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PREMIÈRE PARTIE : LA FIN DU MONDE
 
 
CHAPITRE 6

Le sixième jour et l’Antéchrist

 

 

 

Qui est le dernier Antéchrist ?
L’œuvre de l’Antéchrist
Jusqu’où iront les succès de l’Antéchrist ?
Le témoignage de la papauté et le martyre de l’Église

 

 

 

Deux textes de l’Écriture sont importants pour la connaissance de la venue et de l’œuvre du dernier Antéchrist[1].

“Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation dont a parlé le prophète Daniel, installée dans le lieu saint (que le lecteur comprenne!), alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes…[2]

“Nous vous le demandons, frères, à propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer par des manifestations de l’Esprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le jour du Seigneur est déjà là. Que personne ne vous abuse d’aucune manière. Auparavant doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, que quand j’étais encore auprès de vous je vous disais cela(…). Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toutes espèces d’œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers, comme de toutes les tromperies du mal, à l’adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n’avoir pas accueilli l’amour de la vérité qui leur aurait valu d’être sauvés. Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire au mensonge en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal[3]

Avant tout, si l’on suit la lettre des Ecritures Saintes, on peut dire sans hésiter que la foi des chrétiens tient pour certaine onze affirmations concernant l’Antéchrist de la fin du monde[4]:

1 - Première certitude : L’Antéchrist sera une épreuve pour les bons, un châtiment éducatif pour les pauvres pécheurs, une voie de perdition pour les pervers.

2 - L’Antéchrist sera un homme, un individu.

3 - L’Antéchrist ne sera pas Satan incarné, ni un démon sous une apparence humaine, mais un membre de la famille humaine, un homme, rien qu’un homme.

4 - L’Antéchrist sera séducteur par certaines qualités de sa personne.

5 - Les débuts de l’Antéchrist seront humbles et peu remarqués.

6 - L’Antéchrist grandira et fera des conquêtes.

7 - L’empire de l’Antéchrist deviendra universel.

8 - L’Antéchrist fera une guerre acharnée à Dieu et à l’Église.

9 - L’Antéchrist se fera lui-même passer pour Dieu, il voudra être adoré lui seul.

10 - C’est au moyen de prodiges diaboliques que l’Antéchrist prétendra démontrer qu’il est Dieu.

11 - La domination et la persécution de l’Antéchrist seront passagères. L’homme de péché sera détruit.

La première question qui se pose est la suivante. Qui est l’Antéchrist? Est-il un homme fait de chair et de sang ou le symbole personnifié d’une idéologie, d’un anti-Évangile? Les deux thèses ont été soutenues par les théologiens. Pourtant, si l’on regarde les textes de l’Écriture Sainte qui nous annoncent sa venue, ils semblent trancher sans ambiguïté pour un Antéchrist homme, fait de chair et de sang. Saint Jean, dans sa première épître ne cesse de distinguer « l’esprit de l’Antéchrist » et « l’Antéchrist ». Le premier est une forme de pensée: « Tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu. C’est là l’esprit de l’Antéchrist[5] ». Au contraire, l’Antéchrist doit, selon lui, venir à une époque bien précise comme vient un faux prophète: « Petits enfants, voici venue la dernière heure. Vous avez entendu dire que l’Antéchrist doit venir; et déjà maintenant beaucoup d’Antéchrists sont venus, à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là[6] ». Son enseignement concorde en tout point avec celui de saint Paul cité ci-dessus. Il semble que la prédication unanime des apôtres a consisté à rappeler que le Christ ne reviendrait pas dans sa gloire avant que ne vienne l’Antéchrist. Chaque génération de chrétiens eut son Antéchrist dont la venue fut permise par Dieu pour approfondir la fidélité de ses disciples et leur pauvreté dans la lutte. Pour eux, cet Antéchrist fut donné comme le signe de la fin de leur monde. Cela se réalisa très concrètement puisque, depuis que le monde est monde, il n’existe pas de génération qui n’ait eu sa part de malheurs politiques, guerres, famines etc.

Cependant, la fin des fins, celle qui précède la résurrection des morts, est aussi l’ère d’un Antéchrist particulier dont les autres ne sont que des préfigurations. Ainsi, à moins de forcer les textes de l’Écriture, il semble certain que l’Antéchrist est un homme qui prêche avec succès une forme d’Antichristianisme. Cela concorde d’ailleurs avec tout ce que l’histoire nous montre des antichristianismes. Une idée, quelle qu’elle soit, ne brille puissamment que si elle est incarnée par un homme talentueux qui sait enthousiasmer les foules. L’exemple le plus typique de cette nécessité d’une incarnation est l’histoire du nazisme. Cet antichristianisme est épais dans ses principes. Établir la valeur des hommes sur une base strictement raciale, est indigne d’un siècle cultivé et du peuple de Goethe. Qu’un barbare du XVe siècle avant notre ère[7] ait pu élaborer une telle doctrine pour défendre sa tribu contre les menaces d’une autre, cela peut se comprendre. Mais qu’une nation chrétienne y sombre presque tout entière et avec émotion, cela dépasse la raison. Hitler est un Antéchrist, l’un des plus puissants que l’humanité ait connu. A ce propos, citons la prophétie étonnante de sainte Odile*[8], morte en 720 et patronne de l’Alsace. Dans l’une de ses visions, elle attribue à Hitler le qualificatif d’Antéchrist.

Sainte Odile.
Sainte Odile

« Ecoute, écoute, ô mon frère. J’ai vu la terreur des forêts et des montagnes. L’épouvante a glacé les peuples. Il est venu le temps où la Germanie sera appelée la plus belliqueuse des nations de la terre. Elle est arrivée l’époque où surgira de son sein le guerrier terrible qui entreprendra la guerre du monde et que les peuples en armes appelleront l’Antéchrist, celui qui sera maudit par les mères pleurant, comme Rachel, leurs enfants et ne voulant pas être consolées. Vingt peuples combattront dans cette guerre. Le conquérant partira des rives du Danube. La guerre qu’il entreprendra sera la plus effroyable que les humains aient jamais subie. Ses armées seront flamboyantes et les casques de ses soldats seront hérissées de pointes qui lanceront des éclairs pendant que leurs mains brandiront des torches enflammées. Il remportera des victoires sur terre, sur mer et jusque dans les airs, car on verra ses guerriers ailés, dans des chevauchées inimaginables, s’élever dans le firmament pour y saisir les étoiles et les projeter sur les villes et y allumer des grands incendies. Les nations seront dans l’étonnement et s’écrieront: “D’où vient sa force?” La terre sera bouleversée par le choc des combats; Les fleuves seront rougis de sang, et les monstres marins eux-mêmes s’enfuiront épouvantés jusqu’au fond des océans. Les générations futures s’étonneront que ses adversaires n’aient pu entraver la marche de ses victoires. Des torrents de sang humain couleront autour de la montagne, ce sera la dernière bataille “Ultima pugna”. Cependant, le conquérant aura atteint apogée de ses triomphes vers le milieu du sixième mois de la deuxième année des hostilités, ce sera la fin de la première période, dite de victoire sanglante. II croira alors pouvoir dicter ses conditions La seconde partie de la guerre égalera en lon­gueur la moitié de la première; Elle sera appelée “tempus diuitionis”, la période de la diminution. Elle sera féconde en surprises qui feront frémir les peuples. Dans la troisième période, tous les peuples spoliés recouvreront ce qu’ils ont perdu et quelque chose de plus. La région de Lutèce sera sauvée elle-même à cause de ses montagnes bénies et de ses femmes dévotes. Pourtant, tous auront cru à sa perte, mais les peuples se rendront sur la montagne et rendront grâce au Seigneur. Car les hommes auront vu de telles abomina­tions dans cette guerre que leurs générations n’en voudront plus jamais. Malheur pourtant encore à ceux qui ne craignent pas l’Antéchrist, car il suscitera de nouveaux meur­tres. Mais l’ère de la paix sous le feu sera arrivée et l’on verra les deux cornes de la lune se réunir à la croix, car en ces jours, les hommes effrayés adoreront Dieu en vérité, et le soleil brillera d’un éclat inaccoutumé.[9] »

Mais Hitler n’est pas le dernier Antéchrist. Les Écritures nous décrivent son œuvre avec suffisamment de précision pour que nous puissions le reconnaître au moment de sa venue. Hitler fut avec Lénine, Staline, Pol Pot, Mao, l’un de ces terribles Antéchrist en matière de persécutions extérieures: “Celui qui tue le corps[10]”, dirait Jésus, mais dont l’âme reconnaît assez facilement la perversité. L’Antéchrist final sera plus terrible au plan de la vie divine. Il sera celui “qui, après avoir tué le corps, a le pouvoir de jeter dans la géhenne l’âme et le corps.[11]

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Qui est le dernier Antéchrist ?

