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PREMIÈRE PARTIE : LA FIN DU MONDE
 
 
CHAPITRE 7

Le temps du Sépulcre, le signe de Jonas

« Cette génération est une génération mauvaise. Elle demande un signe et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. Car, tout comme Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. »[1]
 
« Le soir venu, il vint un homme riche d’Arimathie, du nom de Joseph, qui s’était fait lui aussi disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu’on le lui remette. Joseph prit donc le corps, le roula dans un linceul neuf et le mit dans un tombeau neuf qu’il s’était fait tailler dans le roc. »[2]

Le temps du sépulcre.

 

L’Église du silence
L’Église des derniers temps
« Le Christ trouvera-t-il la foi sur la terre lorsqu’il reviendra dans sa gloire ? »
Le retour de l’islam de Médine
La conversion d’Israël
Le monde de l’Antéchrist disposera les pécheurs au salut !
Y aura-t-il des catastrophes physiques avant le retour du Christ ?
Le dernier signe, « l’arbre de vie »
Les dernières catastrophes cosmiques

 

 

La disparition de l’Église catholique et de tout ce qui porte le nom de Dieu (les autres religions prêchant l’humilité) sera un signe des temps semblable à celui donné au juifs par la mise au tombeau de Jésus. Il existera des hommes justes, qui ne seront pas nécessairement des chrétiens de l’intimité, pour sentir la gravité de l’événement. Il s’agira en effet d’un acte irréparable. Au plan de sa signification symbolique, en effaçant politiquement le nom de Dieu de la terre, en le remplaçant par son propre nom ou par celui de son maître Lucifer, l’Antéchrist* dépassera la mesure de tous les péchés commis dans le monde. Caché derrière cet acte, Satan paraîtra au conseil de Dieu[3] et pourra dire: « Regarde l’humanité. En ce jour, elle se révolte tout entière contre toi. Res­pecte donc la volonté de tes créatures réunies et donne la béatitude à ceux qui refusent de s’abaisser. Ce sera justice »[4].

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L’Église du silence

(Chose certaine)

Disparition du pape

(Chose probable)

À titre de curiosité : consulter la prophétie des papes.

Icône

Lorsque ce sera réalisé, il semblera ne plus y avoir sur la terre ni d’Église du Christ ni de religion autre que celle de Lucifer. Mais Dieu ne voit pas les réalités comme les hommes. Il discernera une véritable Église. Ce ne sera pas une Église visible de l’extérieur comme le sont les communautés qui peuvent se réunir dans des temples de pierres. Ce sera une Église com­posée d’un petit nombre de chrétiens isolés, ne se connaissant pas les uns les autres, mais au cœur saint. Ils n’auront plus de pape pour les maintenir dans la vraie foi, ils n’auront plus d’eu­charistie pour les nourrir de la présence de Jésus. Saint Paul, pressentant la pauvreté des chrétiens de cette époque, lance en une phrase toute la spiritualité qui sera la leur: “Dès lors, frères, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous (c’est-à-dire de toute la succession des papes et des saints), de vive voix ou par écrit. Que Jésus lui-même, ainsi que son Père qui nous a aimé console vos cœurs et les soutiennent.[5]

Des papes, il ne leur restera plus que le souvenir et la possibilité d’être fidèles aux enseignements de jadis. Le pape de cette époque sera probablement devenu un homme solitaire et errant. Poussé par l’Esprit et méditant sur le mystère en train de se réaliser, il se mettra en chemin vers Jérusalem, à l’image du Christ. Le Christ disait lui-même: « Mais aujourd’hui, demain et le jour suivant, je dois poursuivre ma route, car il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem.[6] »

Disparition de l’eucharistie

(Chose probable)

Sainte Eucharistie

La disparition de l’eucharistie pose problème[7]. Peut-il y avoir Église sans la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie?

Depuis quatre siècles, dans l’Église catholique, les prêtres ont eu tendance à identifier le chemin de la grâce de Dieu à la seule pratique des quatre sacrements suivants, baptême, confirmation, pénitence, eucharistie. Cette tradition est un effet de la formation au sacerdoce[8]. C’est une excellente spiritualité… pour les prêtres. Mais le fait qu’elle ait remplacé les grandes théologies mystiques canonisées par l’Église fut une erreur. Les grands Docteurs mystiques comme sainte Thérèse d’Avila, saint Jean de la Croix, saint Thomas d’Aquin disaient que l’eucharistie était une des voies de la grâce. C’est une nuance essentielle. Pour eux, l’eucharistie est « le mode le plus inouï, le plus extraordinaire, par lequel Dieu a inventé de se donner ». Mais l’origine de toute grâce n’est pas Jésus-eucharistie, c’est Jésus « tout court ». Jésus peut obtenir l’intimité qu’il désire avec l’homme par bien d’autres moyens, la contemplation de la nature, la musique, le silence, le désert et, par-dessus de tout car source de tout, le cœur à cœur de l’oraison. Marthe Robin[9] disait à propos de l’Eucharistie:

« Dans la communion eucharistique, Dieu se donne dans un acte extérieur qui est en lui-même un plaisir, une consolation, une joie pour l’âme… La communion ne suppose pas toujours la vertu. On peut communier et se rendre coupable du corps et du sang du Christ. Quelqu’un a dit: “on trouve des chrétiens qui communient tous les jours et sont en état de péché mortel… Mais, on ne trouvera jamais une âme qui fasse oraison tous les jours et demeure dans le péché.” Si on me proposait de choisir la rencontre avec le Christ dans l’eucharistie ou dans l’oraison, je choisirai sans hésiter l’oraison car c’est elle qui donne tout son sens à la communion. L’adoration est le but de la communion et c’est elle qui lui donne sa valeur. »

Une ermite commentait: « Jésus eucharistie ne vient sous les espèces du pain que dans le but de nous mendier quelques secondes de présence et de les transformer, dès que nous le comprenons, en une perpétuelle présence que nous ne quittons jamais, qui demeure indépendamment des espèces du pain et du vin et que nous pouvons retrouver à chaque moment, à volonté, en nous tournant vers notre intériorité.[10] »

La vie mystique est infiniment plus riche que le mode sacramentel. La vie mystique (= la charité (Agape) pour Dieu et le prochain) intègre toutes les différentes manières de la vivre (= les spiritualités) mais ne peut être réduite à une seule de ces spiritualités. Jésus veut venir habiter le cœur des hommes. Si une voie lui est fermée, il passera par une autre.

