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PREMIÈRE PARTIE : LA FIN DU MONDE
CHAPITRE 5
« Jésus disait à la foule: “Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera très chaud, et cela arrive. Esprits faux ! l’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger, mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ?[1]” »
Les signes des temps dans l’islam
Les signes dans le judaïsme
Les signes donnés par la Vierge Marie
Les signes donnés par « la petite Thérèse »
La venue d’Énoch et d’Élie
Les signes dans l’Église
Avant de rapporter qui sera le dernier Antéchrist* et quelle sera son oeuvre, il convient de regarder les signes qui précéderont sa venue. Il sera l’épreuve ultime de l’Église. Il sera aussi l’épreuve ultime de toutes les religions: « il s’élèvera au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ». Dieu n’abandonnera pas par surprise l’humanité à une telle lutte. Des avertissements puissants seront donnés au monde entier pour qu’il se prépare à garder la foi et ne pas succomber aux tentations.
Quand viendra l’Antéchrist de la fin du monde? En premier lieu, on doit affirmer que l’Antéchrist ne viendra pas avant que le monde ne soit parfaitement disposé à le recevoir. Il est évident que, s’il était né au XIIe siècle, il n’aurait pu avoir que peu d’influence sur une société imprégnée de religion. C’est donc qu’une longue préparation sera opérée par le maître de ces oeuvres, Satan lui-même. Ainsi, pour que puisse apparaître avec succès une civilisation mondiale explicitement ennemie de Dieu, il faudra d’abord qu’ait existé une humanité sans Dieu. C’est ce qu’on appelle l’apostasie*. Cela ne se fera ni plus vite ni plus lentement que ne le permettent les lois sociologiques qui gouvernent l’évolution des mentalités. Lucifer sait patienter, telle l’ivraie qui pousse à son rythme dans les champs. En ce début du troisième millénaire, quoiqu’en disent les prophètes alarmistes, le monde n’est pas encore prêt. Certes l’Occident a rejeté en grande partie le christianisme pour vivre d’humanisme mais l’Occident n’est pas le monde. De grandes nations africaines restent profondément chrétiennes ou musulmanes. L’Amérique du Sud aime le Christ. L’Inde est presque restée imperméable aux athéismes et demeure profondément religieuse. Tous ces pays et bien d’autres sont puissamment spirituels, selon leurs formes diverses de croyance et ne sont pas prêts à se soumettre au diktat mondial d’une philosophie humaniste sans Dieu. Un long travail de sape reste à accomplir. C’est d’ailleurs ce travail d’apostasie qui sera l’un des signes les plus sûrs de la proximité de la venue du règne de l’Antéchrist.
Nous avons raconté au chapitre précédant comment le christianisme avait été attaqué à la fois de l’intérieur et de l’extérieur depuis plusieurs siècles. Ce fut même la première religion à subir ces assauts car seule sa spiritualité et sa maturité extrêmes pouvaient produire par réaction des philosophies sans Dieu. L’islam*, quant à lui, sera attaqué d’une autre manière qu’il nous faut essayer de découvrir. La crise de cette religion semble en effet être l’instrument qui conduira au rejet des religions dans leur ensemble.
Les signes des temps dans l’islam[2]
(Selon la tradition musulmane… Au lecteur d’en juger)
J’ai montré au chapitre 3 l’origine mystérieuse de l’islam. Cette religion, non voulue explicitement par Dieu mais plutôt par la volonté des hommes, fut bénie* après sa naissance au point de devenir la deuxième en nombre. Ainsi se réalisait la promesse faite à Abraham que son fils Ismaël donnerait un peuple nombreux[3]. L’islam est une religion dont les deux valeurs morales fondamentales, prêchées à Médine, sont l’humilité et la miséricorde. Mais l’islam eut des défauts de jeunesse d’ailleurs prophétisés par Dieu, à savoir une farouche autonomie (il sera un onagre d’homme!), une grande agressivité guerrière (il aura un arc[4]), son sans-gêne (il s’établira à la face de tous ses frères, c’est-à-dire à la place même des autres religions), sa capacité à exaspérer tous les hommes (sa main sera contre tous, la main de tous contre lui). Celui qui fréquente l’islam de l’extérieur se rend compte très vite de la réalité de ces défauts. Or ces défauts humains sont quasi inséparables de l’islam en tant que religion. Mahomet a fondé l’islam de telle manière qu’il est non seulement une manière d’adorer avec humilité le Dieu d’Abraham, mais aussi un système politique guerrier[5]. C’est une réalité qui ne manquera pas d’être utilisée à l’approche de la fin du monde par le démon tentateur. En effet, Satan tente les communautés humaines par là où il le peut. Il ne fait souvent qu’exagérer une qualité, la transformant en défaut. Ainsi, tenté par Satan, le christianisme de la liberté des enfants de Dieu devient, on l’a vu plusieurs fois au cours de l’histoire, le culte du libertinage individuel. De même, s’il faut corrompre l’islam et sa guerre aux règles chevaleresques, ce ne pourra être qu’en le transformant en un hideux massacreur de veuves et d’orphelins.
Comment un musulman spirituel voit la fin du monde
Comment se produira la lutte de l’Antichristianisme contre l’islam? Avant de se pencher au plan sociologique sur ce sujet pour discerner ce qui se réalisera probablement dans l’avenir, il est intéressant de lire ce que croient les musulmans eux-mêmes. Rappelons que très souvent, l’histoire a montré que les religions ou les peuples recevaient de la part de Dieu la révélation prophétique véridique de leur avenir[6].
Explicitement, dans le Coran, le Prophète Mahomet annonce, de manière semblable aux chrétiens, la venue de l’Antéchrist et sa lutte contre les musulmans. Les signes de l’Heure dans la théologie musulmane sont les suivants[7]: « Nous croyons aux signes de l’Heure (qui sont): la sortie de l’Antéchrist, la descente de Jésus fils de Marie du ciel, nous croyons au lever du soleil du côté de l’occident (lieu habituel de son coucher), à la sortie de la bête du lieu (de son refuge) ».
Parmi les signes majeurs de l’Heure, on peut retenir[8].
— Le lever du soleil du côté de l’occident (lorsque la puissance et le pouvoir appartiendront à l’Occident)
— La fumée (lorsque la confusion se fera dans les esprits musulmans entre le vrai et le faux)
— Le Mahdi* (venue d’un grand prophète islamique) ;
— L’apparition de la bête (qui sera un piège pour les croyants, séduisant les mauvais musulmans en prêchant le faux) ;
— L’Antéchrist (celui qui s’exaltera contre la religion. Le prophète pleurait quand il évoquait sa venue) ;
— La grande guerre contre l’islam (Gog et Magog) ;
— L’apostasie des foules musulmanes ;
— Le retour de Jésus fils de Marie*, et la restauration de l’islam pour l’éternité.
Une dernière prophétie de Mahomet est importante à citer. Elle semble donner la clef des autres: “L’islam a commencé étranger. Il finira étranger.” Le sens en paraît évident. Il s’agit de l’annonce explicite d’une diminution de puissance, d’un cheminement de la religion islamique vers la pauvreté, la petitesse et la faiblesse. Cette prophétie ressemble fort à celle qui s’applique au christianisme[9]. Comment est-il possible que l’islam, si puissant aujourd’hui, connaisse une telle diminution?
En islam, il n’existe pas de magistère papal, apte à donner, comme dans le catholicisme, l’interprétation authentique des textes de l’Écriture Sainte. C’est pourquoi, un peu à la manière des protestants, chaque musulman est invité à interpréter les textes. Lorsqu’il s’agit de textes apocalyptiques, on trouve donc à peu près la même diversité de conception, depuis la plus féroce à la plus mystique. Pourtant, parmi toutes les interprétions, deux principales s’opposent de nos jours, celle des guerriers fanatiques et celle (trop rares) des musulmans spirituels pour qui la miséricorde et l’humilité plaisent à Dieu. Cette interprétation des spirituels semble la plus authentique. Il convient d’en rapporter le scénario.
« Tout commencera par la venue du Mahdi. Dieu enverra un grand imam dont la mission consistera à préparer le peuple musulman à l’épreuve. Au sens étymologique, le Mahdi signifie « celui qui est bien guidé ». Le mot dérive d’un verbe "Hada" qui signifie guider. Le prophète Mahomet s’est servi de ce mot dans son sens littéral quand il dit: "je vous recommande ma tradition et la tradition de mes califes orthodoxes et bien guidés après moi." En pratique, dans le vocabulaire religieux, le Mahdi désigne « un homme de la famille du Prophète[10] qui viendra à la fin des temps, remplira la terre de justice et d’équité après qu’elle eût été remplie d’injustice et d’iniquité. Mais la prédication du Mahdi sera accompagnée de celle d’une bête qui sera un piège. Elle sera suscitée par Dieu pour éprouver la foi de ceux qui sont réellement fidèles, afin de les distinguer de ceux qui n’aiment Dieu que pour un motif de gloire politique terrestre. En effet, celui qui suivra la bête séduisante, loin de suivre la voie de Dieu, s’en éloignera. »
Aussi les musulmans spirituels pensent-ils de plus en plus que la Bête est déjà venue. Elle est pour eux Ibn Abdul Wahhab (1703-1792), le fondateur du totalitarisme islamique. Il est né à Uyaynah, dans la région de l’Arabie appelée Nejd, où est actuellement située la ville de Ryad, dont le prophète lui-même avait prédit que de ce lieu pourrait naître désordre et corruption[11]. Depuis les commencements de l’enseignement de Wahhab, vers la fin du XVIIIe siècle, son culte est associé aux massacres de tous ceux qui s’opposaient à lui. L’ayatollah Khomeney est probablement son alter ego puisqu’il réalisa pour la première fois de manière puissante et politique, dans le sang de ses ennemis, ce que rêvait Wahhab.