(Chose probable)

“Quatre royaumes viendront qui n’auront pas la force du précédent. Et, au terme de leur règne, au temps de la plénitude de leurs péchés, se lèvera un roi au visage fier, sachant pénétrer les énigmes. Sa puissance croîtra en force (non en raison de sa propre puissance), il tramera des choses inouïes, il prospérera dans ses entreprises, il détruira des puissants et le peuple des saints. Et, par son intelligence, la trahison réussira entre ses mains. Il s’exaltera en son cœur et détruira un grand nombre par surprise. Il s’opposera au Prince des princes (le Christ) mais, sans acte de main, il sera brisé. Elle est vraie la vision qui a été dite.[12]

Le dernier Antéchrist naîtra, confie la Vierge Marie aux enfants de la Salette, d’une fausse vierge hébraïque et d’un évêque[13]. Pour celui qui sait lire le genre apocalyptique utilisé, la traduction est simple. Il sera le fruit, en raison de toutes ses pensées, d’un judéo-christianisme mal orienté. La fausse vierge symbolise la foi d’Israël et l’évêque la foi chrétienne qui, loin de se tourner vers Dieu, cherche une réussite terrestre. Des prophéties de l’Écriture, nous pouvons déduire qu’il sera un homme brillant intellectuellement. Il analysera les réalités de son époque de manière perspicace et il s’en fera une idée précise à partir de la connaissance de l’homme selon toutes ses dimensions. Si l’on suit saint Paul, ces brillantes capacités ne seront pas seulement naturelles. Elles seront aidées et surélevées par une influence satanique[14]. Faut-il en conclure qu’il aura fait un pacte lucide avec Lucifer*? Certains théologiens ont cru pouvoir déduire cela du texte de saint Paul cité au début du chapitre. De fait, le texte[15] suggère une telle interprétation mais ne le prouve pas vraiment. Je penche personnellement pour cette thèse. Mon opinion est fondée sur plusieurs observations et déductions[16]. Ceci étant dit, il s’agit d’hypothèses. De plus, elles ne préjugent pas du fond d’une âme.

L’essentiel n’est pas là. Le dernier Antéchrist, par blasphème direct contre l’Esprit Saint (ce que nous appelions un culte Luciférien) ou par humanisme convaincu et sincère (implicitement sataniste[17]), servira sans le savoir ou en le sachant, le démon. Satan, quant à lui, sait ce qu’il fait. Sa lutte à lui est “théologale”, explicitement et consciemment orientée contre la charité.

La deuxième “qualité” de l’Antéchrist sera son exceptionnel talent pour la parole. Non seulement ce qu’il dira sera intelligent, mais il saura grâce à un grand charisme pédagogique l’exposer à tous. Il ne fera pas que convaincre, il enthousiasmera. Il aura cette qualité qui fait les grands hommes politiques et leur permet d’entraîner les peuples dans de grandes réalisations.

Enfin, et c’est la troisième qualité qu’il est possible de déduire des textes prophétiques, l’Antéchrist saura prouver la vérité de ses dires par des réalisations efficaces. Il produira vraiment du bien, de grandes oeuvres humaines dont nous essayerons de définir la nature. Les trois qualités, intelligence, parole et efficacité font aussi les grands apôtres chrétiens mais eux savent mettre les qualités humaines et charismatiques que Dieu leur donne au service de l’Évangile. ­

Peut-on savoir ce que le dernier Antéchrist proposera aux nations pour les séduire et réussir dans ses entreprises? Quelle est la nature de l’antichristianisme de la fin? A partir de l’Écriture, nous savons qu’il sera pour les hommes la meilleure chose qui puisse exister en vue du bonheur terrestre. Mais, au regard de Dieu, il sera la pire car il produira efficacement dans l’esprit des peuples de l’égoïsme et de l’orgueil.

Quelle est donc l’idéologie, le projet de société le plus capable de produire égoïsme et orgueil? Je pense que le dernier antichristianisme sera une forme politique du blasphème contre l’Esprit saint. Le monde entier, sachant que Dieu existe et connaissant ses projets, se décidera à construire lucidement un monde dont il est absent. Il s’agit, nous l’avons montré, d’un péché explicitement et consciemment tourné contre la charité.

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L’œuvre de l’Antéchrist

(Chose certaine pour le sens général, probable pour le comment concret)

Pour comprendre son oeuvre, Jésus[18] invite à se référer aux prophéties du prophète Daniel. Voici les deux principales.

« (…) et après soixante-deux semaines, un messie sera supprimé, et il n’y a plus pour lui (de place). La ville et le sanctuaire seront détruits par un prince qui viendra. Sa fin sera dans le cataclysme et, jusqu’à la fin, la guerre et les désastres décrétés. Et il consolidera une alliance avec un grand nombre. Le temps d’une semaine; Et le temps d’une demi-semaine, il fera cesser le sacrifice perpétuel et l’oblation et sur l’aile du temple sera l’abomination de la désolation jusqu’à la fin, jusqu’au terme assigné pour le désolateur.[19] »

« Je regardais, moi Daniel, et voici: deux anges se tenaient debout, de part et d’autre du fleuve. L’un dit à l’homme vêtu de lin (le Christ) qui était en amont du fleuve. Quand se produiront ces choses inouïes? J’entendis l’homme vêtu de lin, qui se tenait en amont du fleuve. Il leva la main droite et la main gauche vers le ciel et attesta par l’Eternel Vivant: “pour un temps, des temps et un demi-temps, et toutes ces choses s’achèveront quand sera achevé l’écrasement de la force du Peuple Saint.” J’écoutais sans comprendre; puis je dis: Mon Seigneur, quel sera cet achèvement? Il dit: Va, Daniel; ces paroles sont écrites et scellées jusqu’au temps de la Fin; Beaucoup seront lavés, blanchis et purifiés; les méchants feront le mal, les méchants ne comprendront point; les savants comprendront. A compter du moment où sera aboli le sacrifice perpétuel et posée l’abomination de la désolation, 1290 jours. Heureux qui tiendra et atteindra 1335 jours. Pour toi, va, prend ton repos; et tu lèveras pour ta part à la fin des jours.[20] »

Ces deux prophéties nous sont données selon un genre littéraire apocalyptique. Le Seigneur utilise cette manière symbolique de s’exprimer lorsqu’il veut nous amener à comprendre des événements qui à ses yeux se ressemblent mais peuvent se produire plusieurs fois au cours des époques. Leur première réalisation est racontée dans le livre des martyrs d’Israël*[21]. Sur ordre des princes grecs, on interdit le culte de Dieu. On transforma le temple de Jérusalem* en un sanctuaire dédié à Zeus Olympien (l’Abomination de la désolation dans le lieu saint![22]). On punit de mort ceux qui s’obstinaient à garder la religion du Dieu unique. Ces événements du passé sont l’image de ce qui se produira à la fin du monde, en raison de l’Antéchrist, non pas seulement à l’échelle du culte extérieur en Israël mais dans le temple des cœurs humains sur toute la terre. En s’appuyant sur ces textes et sur ce qui est discernable dans l’évolution du monde post-chrétien, essayons de nous faire une idée de l’œuvre de l’Antéchrist.