Vers la fin du monde, des évènements semblables à ceux vécus par l’Église russe au temps des soviétiques se produiront. Privés de prêtres et de messe, les fidèles apprendront à vivre du Christ comme Marie au temps du sépulcre, par la prière du cœur à cœur. Et, en cette époque, l’Église catholique sera bien vivante, plus que jamais.

Marie

(Chose probable)

Sainte Anne.
L’annonciation à sainte Anne (mère de Marie)
par Giotto di Bondone

Des trois blancheurs citées par saint Jean Bosco, il ne leur restera plus que Marie*[11]. Les chrétiens de cette époque sauront vivre de son esprit. Ils méditeront à son école la parole de Dieu écrite dans les Évangiles. Le sacrifice final de l’Église visible sera vécu par eux avec une charité proche de celle de Marie à la croix. Elle provoquera le retour du Christ. Il ne résistera pas à la supplication humble et aimante de ceux qui vivront ces derniers moments[12].

Les chrétiens de la fin du monde auront surtout pour nourriture le cœur à cœur de la prière. Jésus les comblera de sa présence. « Là où l’épreuve abonde, la grâce surabonde »[13]. Jamais on n’aura vu fleurir une sainteté aussi grande qu’en ce temps de sépulcre. L’Antéchrist croira avoir détruit définitivement tout christia­nisme de la terre. Or il fleurira aussi beau qu’à la croix et au tom­beau dans le cœur de Marie. Ce sera une foi humble car coupée de toute possibilité de triomphe extérieur. Elle sera confiante car sûre de la proximité du retour du Christ. Elle sera amoureuse car elle jaillira en contemplation pour Jésus vu à l’intérieur de la prière. Elle sera attentive aux autres puisqu’on priera beaucoup en cette époque pour les pauvres tenus loin de Dieu par l’Antéchrist.

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L’Église des derniers temps

(Chose probable)

L’image de Jésus sur le Saint Suaire de Turin.

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort[14]* décrit l’Église des derniers temps de la façon suivante:

« Les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâce et en vertus, seront les plus assidus à prier la Très Sainte Vierge et à l’avoir toujours présente comme leur parfait modèle pour l’imiter, et leur aide puissante pour les secourir.

J’ai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde, et bientôt, parce que le Très-Haut et sa très sainte mère doivent former de grands saints qui surpasseront en sainteté la plupart des autres saints, que les cèdres du Liban surpassent les petits arbrisseaux, comme il a été révélé à une sainte âme, dont la vie a été écrite par Mr. de Renty. »

« Le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c’est‑à‑dire à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants qu’elle sus­citera pour lui faire la guerre. Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon, foulés et persécutés comme le talon l’est à l’égard des autres membres du corps; mais, en échange, ils seront riches en grâce de Dieu, que Marie leur dis­tribuera abondamment, grands et relevés en sainteté devant Dieu, supérieurs à toute créature par leur zèle animé, et si fortement appuyés du secours divin, qu’avec l’humilité de leur talon, en union avec Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher Jésus Christ. »

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« Le Christ trouvera-t-il la foi sur la terre lorsqu’il reviendra dans sa gloire ? »[15]

(Chose certaine)

C’est ce que se demande Jésus avant de mourir en croix. La réponse est oui, sans aucun doute, selon une autre de ses paroles: “A cause des élus, ils seront abrégés, ces jours-là.[16]” Ils seront abrégés non seulement pour qu’il y ait toujours présent sur la terre quelques disciples du Christ qui prient pour leurs frères, mais surtout parce que la ferveur de leur désir bouleversera le Ciel. A cet égard, le peuple russe livre une analogie intéressante. Après 70 ans de communisme, le sacrifice de la messe avait entièrement disparu de certaines régions. Pourtant, la foi était gardée, fidèlement, par la prière et l’action de quelques femmes. Brutalement, sans que personne n’ait pu le prévoir, le communisme s’écroula, « comme par le souffle du Christ ». Mais la foi était restée intacte durant toutes ces années.

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Le retour de l’islam de Médine

(Selon moi… Au lecteur de juger)

La conversion d’Israël.

Dieu ne discernera pas que des chrétiens. Il verra, ici ou là, des musulmans fidèles dont la prière ressemblera à celle de Job dans son épreuve: “Je sais moi que mon Rédempteur est vivant et qu’il se lèvera le dernier dans la poussière. Et moi, après mon éveil, de ma chair, je verrai Dieu[17]”. Ils auront été appauvris par l’épreuve, détachés par la vision de l’apostasie* de leurs coreligionnaires, de leurs rêves passés d’un islam* mondial[18]. Il ne leur restera plus qu’Allah et la confiance qu’ils lui portent. Ceux qui n’auront pas réalisé cette oeuvre de purification ne tiendront pas. Ils s’écrouleront devant la constatation de la victoire de l’Antéchrist. En ces jours, le petit reste des musulmans fidèles n’aura plus pour les soutenir l’appel à la prière du muezzin, le Ramadan public, le pèlerinage dans les lieux saints. Il ne leur restera plus que l’aumône qu’on peut camoufler en action sociale, le Coran qui nourrit l’âme de sa beauté venant du Très-Haut et la prière d’adoration secrète, au fond d’une chambre secrète. Nourris de leurs propres prophéties, ils prieront Dieu d’envoyer le Messie Jésus, lui qui doit revenir à la fin du monde. Ils supplieront Mariam, sa mère immaculée, d’intercéder pour cela auprès d’Allah. Et leur prière sera reçue du Ciel. On se réjouira de voir des serviteurs si fidèles et on saura, en voyant les abîmes de pauvreté de leur cœur, qu’ils seront grands au Ciel lorsqu’ils sauront qui est vraiment Jésus.

Il existera des justes dans toutes les religions. Ici et là, des cœurs chercheront Dieu, gardant fidèle­ment les traditions reçues des pères, les semences de l’Esprit Saint[19] qui les dispose au salut.

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La conversion d’Israël

(Chose certaine pour le fait, mais incertaine pour la manière. Au lecteur d’en juger)

Islam de Médine.