« Vers cette même époque paraîtra l’Antéchrist (en arabe, le Dajjal). Par ses mensonges, c’est lui qui rendra conscient le monde non musulman du danger mortel que représente tout l’islam pour le monde entier. Il sera juif. Il aura la caractéristique physique d’être borgne. Il attirera beaucoup de musulmans à lui car il donnera à boire et à manger. Les musulmans seront tentés de le suivre et de renoncer à leur foi. Ses critiques contre l’islam seront écoutées dans le monde. Il ne fera pas dans la nuance. Il ne distinguera pas le bon musulman du mauvais. La raison de cette confusion sera l’action violente, les assassinats perpétrés par des membres pervertis parmi les musulmans. Le Prophète Mahomet dit que ces pervers seront de nationalité arabe. Quatre femmes qui fréquentaient le Mahomet rapportent qu’il a dit: "Malheur aux Arabes[12]!" Les compagnons questionnèrent alors: "Dieu nous détruira-t-il, alors que parmi nous il y aura des bienfaisants?" - Oui, c’est parce qu’en vous se multiplieront les péchés (fornication, violence et autres)" »
L’éminent Cheikh Al Qardaoui pense que nous sommes en période de Dajjal, car l’être humain ne regarde plus que d’un œil. C’est la vision matérialiste du monde qui, effectivement, séduit et conduit au rejet de la religion une part de la jeunesse musulmane. L’Antéchrist serait déjà né. D’autre part, le monde actuel a tendance à distinguer de moins en moins les musulmans fidèles de leur caricature fanatique. La confusion est en marche et la méfiance monte. A l’approche de l’an 2000 de l’ère chrétienne, banale année 1421 de l’ère musulmane, une inquiétude sourde envahit la communauté musulmane. En effet, les prophéties se mettent en place, une à une. La situation de la jeunesse est inquiétante. Partout dans le monde, l’Arabie Saoudite paye la construction de mosquées et installe des imams qui prêchent l’islam violent et fanatique du Wahhabisme. L’écrivain Bengalais Zeeshan Ali a décrit la situation de manière touchante: « Les Musulmans du Bangladesh vivant aux U.S.A., sont de bons musulmans. Mais, du fait d’un manque d’instruction, ils ne se rendent pas compte lorsque leurs croyances sont détournées par les imams Wahhabites*. Or, aux U.S.A., 80% des mosquées sont financées et animées par l’Arabie Saoudite[13]. Ces mosquées sont sous le contrôle des imams Wahhabites, qui prêchent l’extrémisme aux jeunes. Ils les poussent à accuser leurs propres pères d’hérésie, de péchés et d’incroyance. » « Malheur aux Arabes ![14] »
« Après un temps où la violence se radicalisera de part et d’autre commencera la grande guerre contre l’islam, la bataille finale que le Prophète appelle ‘Gog et Magog*’. Le monde entier, accompagné des démons, se liguera contre le peuple musulman, mené par l’Antéchrist. Le passage coranique parlant de la guerre se réfère à un épisode biblique, lié à une prophétie d’Ézéchiel[15]. L’Apocalypse 20, 7-9 en fait le symbole de la guerre finale: "Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s’en ira séduire les nations des quatre coins de la terre, Gog et Magog, et les rassembler pour la guerre, aussi nombreux que le sable de la mer; ils monteront sur toute l’étendue du pays, puis ils investiront le camp des saints, la Cité bien-aimée. Mais un feu descendra du ciel et les dévorera." Le premier signe de sa venue sera le suivant. Il réussira à susciter une réunion des armées du monde entier sur le territoire même de la terre sainte, l’Arabie. »
On comprend le tremblement apocalyptique qui saisit en 1991 (guerre du Golfe), les musulmans du monde entier, quelle que soit leur confession, lorsque ce signe se réalisa à l’appel même d’un Arabe, le roi d’Arabie Saoudite. Selon certains théologiens musulmans, dont Acha’Raoui, cette guerre sera menée par l’Occident matérialiste et dominateur. Sa puissance sera inouïe.
« La guerre se terminera mal pour l’islam, au moins dans sa dimension politique. Le Prophète Mahomet annonce explicitement qu’un feu naîtra à Aden (au Yémen), qui chassera les habitants. Les royaumes musulmans seront détruits. Pire, la destruction ira jusqu’à l’inouï. Tous les lieux saints de l’islam seront anéantis : la Kaaba de La Mecque*, la ville sainte de Médine seront détruites. La ville de Jérusalem*, troisième lieu saint, sera perdue. Devant une telle ruine politique, un tremblement saisira la communauté musulmane dans son ensemble. Les foules traumatisées par ce qui leur paraîtra être un abandon de Dieu, renonceront en masse à la religion. Le Prophète annonce pour la fin du monde ce grand mouvement d’apostasie. Le vice se répandra partout. »
Cette destruction de l’islam politique, cet appauvrissement de l’islam religieux provoquera la réalisation de la prophétie de Mahomet citée plus haut : “L’islam a commencé étranger. Il finira étranger.” Un Hadith (une confidence reçue de Mahomet lui-même) de Muslim rapporte que malgré ces épreuves, il subsistera toujours, jusqu’à la fin du monde un petit reste de croyants. Ils seront de fidèles musulmans comme au temps béni* de Médine. « Il y aura toujours une partie de ma communauté qui combattra ouvertement dans la voie de la vérité jusqu’à la fin des temps. »
« Ainsi taillée par Dieu, la communauté musulmane, loin de disparaître, connaîtra un renouveau intérieur unique. Elle sera faible en nombre mais les quelques musulmans qui resteront seront fidèles, humbles et priants. Selon le Prophète, les musulmans fidèles mangeront (seront nourri) par le dikrh, le Rappel d’Allah, la prière récitée cinq fois par jour. « Soubhannallah! Hamdoulillah! Allahouakbar! » Aux yeux de Dieu, ce sera la victoire réelle de l’islam car l’age d’or du commencement réapparaîtra. Rendus politiquement minoritaires, les musulmans seront semblables à ceux de Médine. A cette époque, la seule épée était la foi en Dieu. »
Alors viendra la fin du monde. Issa (Jésus) le fils Marie (Maryama) descendra du Ciel. D’après Abou-Horaïra, le Prophète a dit: "L’heure dernière ne viendra pas tant que le fils de Marie* ne sera pas descendu parmi vous en qualité d’arbitre équitable. Il brisera la croix, il mettra à mort le porc, il supprimera le tribut. Alors l’argent sera si abondant que personne ne voudra plus l’accepter ». Hadith*.
Ainsi est annoncé explicitement le retour de Issa-Jésus, fils de Marie. Face à sa venue, tous les êtres humains seront croyants et une prosternation vaudra mieux que le monde et ce qu’il contient. Issa (Jésus), apparaîtra au minaret blanc de la Mosquée de Omeyyades à Damas, et tuera Dajjal*, l’Antéchrist, près de Ramallah, aujourd’hui, en Palestine. Les négateurs qui sentiront l’odeur de Jésus mourront. « Le Commandeur des croyants lui dira: vient diriger notre prière et Issa répondra: non continue à diriger la prière car vous êtes de la communauté de Mahomet chacun peut présider la prière de l’autre. »
Le passé fait deviner le futur
Ces évènements peuvent-ils vraiment se produire ? Qu’on me permette de donner ici mon avis personnel, à travers l’observation sociologique de l’islam actuel et l’observation du passé. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, il est en effet possible de se servir de l’histoire des Juifs contre les Romains pour deviner l’avenir.
Sur le mémorial des martyrs de la résistance contre le nazisme, à Lyon, une épitaphe proclame: « L’homme qui ne se souvient pas de l’histoire se condamne à la revivre. » Si les hommes pouvaient se souvenir de toute l’histoire, cette phrase prendrait sens[16]. En effet, une guerre s’est jadis produite dont on ne peut manquer de remarquer qu’elle ressemble fort à ce qui est en train de se préparer pour l’islam. Il s’agit de la guerre religieuse des Juifs contre les Romains au premier siècle de notre ère. Flavius Josèphe était général de l’armée juive. Après sa capture par les Romains, il mit par écrit ses souvenirs, avec la précision d’un témoin de l’intérieur. Son livre s’intitule La guerre des Juifs. Le premier intérêt de son ouvrage est qu’en le lisant, hormis les armes utilisées, on se croirait dans l’actualité. Rien ne semble avoir changé. Les mentalités sont les mêmes. Les années qui précédèrent la guerre des Juifs contre les Romains, ressemblent aux nôtres depuis 1979. Un phénomène semblable se produit dans l’islam. Une secte musulmane, appelée Wahhabite* et dont le siège est l’Arabie Saoudite reproduit l’erreur des Juifs en l’appliquant aux prophéties reçues de Mahomet.