Lorsque, par suite de l’apostasie* grandissante dans le monde entier, les forces spirituelles de ceux qui adorent Dieu auront suffisamment diminué, Satan jugera que l’heure est venue. Les quatre royaumes annoncés à Daniel[23] symbolisent toutes les guerres, les idéologies, les forces de destruction qui ne cessent d’affaiblir l’Église et les religions[24]. Alors, Satan inspirera à un homme de commencer à agir. L’Antéchrist, car c’est de lui qu’il s’agit, entreprendra de parler à quelques personnes puis, très vite, à cause de la force de conviction de ses arguments, on viendra plus nombreux l’écouter. « Sa puissance croîtra en force, affirme Daniel[25], non par sa propre puissance ». C’est que, caché derrière lui, inspirant son discours et l’électrisant, Sa­tan sera présent. Il lui communiquera en raison de ses pouvoirs angéliques un extraordinaire charisme pour convaincre et les hommes sortiront après l’avoir écouté le cœur brûlant. La teneur de ses paroles semble pouvoir être résumée en deux parties. D’abord une lecture satanique de l’histoire de l’humanité; ensuite la proposition d’une nouvelle religion de l’Homme. Ses propos, comme ceux du serpent originel, mêleront vérité, interprétations tendancieuses et mensonges cyniques.

1 - Lecture satanique de l’histoire

(Chose probable)

Parmi les charmes séducteurs, Daniel et l’Apocalypse s’accordent à signaler, comme devant certainement présenter plus de dangers, le charme de la voix et de l’éloquence : Et il fut donné à la bête une bouche qui proférait de grandes choses[26]. De grandes choses !

« Depuis que le monde existe, les hommes se sont divisés et entretués. Ces guerres plaisaient aux Puissances mauvaises de l’au-delà dans la mesure où, divisant les hommes, elles pouvaient les maintenir dans l’humiliation et l’humilité[27]. Mais, malgré les fléaux que ces esprits mauvais ne cessait d’envoyer ou de permettre[28], l’humanité mûrit.

L’âge des convoitises : Au début de l’humanité, on se battait pour conquérir la terre. On était animé par les trois convoitises bassement charnelles.

L’âge des religions : En évoluant culturellement, les hommes ne perdirent pas leur zèle pour le pouvoir, les richesses et les plaisirs. Ils les mirent au service des religions. Les plus primitives soumettaient l’homme à des idoles de bois. Les plus élaborées eurent en commun de prêcher l’humilité, la négation de soi au profit d’un Dieu. De fait, elles ne visaient qu’à maintenir l’homme dans sa condition d’esclave. Sous le masque de l’agneau, elles servaient d’opium du peuple.

L’âge des idéologies politiques : Pour se libérer, avec les siècles, l’humanité s’efforça de les rejeter. Croyant devenir plus libre, elle se donna à des utopies politiques. Elles furent nombreu­ses et insensées. Il en sortit des guerres encore plus terribles car on tuait tout homme qui pensait autrement, sans aucune limite, l’idole pouvant tout permettre.

L’âge de l’humanisme sans Dieu : Dans une étape suivante, calmée par la vision des crimes, on inventa l’humanisme athée et le devoir de tolérance. On parla de l’urgence d’être heureux avant le vide du néant. On parla de paix, de respect d’autrui et on tenta de l’imposer à travers une autorité mondiale. Mais cet humanisme matérialiste finit par être partout rejeté car ils étaient sans espérance. C’est que “l’homme ne vit pas seulement de pain[29]”. Il a soif de vie éternelle. Il est un animal religieux.

Parallèlement, la connaissance scientifique de la nature ne cessait de progresser. Devant sa complexité, on finit par comprendre que l’existence d’un créateur n’était pas un mythe. On découvrit la source profonde de l’éternel mal-être de l’homme. L’âme de l’homme, faite pour vivre libre et ne pas mourir, mourait du faux espoir où l’avaient plongée[30] les religions de la soumission et les idéologies anciennes. »

2 - La proposition d’une nouvelle religion de l’Homme

(Chose probable)

L’ange déchu ayant choisi l’Antéchrist comme chef visible de la suprême bataille à livrer contre le Christ et son Église, il lui communiquera quelque chose des charmes naturels et incomparables que l’Éden contempla autrefois avec étonnement dans Lucifer, charmes qui ne lui ont pas été retirés, mais dont il abuse pour faire le mal. Sous cette influence occulte, le sublime, dans la bouche du fils de perdition, s’unira au blasphème ; et cette tentation du sublime sera si attrayante, que les élus seraient séduits, si les élus pouvaient l’être[31].

« Arrivée à la plénitude du savoir et de l’expérience, l’heure est venue pour l’humanité d’adhérer à la sagesse qui peut la combler tout entière. Après des siècles d’errance, le monde est mûr pour se donner à la vraie religion, l’Évangile éternel voulu par le Créateur, celui qui libère l’homme de toutes ses peurs.

Les faux Évangiles affirmaient que l’homme devait être un serviteur. Le vrai affirme qu’il a été créé pour être un dieu. Il a été fait pour la liberté et la puissance, pas pour la dépendance. Il le peut dès ici-bas.

L’humanisme sans Dieu disait que la vie s’arrête avec la mort, plongeant l’humanité dans l’exclusive recherche du bonheur immédiat et dans la désespérance[32]. Au contraire, cette vie n’est qu’un commencement. Après la mort, l’homme vit[33]. De l’autre côté du voile, il lui est proposé, pour l’éternité, liberté et dignité. Cela se réalise très concrètement par l’apparition du dieu suprême, « celui qui porte toute vraie lumière »[34]. L’homme qui choisit la liberté, qui refuse librement la dépendance que lui propose le faux dieu[35], prolongera sa puissance[36] dans l’autre monde pour l’éternité, dans la communion intellectuelle avec le projet grandiose de l’Ange de Lumière.

Ainsi pacifiée et maîtresse d’elle-même, l’humanité va enfin s’appartenir. Elle va se mettre debout. Libérée de l’angoisse du néant, en contact spirite avec l’autre monde, elle va connaître la pleine possession d’elle-même[37]. Rien ne lui sera plus impossible. L’humanité deviendra maîtresse de son destin, décidant elle-même ce qui est bien ou mal. »

Ce discours ressemble beaucoup à l’Évangile du Christ. On y parle même d’un Dieu, d’une vie après la mort. Il n’y a plus d’athéisme. Il est aisé de se laisser abuser, même en étant chrétien.

Le message de l’Antéchrist plaira. Rappelons qu’il s’adressera à une génération du futur, une génération qui n’aura plus de religion[38]. L’humanité le recevra avec enthousiasme car elle aura bu jusqu’à la lie le désespoir de l’humanisme athée. Il sera ressenti par la majorité des hommes comme vrai. Il enthousiasmera les nations* avides de bonheur, de liberté et surtout d’une espérance éternelle. Plus encore que les autres, une partie des chrétiens de cette époque se mettra au service de ce grand projet. Leur sens de l’amour du prochain les y poussera. « C’est l’Évangile de Jésus, les entendra-t-on proclamer partout. Jésus n’a pas voulu autre chose que cela. La gloire de Dieu, c’est l’homme debout ».[39]

Le texte de Daniel décrit cette séduction exercée sur le peuple de Dieu en ces termes: “Il détruira des puissants et le peuple des saints. Et, par son intelligence, la trahison réussira entre ses mains.[40]”. Car il s’agit d’une trahison, d’une apparence du christianisme dont J’ai montré la fausse ressemblance[41]. Très vite, poussé par l’enthousiasme des peuples séduits, l’Antéchrist progressera en popularité.

L’abbé Augustin Lemann[42] affirme comme une certitude que c’est au moyen de prodiges diaboliques que l’Antéchrist prétendra démontrer que sa religion est celle de Dieu. « L’avènement de cet impie aura lieu selon la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges trompeurs.[43] » « C’est par des miracles, dit-il, aussi nombreux qu’éclatants, que Jésus-Christ avait prouvé sa filiation et sa mission divines. « Les oeuvres que mon Père m’a données d’accomplir, ces oeuvres que j’opère, rendent témoignage de moi, et prouvent que c’est le Père céleste qui m’a envoyé » ; l’Antéchrist aura la prétention d’établir également sa fausse divinité sur des prodiges extérieurs. C’est avec l’aide de Satan, par sa puissance, qu’il les accomplira. Mais ces miracles seront-ils réels?

