la vérité, mais aussi la douceur et l’humilité. Il vécut de l’intérieur cette parole terrible pour lui de l’Évangile: « Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le silence accueillant de Dieu à l’instant de la mort est décrit par l’Écriture comme le Jour de la colère (Dies irae). Car il vaudrait mieux affronter la colère de Dieu que son pardon. Mais le démon aussi, avait droit à la parole, comme il convient en cette occasion. Il n’est pas difficile, connaissant les obsessions d’Hitler durant sa vie terrestre, d’en reconstituer la teneur. Satan sait comment parler pour toucher une âme dans l’axe même de sa perversité: “Vois ces juifs, ces tziganes que tu as méprisés avec raison toute ta vie. Regarde leur humiliante attitude de dépendance les uns vis-à-vis des autres. Regarde la royauté qu’ils ont reçue de Dieu. Si tu te convertis maintenant, n’oublie pas que toi, le Guide de millions d’hommes, tu seras plus petit qu’eux pour l’éternité. De Maître que tu étais, tu deviendras inférieur car chacun se fait serviteur de tous dans leur monde. Ne te convertis pas. Reste fidèle à ton combat, sois Roi avec moi, loin de ces gens. » Là se trouve la puissante tentation de l’envie des grâces fraternelles. Elle concerne tout homme qui a été dominant vis-à-vis de son prochain durant sa vie. Il est difficile de renoncer au pouvoir. L’écho de ces paroles fut, on s’en doute, immense dans un cœur tel que le sien. Elles correspondaient à toute sa vie. Nous ne saurons qu’au Ciel quel fut le choix définitif d’Hitler en ce 30 avril 1945. Implora-t-il le pardon de Dieu et de ses frères? Provoqua-t-il au Ciel la plus grande joie? Céda-t-il au contraire à l’envie, selon l’inclination acquise par toute une vie nourrie de haine? L’envie des grâces fraternelles, deuxième péché contre l’Esprit Saint, est sans rémission possible car, commis ainsi dans la lucidité de l’heure à la mort, il est le fait d’une personne qui jamais plus ne reviendra en arrière. [↩]

31. Du même auteur, L’heure de la mort. [↩]

32. Apocalypse 19, 21. [↩]

33. Je parle ici par manière d’allégorie car tout cela se fera plus profondément, par mode de communion d’âme, par une sorte d’intense télépathie des cœurs. [↩]

34. Cantique des cantiques 5, 6 ss. [↩]

35. Du même auteur, L’heure de la mort. [↩]

36. 1 Corinthiens 15, 55. [↩]

37. Voir, d’une autre manière Romains 11, 32 : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde. » [↩]

38. Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1042, 1043. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi. [↩]

39. 1 Corinthiens 15, 5 ss. [↩]

40. En dépit de 1 Thessaloniciens 4, 17, l’enseignement commun de l’Église était autrefois que tous les hommes mourraient (cf. Romains 5, 12. 1 Corinthiens 15, 22) parce que tous sont pécheurs. Cependant, ce courant traditionnel était essentiellement fondé sur une erreur de traduction dans la Vulgate. Saint Jérôme écrivait, à propos du texte de saint Paul: « Je vais vous dire un mystère: nous mourrons tous. » Cette traduction a pu être rectifiée par la suite. Ce texte affirme donc au sens littéral que ceux qui verront le retour du Christ à la fin du monde ne mourront pas. En confrontant cela aux autres textes qui semblent le contredire, nous pensons qu’il convient de dire ceci: ceux qui seront sauvés mourront tous à eux-mêmes, à leur orgueil et à leur égoïsme, mais la dernière génération sera dispensée de la mort physique. [↩]

41. La vie après la vie, docteur Moody, Robert Laffont, 1977, page 35. Sur la survie, outre les facultés spirituelles, des facultés sensibles après la mort, voir du même auteur L’heure de la mort, la recherche philosophique sur la N.D.E. [↩]

42. 1 Corinthiens 15, 52. [↩]

43. 1 Rois 19, 12. [↩]

44. Ce serait ridicule et nous savons que la matière ne cesse de varier au cours de notre existence. On dit même qu’elle se renouvelle tous les sept ans. Ce qui fait qu’un corps humain est le sien, c’est d’abord et fondamentalement son chiffre génétique, porté sur les chromosomes et définitivement fixé dès notre conception. A l’intérieur de ce chiffre, certains défauts ne constituent pas essentiellement notre être physique et peuvent être guéris en nous laissant semblables à nous-mêmes. La pratique traditionnelle du culte des reliques des saints n’a donc plus aujourd’hui le sens matériel d’autrefois. L’intelligence de la foi a progressé sur ce point. C’est pourquoi l’Église autorise l’incinération des cadavres depuis le Concile Vatican II. [↩]