Les révoltes juives contre Rome furent sporadiques dès la fin du premier siècle avant Jésus-Christ. La guerre elle-même ne commença qu’en 66 après Jésus Christ et aboutit en l’an 70 à la ruine totale de toute vie nationale et politique juive. Cette guerre couva donc un siècle avant d’éclater. Le général romain Titus prit Jérusalem* et fit raser ce qui restait du Temple. Un tiers, exactement un tiers des Juifs présents dans le monde à cette époque périt durant le conflit (un million cent mille victimes). Ce fut la plus terrible bataille de l’Antiquité et elle réalisa pour la seconde fois après la guerre Babylonienne de Nabuchodonosor (début du VIe siècle av. J.C.) une prophétie de Moïse[17]: « Lorsque tu n’auras pas servi Yahvé ton Dieu dans la joie et le bonheur que donne l’abondance de toutes choses, Yahvé suscitera contre toi une nation lointaine, comme l’aigle qui prend son essor. Ce sera une nation au visage dur. Elle t’assiégera dans toutes tes villes, jusqu’à ce que soient tombées tes murailles les mieux fortifiées. Tu mangeras la chair de tes fils et de tes filles dans cette détresse où ton ennemi te réduira. Vous ne resterez que peu d’hommes, vous qui étiez aussi nombreux que les étoiles du ciel. Parce que tu n’auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, Yahvé te dispersera parmi tous les peuples, d’un bout du monde à l’autre; Parmi ces nations, il n’y aura pas de repos pour la plante de tes pieds, mais là Yahvé te donnera un cœur tremblant, des yeux éteints, un souffle court. »
La cause de cette guerre fut, selon Flavius Josèphe, une prophétie mal comprise. Les Juifs avaient en effet reçu dans la Bible des textes concernant la venue du Messie et la fin du monde. Mais ils pouvaient signifier deux choses. Certains juifs appelés zélotes, minoritaires en nombre mais très actifs, croyaient fermement que le Messie serait un militaire puissant qui imposerait sa loi au monde entier: « En ce jour-là, Israël* triomphera. Les rois des nations serviront Israël! Ils lui apporteront leurs richesses. La nation qui ne te servira pas périra. Les richesses du Liban viendront chez toi. Ils s’approcheront de toi, humblement, les fils de tes oppresseurs, ils se prosterneront à tes pieds, tous ceux qui te méprisaient.[18] »
D’autres juifs, les anawims, pensaient que le Messie serait un homme humble et pauvre qui prendrait sur lui les péchés du monde entier pour ouvrir aux hommes le paradis de Dieu: « Sur lui reposera l’Esprit de Yahvé. Son inspiration est dans la crainte de Yahvé. Il jugera mais non sur l’apparence. Il n’élèvera pas la voix. Il sera humble, monté sur un ânon, le petit d’une ânesse. Il jugera les faibles avec justice, il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays.[19] »
Or, l’histoire l’a montré par la suite, ce sont les Juifs spirituels qui avaient raison. Pourtant, Dieu laissa agir les zélotes. Leur révolte contre les Romains couva pendant près d’un siècle. Au début, dans les vingt années qui précédèrent l’ère chrétienne, ils étaient peu nombreux. Ils passaient de maison en maison, les yeux exorbités, répandant leur message de folie : « Il faut commencer la guerre contre les envahisseurs romains, par tous les moyens. Dieu sera avec nous. C’est écrit dans les prophéties. Ils ne peuvent gagner. Au moment voulu, si nous croyons en lui, il nous les livrera. Il combattra pour nous. Notre peuple est appelé à régner sur le monde entier ! » Le peuple dans sa majorité se méfiait de ces fous. Mais il ne fut pas assez spirituel pour lutter fermement contre eux. Leurs paroles trouvaient un écho dans leur orgueil national humilié par l’occupation. Les zélotes voulaient à tout prix une guerre. Pour l’obtenir, étant faibles, ils commencèrent par la pratique de l’assassinat terroriste. Les sicaires se mêlaient à la foule pour poignarder dans le dos des sentinelles romaines, pour tuer les Juifs collaborateurs. L’un d’eux a laissé son nom. Il s’appelait Barrabas.
En 66 après Jésus-Christ, une dernière provocation réussit. Les zélotes du Temple de Jérusalem* refusèrent d’offrir de l’encens pour l’empereur de Rome. Cette provocation ne fut pas tolérée par Néron qui envoya son meilleur général, Vespasien, à la tête des légions. La foi des zélotes était totale et rien ne réussit à l’ébranler. Attendant chaque jour le miracle de Dieu, ils réussirent à enfermer une foule immense dans Jérusalem* afin qu’elle participe au combat final. Ils montrèrent alors leur perversité en transformant le Temple saint en coupe-gorge, y assassinant sans vergogne ceux parmi le peuple qui leur paraissait manquer de ferveur fanatique. Lorsque le peuple fut exterminé, le Temple rasé, leur foi ne faiblit pas. Là où ils purent se réfugier, ils continuèrent d’organiser des embuscades, jusqu’au suicide. Plus la situation était désespérée, plus leur certitude de la proximité de l’intervention divine augmentait. En fin de compte, tout ceci aboutit à la ruine totale pour 1900 ans de tout judaïsme politique. L’Empire romain interdit cette religion rebelle et dispersa le peuple hors de Palestine. Les Juifs devinrent errants à travers le monde, persécutés et faibles. Leur État ne fut recréé qu’en 1948.
Flavius Josèphe donne une explication théologique de cette folie des fanatiques. Ils furent aveuglés par un esprit venant de Dieu, dit-il. Ils crurent en une série de prophéties messianiques que Dieu rendit volontairement ambiguës[20]. Dieu voulut en un certain sens cet aveuglement, afin de les sauver dans la vie éternelle. Pourtant, raconte Josèphe, il les avertit par des signes nombreux[21]. Son moyen est toujours le même, comme pour toutes les puissances terrestres. Il livre l’homme à son orgueil. L’aveuglement produit l’échec ; L’échec conduit à l’humiliation puis à la réflexion ; Enfin naît un commencement d’humilité. La sagesse de Dieu sur tout ce qui vit en ce monde est résumée par la Vierge Marie* : « Dieu renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ».
Analogie avec l’islam actuel
Celui qui connaît l’islam de l’intérieur est frappé de voir à quel point un scénario semblable se profile. A l’heure où j’écris ces lignes, les acteurs semblent être en place. Cette fois, ce n’est pas un peuple de trois millions d’âmes qui est en jeu mais le sort d’un milliard de musulmans face au reste du monde. Les musulmans spirituels sont tout aussi rares qu’au temps de Jésus étaient rares les pauvres de Yahvé (les Anawims). Les zélotes juifs trouvent leur équivalent actuel chez les Wahhabites* arabes, les gardiens de la Révolution iranienne, les Talibans afghans, les G.I.A. algériens etc. Ces gens sont minoritaires mais violents et actifs. Ils blasphèment sans cesse l’islam par leurs crimes horribles mais sont persuadés que tuer certaines femmes et certains enfants, même musulmans, sert la cause d’Allah. La grande majorité des musulmans est, comme à l’époque de la guerre des Juifs, dans l’expectative, balançant entre une haine revancharde envers l’Occident impérialiste et la crainte de l’évidente folie fanatique des islamistes. Ils ne sont donc pas réellement aptes à saisir le danger mortel que représente pour eux la minorité fanatique.
Enfin, il semble que tout cela vienne de Dieu car les prophéties reçues à travers Mahomet sur la fin du monde ressemblent à celles des Juifs au temps de Néron. Elles sont tout autant ambiguës. On peut les interpréter de deux façons opposées et nul pape musulman ne viendra dire quelle est la vraie.
Pour les rares musulmans spirituels, l’islam va bientôt régner sur le monde car, par l’action purificatrice de Dieu, il va être rendu humble, pauvre et fervent. Au nom d’Allah le miséricordieux, Dieu se plaît à ce qui est humble et miséricordieux. Au contraire, pour les musulmans islamistes, voici venir la grande guerre de l’islam. Elle aboutira à la soumission de la terre entière au pouvoir politique de l’islam (de leur islam sinistre). Voici le scénario de la fin du monde tel que l’ont reconstruit les islamistes fanatiques, en prenant ici et là ce qui les arrangeait dans les prophéties de Mahomet. « Tout commencera effectivement par la venue du Mahdi*. Vers la fin des temps, Allah suscitera la venue d’un grand imam, couramment appelé ‘Mahdi’ par le Prophète Mahomet. Par sa prédication, il renouvellera de l’intérieur le zèle des musulmans. Ils retourneront à la Mosquée et reprendront leur zèle pour la guerre sainte. »
Selon eux, il est évident que le Mahdi est déjà venu. Il ne peut être que de Ibn Abdul Wahhab (1703-1792)[22], le fondateur de la spiritualité de la guerre sainte en Arabie Saoudite. Au XIXe siècle, le fondateur du royaume Saoudien, Ibn Saoud, institua le Wahhabisme comme croyance officielle. Il peut aussi s’agir de l’ayatollah chiite Khomeney qui prit le pouvoir en Iran chiite en 1979. Il suscita un espoir immense. Il humilia les deux Satans, U.S.A. et France. Il stimula par son exemple dans l’islam du monde entier le zèle pour la guerre sainte.