« On demande souvent, dit saint Augustin, si ces expressions de « signes ou prodiges trompeurs » veulent faire entendre l’inanité des prodiges dont l’Antéchrist abusera les sens de l’homme, toutes ces oeuvres n’étant qu’apparentes; ou bien est-ce à dire que la vérité même de ces miracles entraînera au mensonge ceux qui croiront y voir la présence de la force divine ? » Et l’illustre docteur répond : « on le saura plus tard[44] ».

Cet embarras a déterminé deux courants d’opinions. Les uns pensent que les miracles, accomplis par l’Antéchrist avec la puissance de Satan, seront réels, de vrais miracles et qu’ils entraîneront au mensonge, c’est-à-dire à la croyance de la divinité de l’Antéchrist. Les autres estiment que tous les miracles de l’Antéchrist seront mensongers, le démon illusionnant les sens de ses adeptes. Quel que soit le sentiment que l’on adopte, ce qu’il y a de certain, c’est que les prodiges accomplis par l’homme de péché, seront considérables, les mots accumulés de « miracles, signes, prodiges » marquant une multiplicité étonnante. »

Pourtant, une dernière fois, Dieu permettra que des voix s’élèvent pour manifester aux hommes la vraie nature de cet homme. Avec netteté et précision, ils profiteront des derniers moments de liberté pour prêcher. L’apocalypse de saint Jean* présente symboliquement ces voix sous la figure de deux témoins[45]. Ils ne sont pas autre chose que tous ceux qui, à cette époque avancée en apostasie*, auront gardé un sens suffisamment profond du projet de Dieu sur le monde pour l’expliquer. Ils sont, selon une expression de saint Paul[46] “Tout ce qui porte le nom de Dieu”, c’est-à-dire selon le Concile Vatican II[47], toute religion qui dispose l’homme à attendre le salut non de ses propres force mais de la grâce que Dieu donne aux humbles et aux assoiffés d’amour. La première d’entre toutes est évidemment la religion de Jésus puisqu’elle ne fait pas que disposer au salut mais le donne déjà à travers la prière du cœur et les sacrements de la charité. Ainsi, il est probable et même certain que Dieu suscitera un pape ou des apôtres qui diront: « Le salut oui! Mais avec le vrai Dieu! Ne confondez pas avec ce faux Dieu. Rappelez-vous l’avertissement de saint Paul: “Si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu’il soit anathème![48]“Dieu est humilité, amour jusqu’à mourir. Il n’est pas le Dieu du pouvoir et de la liberté orgueilleuse![49] »

Le vrai Évangile de Jésus sera prêché à tous. Chacun l’entendra (sans doute grâce aux moyens de communication encore plus développés que ceux d’aujourd’hui). Ainsi se réalisera une dernière fois la parole. « Il faut d’abord que l’Évangile soit prêché à toutes les nations.[50] » Pourtant, il ne sera pas reçu. Les hommes seront trop attachés à eux-mêmes pour se soucier ou désirer le vrai paradis céleste, celui de l’amour crucifié et ressuscité. Le message de l’Antéchrist correspondra beaucoup plus à leurs désirs. L’Église et le pape de cette époque seront pauvres et humbles de cœur comme jamais ils ne l’auront été au cours de l’histoire. Une si profonde qualité aura été préparée par les décennies précédentes et les humilia­tions de la progression de l’apostasie*. L’Église sera revêtue de l’esprit de douceur d’Énoch* et de la force d’Élie*. Mais l’Église ne sera pas seule. Les religions seront alors si faibles et si peu nombreuses en fidèles qu’elles ne songeront plus à se faire la guerre. Le vrai oecuménisme sortira des souffran­ces spirituelles de la fin. Les hindouistes prieront avec les chrétiens, les musulmans croyants avec les Juifs, chacun dans le respect des convictions de l’autre, unis dans la confession commune. « Le paradis n’est pas donné à l’orgueil. Il l’est à l’humilité ».

Le témoignage de l’islam sera devenu assez semblable à celui de l’Église, selon ce que j’ai cru pouvoir dire de ses épreuves futures[51]. Il aura appris la pauvreté et pureté de sa foi, à cause de l’apostasie de ses masses dégoûtées des crimes et des guerres du passé. Les derniers musulmans fidèles, rendus humbles par les malheurs subis dans leurs défaites militaires, diront: « Des membres de notre religion se sont conduits en fanatiques par le passé. Ils ont, par leur crime et les atrocités commises au nom d’Allah, précipité le rejet par les générations suivantes du nom de Dieu. Pardon pour leurs crimes. Dieu n’en fut pas responsable mais les hommes et leur orgueil. Le Dieu d’Abraham n’est pas ce Dieu du culte de l’homme. Il aime l’homme quand il est humble et miséricordieux. Il a créé l’homme et attend de lui adoration et soumission. Il nous donnera dans l’autre monde le bonheur éternel auprès de lui. »

A cette époque de la fin, Israël* sera en paix. D’après les prophéties, il sera revenu dans sa terre de Palestine, installé de nouveau dans Jérusalem unifié. L’attitude du peuple juif devant l’Antéchrist sera analogue à celle du reste du monde. La plus grande partie sera séduite par son message. Ils y verront même le Messie de la gloire annoncé par la Bible et qui doit venir pour régner sur toutes les nations, pour instaurer la paix. Quelques-uns, peu nombreux, resteront fidèles à la foi d’Abraham et des prophètes, dénonçant conjointement aux chrétiens et aux musulmans le faux messianisme, le « messianisme luciférien » de l’Homme impie.

Ce dernier combat spirituel sera terrible et sans merci. Il ne se fera pas d’abord avec des armes d’acier mais dans les cœurs. Aux yeux de Dieu, tout échec en ce domaine de la part du peuple de ses saints serait bien plus terrible que le meurtre car c’est de la vie éternelle qu’il s’agit. C’est pourquoi l’Apocalypse et les diverses prophéties de l’Écriture décrivent ces combats de l’Antéchrist comme des guerres et des meurtres abominables, inimaginables. De fait, il est probable que l’Antéchrist ne triomphera que par des armes spirituelles, celles de ses idées, de son intelligence, de ses ruses[52]. C’est ainsi. Plus l’humanité approchera de son terme et se spiritualisera, plus ses guerres seront celles de l’Homme sans Dieu contre l’Homme au service de Dieu. Ce sont les deux conceptions opposées du monde, celles de Dieu et celle de Lucifer. Elles sont, révélées à la face du monde de manière explicite, le combat sous-jacent, depuis la création du monde, toutes les tribulations de l’humanité. Alors sera réalisée la prophétie de saint Paul[53] : « Auparavant doit se révéler l’Homme impie, l’Être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. »

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Jusqu’où iront les succès de l’Antéchrist?[54]

(Chose certaine pour l’aspect général, probable pour le particulier)

La fin des nations, le gouvernement mondial

« Et la puissance fut donnée à la Bête sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue, sur toute nation. » (Apoc., XIII, 7.)

Le gouvernement mondial.

Cette accumulation d’expressions ne laisse aucun doute sur l’universalité de l’empire de l’Antéchrist. Il deviendra, soit par lui-même, soit par ses lieutenants, maître du monde.

L’Histoire et le démon qui la manipule auront puissamment préparé les peuples au nouvel évangile de l’Homme libéré. Très vite, porté par l’enthousiasme des nations* devant son projet politique, l’Antéchrist étendra son pouvoir sur le monde entier: “Il consolidera une alliance avec le grand nombre[55]”. Il n’aura d’ailleurs que l’opposition de quelques groupes spirituels isolés à son action puisque le monde entier, disposé par des années d’apostasie*, sera en communion avec lui, selon saint Paul[56]: « Mais que seulement celui qui le retient soit d’abord écarté. Alors l’impie se révélera ».