« La venue du Messie glorieux est suspendue à tout moment de l’histoire à sa reconnaissance par “tout Israël” dont "une partie s’est endurcie" dans “l’incrédulité” envers Jésus. Saint Pierre le dit aux juifs de Jérusalem après la Pentecôte : “Repentez-vous et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés et qu’ainsi le Seigneur fasse venir le temps de répit. Il enverra alors le Christ qui vous est destiné, Jésus, celui que le Ciel doit garder jusqu’au temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé dans la bouche de ses saints prophètes”. Et S. Paul lui fait écho : “Si leur mise à l’écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur assomption, sinon la vie sortant des morts?”. L’entrée de “la plénitude des Juifs” dans le salut messianique, à la suite de “la plénitude des païens”, donnera au Peuple de Dieu de “réaliser la plénitude du Christ” dans laquelle “Dieu sera tout en tous”[20]. »

Qu’en sera-t-il du peuple juif? J’ai rappelé[21] que saint Paul annonce explicitement leur conversion au Christ à la fin du monde. Il le fait en une phrase brève, lapidaire: « Que sera leur admission sinon une résurrection d’entre les morts ? » Saint Paul lie donc la conversion d’Israël à la résurrection. Or l’Église sait que cette résurrection se produira après le retour du Christ.

Faut-il donc en conclure que le peuple juif ne reconnaîtra le Messie que lorsqu’il se montrera à lui, c’est-à-dire au moment même de son retour? Cela paraît être une interprétation possible. Si des siècles de christianisme n’ont pu les amener à Jésus, c’est que Jésus se réserve de se révéler lui-même. Jusqu’à aujourd’hui, chaque juif découvre le Messie au moment où il lui apparaît, c’est-à-dire à l’heure de sa mort. Lorsque son cœur est bien disposé, il le reconnaît, l’aime et le suit dans la Vie éternelle. Il est possible qu’il en soit de même pour la dernière génération de juifs.

Mais ce n’est pas l’interprétation la plus sûre. Le peuple juif est depuis toujours un signe donné visiblement, ici-bas, dans les réalités politiques. Je l’ai montré, Israël* a reçu la mission d’être un peuple particulier. C’est son histoire politique, datée qui réalise successivement des textes de l’Écriture, dont le sens spirituel est valable pour tous les peuples. Tout semble donc indiquer une véritable conversion historique et nationale se produisant peu avant le retour du Christ, selon la lettre de la prophétie de Jésus[22]: “Vous ne me verrez plus jusqu’à ce qu’arrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur”. Rien n’exclut que ce peuple d’abord exclu de l’Alliance par la faute de ses théologiens, deviennent vers la fin du monde, lorsque les nations chrétiennes auront apostasié, « l’Église Catholique ».

Peut-on savoir de quelle manière Dieu les disposera à la conversion? Fera-t-il quelque chose de spécial pour eux qui se sont séparés de lui à travers l’action de leurs ancêtres? Lorsqu’on se trouve devant une telle question, il faut chercher s’il n’existe pas une allégorie biblique où Dieu manifeste comment il se réconcilie un ancien ami[23]. Or il en existe au moins deux dont le récit peut éclairer ce mystère. Le premier est une parabole de Jésus racontant l’histoire d’un homme qui avait deux fils[24]. Le deuxième concerne ce chapitre puisqu’il raconte la manière dont Dieu peut préparer, longtemps à l’avance une réconciliation. Il s’agit de l’histoire de Joseph[25].

Joseph était le fils préféré de son père Jacob car il était le seul enfant de l’épouse qu’il aimait, Rachel. Pour le lui prouver, Jacob lui avait fait faire une tunique bariolée, signe extérieur de sa préférence. Or ses dix frères se mirent à le jalouser. Ils ne cessaient de l’importuner, se moquant des rêves prémonitoires qu’il faisait et leur racontait. Un jour, son père l’envoya porter de la nourriture aux champs pour ses frères qui y gardaient les troupeaux. Ceux-ci le virent venir de loin et décidèrent de le tuer. Ils se saisirent de lui, le jetèrent dans un puits et, avisant une caravane de marchands qui passait, le vendirent pour la somme de vingt pièces d’argent. Ils égorgèrent un agneau, mirent le sang sur sa tunique, et la montrèrent au père en disant: « Certainement, un fauve l’aura dévoré ». Jacob fut inconsolable­. Il reporta son affection sur un second fils de Rachel, né pendant sa vieillesse. Benjamin naquit et sa mère mourut en le mettant au monde. Joseph fut vendu comme esclave en Égypte. Le pharaon remarqua ses talents. Il l’éleva et en fit le premier de ses serviteurs. Il lui confia la responsabilité de nourrir le pays tout entier.

Cette histoire, au-delà de sa lettre, est une allégorie. Joseph vendu par ses frères puis établi comme maître du pain de toute la terre d’Égypte n’est autre que la figure de Jésus qui, après sa mort douloureuse, put donner le pain du Ciel à toutes les nations païennes. Rachel sa mère, préférée de Jacob et morte en mettant au monde le petit Benjamin symbolise et annonce Marie, la mère de Jésus, morte dans son cœur de mère au pied de la croix en mettant au monde l’Église. Il suffit de lire le texte pour s’apercevoir des correspondances étonnantes.

En gardant la même méthode et en remplaçant le personnage de Joseph par Jésus, celui de Pharaon par Dieu le Père, de l’Égypte par les nations chrétiennes, de Rachel par Marie, de Benjamin par l’Église, des dix frères pécheurs par le peuple juif, on assiste comme dans une pièce de théâtre à la suite des temps. En effet, le récit raconte ensuite comment Joseph, devenu maître du pays d’Égypte, se réconcilia avec ses dix frères criminels. « Puis il advint une grande famine sur toute la terre. L’Égypte (l’Église contenant les païens), gardée par l’intelligence de Joseph ne manquait de rien. Jacob et ses fils (le peuple d’Israël) n’eurent bientôt plus rien et, apprenant que l’Égypte vivait dans l’abondance, ils décidèrent de s’y rendre et d’acheter à prix d’or du pain. Mais Jacob ne voulut pas que son fils Benjamin (l’Église chrétienne) accompagne les dix autres frères, redoutant quelque chose pour sa vie. Arrivés en Égypte, il furent reçus par Joseph qui les reconnut. Mais eux ne le reconnurent pas car il était vêtu en Egyptien (le visage du Christ est aujourd’hui caché pour les Juifs sous les traits d’un persécuteur du passé).