« Après la venue du Mahdi apparaîtra l’Antéchrist (le Dajjal). Il sera juif et haïra l’islam. Par ses paroles menteuses, il réussira à réunir une coalition militaire du monde entier contre l’Umma (la communauté musulmane). Le signe du début de la grande guerre contre l’islam sera visible par tous. Les armées de l’Antéchrist se réuniront sur la terre sainte elle-même, la terre de l’Arabie. Des Arabes pervers, des traîtres, coopéreront à ce blasphème. Ce sera une armée immense. Face à elle, les forces musulmanes seront faibles. On ne leur donnera aucune chance de gagner. Mais Allah sera avec les musulmans. Alors, au dernier moment, quand tout semblera perdu, Il interviendra lui-même au cours du massacre qu’on appellera Gog et Magog*. Les textes saints le disent explicitement, la défaite de l’occident sera totale[23]: ‘‘Et toi, fils d’homme, prophétise contre Gog. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je me déclare contre toi, Gog, prince, chef de Méshek et de Tubal. Je te ferai faire demi-tour, je te conduirai, je te ferai monter de l’extrême Nord et je t’amènerai contre les montagnes saintes de mon peuple. Je briserai ton arc dans ta main gauche et je ferai tomber tes flèches de ta main droite. Tu tomberas sur les montagnes d’Israël, toi, toutes tes troupes et les peuples qui sont avec toi. Je te donne en pâture aux oiseaux de proie de toute espèce et aux bêtes sauvages: Tu tomberas en plein champ, car moi, j’ai parlé, oracle du Seigneur.’’ On mettra sept mois à enterrer leurs cadavres[24]. Alors commencera le règne de l’islam sur le monde entier. Jésus, le Messie apparaîtra. Il brisera le christianisme. Les non-croyants seront soumis à Allah. Ceux qui refuseront seront retranchés de la terre. »
A la lecture de ces prophéties, on comprend la grande colère et l’espoir eschatologique de musulmans arabes fervents comme Oussama Bin Laden quand ils virent, pendant la guerre du golfe de 1991, les armées Occidentales s’installer en Arabie Saoudite, à la demande du roi lui-même. Ils comprirent que l’heure de la grande guerre était arrivée. Ils y virent la réalisation du signe des temps. Ils déclarèrent une Fatwa[25] de malédiction sans merci à la royauté arabe saoudienne qui s’était rendue coupable du blasphème suprême en appelant les armées chrétiennes sur le territoire saint: « Malheur aux arabes! » dirent-ils en se référant à une prophétie de Mahomet pour la fin du monde. Depuis cette époque, de la même manière que les zélotes juifs au temps de l’Empire romain, les islamistes fanatiques ont décidé qu’ils obtiendraient par tous les moyens leur guerre contre l’Occident. Ils sont prêts, s’il le faut, à multiplier les attentats et les provocations pendant un siècle. Ils auront leur guerre puisqu’elle leur paraît nécessaire. Sans elle, l’islam ne pourra obtenir d’Allah la domination sur le monde entier.
A notre époque, les prémices de cette guerre sont tous là. On se demande qui pourra empêcher les évènements de se produire. La haine s’est trop répandue pour être arrêtée sans que le sang soit versé. Depuis les années 1980, une partie de l’islam est tentée par le fanatisme[26]. Toute une jeunesse musulmane croit servir Dieu en entraînant le maximum de gens dans un désir de revanche, dans une guerre sainte et sans pitié contre tout ce qui n’est pas cette forme exaltée et politique de la religion. La haine et le désir de vengeance ne sont pas seulement affaire de zèle religieux. L’islam est blessé dans son orgueil politique et cherche revanche. L’Occident l’a colonisé pendant deux siècles. La science des pays chrétiens et la puissance financière qui en sort sont une constante provocation à l’islam réduit au sous-développement. La perte de la Palestine, terre considérée comme à jamais musulmane, ne passe pas. Tout cela exacerbe la haine, de manière finalement assez semblable à celle de la jeunesse allemande de 1933. Une partie visible et remuante de l’islam veut la guerre. Incapable de s’armer, elle médite des plans d’attentats. Le rêve le plus grand de milliers de jeunes consiste à mourir martyre en tuant des Juifs ou des occidentaux. Dans certains pays, on s’attaque aux chrétiens, aux juifs aux musulmans modérés. On tue, au hasard d’une rencontre en confessant le nom d’Allah. Le sang est désiré. Des rêves d’attentats nucléaires hantent les nuits fiévreuses des fanatiques.
Vers le rejet de toutes les religions ?
(Chose indécise)
De deux choses l’une.
Soit la violence éclate et produit une grande guerre pour les Occidentaux, juifs et chrétiens. Dans cette hypothèse, la partie combattante de l’islam risque bien de périr écrasée par la guerre qu’elle aura elle-même voulue[27]. « Qui prend l’épée périt par l’épée[28] ». Il se peut que le rêve de la bombe atomique islamiste soit un jour réalisé. Si elle est utilisée comme ils en rêvent, contre Tell Aviv, New York ou Paris, il est certain que les armes occidentales seront plus fortes. Une réplique rapide et déterminée écrasera toute cette haine accumulée, comme cela se produisit à Hiroshima pour les kamikazes shintoïstes japonais.
Soit le monde et les musulmans modérés, dans un éclair de lucidité, arrivent à contenir la haine des islamistes. Dans les deux cas, comme tout ce qui est démesuré, le fanatisme déjà visible provoquera dans les générations musulmanes à venir et dans le monde entier un rejet dégoûté de tout ce qui porte le nom d’Allah. C’est une loi universelle de la sociologie. Tout ce qui est excessif provoque l’excès inverse, tôt ou tard. Qu’on se rappelle le phénomène somme toute analogue connu par l’Allemagne dans la première moitié du XXe siècle. Les excès revanchards et fanatiques des nazis eurent l’effet suivant dans la génération de leur fils: gauchisme, écologisme et pacifisme. De même, il est probable que les ruminations haineuses et obsessionnelles des pères islamistes finiront par produire dans les fils un désir avide de plaisirs et de richesses à l’Occidentale… loin de cet Allah aux mains rouges de sang. A ce moment-là, l’islam ne résistera ni à ses fautes passées ni surtout à la fragilité de ses bases théologiques: « Le Coran est, paraît-il, dicté mot à mot par Dieu, dira-t-on de toute part; Dieu n’est-il pas bien ignorant pour faire de telles erreurs scientifiques ? » Le christianisme fit à la Renaissance sa révolution exégétique. Il le put car il ne considéra jamais la Bible comme dictée par Dieu. L’islam ne pourra suivre, semble-t-il un tel chemin. L’islam ayant été considérablement affaibli[29], il sera possible à l’Antéchrist de s’attaquer à sa survie même.
Mais l’histoire particulière de la crise de l’islam aura à coup sûr, dans les deux cas, une répercussion sur les religions dans leur ensemble. Toutes les religions auront à en subir le contrecoup, « tout ce qui porte le nom de Dieu.[30] » Il est probable que la loi du balancier décrite dans l’histoire par Hegel se produira.
Il est possible d’imaginer, sans trop de risque d’erreur, pour de simples raisons sociologiques, un scénario tel que celui-ci, en trois âges :
1 - Après ces trop prévisibles malheurs à venir du fait d’une partie de l’islam en crise fanatique, le monde occidental réfléchira sur ses erreurs. Il est possible qu’il fasse l’autocritique de son matérialisme grossier, la grossièreté de son culte du phallus au temps des années SIDA. Il y aura probablement un retour au religieux dans le sens noble du terme. Nous verrons que d’autres conséquences plus politiques pourraient sortir de ces malheurs comme la fin de l’organisation du monde sous forme de nations[31], une Jérusalem entièrement juive, selon la fameuse prophétie de Jésus[32].
20-25 ans plus tard, se lèvera une nouvelle génération à qui on aura raconté les grands malheurs dus à cette guerre religieuse. Par réaction aux récits de ces horreurs, il se pourrait qu’elle réagisse à la manière d’un nouveau mai 68, semblable au plan religieux à celui qui fit rejeter avec violence la notion de patrie[33]. On ne voudra plus entendre parler d’aucune religion. On sera allergique à tout ce qui évoque la vie après la mort, le paradis. On se souviendra que c’est au nom de tels concepts que les martyrs d’Allah se faisaient sauter avec leurs victimes au temps des kamikazes. Ainsi pourrait se réaliser la prophétie de saint Paul[34]: « Auparavant doit venir l’apostasie… »
3 - Seras-ce la fin de l’histoire ? Une telle affirmation méconnaît l’âme humaine. Elle est fondamentalement religieuse en ce sens qu’elle ne peut, à l’image des animaux, se passer des réponses aux pourquoi. C’est pourquoi on peut prévoir que, deux ou trois générations plus tard, il se lèvera encore une autre jeunesse. Elle n’aura pas connu la guerre de religion. Elle aura été élevée dans le rejet de toute religion qualifiée de fanatisme. Elle aura des questions sur le sens de la vie, des angoisses. Il n’y aura plus de réponses possibles, les grandes traditions spirituelles ayant disparu. Alors, il est probable que tous les obstacles auront disparu pour qu’apparaissent des sectes religieuses nouvelles, inconnues jusqu’alors. Tous les avertissements auront disparu devant celui qui tire les décors du monde. L’ange déchu pourra enfin révéler au monde sa religion de la liberté. Ainsi pourrait se réaliser la suite de la prophétie de saint Paul[35]: « Il doit se révéler, l’Homme impie, l’être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, que quand j’étais encore auprès de vous je vous disais cela (…). » Loin d’être la fin de l’histoire, tout cela annonce d’autres errances, d’autres malheurs et tâtonnements.
Les signes dans le judaïsme
(Chose certaine)
Le peuple juif est à mettre à part. Il mériterait à lui seul tout un chapitre tant son destin est particulier. Choisi par Dieu depuis 4000 ans, il reste signe jusqu’à aujourd’hui pour toutes les nations*. Cependant, ce qui lui arrive présente la caractéristique suivante: tout lui arrive de manière charnelle et non de manière mystique. Par exemple, si une terre sainte lui est promis, il s’agit d’une terre physique (la Palestine) et non, comme pour l’Église, d’une terre spirituelle (la grâce de Dieu eu et la gloire du paradis). En fait, ce qui arrive au Juifs n’est autre que le récit sous forme politique du vrai combat, celui des âmes en marche vers la vie éternelle, tandis que le Prince de l’iniquité les réclame pour l’enfer. C’est ce qui fait de ce peuple, au sens le plus "fondamentaliste", du terme (à la manière "témoin de Jéhovah"), un peuple prophétique.