Il sera très efficace. Soit lui personnellement, soit le courant de l’histoire qui l’aura précédé de peu, établira un gouvernement mondial. L’Évangile fait même de la disparition des nations l’un des signes important du temps de la fin. « Jérusalem sera foulée aux pieds par des païens jusqu’à ce que soient accomplis les temps des nations[57]. » Il semble que cet événement sera politiquement visible et qu’il s’accomplira parallèlement à la récupération par l’État d’Israël de la totalité de Jérusalem[58]. Intelligemment et avec respect des différentes mentalités humaines, le dernier Antéchrist centralisera le gouvernement du monde en un seul endroit. Il fera des nations (France, Belgique etc.) de simples provinces. Le but de cette œuvre sautera aux yeux de tous, bannir à jamais les guerres nationales ou religieuses. Les armées nationales seront dissoutes au profit d’un corps d’armée mondial chargé de bannir toute guerre locale. Ce sera une réussite. “Quand les hommes diront paix et sécurité (…)”, commente saint Paul[59]. Il saura mettre les sciences et les techniques au service de tous. Il supprimera définitivement la famine. De même, la médecine fera reculer la maladie de manière unique et universelle. L’Antéchrist multipliera les lois de ce genre et il réussira. Il établira pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité une paix universelle. Chacun pourra le constater.

Ce sera bien sûr aux yeux de Dieu une fausse paix, c’est-à-dire non fondée sur la charité mais sur l’intérêt commun. Mais elle sera réelle, palpable. Le commerce mondial en sera dopé, le capital des anciennes nations croîtra sans effets pervers trop visibles, étant encadré par des lois sociales justes. Chacun sera obligé de constater la réalisation des promesses. On se réjouira en disant: « Maintenant que la paix est acquise sur le monde, rien ne sera plus impossible à l’homme, prolonger la durée de la vie, conquérir de nouveaux espaces habitables, vivre de loisirs dans le travail et de travail dans le loisir, profiter des joies les plus douces ou les plus fortes. Ce sera un véritable paradis sur terre. » La puissance de l’Antéchrist semblera alors définitivement consolidée devant les nations.

L’interdiction des religions

(Chose certaine pour le fait, probable pour la manière)

Sûr de sa force, “il s’exaltera dans son cœur et détruira un grand nombre par surprise[60]”. En effet, il saura discerner le risque considérable que représentent les restes des religions pour la durée de son oeuvre. Il sera intelligent et ne négligera pas la puissance des idées. Il connaîtra la faille de son système d’humanité coupée du vrai Dieu, cet­te soif insatiable du cœur de l’homme vers l’amour absolu, la Lumière infinie, en un mot vers le Dieu d’amour, le Dieu de Jésus-Christ. Sans doute ce danger lui paraîtra-t-il d’autant plus réel que l’Église, dans un dernier sursaut (les deux témoins), aura su prêcher avec un certain succès les failles présentes dans son humanisme en adoration devant le faux dieu froid du pouvoir et de la liberté solitaire. Aussi, appuyé sur ses premiers succès, il proposera aux peuples la loi suivante.

“Être debout, digne et maître de soi devant son éternité, voilà le bien le plus précieux de l’homme, celui qui lui permet de se réaliser en plénitude. Or, depuis des siècles les dirigeants religieux ou politiques ont abusé de la faiblesse des plus petits, de leurs angoisses, et leur ont proposé des systèmes de pensée qui les tenaient dans la dépendance. Souvenons-nous de l’Histoire. Nous devons protéger la liberté de nos enfants et leur éviter de se laisser séduire par les derniers adeptes de ces idéologies ou de ces sectes religieuses. En conséquence, et pour le bien de tous, il est temps d’établir une loi interdisant toute prédication publique ou privée des idéologies politiques et des sectes religieuses du passé.”

Quelle sera la réaction des hommes devant une telle proposi­tion? Elle sera sans doute empreinte d’une certaine gêne, à cause de la liberté d’expression qui apparaîtra diminuée, et de cette nostalgie du vrai Dieu qui ne saurait être entièrement effacée de la nature humaine. Mais l’Écriture Sainte est formelle sur ce point. L’Antéchrist entre­prendra une lutte contre le peuple de Dieu[61] et réussira. C’est même, si l’on suit saint Paul et Daniel, le signe majeur qui devra précéder le retour du Christ: « Toutes ces choses s’achèveront quand sera ache­vé l’écrasement du Peuple Saint.[62] » En agissant ainsi, l’Antéchrist réalisera en plénitude les nombreuses prophéties de l’Écriture: « Il s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu, il s’assoit en personne dans le sanctuaire de Dieu, il se produit lui-même comme Dieu.[63] » puisqu’il se juge digne d’établir sur l’univers les lois décidant de toutes choses, le bien et le mal, l’origine de la vie, son but et la manière de la vivre, le sens de la vie éternelle. Lorsque l’Écriture affirme qu’il établira son siège dans le sanctuaire de Dieu, elle ne veut pas signi­fier autre chose. Peut-être ira-t-il jusqu’à installer le siège de son gouvernement dans un lieu symbolique de ce pouvoir suprême (Jérusalem*, Rome) ? L’essentiel n’est pas là. L’essentiel est qu’il se produira comme le Maître suprême de la vérité (Magister), comme le berger de tous (Pastor Oves) et même comme l’organisateur de toutes les fêtes et réjouissance de l’hu­manité nouvelle (Pontifex maximus). Ces trois titres, attribués tradition­nellement aux papes de l’Église catholique, sont une délégation des titres de Dieu. En ce sens là, l’Antéchrist* sera le serviteur de l’Antidieu des derniers temps. On voit que celui qui, à cette époque, vivra profondément de sa foi chrétienne n’aura aucun risque de le confondre avec un vrai pape. C’est aussi en ce sens qu’il faut interpréter les prophéties de Jésus annonçant « l’Abomination de la désolation dans le temple saint »[64]. Ce serait un contresens d’imaginer la présence d’un Antipape légitimement élu par l’Église.

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Le témoignage de la papauté et le martyre de l’Église[65]

(Chose certaine pour le fait, indécise pour la manière)

Le martyre de l’église.

L’Antéchrist final installera sa royauté dans les cœurs humains et sur les nations. Sa religion sera de manière ultime celle du « 666* » puisque l’homme devenu Dieu adorera dans la paix la puissance de l’ange révolté. Ses méthodes ne laisseront place à aucune ambiguïté. Au contraire, le vrai pape et la vraie Église de cette époque auront à subir un martyre, très souvent annoncé par l’Écriture et qu’il faut contempler maintenant.

« Quand tu étais jeune, dit Jésus au pape Pierre[66], tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais; quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il indiquait ainsi, commente saint Jean, par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit: “suis-moi”. Se retournant, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait, celui-là même qui, durant le repas, s’était penché sur sa poitrine et avait dit: « Seigneur, qui est-ce qui te livre? Le voyant donc, Pierre* dit à Jésus: Seigneur, et lui? Jésus lui dit: “S’il me plaît qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe? Toi, suis-moi”. Le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or Jésus avait dit à Pierre: « si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne”. et non: il ne mourra pas. »

Je l’ai dit, ce texte est l’annonce, sous forme symbolique, de la fin de l’Église. Il s’agit d’un exemple typique du style des prophéties de Jésus. Pierre* est vraiment mort martyrisé et Jean de vieillesse, le jour où le Seigneur est venu le chercher par son apparition à l’heure de sa mort. Pierre y figure comme le symbole de l’Église visible, hiérarchique. Cette partie de l’Église est composée de tous ceux qui ont reçu une mission officielle d’évangélisation dans le monde (pape, prêtres, évêques, personnes consacrées). Elle ne cesse de paraître aux yeux de tous par ses interventions extérieures, ses prédications. Jean symbolise pour sa ­part cette partie de l’Église qui se laisse moins voir car elle siège au fond du cœur des chrétiens par la prière. Jean ne fut-il pas le contemplatif par excellence, celui qui prit Marie* chez lui? Dans un autre sens et pour montrer la correspondance de toute l’Écriture, Pierre et l’Église hiérarchique sont Élie*, puisqu’ils doivent témoigner comme lui de la vérité devant les peuples. L’Église dans son intériorité est symbolisée par Jean est Énoch puisque, comme lui elle « marche avec Dieu[67] ». Ainsi, le texte de saint Jean raconte comment se produira le martyre final de l’Église.