Alors, volontairement, Joseph leur parla mal et dit les soup­çonner d’être des espions venus observer la faiblesse du pays. Eux nièrent et se proclamèrent onze frères fils d’un même père et poussés par la famine vers l’Égypte pour y acheter du pain. Joseph fit semblant de ne pas les croire. Il garda Siméon en otage exigeant d’eux qu’ils reviennent avec leur plus jeune frère Benjamin pour prouver leur bonne foi. Ils partirent donc, inquiets et mortifiés, se demandant si Dieu ne leur faisait pas ainsi payer leurs crimes envers Joseph. Arrivés devant Jacob, ils lui racontèrent les exigences du maître de l’Égypte mais lui ne voulut pas laisser partir Benjamin, effrayé pour sa vie.

La famine se fit plus dure sur le pays. Il fallut, sous peine de mort, retourner en Égypte. Alors Jacob (que Dieu appelle aussi Israël) laissa partir son fils Benjamin avec eux. Les fils d’Israël arrivèrent donc devant Joseph qui les reçut bien, fit libérer Siméon et les invita à sa table. Ils ne le reconnurent toujours pas. Alors qu’ils s’apprêtaient à partir, Joseph dit à son intendant: “Tu cacheras la coupe en argent, celle dont je me sers pour lire l’avenir, dans le sac du plus jeune”. Les fils d’Israël étaient partis depuis peu, lorsque Joseph dit à son intendant: “Rattrape-les, reproche-leur le vol”. L’intendant le fit. Mais eux nièrent en disant: “Fouille nos sacs. Celui chez qui on trouvera la coupe, mourra et nous, nous serons tes esclaves”. “Soit, répondit l’intendant, celui chez qui on trouvera la coupe sera mon esclave et les autres seront libres de partir”. On fouilla les sacs et on trouva la coupe chez Benjamin. Alors les fils d’Israël déchirèrent leurs vêtements et revinrent vers la ville. Ils entrèrent dans la maison de Joseph. Judas, celui-là même qui avait pris la décision de le vendre aux marchands[26] lui dit en substance: “Benjamin est le seul fils qui reste à notre père depuis que Joseph a disparu. S’il ne revient pas, notre père mourra et je porterai la culpabilité de sa mort. Alors laisse partir l’enfant et prends-moi comme esclave à sa place.”

Devant cette attitude noble de ses frères, Joseph ne put se contenir plus longtemps. Il fit sortir tous les Égyptiens présents et éclata en sanglots. Il leur dit: “Je suis Joseph, mon père vit-il encore?” et ses frères ne purent lui répondre car ils étaient bouleversés de le voir. Alors Joseph dit à ses frères: “approchez-vous de moi. Ne soyez pas triste de m’avoir vendu ici en Égypte car c’est pour préserver vos vies que Dieu m’a envoyé devant vous.” »

Tel est le résumé des épreuves que Joseph imposa à ses frères avant de se révéler à eux. Il voulut voir de ses yeux s’ils avaient changé, s’ils se comporteraient avec Benjamin comme ils s’étaient comportés avec lui. Or les frères ne voulurent pas livrer Benjamin, ni à la mort, ni à l’esclavage. Au contraire, Judas l’un des coupables se proposa pour être esclave à sa place.

De même, vers la fin du monde, il est probable que Jésus mettra à l’épreuve ses frères juifs. Benjamin semble symboliser l’Église, du moins ses restes à la fin du monde. Jésus voudra vérifier si les Juifs se comportent mieux avec l’Église qu’avec lui jadis. Les derniers papes seront-ils contraints par les évènements de se réfugier en Israël ? Seront-t-ils protégés par les chefs et le peuple juif ? Prendront-ils la décision d’empêcher sa destruction totale par les forces de l’Antéchrist*? Refuseront-ils avec héroïsme, risquant leur propre vie, que l’Église de la fin soit tuée ou réduite en esclavage? Il semble en tout cas, si l’on suit cette allégorie prophétique, qu’ils ne se comporteront plus de la même manière qu’au temps de Jésus[27]. Certains théologiens de jadis affirmèrent que le dernier pape reviendrait mourir à Jérusalem: « Il ne convient pas qu’un prophète meure en dehors de Jérusalem*. »[28] Dieu se plaît en effet à réaliser de manière historique ce qu’il veut signifier au sens le plus spirituel.

Alors, bouleversé par le changement des Juifs, Jésus se révélera à eux dans toute sa gloire de Roi de la Terre. Ainsi se réalisera dans la plus grande vérité la parole du prophète : « La gloire à venir de ce Temple rebâti dépassera l’ancienne, dit Yahvé Sabaot, et dans ce lieu je donnerai la paix, oracle de Yahvé Sabaot.[29] »

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Le monde de l’Antéchrist disposera les pécheurs au salut ![30]

(Chose certaine)

Saint Dominique.
« Que deviendront les pauvres pécheurs ? » (Saint Dominique)

La question du salut des foules qui auront été séduites par l’Antéchrist et se seront éloignées de Dieu est essentielle. Dieu lui-même, par son silence, aura permis une telle victoire du culte de l’homme, probablement accompagné du culte spirituel de l’Ange révolté*. Comment expliquer qu’il pousse si loin sa permission du mal? Comme le disaient les membres de la secte du Temple solaire, se serait-t-il dégoûté de ce monde au point d’abandonner les hommes au démon et à son entreprise de damnation de l’humanité? Désespérés de ce monde, les membres de cette secte ne cessèrent de se suicider dans les années 1995 pour rejoindre le Christ. Il ne saurait bien sûr en être ainsi et leur action relève d’un manque de connaissance de Dieu. Dieu ne permet rien qui ne serve en définitive au salut des hommes.

L’Écriture Sainte livre de nombreux textes éclairants. Rappelons quelle sera la vie des hommes qui auront suivi l’Antéchrist dans son projet de monde sans Dieu. Le monde dans son ensemble, c’est-à-dire la très grande majorité des hommes, se retrouvera sur une terre habitable et correctement gérée. On n’y manquera de rien au plan matériel mais il n’y aura plus de vraie nourriture pour les âmes. La religion de l’Antéchrist ne proposera pas le vrai Dieu, mais un dieu digne, solitaire et froid, Lucifer.

Or “l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu[31]”. Il y aura donc une grande famine spirituelle, si terrible dit Jésus, “que si ces jours n’avaient été abrégés, nul n’aurait eu la vie (spirituelle) sauve[32]”.