C’est une charge bien lourde à porter qui lui a valu au cours de son histoire les plus grandes réussites et les plus grands malheurs: citons à titre d’exemple:
— Trois exils à l’étranger (Egypte, Mésopotamie, et le dernier en date qui a duré 1900 ans) et trois rentrée en la Palestine, la terre explicitement promise à Abraham.
— Trois exterminations majeures de près d’un tiers du peuple (par Nabuchodonosor, Titus, et Hitler) et trois renaissances.
— Deux constructions du Temple et une troisième annoncée, non encore réalisée.
Celui qui doute de la nature prophétique de ce peuple devrait relire ce texte de Moïse qui résume tout (Extraits significatifs tirés du Testament de Moïse, Deutéronome 28-30) :
« Si tu obéis vraiment à la voix de Yahvé ton Dieu, toutes les bénédictions que voici t’adviendront et t’atteindront; car tu auras obéi à la voix de Yahvé ton Dieu. Mais si tu n’obéis pas à la voix de Yahvé ton Dieu, Yahvé suscitera contre toi une nation lointaine, des extrémités de la terre; comme l’aigle qui prend son essor. Ce sera une nation dont la langue te sera inconnue. Elle t’assiégera dans toutes tes villes, jusqu’à ce que soient tombées tes murailles les plus hautes et les mieux fortifiées, toutes celles où tu chercheras la sécurité dans ton pays. Yahvé te dispersera parmi tous les peuples, d’un bout du monde à l’autre; là tu serviras d’autres dieux, que tes pères ni toi n’avez connus, du bois et de la pierre. Parmi ces nations, tu n’auras pas de tranquillité et il n’y aura pas de repos pour la plante de tes pieds, mais là Yahvé te donnera un coeur tremblant, des yeux éteints, un souffle court. 30, 2 Alors si tu reviens à Yahvé ton Dieu, si tu écoutes sa voix en tout ce que je t’ordonne aujourd’hui, de tout ton coeur et de toute ton âme, toi et tes fils, Yahvé ton Dieu te rassemblera à nouveau du milieu de tous les peuples où Yahvé ton Dieu t’a dispersé. Serais-tu banni à l’extrémité des cieux, de là même Yahvé ton Dieu te rassemblerait et il viendrait t’y prendre, pour te ramener au pays que tes pères ont possédé, afin que tu le possèdes à ton tour, que tu y sois heureux et que tu y multiplies plus que tes pères. »
D’après saint Paul, Dieu voulut la subsistance d’Israël* par une de ses volontés mystérieuses. « Il fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut ». Saint Paul aurait pu ajouter “jusqu’au moment qu’il veut” car il est certain que les Juifs voient[36] qui est Jésus et le reconnaissent comme Messie au moment de la mort individuelle de chacun. Au Ciel, il n’y a plus un seul juif (c’est-à-dire un homme qui attend la venue du Messie). Il n’y a plus que des hommes face au Messie.
Il fallait que le judaïsme subsiste sur la terre. Israël* devait demeurer pour les nations un signe grandiose annonçant le retour du Christ et la fin du monde. C’est ce que veut signifier saint Paul en écrivant: “Que sera la conversion d’Israël (au Christ) sinon une résurrection d’entre les morts?[37]”. On peut même dire qu’Israël est et sera l’un des signes les plus importants donnés au monde de la fin de toutes choses et de la signification de cette fin.
Le Seigneur, dans les Évangiles et dans l’épître de saint Paul aux Romains, donne sept prophéties concernant l’avenir de ce peuple et le retour du Christ:
1 - Il annonce que le Temple de Jérusalem* sera détruit[123]: "En vérité, je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée". Et le Temple sera remplacé par un temple consacré aux idoles: "Vous verrez l’Abomination de la désolation installée dans le Temple saint."
2 - En second lieu, le Seigneur annonce que le peuple juif sera déporté parmi toutes les nations[124]: "Il y aura une grande détresse sur la terre et colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive et ils seront emmenés captifs dans toutes les nations."
3 - En troisième lieu, il y aura des malheurs et des massacres perpétrés contre ce peuple[125]: "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi. Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants! Car voici venir des jours où l’on dira: Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n’ont pas enfanté, et les seins qui n’ont pas nourri! Alors, on se mettra à dire aux montagnes: Tombez sur nous! Et aux collines, couvrez-nous."
4 - En quatrième lieu, ce peuple reviendra dans la terre d’Israël et prendra de nouveau possession de la ville sainte[126]: "Jérusalem sera foulée par les païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations". Le retour du peuple d’Israël dans sa terre marquera donc la fin du temps accordé aux païens pour inaugurer un temps de grâce accordé à Israël[127].
5 - En cinquième lieu, l’arche d’alliance sera retrouvée[28]: « Il y avait dans cet écrit qu’averti par un oracle, le prophète se fit accompagner par la tente et l’arche, lorsqu’il se rendit à la montagne où Moïse, étant monté, contempla l’héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte et il y introduisit la tente, l’arche, l’autel des parfums, puis il en obstrua l’entrée. Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ne purent le retrouver. Ce qu’apprenant, Jérémie leur fit des reproches: "Ce lieu sera inconnu, dit-il, jusqu’à ce que Dieu ait opéré le rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. »
6 - En sixième lieu, le Temple de Jérusalem rebâti[129]: « Alors le Seigneur manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que le saint lieu fût glorieusement consacré. »
7 - Enfin Jésus annonce[130]: "Vous ne me verrez plus jusqu’à ce qu’arrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur". Saint Paul confirme la réalité de ce dernier signe qui accompagnera immédiatement le retour du Christ dans sa gloire: Israël se convertira et reconnaîtra Jésus comme étant le Messie[131]. "Leur mise à l’écart de l’Alliance fut une réconciliation pour le monde. Que sera leur admission sinon une résurrection d’entre ses morts". Ces deux textes semblent lier intimement le retour du Christ et la conversion d’Israël. Cela signifie-t-il que le jour où ils accepteront le Messie, celui-ci se montrera à eux de nouveau ou l’inverse? Toute la question, au plan du signe des temps, est ici.
Une chose peut par contre être affirmée sans risque. Ces cinq prophéties seront, d’une façon grandiose, signes du retour du Christ car elles ne se réaliseront pas seulement d’une manière perpétuelle comme on l’a dit des guerres et des tremblements de terre mais d’une manière matérielle, historique, à une date fixée par Dieu, de la même façon que celles qui sont déjà réalisées. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les trois prophéties déjà réalisées. Elles seront donc tout à fait adaptées au regard de tous les hommes, même des non spirituels.
1 - Ainsi, vit-on en 70 après Jésus Christ le général romain Titus raser complètement le Temple de Jérusalem*. Il réalisa sans le savoir la première des prophéties, 40 ans (chiffre biblique de l’épreuve) après la mort de Jésus.
2 - Puis, en 135, à la suite d’une deuxième révolte juive, le reste de la population fut déporté. L’Empereur romain fonda une nouvelle ville à la place des ruines de Jérusalem, Aelia Capitolina. Sur le lieu du Temple, il construisit un temple dédié à Jupiter. Pour les Juifs, “l’Abomination de la désolation” dont parle le prophète Daniel 9, 27 était dans le Temple saint.
3 - Les malheurs et les persécutions ne cessèrent de s’abattre sur les communautés juives dispersées, jusqu’aux massacres de millions de juifs à Auschwitz. Là, un tiers des Juifs furent exterminé (6 millions sur 18 millions). Ce chiffre n’avait donc pas un sens uniquement symbolique dans la Bible[45].
4 - Enfin, en 1948, la création du nouvel État d’Israël en Palestine marque une nouvelle étape, celle de la quatrième prophétie. Elle n’est pas encore pleinement réalisée puisque Jérusalem n’est pas redevenue une ville entièrement juive. Si on en suit la lettre, il est certain qu’un jour, Jérusalem sera entièrement juive. “Jérusalem sera foulée par les païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations.”
Ce retour dans la terre de Palestine, réalisé il y a à peine cinquante ans, est un avertissement très explicite de la proximité des événements de la fin. Jérusalem est encore divisé. Des nations (musulmanes et chrétiennes) foulent le sol de Jérusalem-Est. Les musulmans entrent dans une haine exaltée d’Israël. Ils se promettent de les détruire et de les jeter à la mer. Un tel combat est dramatique car, semble-t-il, perdu d’avance. Gamaliel[46] disait en effet aux juifs de son temps à propos de la jeune Église chrétienne: « Laissez ces gens tranquilles. Si leur succès vient de Dieu, vous ne pourrez rien contre eux. Si ils viennent des hommes, ils disparaîtront d’eux-mêmes ». Les musulmans devraient tenir compte de ce conseil en ce qui concerne le jeune État juif. Après la ruine et les défaites successives qui marquent leur histoire depuis 1948, ils devraient imiter la sagesse du président égyptien Sadate qui fit la paix avec Israël.
De fait, il semble que c’est impossible. Sadate est qualifié de « Traître » et il fut assassiné. Ils ne peuvent comprendre car leur foi leur dicte que la Palestine est à jamais terre d’islam*. Cet aveuglement leur vient de Dieu. Il les égare[47] ici-bas pour mieux les sauver dans l’au-delà. Il faut que leur orgueil soit abaissé, comme il l’a été pour les chrétiens et les Juifs. Si l’on suit leurs propres prophéties telles que nous les avons rapportées précédemment, cette obstination aboutira probablement à leur ruine politique totale et, par là, à la profonde découverte de leurs propres limites. Ce sera un douloureux chemin d’humilité. Ils perdront définitivement leur gloire politique mondiale. Ils perdront certainement Jérusalem*.