Appuyé sur ses succès antérieurs, l’Antéchrist rendra les religions illégales dans le monde entier. Il fera adopter par toutes les nations « une interdiction définitive de prêcher ou de rendre un culte même privé à travers les anciennes religions liées à l’humilité ou à n’importe quelle divinité inventée par le passé. Seule la religion du Dieu de l’homme libéré de toute soumission sera tolérée ». Chacun sera invité à consacrer son temps à la construction du monde d’ici­-bas, au-delà des superstitions que la peur suscite. Le culte de Dieu ne pourra donc subsister qu’au fond de la conscience individuelle, domaine incontrôlable par définition aux autorités politiques. Les enfants devront être protégés des superstitions religieuses en foi de quoi il ne sera pas autorisé aux parents de les influencer par leurs propres croyances. Il n’est pas sûr que, dans le domaine privé, la contrainte de cette loi aille plus loin. Le monde de l’Antéchrist respectera les libertés privées. Ce sera même une de ses forces, accompagnée d’un réel bien-être matériel. Il ne sera d’ailleurs pas nécessaire de faire davantage. L’homme ne recherche pas le vrai Dieu quand il n’a pas besoin de lui pour être heureux. Par contre, au niveau politique, la loi sera sévère.

L’Écriture est nette sur ce point[68]: « La corne (la puissance de l’Antéchrist) grandit et s’éten­dit en direction du pays de la Splendeur (le pays où l’on adore Dieu, à savoir les religions et en premier celle du Christ). Elle grandit jusqu’aux armées du ciel (ceux qui servent Dieu), précipita à terre des armées (les apôtres qui luttent pour l’Évangile) et des étoiles (des docteurs qui enseignent la bonne direction à suivre) et les foula aux pieds. Elle s’exalta même contre le Prince de l’armée (le Christ), elle abolit le sacrifice perpétuel (pour les Juifs, il s’agit de l’holocauste du Temple et, pour les chrétiens, la messe et tous les sacrements de l’Église), et renversa le fondement de son autel (le pape sur qui l’Église est bâtie) et l’armée (les serviteurs de Dieu). Sur le sacrifice elle posa l’iniquité (c’est-à-dire qu’elle déclara mauvais tout culte divin) et renversa à terre la vérité. Elle agit et elle réussit ».

Ce texte comme tous les autres traitant du même sujet ne laisse aucun doute sur l’ampleur de la destruction opérée par l’Antéchrist. Il ne laissera rien subsister de l’Église vivante, surtout pas le sacerdoce. Il ne subsistera que les cadavres du passé (bâtiments du culte transformés à d’autres usages, écrits anciens transformés en pièces archéologiques). L’apocalypse décrit symboliquement ce fait. « Leurs cadavres demeurent exposés aux regards des peuples, des races, des langues et des nations, durant trois jours et demi, sans qu’il soit permis de les mettre au tombeau. Les habitants de la terre s’en réjouissent et s’en félicitent; ils échangent des présents, car ces deux prophètes leur avaient causé bien des tourments.[69] »

Rien ne permet d’être définitif sur les méthodes qu’il emploiera. Beaucoup de théologiens du passé affirmèrent à partir de ces textes et de la vie de saint Pierre qu’il s’agirait d’un martyre sanglant, d’une mise à mort physique des quelques milliers d’hommes que sont dans le monde le pape, les évêques et les prêtres. C’est une chose en définitive assez facile à réaliser dans un monde confiant devant sa liberté. Mais ce sens littéral du martyre n’est pas une certitude. Pour faire disparaître le sacerdoce de la vie des peuples, il suffit, après l’avoir vu s’affaiblir durant des siècles, de l’empêcher de s’exercer: convocation d’un faux concile oecuménique le ridiculisant, surveillance, emprisonnement, déportation, toutes méthodes policières dans un monde où rien n’est laissé au hasard[70]. Je ne peux affirmer qu’une chose de manière certaine. Vers la fin du monde, de par l’action de l’Antéchrist, le dernier pape vivra un sacrifice total dans son ministère désormais banni de la terre. Il sera crucifié comme saint Pierre dans son âme de pasteur (et peut-être aussi dans son corps). Afin que le caractère qui fait le prêtre ne subsiste en personne, il est possible que son martyre s’accompagne de celui des prêtres.

Pour se faire une opinion définitive, il convient ici de citer le texte d’une apparition privée officiellement reconnue par l’Église. Le troisième secret de Fatima[71]* est rapporté ainsi par Lucie[72].

« Après les deux parties que j’ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en hauteur, un ange avec une épée de feu dans la main gauche. Elle scintillait et émettait des flammes qui devaient, semblait-il, incendier le monde. Mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui. (Ceci semble signifier une intervention maternelle de la Vierge. Elle empêche la paternité de Dieu d’amender l’humanité en la frappant. Elle obtient de laisser agir patiemment la loi des conséquences du péché). L’ange, indiquant la terre avec sa main droite dit: “Pénitence! Pénitence! Pénitence!” Et nous vîmes, dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir, un évêque vêtu de blanc, nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père.

Nous vîmes divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne liège avec leur écorce. Avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coup avec une arme à feu et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classe et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la croix, il y avait deux anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

Une objection importante doit être faite ici. Parler d’un martyre de l’Église visible ne s’oppose-t-il pas à la promesse de Jésus faite à Pierre*: « Pierre, tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle.[73] » Appuyé sur une telle parole, ne doit-on pas affirmer qu’il y aura toujours dans le monde un sacerdoce ministériel et donc un pape?

Pour répondre à cette objection, il convient de rappeler une autre promesse du même type faite à Marie au jour de l’Annonciation: « Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son père, il régnera sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin ». Il convient de relire cette prophétie divine en regardant la croix de Jésus. Il existe une distance entre ce texte pris à la lettre et sa réalisation. Jésus est-il grand à la croix? Certainement pas extérieurement mais… spirituellement. Pourtant, Marie eut le cœur assez dilaté pour croire que les prophéties de gloire étaient accomplies ici et maintenant. A la fin du monde, il existera quelques chrétiens semblables à Marie qui comprendront, en contemplant le sacrifice final de Pierre, que les portes de l’enfer sont vaincues.

Il ne faut pas se tromper sur le sens réel des paroles de Dieu. Qu’on se souvienne du trouble analogue qui saisit la réflexion juive de l’Ancien Testament dans la tension d’une foi enseignant sans ambiguïté que “Dieu comble de biens les hommes droits et renvoie les riches les mains vides” et la constatation quotidienne de l’inverse. Cette dramatique expérience fut source d’une mutation spirituelle majeure depuis le livre de Job vers celui de la Sagesse, en préparation de la venue de Jésus. Au temps de leur gloire, les Juifs tuaient comme hérétiques les prophètes qui osaient annoncer, chose impossible en raison de la présence réelle de Dieu, la destruction du Temple de Jérusalem. Il fallut plusieurs ruines et déportations d’Israël* pour que certains comprennent que ce qui importe à Dieu, c’est le temple spirituel du cœur de chaque homme.

Il faut remarquer que Dieu se plaît dans d’apparentes contradictions. On en est frappé à l’évocation des nombreux exemples qui jalonnent l’Écriture ou la vie des saints. Jeanne d’Arc, demandant à ses voix si elle serait sauvée s’entendit répondre: « oui, par grande victoire! » Elle se réjouit fort, et se prépara à la venue de Charles VII, son roi. Le lendemain, elle était brûlée vive. Ses voix lui avaient-elles menties? Jeanne, dans un grand sanglot, le crut d’abord. Juste après sa mort, elle comprit à quel point ses voix avaient dit vrai, plus vrai qu’elle ne l’imaginait.

Pour le théologien, l’opposition apparente entre foi et réalité, loin d’être une torture, constitue le lieu théologique par excellence, le lieu des découvertes. Deux vérités apparemment contradictoires, dont l’une procède de la foi (les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur l’Église) et l’autre de l’expérience (l’Église disparaîtra de façon visible de la surface du monde) et qui sont comparables à deux silex durs qu’on frotte. La lumière en jaillit. Quand nous voyons horreur, martyre sanglant ou échec politique, Dieu voit victoire, règne éternel et gloire. Pour lui, la victoire réelle est celle qui se termine en Vie éternelle (donc, encore et toujours humilité et charité). Elles le seront de fait car le pape et le clergé de cette époque seront disposés à faire de leur sacerdoce et de leur vie une offrande d’amour, une dernière messe unie à la Messe éternelle de Jésus. Le Ciel entier sera ébranlé devant leur sainteté et le retour du Christ ne sera plus lointain. Tel est l’objet du chapitre suivant.