Devant cette soif du vrai Dieu et de son amour, il y aura deux réactions. Certains, les plus faibles, souffriront sans comprendre que c’est l’absence du vrai Dieu qui les consume. Comment pourra-t-il en être autrement puisque nul prophète ne sera là pour le leur révéler. Il y aura en ce temps une multiplication des angoisses, des névroses et des suicides. On cherchera la lumière mais on ne la trouvera pas car, ajoute saint Mathieu[33] « Aussitôt après la tribulation, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées ». Ce texte n’a pas en premier lieu, comme toujours en matière apocalyptique, une signification matérielle. Il signifie que, du fait de la disparition de l’Église et des grandes religions qui parlent d’humilité ou d’amour, le soleil de la Vie éternelle aura disparu. Aucun homme ne sera là pour révéler Jésus, le Prince de cette Sagesse, aux âmes. La lune (qui reflète les rayons du soleil et les adoucit) n’est autre que tout ce qui reflète Dieu comme dans une image pour le monde. Jésus dans son humanité, Marie, les saints vivants ou morts, les religions qui portent quelque reflet du vrai Dieu… Le fait que la lune ne donne plus sa lumière signifie donc une disparition de tout ce qui peut être signe de la présence du Dieu d’humilité et d’amour pour l’homme. Les étoiles qui tombent du ciel représentent les prédicateurs qui, avant la venue de l’Antéchrist, indiquaient la route du Ciel mais, après, ne montreront plus que la terre à bâtir.

Faut-il ajouter à ces terribles épreuves des derniers temps un ébranle­ment soudain et effrayant de la nature? Faut-il admettre que la mer mugira matériellement, poussée par un grave dérèglement du climat? Certains théologiens l’affirmèrent jadis, en donnant un sens matériel aux textes. Ils annoncèrent même une pluie matérielle d’étoiles filantes et, pour les semaines qui précéderont le retour du Christ, la menace d’un astre errant qui se dirigera vers la terre, jetant dans l’effroi le monde de l’Antéchrist.

Ces interprétations ne sont pas à mépriser totalement[34] mais elles ne sont pas nécessaires. Plus la fin du monde approchera, plus leur signification sera spirituelle. Dieu n’aura pas besoin, dans le monde de l’Antéchrist, de frayeurs matérielles pour disposer les hommes au salut. Le monde se sera considérablement spiritualisé et les hommes seront beaucoup plus fragiles psychologiquement que par le passé. Si l’on veut détacher un solide cultivateur mérovingien de sa terre, il faut lui en montrer le peu de valeur par la rigueur des saisons et diverses épreuves matérielles (grêles, famine, pillage). Si l’on veut accomplir un travail de purification sur un jeune citadin attendri par le confort d’une vie facile, il suffit bien souvent de le laisser face à ses propres réflexions sur le sens de sa vie. L’humanité sera comblée dans son corps par toutes les richesses et sécurités mais, dans son âme, elle subira la souffrance. Dieu verra du Ciel cette souffrance. Il verra aussi à quel point elle creusera chez les hommes de bonne volonté une soif du vrai salut celui qui est fondé non sur la puissance mais sur l’amour. Il en sera heureux. Ainsi, le monde de l’Antéchrist, bien que prévu pour une toute autre finalité, disposera les peuples au salut d’une manière unique. “Beaucoup seront purifiés.” L’égoïsme qu’il produira sera accompagné d’un tel désespoir spirituel qu’il provoquera plus de soif de Dieu que de soif de cette liberté vaine et sans signification donnée par la religion du dernier Antéchrist.

De même, l’apparition dans le ciel du signe du fils de l’homme n’est pas à prendre nécessairement (quoique, dans un second sens, pourquoi pas) au sens le plus matériel, comme si une croix devait se dessiner matériellement dans le ciel. Cette prophétie se réalisera très concrètement dans l’histoire, selon les multiples niveaux de sens que j’ai décrit tout au long de ce livre. Mais seuls les “vautours[35]”, c’est-à-dire les contemplatifs, comprendront qu’il s’agit du martyre des croyants fidèles: “Mes paroles, dit Jésus, sont esprit et elles sont vie.”[36]“C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien”. Ainsi, dans le monde dominé par l’Antéchrist*, tout sera prêt pour le grand spectacle final. Le cœur des peuples séparés de Dieu mourra de soif spirituelle. Les derniers croyants mourront d’espérance et d’attente. Ainsi, il devient possible de comprendre pourquoi Dieu permettra l’apparition et la réussite de l’Antéchrist.

Le secret de La Salette[37] confirme ces dires, en appelant pour cette époque les contemplatifs à discerner les signes du dernier des temps.

« Combattez, enfants de lumière, vous, petit nombre qui y voyez. Car voici le temps des temps, la fin des fins. »

« Voici le temps. L’abîme s’ouvre. Voici le roi des rois des ténèbres. Voici la bête avec ses sujets, se disant le sauveur du monde. Il s’élèvera avec orgueil dans les airs pour aller jusqu’au Ciel. Il sera étouffé par le souffle de saint Michel Archange. Il tombera… »

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Y aura-t-il des catastrophes physiques avant le retour du Christ ?

(Chose indécise)

« Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine; et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire.[38] »

Certains textes des Ecritures et en particulier la lettre de l’Apocalypse ne cessent de décrire sous forme physique (tremblement de terre, chute d’étoiles etc.) les épreuves de la fin. Tout au long de cet ouvrage, j’ai voulu montrer à quel point le sens de ces fléaux se spiritualiserait de plus en plus jusqu’à la fin. Cependant, il convient de nuancer ce point de vue. Le Christ nous y invite : « Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé.[39] » Rien n’empêche donc (et c’est l’opinion de saint Thomas d’Aquin), que des terreurs physiques reviennent vers la fin. L’humanité s’imaginera avoir définitivement vaincu la plupart des aléas de la nature. Elle se sera beaucoup ramollie. L’apparition d’astéroïdes menaçants, de signes climatiques inédits pourrait remettre les coeurs dans la voie d’une certaine humilité…

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Arbre.

Le dernier signe, « l’arbre de vie »

(Chose indécise)

L’Antéchrist et ceux qui le suivront avec l’enthousiasme des débuts s’efforceront de nier la réalité du feu de l’âme assoiffée du vrai Dieu. Ils auront essayé de le faire disparaître en donnant aux hommes une religion et une espérance après la mort. L’Antéchrist fera tout pour supprimer le feu par sa nouvelle religion, ouverte à l’éternité, du culte de l’Homme divinisé. Mais son succès, étant mensonger, ne durera que le temps d’un enthousiasme passager. Son nouveau monde craquera de tous côtés, miné par un mal invisible.