Le jour où Jérusalem deviendra entièrement juive, où l’esplanade des Mosquées deviendra le mont du Temple, alors sera réalisée la quatrième prophétie. Si l’on suit la lettre de la prophétie de Jésus, il est probable que de manière concomitante se terminera l’organisation nationale du monde. On instaurera un gouvernement mondial « pour que jamais plus il ne puisse y avoir de guerre ». Au départ, ce mondialisme se fondera sur des valeurs de tolérance et de respect du spirituel. Nous verrons plus en détail[48] comment il tournera en quelques décennies en un humanisme explicitement antireligieux.
A propos de la Jérusalem redevenue juive, il convient d’aborder un dernier signe, celui du cœur de cette ville, le Mont du Temple, appelé par les musulmans « esplanade des mosquées. Une prophétie du deuxième livre des Maccabées[49], mérite d’être ici rapportée. « Il y avait dans cet écrit que, juste avant l’attaque des babyloniens contre Jérusalem, averti par un oracle, le prophète Jérémie se fit accompagner par la tente et l’arche d’Alliance de Dieu. Il se rendit à la montagne où Moïse, étant monté, contempla l’héritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte et il y introduisit la tente, l’arche, l’autel des parfums, puis il en obstrua l’entrée. Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ne purent le retrouver. Ce qu’apprenant, Jérémie leur fit des reproches: "Ce lieu sera inconnu, dit-il, jusqu’à ce que Dieu ait opéré le rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. Alors le Seigneur manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que le saint lieu fût glorieusement consacré." » Depuis cette époque, on le comprend, une tradition court dans le peuple juif : Avant la manifestation du Messie, le Temple sera rebâti, plus beau que jadis, pour recevoir le Tabernacle saint et son contenu : le bâton du grand prêtre Aaron, la manne et les tables de la loi. Lorsque les chrétiens les entendaient parler de leur espérance, ils l’interprétaient en pensant à leur future conversion. Ils se disaient que le troisième Temple ne serait pas fait de main d’homme mais qu’il annonçait le jour où ils adoreraient Dieu en esprit et vérité. Cette interprétation ne semble pas, tout en n’étant pas exclue, être la plus judicieuse[50]. Le texte du livre des Maccabées ne parle pas d’un temple spirituel mais de l’arche d’alliance que Moïse avait fait façonner. Il convient donc d’être attentif. Lorsque l’arche d’alliance reparaîtra, ce sera un grand signe donné à l’humanité de la proximité de la venue du Messie.
Seule une prophétie restera à réaliser, celle de la conversion d’Israël au Christ. Nous en parlerons plus loin, en traitant des moments qui précéderont juste la fin.
Ce début du XXIe siècle voit s’accumuler la réalisation de prophéties de l’Écriture: les temps se rapprochent…
Les signes donnés par la Vierge Marie
(Chose certaine)
Cette histoire terrible et future de l’Antéchrist, est dans les mains de Dieu. Il sait ce qui est le mieux pour notre salut et pour celui du monde entier. C’est un scénario de gloire en vue de la révélation lumineuse de son amour. Toutes les communautés humaines, toutes les religions sont passées une à une au crible de la souffrance, pour l’humilité des hommes.
L’Église catholique n’y échappera pas. Nous allons décrire plus loin jusqu’où doit aller son abaissement, à l’image de son Seigneur. Mais, avant cela, elle y sera préparée. Cette mission terrestre sera confiée à Marie, la mère de Jésus. Au pied de la croix, seule une femme croyait et vivait de l’intérieur, debout, la mort de son Dieu. Elle ne douta pas un seul instant que Dieu son Fils était en train de sauver le monde. Jésus l’avait dit et cela lui suffisait. Cette confiance unique ne se retrouve même pas chez saint Jean* pourtant présent à la croix, pourtant appelé « le disciple que Jésus aimait ». Il y est par amitié mais pense que tout est fini. La preuve nous en est donnée dans son Évangile. Ce n’est qu’en voyant le tombeau vide et le linceul à sa place, comme affaissé, qu’il crut. Tous les autres disciples se sauvèrent. Mais, ce qui est le plus étonnant, c’est que la plénitude des grâces reçues permettaient à Marie de vivre la passion en comprenant. Elle n’était pas une simple spectatrice confiante mais aveugle. Elle était une collaboratrice, une co- rédemptrice.
Il en sera de même à la fin du monde lorsque l’Antéchrist triomphera. L’Église visible (symbolisée dans l’Évangile par la vie de saint Pierre) sera si petite, tellement réduite aux seuls domaines des cœurs et sans vie extérieure et politique qu’on la croira morte pour toujours. « Les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle! » ricanera-t-on de tout côté en reprenant la promesse visiblement manquée de Jésus. Qui pourra songer qu’au moment même où les portes de l’enfer sembleront avoir extérieurement tout détruit, Dieu triomphe comme à trois heures le jour de la mort de Jésus ? Qui croira que c’est absolument l’inverse aux yeux de Dieu, que tout est accompli et que le retour glorieux du Christ est tout proche ? Personne ne pourra imaginer cela sauf ceux qui auront la même foi que Marie*. Seule une foi invincible, digne de la mère de Dieu, tiendra en ces heures dernières. Tous les autres faibliront aussi sûrement que Pierre* face à ce qu’il ne comprit pas. Voilà pourquoi, avant la fin du monde, Dieu a confié à sa mère la mission de lui préparer une Église faite de petites gens semblables à elle (symbolisée par la vie de saint Jean, Jean 21, 22). Il est essentiel que leur intelligence possède la même lucidité que Marie. Ils comprendront parfaitement le mystère de l’espérance tel qu’il est décrit ici. Ils pourront alors accomplir la mission de Marie à la croix, offrir au nom de tous les hommes le « oui » définitif de l’humanité à Dieu. Ils baptiseront l’humanité dans l’eau et l’esprit (dans l’eau de leur humilité et le feu de leur amour). Tout sera alors accomplit. On le voit, leur mission sera le Mystère (au sens le plus théologal du terme) ultime de l’histoire. Saint Bernard, parlant de ce fait des derniers temps, annonce:
“C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé (…) Mais dans le second avènement de Jésus Christ, Marie doit être connue et révélée par le Saint Esprit afin de faire par elle connaître, aimer et servir Jésus Christ. Les raisons qui ont conduit le Saint Esprit à cacher son épouse pendant sa vie, et à ne la révéler que bien peu depuis la prédication de l’Évangile, ne subsisteront plus.[51]”
Saint Louis Marie de Montfort[52]* est intarissable sur ce thème[53]:
« Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains dans ces derniers temps. Comme elle est l’aurore qui précède et découvre le Soleil de justice, qui est Jésus Christ, elle doit être connue et aperçue, afin que Jésus Christ le soit. Etant la voie par laquelle Jésus Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde, quoique non pas de la même manière.
Enfin Marie doit être terrible au diable et à ses suppôts comme une armée rangée en bataille, principalement dans ces derniers temps, parce que le diable, sachant bien qu’il a peu de temps, et beaucoup moins que jamais pour perdre les âmes, il redouble tous les jours ses efforts et ses combats; il suscitera bientôt de cruelles persécutions, et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie, qu’il a plus de peine à surmonter que les autres.
C’est principalement de ces dernières et cruelles persécutions du diable qui augmenteront tous les jours jusqu’au règne de l’Antéchrist, qu’on doit entendre cette première et célèbre prédiction et malédiction de Dieu, portée dans le paradis terrestre contre le serpent. “Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Elle-même t’écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon.”
Jamais Dieu n’a fait et formé qu’une inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusqu’à la fin: c’est entre Marie, sa digne Mère, et le diable, entre les enfants et serviteurs de la Sainte Vierge, et les enfants et suppôts de Lucifer*; en sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faite contre le diable est Marie*, sa sainte Mère. (…) C’est premièrement parce que Satan étant orgueilleux, souffre infiniment plus d’être vaincu et puni par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l’humilie plus que le pouvoir divin. (…) Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie l’a gagné par son humilité; (…) Non seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, non seulement entre Marie et le démon, mais entre la race de la Sainte Vierge et la race du démon; C’est‑à‑dire que Dieu a mis des inimitiés, des antipathies et haines secrètes entre les vrais enfants et serviteurs de la Sainte Vierge et les enfants et esclaves du diable; ils ne s’aiment point mutuellement, ils n’ont point de correspondance intérieure les uns avec les autres. Les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde (car c’est la même chose), ont toujours persécuté jusqu’ici et persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la Très Sainte Vierge, comme autrefois Caïn persécuta son frère Abel, et Esaü son frère Jacob, qui sont les figures des réprouvés et des prédestinés. Mais l’humble Marie aura toujours la victoire sur cet orgueilleux, et si grande qu’elle ira jusqu’à lui écraser la tête où réside son orgueil; elle découvrira toujours sa malice de serpent; elle éventera ses mines infernales, elle dissipera ses conseils diaboliques, et garantira jusqu’à la fin des temps ses fidèles serviteurs de sa patte cruelle. »
Nous verrons plus loin que c’est la prière de ces chrétiens des derniers temps qui provoquera le retour de Jésus. Concrètement, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que Marie* a déjà commencé son travail de préparation. La première de ses apparitions[54] (car son travail de préparation consiste en une prédication aussi concrète et directe que le sera le retour du Christ à la fin), date de 1830. Elle donne à sainte Catherine Labouré une médaille[55]. Elle la rend même miraculeuse tant elle espère que ceux qui la porteront méditeront son message. Sur son verso, Marie fait représenter un M qui porte une croix. L’archevêque de Paris, à qui l’on soumis la médaille en vue de l’imprimatur se demandait s’il n’aurait pas mieux fallu un M au pied d’une croix. De fait, il y avait là un symbole surprenant, à faire frémir les protestants. Il signifie plusieurs choses très profondes concernant le rôle de Marie comme co-rédemptrice[56]. Mais pour ce qui concerne la fin du monde, sa signification est éloquente. M signifie ceux qui vivent de la spiritualité de Marie. La croix symbolise leur fidélité au Christ. Tout cela annonce que, vers la fin du monde, la vie du Christ ne pourra plus subsister dans les cœurs sauf chez ceux auront la même foi qu’elle. Au-dessous de ce M, les deux cœurs de Jésus et Marie sont présents pour que nul ne doute, quoiqu’il arrive, que c’est leur amour qui permet tout[57]. Depuis cette première apparition, Marie ne cesse d’insister, de revenir, d’éduquer. A La Salette[58] (1848), elle prononça l’avertissement solennel de se tenir prêt: « Voici le temps des temps, la fin des fins ». Dans l’Église catholique d’Occident, minée depuis les années 70 par une crise de perte de la foi, on constate que tout le renouveau, quel qu’il soit, a un rapport étroit avec Marie. Est-ce un signe grandiose du temps où nous nous trouvons[59]?