Le retour du Christ ne sera plus lointain.
 

1. Le chapitre qui suit peut paraître désespérant. En fait, il ne supprime pas l’espérance. Il montre qu’il n’y a pas d’espoir. Ces deux notions ne doivent pas être confondues. L’espoir vise une réussite terrestre. On espère, de cette manière, quand on est chrétien, que tous les hommes adhèrent à la foi dès cette terre. L’espérance, au contraire, vise une victoire éternelle. Elle n’attend que la victoire de Dieu, sachant qu’elle n’est promise dans sa plénitude que pour l’autre monde. Distinguer espoir et espérance est essentiel, sous peine de confondre le christianisme et son Royaume qui n’est pas de ce monde avec un millénarisme. [↩]

2. Matthieu 24, 15. [↩]

3. 2 Thessaloniciens 2, 1-12. Rappelons encore une fois, afin d’éviter le scandale de certains théologiens exigeants au plan de la précision, que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que l’autorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. L’exemple de la fameuse parole de l’archange Gabriel à la Vierge Marie: « Ton fils régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » (Luc 1, 33) le prouve. Marie aurait pu comprendre l’annonce d’une royauté terrestre, puis éternelle. L’ange ne parlait que d’abord d’une royauté spirituelle, par la croix, puis d’une royauté totale dans la gloire éternelle. Il était aisé de se tromper. [↩]

4. D’après l’abbé Augustin Lemann, L’Antéchrist, 1905. [↩]

5. 1 Jean 4, 3. [↩]

6. 1 Jean 2, 18. [↩]

7. Voir les génocides de Palestiniens commandés par Josué et Yahvé lors de la conquête de la terre sainte. Voir par exemple Josué 6, 17. [↩]

8. De par sa canonisation, ses écrits et ses visions reçoivent une certaine autorité de l’Église dont le degré est précisé dans la dernière partie de cet ouvrage. [↩]

9. Manuscrit des prophéties de sainte Odile qui, étant une sainte canonisée, a donc un certain niveau d’autorité dans ses écrits, niveau dont le degré n’apporte rien au contenu de la foi mais peut, dans le cas qui nous occupe, éclairer le mode de l’action de Dieu sur les générations humaines. L’original du texte est conservé à la Bibliothèque Nationale de France. [↩]

10. Matthieu 10, 28. [↩]

11. Luc 12, 4. [↩]

12. Daniel 8, 22-26. Rappelons que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que l’autorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple et ambigu. La parole suivante de Jésus « Il annonçait par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu » (Jean 21, 19) l’indique. Il parlait certes de la mort de Pierre (sens littéral historique)… Il parle sans doute aussi de l’Église, dans sa partie visible et sacerdotale. [↩]

13. « Ce sera pendant ce temps que naîtra l’Antéchrist, d’une religieuse hébraïque, d’une fausse vierge qui aura communication avec le vieux serpent, le maître de l’impureté. Son père sera év. (évêque). En naissant, il vomira des blasphèmes. Il aura des dents. En un mot, il sera le diable incarné. Il poussera des cris effrayants, il fera des prodiges, il ne se nourrira que d’impuretés. Il aura des frères qui, quoiqu’ils ne soient pas comme lui des démons incarnés, seront des enfants du mal. A douze ans, ils se feront remarquer par leurs vaillantes victoires chacun à la tête des armées, assistés par les légions de l’enfer. » [↩]

14. 2 Thessaloniciens 2, 9: « Sa venue à lui, l’Impie, aura été marquée, par l’influence de Satan, de toute espèce d’œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers. » [↩]

15. Voir par exemple Apocalypse 19, 20. [↩]

16. Il s’agit d’abord d’observations théologiques. Dieu aime donner des prophéties dont le sens est d’abord symbolique. Mais il se plaît à les réaliser matériellement. Il y a de plus une série d’observations sociologiques: l’humanité peut se laisser entraîner à tout, jusqu’à la folie. [↩]

17. Voir chapitre 4, fin, le dernier des antichristianismes. [↩]

18. Matthieu 24, 15. [↩]

19. Daniel 9, 26-27. [↩]

20. Daniel 12, 5-13. [↩]

21. 1 Mac. 1, 41-64. 2 Mac. 6, 1-9. [↩]

22. Matthieu 24, 15. [↩]

23. Daniel 8, 22. [↩]

24. Voir chapitre 4. Voir aussi notre description du « Temps de l’apostasie en marche ». [↩]

25. Daniel 8, 23. [↩]

26. Apocalypse 13, 1-8 ; Daniel7, 20-26. [↩]

27. Genèse 3, 3. Tout au long de l’Écriture Sainte, Dieu frappe l’homme de divers fléaux. Son but n’est pas de le rendre esclave mais de façonner son cœur dans l’humilité, l’amour, afin de le sauver. [↩]

28. Apocalypse 16, 9. Face à des cœurs orgueilleux, l’expérience de la souffrance peut avoir l’effet inverse: elle durcit la peau et fortifie la dureté du cœur. [↩]

29. La parole de Jésus en Luc 4, 4 est citée à cause de sa vérité devenue évidente après l’échec des matérialismes. Mais elle est dévoyée au service d’une autre religion, celle de l’ange des ténèbres. Le démon n’a pas intérêt à nier la vérité. Il ne fait que la détourner de son but. Le paradis qu’il propose à l’homme est réel en ce sens qu’il est une vie éternelle indépendante et libre. Mais c’est en vérité un enfer (l’enfer tel que le définit l’Église catholique) où le cœur brûle car l’amour y est rejeté. [↩]

30. Nous l’avons montré, l’idéologie de l’Antéchrist n’est pas dénuée de vérité. La révolte première de Lucifer n’était pas dénuée de noblesse. Mais la valeur qui la motive est bien l’inverse de celle de Dieu. [↩]

31. Citation de l’abbé Augustin Lemann, L’Antéchrist, 1905. [↩]

32. Auguste Comte avait annoncé cette nécessité historique de la fin des religions. Selon lui viendra bientôt un âge définitif de l’humanité. Ce sera la fin de l’histoire. Les humains renonceront définitivement à se questionner sur les pourquoi de l’existence. Ils comprendront à quel point cela n’a pas de sens. Enfin mûris, ils ne chercheront qu’à s’attaquer aux « comment » : Comment faire disparaître la guerre, la famine, les maladies ? Le dernier des ennemis sera celui-ci : Comment détruire biologiquement la mort ? Grâce à la science, l’humanité réussira. Ce sera l’ère de la paix définitive, l’âge post-moderne, la fin de l’histoire. Il a profondément tort. Il oublie que l’homme est fondamentalement religieux. Il se pose forcement les « pourquoi ». Mais les réponses peuvent être multiples. La dernière semble être la religion de Lucifer : vie éternelle dans la liberté totale… [↩]

33. Le mystère de l’iniquité, tel que je l’ai montré dans l’histoire de Lucifer, n’est pas un athéisme. C’est une religion qui parle de vie éternelle. Mais la vie proposée par Satan n’a rien à voir avec celle de Dieu. Sa dignité n’est pas celle de l’amour poussé jusqu’au mépris de soi… Elle est liée au culte de sa grandeur individuelle. En conséquence, il est possible que l’un de ses dogmes fondamentaux annonce une forme de réincarnation personnelle sur terre. Il ne s’agit pas de la réincarnation telle que la conçoivent les hindouistes ou les bouddhistes. Pour ces sagesses, la réincarnation est la punition d’un manque d’anéantissement de soi, donc d’humilité. Pour l’Antéchrist, la réincarnation sera plutôt annoncée comme une espérance de l’individualisme, dans le style de l’espérance New Age. [↩]

34. En latin, Lucis ferro, Lucifer. Satan redevient ce qu’il était à l’origine: un être intelligent et spirituel. Il « rampa sur son ventre » pendant des siècles, c’est-à-dire qu’il tenta l’homme charnellement, uniquement parce que c’était le meilleur moyen de faire tomber des peuples vulgaires. A la fin du monde, il s’adressera à des peuples cultivés. Il parlera donc en vérité de son projet de paradis fondé sur la noblesse des intelligences. [↩]