En réalité, le feu qui brûlera son nouveau monde viendra du plus profond de l’âme humaine. L’âme de l’homme ne souffre pas seulement de la peur de mourir. Elle se désespère inconsciemment tant qu’elle ne trouve pas celui qui n’est que Lumière infinie, Amour total, humilité parfaite[40]. Elle a été créée par le vrai Dieu dans son mystère Trinitaire, Père, Fils et Saint Esprit. Elle est faite pour lui correspondre comme dans un mystère d’épousailles parfaites. Le cœur de l’homme est comme un creux fait pour le plein qu’est Dieu. Lucifer*, malgré la noblesse de sa nature, sa puissance intellectuelle, son immortalité, n’est qu’un succédané de Dieu, une pâle imitation. L’adorer ne mène à rien de durable. Malgré tous ses succès matériels, il n’y peut rien. Il ne peut combler le creux.

Ce problème se traduira très concrètement dans le monde de l’Antéchrist par la subsistance des épidémies de désespoir et de suicide. Alors, il s’efforcera de trouver une solution. Il s’efforcera d’étourdir l’humanité dans la recherche d’un nouveau défi pour l’empêcher de trop penser. Il ne manquera plus qu’une œuvre à réaliser, s’attaquer à la mort[41].

La mort fut imposée par Dieu aux hommes après le péché originel. Elle devint pour Lui une alliée car, de manière puissante et égalitaire, elle remettait les riches et les pauvres devant leur vraie condition. Il est difficile à un homme de mourir et de rester orgueilleux. Par ce mode, bien des hommes se réformèrent et furent sauvés.

Or, il convient de remarquer que le livre de la Genèse traite en deux temps la question de la mort. Juste après le péché originel, Dieu commença par rendre impossible toute forme d’immortalité sur la terre[42]: « Yahvé Dieu dit: “Voilà que l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal! Qu’il n’étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l’arbre de vie, n’en mange et ne vive pour toujours!” Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin d’Eden pour cultiver le sol d’où il avait été tiré. Il bannit l’homme et il posta devant le jardin d’Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l’arbre de vie. »

Ce texte indique la limite ultime qu’assignera Dieu à la puissance et aux réalisations de l’Antéchrist. Jamais Dieu ne permettra qu’il réussisse à supprimer la mort. Il s’y efforcera, à force de science et de biologie. Mais la présence des Kérubims, l’ordre supérieur des Anges, portant le nom hébreu de « lumière de la connaissance » indique une volonté arrêtée de ne pas laisser faire.

Un autre texte de la Genèse parle de la mort[43]: « Lorsque les hommes commencèrent d’être nombreux sur la face de la terre et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qu’il leur plut. Yahvé dit: “Que mon esprit ne soit pas indéfiniment responsable de l’homme, puisqu’il est chair; sa vie ne sera que de 120 ans” ». Ainsi, d’après la Bible, alors que les hommes vivaient auparavant 500 ou 600 ans, à la suite d’un péché mystérieux, Dieu raccourcit considérablement cette durée. J’ai toujours cru à une interprétation symbolique de ce texte, jusqu’à ce que la génétique se mette à soupçonner la présence dans l’A.D.N. d’une simple programmation de la vieillesse par le ralentissement des divisions cellulaires. De nos jours déjà, la génétique essaye de prolonger chez l’animal les divisions cellulaires qui sont à la base de la conservation des vivants dans une longue jeunesse. S’il est impossible de supprimer la mort, il est possible par contre de rallonger considérablement la durée de la vie.

Dans les décennies qui précèderont et accompagneront la venue l’Antéchrist*, l’humanité essayera probablement de forcer la porte de l’arbre de vie dont parle le livre de la Genèse[44]. L’arbre de Vie voulu par Dieu pour les hommes est celui de la Vie éternelle dans la vision de Dieu[45]. L’arbre de vie tel que l’entendra l’Antéchrist sera la vie éternelle et autonome sur terre. Cet arbre symbolise le paradis terrestre, objet des convoitises des hommes depuis la chute originelle. Il s’efforcera d’en percer le secret génétique[46]. Le jour où le gouvernement mondial réussira à faire naître des enfants capables de vivre plusieurs siècles, le signe de l’Arbre de vie sera donné aux hommes. L’humanité en sera changée. Si les hommes retrouvent la capacité à vivre longtemps sur terre, la procréation relèvera de l’État, ainsi que la contraception obligatoire. La fécondité et la naissance d’un enfant deviendront davantage affaire de science que d’union amoureuse d’un couple. Cela se fera contre les volontés les plus explicites de Dieu, lui qui lia jadis fécondité et amour conjugal, vie courte sur terre et humilité de l’homme. Ce signe est de grande importance puisqu’il rejoint le fondement même de la révélation biblique sur le sens de la vie terrestre.

La décision de prolonger la vie sur terre constituera le dernier tremblement apocalyptique. Ce sera aussi le dernier des signes sensibles donné à l’humanité. Toute l’Écriture sainte aura été accomplie. La Genèse et Apocalypse se rejoindront. « Les méchants feront le mal et les méchants ne comprendront pas ». Le jour où ce rêve sera tenté, ce jour-là, on pourra dire: « l’Écriture est accomplie ». Tout ce qui était annoncé est achevé. La coupe des iniquités est pleine. Le Messie revient[47].

Il est probable que les hommes sentiront confusément qu’ils ont commis un blasphème direct contre les volontés de Dieu : « Les nations sur la terre seront dans l’angoisse, inquiètes du fracas des flots et de la mer. Des hommes défailliront de frayeur dans l’attente de ce qui menace le monde habité car les puissances des cieux seront ébranlées.[48] »

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Les dernières catastrophes cosmiques

(Chose probable)

Les dernières catastrophes cosmiques.

« Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine; et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire.[49] »

Certains textes des Écritures et en particulier la lettre de l’Apocalypse ne cessent de décrire sous forme physique (tremblement de terre, chute d’étoiles etc.) les épreuves de la fin. Tout au long de cet ouvrage, j’ai voulu montrer à quel point le sens de ces fléaux se spiritualiserait de plus en plus jusqu’à la fin. Cependant, il convient de nuancer ce point de vue. Le Christ nous y invite : « Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé.[50] »

Rien n’empêche donc (et c’est l’opinion de saint Thomas d’Aquin), que des terreurs physiques reviennent vers la fin. Nous avons d’ailleurs un signe de la vérité de cette opinion dans la fin de la passion de Jésus. Sa vie est, je l’ai sans cesse montré, une parabole de la fin de l’humanité. Le chemin par lequel Jésus apprit l’humilité[51] sera le même pour son corps, l’humanité… C’est le même Esprit qui agit partout dans cette histoire.

Or l’Écriture nous rapporte les faits suivants, qui se produisirent juste avant la mort du Christ[52]: « A partir de la sixième heure, l’obscurité se fit sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et vers la neuvième heure, Jésus clama en un grand cri: "Eli, Eli, lema sabachtani", c’est-à-dire: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » « Quant au centurion et aux hommes qui avec lui gardaient Jésus, à la vue du séisme et de ce qui se passait, ils furent saisis d’une grande frayeur et dirent: "Vraiment celui-ci était fils de Dieu!" »

Il s’agit bien là de signes matériels, palpables et non de signes spirituels. Il est probable que, juste avant le retour du Christ, il en sera de même pour l’humanité toute entière. Ces catastrophes naturelles, dont la liste est actuellement abondement imaginée par nos modernes écologistes, auront un puissant effet de conversion sur les cœurs. A cette époque, l’humanité s’imaginera avoir définitivement vaincu la plupart des aléas de la nature. Elle se sera beaucoup ramollie. L’apparition d’astéroïdes menaçants, de signes climatiques inédits pourrait remettre les coeurs dans la voie d’une certaine humilité… Comment peut réagir une humanité confiante en sa puissance et habituée à tout maîtriser lorsque le malheur fond sur elle ?

Apparition d’astéroïdes menaçants.

 

 

1. Matthieu 12, 38. [↩]

2. Matthieu 27, 57. [↩]

3. Voir Job 1: Satan a librement accès devant Dieu car sa révolte libre est respectée par Dieu. [↩]

4. Certes, il ne peut exister pire péché. Mais, nous l’avions déjà expliqué, une telle “perfection” dans le mal ne pourra être qu’une « apparence », une image de la lucidité parfaite qui règne en enfer. Mettre l’enfer ici-bas consistera à entraîner dans un engrenage du « politiquement correct » une foule incapable de vraiment comprendre l’énormité de ce qu’elle fait dans une unanimité apparente du culte de l’Homme et du démon. La grande majorité des hommes est incapable d’un choix aussi radical car la nature humaine, blessée depuis le péché originel, se débat dans sa faiblesse. Mais les foules humaines peuvent être manipulées au point de paraître adhérer à ce système. Le démon et son serviteur l’Antéchrist ont assez de lucidité pour le savoir. Aussi accompagneront-ils leur œuvre de la réalisation d’un monde qui donnera aux hommes le maximum de bonheur terrestre individuel. [↩]

5. 2 Thessaloniciens 2, 15. [↩]

6. Luc 13, 33. Le destin de l’Église semble devoir se réaliser dans le même cadre que son commencement. Le peuple juif, nous le verrons y tiendra un rôle important. Voir plus loin: La conversion d’Israël. [↩]

7. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich* en eut la révélation dans une de ses visions prophétiques : « Le temps de ‘Antéchrist n’est pas si proche que quelques-uns le croient. Il aura encore des précurseurs. J’ai vu deux villes des docteurs, de l’école desquels pourraient sortir ces précurseurs. J’ai vu la cessation du sacrifice à l’époque de l’Antéchrist. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 441 et 492). [↩]

8. Au XVIIe siècle, le cardinal de Bérulle fonda l’Oratoire. Son disciple Jean-Jacques Olier, fonda les séminaires sulpiciens. Ce fut un immense renouveau de l’Église. Ils formaient des prêtres qui formèrent ensuite, de manière souvent trop exclusive à la piété eucharistique, les fidèles. [↩]

9. … qui n’est pas encore une sainte canonisée. Ses écrits sont cités à titre de témoignage. Ce texte a été composé par elle le 4 avril 1931. [↩]

10. A cause de cette réduction de la vie chrétienne à la spiritualité eucharistique, les divorcés remariés, qui n’ont plus accès à la communion eucharistique, ne pouvaient plus comprendre ce que leur demandait l’Église. Il sont appelés à la spiritualité du publicain décrite en Luc 10, 18: « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était Pharisien et l’autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes. Je suis un homme vertueux. Le publicain, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis! Je vous le dis: ce dernier descendit chez lui justifié, l’autre non. Car tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. » Tout est dit ici de la communion de celui qui ne peut plus communier. [↩]

11. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich vit Marie : « Je vis au-dessus de l’église saint-Pierre de Rome fort amoindrie, une femme majestueuse revêtue d’un manteau bleu de ciel qui s’étalait au loin, et portant une couronne d’étoiles sur la tête. Son manteau allait toujours en s’élargissant et finit par embrasser tout un monde avec ses habitants. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 160). [↩]

12. C’est pourquoi, à la fin de ce troisième temps, alors que l’Antéchrist sera au sommet de son règne, alors qu’il aura établi sur le monde une paix extérieure très réelle, le Messie reviendra, obéissant à la prière des saints. Ainsi, la fin des temps, c’est-à-dire la fin du temps de l’Antéchrist, coïncidera avec la fin du monde. [↩]

13. Romains 5, 20. [↩]

14. …Qui est un saint canonisé. Ses visions et ses prophéties ont de ce fait une certaine autorité dont le degré, sans rapport évidement avec celui de la Révélation publique, est précisé en fin d’ouvrage. Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, édition du seuil, Paris, 1966, 44, 51. [↩]

15. Luc 18, 8. [↩]

16. Matthieu 24, 22. Anne-Catherine Emmerich, une célèbre stigmatisée du XIXe siècle, témoigne : « Il n’y a qu’une Église, l’Église catholique romaine. Et quand il ne resterait sur la terre qu’un seul catholique, celui-ci constituerait l’Église une, universelle, c’est-à-dire l’Église catholique, l’Église de Jésus-Christ, contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront pas. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1923, Tome I, p. 528). [↩]

17. Job 19, 25. [↩]

18. Nous l’avons dit précédemment, comme le christianisme, Ismaël sera purifié par l’épreuve des guerres perdues dans le sang, de l’apostasie* de ses fidèles. Ils entreront dans la prise de conscience de leur faute, le repentir, et le désir de la venue du Messie. [↩]