Les signes donnés par « la petite Thérèse »
Ce paragraphe peut surprendre. Il est motivé par des faits. Sainte Thérèse est avec Marie* l’un des grands signes annoncés pour que nous nous préparions à la venue de l’Antéchrist. Le pape Pie X la considérait comme la plus grande sainte des temps modernes. En voici la raison. Cette jeune fille n’a vécu que 24 ans et est morte en 1897 usée par la tuberculose au Carmel de Lisieux. Elle raconte elle-même sa vie dans trois petits cahiers adressés à sa prieure. Son message n’a rien de nouveau. Il est l’Évangile, vécu comme Jésus le veut. Elle aime Jésus et, brisée par la maladie et par de terribles tentations, l’aime encore avec confiance. Mais, chose encore plus remarquable, elle vit et meurt au moment même où se manifestent en France de graves persécutions contre l’Église. Quelques années après sa mort, des milliers de religieux seront expulsés de leur couvent par les baïonnettes de l’armée. Elle n’ignore rien de tout cela mais n’en parle pas une seule fois. Elle ne parle que de son amour pour Dieu. On pourrait l’expulser, elle fixerait avec confiance Jésus. Cette attitude paisible nous est donnée comme un grandiose signe des temps. Elle doit être imitée sous peine de se rendre incapable de vivre les mystères de la fin du monde comme Jésus le souhaite. Concrètement, l’attitude angoissée de certains chrétiens d’aujourd’hui, nourris de textes d’apparitions qu’ils interprètent matériellement, est à bannir. Sainte Thérèse est témoin de la vraie attitude chrétienne, la confiance. “Quand bien même il (Jésus) me tuerait, je l’aimerais encore” dit-elle quelques jours avant sa mort. Il doit en être de même face aux signes de plus en plus précis de la venue de l’Antéchrist. Quand bien même nous serions le dernier à le connaître en ce monde, nous savons qu’il reviendra! De même, l’exemple de Thérèse condamne le fait de regarder trop souvent le démon et son action, la politique et son caractère désespérant, les pécheurs et leur haine de l’Évangile. Nous savons que ces mystères existent mais pourquoi en être troublé puisque Jésus est Dieu? Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus n’est autre que cet Énoch et cet Élie* qui doivent revenir à la fin du monde. C’est ce que nous allons expliquer dans le paragraphe suivant.
La venue d’Énoch et d’Élie
(Chose indécise à cause des multiples sens possibles)
L’Apocalypse de saint Jean* annonce la venue de deux témoins qui prophétiseront avant d’être mis à mort[60]:
“Mais je donnais à mes deux témoins de prophétiser pendant 1 260 jours, vêtus de sacs. Ce sont les deux oliviers et les deux flambeaux qui se tiennent devant le maître de la terre. Si on s’avisait de les malmener, un feu jaillirait de leur bouche pour dévorer leurs ennemis (…) Mais quand ils auront fini leur témoignage, la Bête qui surgit de l’abîme viendra guerroyer contre eux, les vaincre et les tuer. Et leurs cadavres, sur la place de la grande cité, Sodome ou Égypte comme on l’appelle symboliquement, là où leur Seigneur fut crucifié, leurs cadavres demeurent exposés aux regards des peuples, des races, des langues et des nations, durant trois jours et demi, sans qu’il soit permis de les mettre au tombeau. Les habitants de la terre s’en réjouissent et s’en félicitent car ces deux prophètes leur avaient causé bien des tourments. Mais passés trois jours et demi, Dieu les ressuscita et les remit sur pied, au grand effroi de ceux qui les regardaient.”
Ce texte est une allégorie dont les sens, volontairement multiples, concernent les chrétiens de tous les temps. Mais, vers la fin du monde, il prendra une signification encore plus forte.
Traditionnellement, on considère que les deux témoins qui doivent venir à la fin des temps sont Énoch et Élie*, les deux hommes justes dont l’Écriture raconte qu’ils “ne moururent pas” mais furent “enlevés” au ciel. Énoch fut le septième patriarche après Adam. La Bible le caractérise d’une seule phrase[61]: « Énoch marcha avec Dieu, puis il disparut car Dieu l’enleva ». Quant à Élie, il disparut dans un char de feu sous les yeux du prophète Elisée[62]. Certains théologiens juifs et chrétiens pensèrent donc que ces deux prophètes attendaient au paradis terrestre et devaient venir physiquement à la fin du monde annoncer la venue puis le retour du Christ. Cependant, si l’on regarde de près les Écritures, on doit parler autrement. En effet, le Seigneur affirme que le prophète Élie* qui devait revenir n’était autre que Jean-Baptiste, le fils d’Elisabeth[63]: « Et lui, si vous voulez m’en croire, il est cet Élie* qui doit revenir. Que celui qui a des oreilles entende! » Il ne peut donc s’agir matériellement de cet Élie qui a vécu au temps de la reine Jézabel, mais plutôt d’un homme revêtu de l’esprit d’Élie, c’est-à-dire de sa spiritualité.
Il en sera de même à la fin du monde. Et pour connaître ce que peuvent représenter les spiritualités d’Énoch et d’Élie, il suffit de regarder leur vie. Ainsi, Énoch représente la fidélité intérieure puisqu’il est seulement dit de lui qu’il marcha avec Dieu. Quant à Élie, il est remarquable par le zèle qui le brûlait à l’égard du Seigneur. Ce zèle était exercé à travers des actes violents mais très efficaces. Il n’hésita pas à faire cesser toute pluie durant son ministère pour conduire les hommes à la conversion. Il commence son ministère ponctué de fléaux de la manière suivante[64]: « Élie le Tishbite, de Tishbé en Galaad, dit à Achab: « Par Yahvé vivant, le Dieu d’Israël que je sers, il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie sauf à mon commandement. » De même, il leur prouva la vanité du dieu Baal en ridiculisant ses prophètes par un défi où le vrai Dieu devait répondre. Il fit mettre à mort les serviteurs de Baal. L’esprit d’Élie est donc celui de l’intransigeance de la foi, celui de la fidélité extérieure et manifestée au Seigneur. De même, Jean-Baptiste n’hésita pas à reprocher publiquement, au risque de sa vie, son péché d’adultère à Hérode. Il fut réellement rempli de ce zèle de l’honneur de Dieu.
Jean baptiste était effectivement revêtu de l’esprit d’Élie, de son zèle pour la foi et le comportement juste. Au mépris de sa vie, il n’hésita jamais à dire la vérité. Face à face, il reprocha à Hérode son fait[65]: « Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. »
Les deux témoins qui doivent revenir avant la fin du monde ne sont donc pas physiquement Énoch et Élie. Cette prophétie désigne que tout au long de l’histoire et surtout à la fin du monde, deux témoignages complémentaires rappelleront aux pécheurs la vanité de leur vie. L’un sera plus féminin et doux (Énoch), l’autre viril et source de fléaux (Élie). Ils seront complémentaires, à l’image de Dieu qui est père et mère. C’est toujours de cette manière symbolique quoique bien réelle qu’il faut interpréter le premier sens du livre de l’Apocalypse, avant de rechercher ses réalisations historiques. Ainsi, les 1260 jours de la vie des deux témoins, c’est-à-dire trois ans et demi, signifient que les deux témoins ont la même mission que le Christ dont la prédication dura trois ans et demi. De même, leurs cadavres qui doivent rester sans vie trois jours et demi signifie qu’ils vivront la même passion que le Christ puis ressusciteront comme lui.
Ainsi, les deux témoins qui doivent venir à la fin du monde pour témoigner de Dieu peuvent représenter, dans leur premier sens qui est spirituel, la vie contemplative qui est l’esprit d’Énoch et la vie apostolique qui vit du zèle d’Élie. Énoch et Élie doivent être considérés comme présents à chaque époque à travers les moines d’une part (Énoch) et d’autre part les nombreux apôtres (Élie), à travers surtout tous les chrétiens contemplatifs ou apostoliques qui vivent de la sainteté de leur vocation.