35. Sous-entendu Jésus-Christ et son message d’humilité et d’amour. [↩]

36. Il est intéressant de remarquer que, pour plusieurs messianismes temporels, annonçant pour bientôt un paradis religieux sur terre avec le Christ (par exemple les témoins de Jéhovah), il sera aisé de confondre ce faux Messie et le vrai. [↩]

37. Voir Genèse 11, 9: Dieu divisa l’humanité à Babel pour l’empêcher de s’unir et de se croire toute puissante. Son but n’était bien sûr pas la préservation égoïste de sa primauté mais le salut éternel de l’homme. [↩]

38. Saint Paul explique que l’adhésion à l’Évangile de l’homme impie ne peut venir qu’après la disparition de la vraie religion de Dieu. Voir la deuxième lettre aux Thessaloniciens, 2, 6-8: « Vous savez ce qui retient aujourd’hui l’apostasie et l’Homme impie, de façon qu’il ne se révèle qu’à son moment. » [↩]

39. Un texte de l’Apocalypse de saint Jean 13, 15 : « On lui donna même d’animer l’image de la Bête pour la faire parler, et de faire en sorte que fussent mis à mort tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la Bête. » La bête est Lucifer (c’est le dragon rouge-feu de la Bible). L’image de la bête est l’idéologie qui motiva sa révolte originelle contre Dieu. Mais c’est aussi, très matériellement, le monde des dinosaures, ces dragons disparus depuis 65 millions d’année. Il y aura certainement à cette époque des correspondances très curieuses, comme la renaissance par l’image ou même par génie génétique de certaines de ces espèces du passé, afin que tous les hommes, même les moins réfléchis, ne soient pas totalement étrangers aux signes des temps. [↩]

40. Daniel 8, 24. [↩]

41. On peut les distinguer avec facilité en considérant l’ordre d’importance donné aux vertus: Dans cet évangile luciférien, la première est la liberté, la deuxième est la puissance. La concorde entre les hommes ne vient qu’en fonction de ces deux principes. L’Évangile du Christ est celui de la petitesse et de l’amour poussé, s’il le faut, jusqu’au mépris de sa propre liberté. [↩]

42. L’Antéchrist, 1905. [↩]

43. II Thessaloniciens, 2, 9. [↩]

44. S. Augustin, La cité de Dieu, liv. XX, n° XX. [↩]

45. Apocalypse 11. [↩]

46. 2 Thessaloniciens 2, 4. [↩]

47. Décret sur les religions non chrétiennes. [↩]

48. Galates 1, 8. [↩]

49. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich* vit au XIXe siècle ce dernier antichristianisme sous la forme de la fameuse prostituée de l’Apocalypse : « Mais cette ignoble fiancée voulait se marier et, qui plus est, à un jeune prêtre pieux et éclairé. Je crois que c’était un des douze que je vois souvent opérer des œuvres importantes sous l’influence de l’Esprit Saint. Il s’était enfui de la maison à la vue de cette femme. Elle le fit revenir en lui adressant les paroles les plus flatteuses. Quand il arriva, elle lui montra tout et voulait tout remettre entre ses mains. Il s’arrêta quelque temps. Puis il prit un air grave et très imposant. Il la maudit ainsi que tous ses manèges, comme étant ceux d’une infâme courtisane et se retira. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 398). Ce texte représente bien cette dernière parole de la vraie Église au temps de l’Antéchrist. [↩]

50. Marc 13, 10. [↩]

51. Chapitre 5. [↩]

52. Daniel 8, 25. [↩]

53. 2 Théssaloniciens 2, 4. [↩]

54. …ou de ce qui précèdera sa venue, le dernier des antichristianismes. [↩]

55. Daniel 9, 26. [↩]

56. 2 Thessaloniciens 2, 6-8. [↩]

57. Luc 21, 24. [↩]

58. Nous avons montré que toutes les prophéties de Jésus concernant Israël ont en premier lieu un sens politique. Elles sont datables dans leur réalisation. L’histoire qui est en marche permet de deviner les grandes lignes des évènements à venir: Jérusalem* est aujourd’hui divisée en deux. Une partie est tenue par les Juifs et l’autre par les Palestiniens chrétiens et surtout musulmans, eux que l’Ancien Testament appelle les « gentils » (les peuples). Or les guerriers musulmans sont en train de se rendre odieux aux yeux des nations coalisées. Y aura-t-il guerre, crime puis défaite de l’islamisme et, avec lui, parce que l’histoire aime peu les nuances, de l’islam? Si c’est le cas, il est peu probable qu’une mosquée continue à trôner sur le mont du Temple. Si, au cours du XXIe siècle, une nation ou un groupe musulman prend l’initiative du terrorisme nucléaire, il provoquera non seulement une réaction nucléaire mais, à court terme, la fin du système politique des nations et à moyen terme, le rejet des religions dans leur ensemble. [↩]

59. l Thessaloniciens 5, 3. [↩]

60. Daniel 8, 25. [↩]

61. « Tout ce qui porte le nom de Dieu », donc tout ce qui peut conduire au minimum à l’humilité, au maximum à l’amour de Dieu. [↩]

62. Daniel 12, 7. [↩]

63. 2 Thessaloniciens 2, 4. [↩]

64. Matthieu 24, 15. [↩]

65. Le secret de la Salette décrit cette époque: « Le Vicaire de mon Fils aura beaucoup à souffrir, parce que pour un temps l’Église sera livrée à de grandes persécutions. Ce sera le temps des ténèbres. L’Église aura une crise affreuse. La sainte foi de Dieu étant oubliée, chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables. On abolira les pouvoirs civils et ecclésiastiques, tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds. On ne verra qu’homicide, haine, jalousie, mensonge et discorde, sans amour pour la patrie et la famille. Le Saint-Père souffrira beaucoup. Je serai avec lui jusqu’à la fin pour recevoir son sacrifice. Les méchants attenteront plusieurs fois à sa vie sans pouvoir nuire à ses jours. Mais ni lui, ni son successeur ne verront le triomphe de l’Église de Dieu. » [↩]

66. Jean 21, 18-23. [↩]

67. Genèse 5, 24. [↩]

68. Voir Daniel 8, 9. [↩]

69. Apocalypse 11, 9. [↩]

70. Voir L’anneau du pécheur de Jean Raspail, qui raconte la manière dont disparut du monde visible la papauté* d’Avignon. [↩]

71. Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. La béatification de deux des trois voyants montre l’importance que donne l’Autorité apostolique romaine à cet événement. [↩]

72. Dévoilé au monde le 26 juin 2000 par le pape Jean-Paul II. Mon opinion est que ce secret ne concerne pas le passé. Elle diffère en cela de celle du cardinal Ratzinger (commentaire du secret, 26 juin 2000). Sa portée me semble être beaucoup plus grande que l’attentat de 1981 contre Jean-Paul II. Le fait que les autorités de Rome le rangent dans les faits passés n’est-il pas lié à cette parole de Jésus en Jean 21, 18 : « Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas. »
 
Autre interprétation possible du troisième secret de Fatima (Par Laurent C., juillet 2005) : La 3eme prophétie de Fatima (la ville en ruines, l’évêque vêtu de blanc tué au pied de la croix, etc.) pourrait-elle [b]aussi[/b] s’appliquer à un futur attentat (islamiste) ayant pour objet Rome et/ou le Vatican ? Le pape a bien été victime d’un attentat, mais cela n’explique pas la ville en ruine…
 
Oui, cela pourrait. Puisque ces prophéties ont plusieurs sens possibles. C’est même une très intéressante interprétation car elle est dans la ligne des deux autres secrets qui annoncent les 3 premières guerres mondiales :
1° Cette guerre va bientôt finit (guerre 14)
2° Mais il en viendra une autre pire (guerre 39)
3° La Russie répandra ses erreurs (Guerre froide). [↩]

73. Matthieu 16, 18. [↩]

Arnaud Dumouch, La fin du monde, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2007.

 

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