19. Concile Vatican II, décret sur les religions non chrétiennes. [↩]

20. Catéchisme de l’Église Catholique, n° 674. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité. [↩]

21. Chapitre 5. [↩]

22. Luc 13, 35. [↩]

23. Il ne convient pas de parler du peuple juif comme de « l’ennemi de Dieu ». Ce serait négliger l’Alliance. Mais, au plan du symbole néo-testamentaire, l’Israël séparé du Christ est gardé tel par Dieu en vue d’une grande conversion individuelle et politique, vers la fin du monde. [↩]

24. Luc, 11-32. Nous verrons au chapitre suivant comment il peut éclairer le mystère du retour du Christ, de sa tenue au temps de l’Antéchrist. [↩]

25. Genèse 37, 45 et ss. Cette histoire est l’une des plus romanesques racontées par la Bible. [↩]

26. Genèse 37, 26. [↩]

27. Ceci ne s’oppose pas à une autre opinion souvent proférée par les anciens Pères de l’Église, comme quoi une partie des Juifs adhèrerait dans le futur au message de l’Antéchrist. « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas reçu ; un autre viendra en son nom et vous le recevrez. » (S. Jean, V, 43.) C’est sur cette parole adressée par Jésus-Christ aux Juifs, ses contemporains et ses adversaires, que cette croyance s’est établie ; et l’on peut dire qu’elle est le sentiment commun des Pères de l’Église. Nommons saint Irénée, saint Hippolyte, saint Hilaire, saint Cyrille de Jérusalem, saint Grégoire de Nazianze, saint Ephrem, saint Ambroise, Rufin, saint Jérôme, saint Chrysostome, saint Prosper, saint Cyrille d’Alexandrie, Théodoret, Victorinus, saint Grégoire le Grand, André de Césarée, le Vénérable Bède, saint Jean Damascène, Théophylacte, saint Anselme, etc. Le peuple Juif n’est jamais unanime dans ses opinions. Il est l’image de l’humanité… [↩]

28. Luc 13, 33. [↩]

29. Aggée 2, 9. Cette interprétation ne s’oppose pas à une autre : la reconstruction hypothétique du Temple de Jérusalem, où jadis, les Juifs adoraient Yahvé de manière semblable à celle des catholiques dans les tabernacles des églises… Dieu se plait souvent à réaliser matériellement ce qu’il a réalisé en esprit et vérité. [↩]

30. Disposer au salut ne veut pas dire donner le salut : Humilier les cœurs ne signifie pas les unir à Dieu. Mais c’est une première étape… [↩]

31. Matthieu 4, 4. [↩]

32. Matthieu 24, 22. [↩]

33. Matthieu 24, 22. [↩]

34. L’histoire nous montre qu’elles furent dramatiquement vraies pour bien des générations de nos ancêtres, sans compter les signes donnés par Dieu sous formes d’images dans le ciel. On pense au soleil dont l’image tourna et parut se précipiter sur la terre à Fatima. On pense aussi à ce que rapporte la Bible dans le deuxième livre des Maccabées 10, 29: « Au fort du combat, apparurent du ciel aux ennemis, sur des chevaux aux freins d’or, cinq hommes magnifiques qui se mirent à la tête des Juifs ». [↩]

35. Littéralement, en Matthieu 24, 28: « Où que soit le cadavre, là se rassembleront les vautours ». Seuls les mystiques, fils de Marie, pourront contempler les restes de l’Église disparue (les bâtiments désaffectés, les anciens traités théologiques), et comprendre ce qui se joue. [↩]

36. Jean 6, 63. [↩]

37. Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. [↩]

38. Matthieu 24, 29. [↩]

39. Matthieu 5, 18. [↩]

40. Le philosophe athée Feuerbach a analysé avec justesse le feu profond de l’âme humaine. Pour lui, le Dieu des chrétiens et son amour jusqu’à la mort fut le seul « conte » imaginé au cours de l’histoire et capable de répondre à la nature même de l’inconscient spirituel le plus profond. (Voir L’essence du Christianisme) [↩]

41. La Genèse fait de la mort le mystère le plus ultime, celui que l’homme veut à tout prix vaincre. Genèse 3, 22 Puis Yahvé Dieu dit: « Voilà que l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal! Qu’il n’étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l’arbre de vie, n’en mange et ne vive pour toujours! » A la fin du monde, la notion d’arbre de vie (Genèse 3). Ce livre, qu’on prend habituellement comme une œuvre mythique, rejoint l’histoire de manière surprenante. [↩]

42. Genèse 3, 22 et ss. [↩]

43. Genèse 6, 1. [↩]

44. Genèse 3, 24. [↩]

45. Donc dans un autre monde, pas ici-bas, quoiqu’en pensent les Témoins de Jéhovah. [↩]

46. La science génétique est de grande importance dans cette histoire car celui qui la maîtrise possède le pouvoir sur la vie. Pour l’orgueil humain, elle est donc l’une des conquêtes les plus importantes. Mais l’A.D.N. est aussi un texte écrit. Loin d’être produit par le seul hasard, son évolution est provoquée par la plus intelligente des actions. Les logiciels de la vie furent produits comme par des ingénieurs informaticiens, par un ordre d’anges que saint Thomas d’Aquin appelait Vertus. En conséquence, la connaissance des mécanismes génétiques produira deux effets : 1- L’existence d’une Intelligence organisatrice du monde ne pourra plus être niée (voir le texte de Paul VI cité au chapitre 4, troisième étape de l’apostasie). 2- Il sera plus que jamais possible de se révolter contre Dieu grâce au pouvoir sur la vie humaine (clonage, chimères, tout sera imaginable, jusqu’à la limite fixée par rapport à l’immortalité.) [↩]

47. Quant à la tentative de rendre l’homme immortel sur terre, ce prodige ne pourra jamais être réalisé, nous l’avons montré. C’est la limite ultime des permissions de Dieu concernant les réalisations orgueilleuses de la science humaine [↩]

48. Luc 21, 25. Rappelons pour la dernière fois que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que leur autorité est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. [↩]

49. Matthieu 24, 29. [↩]

50. Matthieu 5, 18. [↩]

51. Hébreux 5, 8. [↩]

52. Matthieu 27, 45. [↩]

Arnaud Dumouch, La fin du monde, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2007.

 

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