45. 1 Corinthiens 15, 44-49. [↩]

46. Voir le livre de Tobie. [↩]

47. Jean 20, 27. [↩]

48. Daniel 12, 2. [↩]

49. Nous verrons ultérieurement à quoi ressemblera leur enfer de ressuscités. [↩]

50. Certaines propriétés sont miraculeuses en ce sens qu’elles dépassent les lois de la matière. Ainsi, le mouvement instantané est impossible, ainsi que le fait d’être en deux lieux à la fois (bilocation). La puissance de Dieu rendra cela possible, à volonté. Très concrètement, cela signifie qu’il sera possible aux amis de Dieu de se déplacer physiquement de manière instantanée d’un bout à l’autre de l’univers, malgré les distances immenses (milliard d’années lumière). Les damnés ne le pourront pas, s’appuyant non sur la Puissance infinie de Dieu mais sur la vigueur limitée de leur âme. [↩]

51. Pour connaître ces quatre propriétés, voir du même auteur, L’heure de la mort. [↩]

52. Voir dans l’ouvrage, L’heure de la mort. Il existe six étapes du purgatoire. Elles ne sont pas obligatoires. Leur but est de rendre totalement humble celui qui aime Dieu. Ce passage sera aussi bref en temps réel qu’il paraîtra long en temps intérieur aux hommes assoiffés de la présence du Christ. [↩]

53. Matthieu 13, 29. [↩]

54. Apocalypse 19, 20. [↩]

55. Apocalypse 19, 20 et des dizaines d’autres références évangéliques. [↩]

56. Catéchisme de l’Église Catholique, n°1046. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi. [↩]

57. Voir, du même auteur, L’heure de la mort. [↩]

58. D’après saint Augustin, Les confessions. [↩]

59. 1 Corinthiens 2, 9. [↩]

60. En plus de la Vision de sa vie Trinité et de la présence de nos frères anges et hommes qui est la grâce essentielle et suffisante. [↩]

61. Comme tout cela est inimaginable, bien des points seront traités au conditionnel. Nous nous trouvons dans l’attitude exacte des enfants le jour de Noël. Ils n’ont pas encore le droit de descendre voir le sapin mais ils soupçonnent, connaissant l’amour et la ri­chesse en inventions de leurs parents, les présents cachés. [↩]

62. 2, Pierre 3, 10. Ce texte, valable pour la fin du monde, est vrai aussi pour chaque civilisation, pour chaque génération. Les plus belles constructions humaines finissent tôt ou tard à l’état de ruine. Des sept merveilles du monde antique, seules les pyramides d’Egypte subsistent, rongées par les caries du temps. Ce fait paraît dramatique. En fait, les constructions de l’homme ont plusieurs inconvénients : Elles sont souvent le fruit de l’orgueil, pas seulement de l’amour désintéressé. Elles sont faites de matière soumise à la corruption. De plus, en comparaison de ce qu’il nous sera possible de faire dans l’autre monde, avec la liberté d’une imagination sans limite et d’une matière sans résistance, tout ce qui est ici-bas est très gris et très laid! [↩]

63. Cette phrase choque. Jésus la tint explicitement à ses disciples qui s’extasiaient de la beauté du Temple de Jérusalem. [↩]

64. Matthieu 24, 2: A l’image du Temple, pourtant magnifique, de Jérusalem*. Le Catéchisme de l’Église Catholique précise 1050 "Car tous les fruits excellents de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père le royaume éternel et universel" (Gaudium et Spes 39, _ 3; cf. Lumen Gentium 2). Dieu sera alors "tout en tous" (1 Co 15, 28), dans la vie éternelle: La vie subsistante et vraie, c’est le Père qui, par le Fils et en l’Esprit Saint, déverse sur tous sans exception les dons célestes. Grâce à sa miséricorde, nous aussi, hommes, nous avons reçu la promesse indéfectible de la vie éternelle (S. Cyrille de Jérusalem, catech. ill. 18, 29). [↩]

65. 2 Pierre 2, 7. [↩]

66. Le plus grand parmi les théologiens, saint Thomas d’Aquin, dans son traité de l’Incarnation (Somme théologique, Troisième partie), accepte la possibilité d’autres modes de salut. Selon lui, le Verbe peut même s’incarner « plusieurs fois », dans plusieurs individuations! [↩]

Arnaud Dumouch, La fin du monde, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2007.

 

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