Dans un autre sens, spirituel aussi mais davantage politique, les deux témoins représentent l’Église chrétienne et Israël*. C’est ainsi que durant des siècles, avant la naissance de l’islam, seule ces deux religions témoignaient aux yeux du monde du Dieu d’Abraham.
Cependant, à la fin du monde, lorsque Israël commencera de se rapprocher du Christ et du christianisme, le monde n’aura plus que deux religions issues d’Abraham et témoignant devant l’Antéchrist, le christianisme et l’islam. Selon cette interprétation, si l’on suit le texte de l’Apocalypse, elles sont les deux oliviers, c’est-à-dire, selon saint Paul[66], les deux témoins de Dieu. Chacune avec sa grâce, ces religions témoignent de Dieu qui agit toujours de deux manières : force et douceur. Le christianisme exalte l’amour de Dieu (comme Énoch), l’islam est le témoin de l’intransigeance de la pureté de la foi au Dieu unique (comme Élie*). Leur témoignage uni deviendra, pour le monde, insupportable. C’est pourquoi l’Apocalypse parle de la guerre que leur fera le démon, jusqu’à les détruire. Vers la fin du monde, lorsque l’Antéchrist commencera ses attaques contre Dieu, les divisions et les oppositions entre le christianisme et l’islam paraîtront moins importantes devant la gravité du danger. Ainsi, il est probable que le rapprochement commencé par le pape Jean-Paul II à Assise en 1988[67] est prophétique d’une unité bien plus intense, la foi de chacun étant respectée. Ces deux religions ne périront cependant pas de la même façon. Chacune sera attaquée par ce qui fait sa faiblesse. Le christianisme le sera par sa tendance à la naïveté et à l’innocence qui fait que, de l’intérieur, il est aisément corrompu; L’islam par son épée, qui tente certains de ses membres au fanatisme et lui attire des réponses armées efficaces.
Une troisième interprétation n’est pas exclue[68]. Dieu aime à multiplier les modes de réalisation de ses prophéties. Il s’agit de celle qui pense que les deux témoins seront des prophètes suscités par Dieu à la fin du monde et dont l’efficacité apostolique sera immense. L’abbé Augustin Lemann commente[69] : « Le second champion de la vérité chrétienne contre l’Antéchrist sera une phalange de Docteurs, suscitée de Dieu pour ces temps d’épreuve. Jamais les docteurs, astres bienfaisants, n’ont manqué à l’Église. Mais ce qu’il y aura alors de particulier, c’est que cette phalange de docteurs recevra, pour le soutien et la consolation des bons, une plus grande intelligence de nos Saintes Écritures. Le prophète Daniel en a fait l’annonce dans un autre passage de son livre, également consacré à la persécution de l’Antéchrist : « Les impies, dit-il, agiront avec impiété, et tous ces impies n’auront pas l’intelligence, mais ceux qui auront la science de Dieu comprendront[70] ». Ce qui signifie que tandis que les impies, frappés d’aveuglement, accompliront les dernières prophéties, comme autrefois les Juifs, sans les comprendre, les docteurs de l’Église, inondés de nouvelles lumières et pénétrant les passages les plus obscurs de ces prophéties, y trouveront l’explication des événements de cette époque, et, prémunissant les fidèles contre les artifices de l’Antéchrist, ils les maintiendront dans la fermeté et la confiance, dans l’attachement à l’Église et à ses divins enseignements, au prix même de la vie. La prophétie de Daniel ajoute : « Et les docteurs du peuple en instruiront beaucoup, et ils tomberont sous le glaive, par la flamme, par la captivité, et par des brigandages prolongés[71]. » Remarquable est cette expression : les docteurs du peuple ! Mais quoi ! Ce titre de « docteurs » que décerne le prophète, n’est-il pas réservé dans l’Église ? Ne demeure-t-il pas l’apanage des intelligences d’élite qui ont consumé leurs veilles à l’acquisition, souvent ardue, de la vérité ? On dit : les docteurs de l’Église, mais les docteurs du peuple ?… Admirons les délicatesses divines : ce titre de docteur, juste récompense du talent uni au travail, l’Esprit Saint l’attribue également, et avec infiniment de justesse, à des petits parmi le peuple que la grandeur de leur foi a transformés en apôtres. Qui n’en a rencontré sur son chemin de ces docteurs du peuple ? Quelque obscur ouvrier, une humble servante, des enfants même. Il tombait de leurs lèvres comme des jets de lumière : c’est l’amour qui les faisait jaillir, l’amour qui voit aussi loin, souvent plus loin que l’intelligence. »
Ces apôtres vivront de la confiance aimante d’Énoch et du zèle d’Élie et ramèneront à Dieu beaucoup d’hommes. Cette interprétation est même, si l’on considère la façon dont Dieu nous sauve, aussi certaine que les autres. Dieu ne peut laisser les hommes affronter l’époque de l’Antéchrist* sans proposer à ceux qui seront attentifs, toutes les armes de la survie spirituelle. S’il envoie sa mère dans de nombreuses apparitions, c’est qu’elle est la plus capable de former des âmes contemplatives. Mais il lui adjoint de nombreux témoins afin que toutes les sensibilités entendent le message. Certains sont déjà venus et, unique parmi tous les autres, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus brille au cœur de l’apostasie* en marche. Son témoignage est le même que celui d’Énoch: « Elle marcha avec Dieu, puis elle disparut car Dieu l’enleva! » A la fin du monde, lorsque l’Antéchrist viendra, les hommes croyants n’auront qu’à l’imiter, marcher avec Dieu dans le secret de la charité. Alors Jésus reviendra et les enlèvera.
Vers la fin du monde, avant que le règne de l’Antéchrist* ne rende toute prédication impossible, il est probable que le Seigneur suscitera de nouveaux « Élie » qui prêcheront dans le monde entier l’Évangile. C’est ce que Jésus semble annoncer (« semble » car ces textes ont plusieurs niveaux de sens): « Cette bonne nouvelle sera annoncée dans le monde entier, en témoignage à la face de toutes les nations. Et alors viendra la fin.[72] ». Saint Marie Grignon de Montfort[73]* décrit les apôtres des derniers temps de la façon suivante[74]:
“Ces grandes âmes, pleines de grâce et de zèle, seront choisies pour s’opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la Très Sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection, en sorte qu’elles combattront d’une main et édifieront de l’autre. D’une main, elles combattront, renverseront, écraseront les hérétiques avec leurs hérésies, les schismatiques et leurs schismes, les idolâtres avec leur idolâtrie, et les pécheurs avec leurs impiétés; et, de l’autre main, elles édifieront le temple du vrai Salomon et la mystique cité de Dieu ». “Mais qui seront ces serviteurs, esclaves et enfants de Marie? Ce seront un feu brûlant, ministres du Seigneur qui mettront le feu de l’amour divin partout. Ce seront comme des flèches dans la main du puissant[75], dans la main de la puissante Marie pour percer ses ennemis. Ce seront des enfants de Lévi, bien purifiés par le feu de grandes tribulations et bien collés à Dieu, qui porteront l’or de l’amour dans le cœur, l’encens de l’oraison dans l’esprit et la myrrhe de la mortification dans le corps, et qui seront partout la bonne odeur de Jésus Christ aux pauvres et aux petits, tandis qu’ils seront une odeur de mort aux grands, aux riches et aux orgueilleux mondains.
Ce seront des nuées tonnantes et volantes par les airs au moindre souffle de l’Esprit Saint, qui, sans s’attacher à rien ni s’étonner de rien, ni se mettre en peine de rien, répandront la pluie de la parole de Dieu et de la vie éternelle; ils tonneront contre le péché, ils gronderont contre le monde, ils frapperont le diable et ses suppôts, et ils perceront d’outre en outre, pour la vie ou pour la mort, avec leur glaive à deux tranchants de la parole de Dieu, tous ceux auxquels ils seront envoyés de la part du Très‑Haut.
Ce seront des apôtres véritables des derniers temps, à qui le Seigneur des vertus donnera la parole et la force pour opérer des merveilles et remporter des dépouilles glorieuses sur ses ennemis; ils dormiront sans or ni argent et, qui plus est, sans soin, au milieu des autres prêtres, et ecclésiastiques et clercs; et cependant ils auront les ailes argentées de la colombe, pour aller avec la pure intention de la gloire de Dieu et du salut des âmes, où le Saint Esprit les appellera, et ils ne laisseront après eux, dans les lieux où ils auront prêché, que l’or de la charité qui est l’accomplissement de toute la loi.
Enfin, nous savons que ce seront de vrais disciples de Jésus Christ, qui marcheront sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseignant la voie droite de Dieu dans la pure vérité, selon le saint Évangile, et non selon les maximes du monde, sans se mettre en peine ni faire acception de personne, sans épargner, écouter ni craindre aucun mortel, quelque puissant qu’il soit. Ils auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu; Ils porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et mortification de Jésus Christ dans toute leur conduite.
Voilà de grands hommes qui viendront, mais que Marie fera par ordre du Très-Haut pour étendre son empire sur celui des impies, idolâtres et Mahométans. Mais quand cela sera-t-il? Dieu seul le sait: c’est à nous de nous taire, de prier, soupirer et attendre: Expectans expectavi.”
Ils seront des hommes humbles, bons, emplis de l’esprit de Marie qui les aura formés pour ainsi dire sur ses genoux. Ils prêcheront l’Évangile comme jamais on ne l’a fait depuis l’époque apostolique. Ce sera un témoignage conforme au cœur de Jésus. Ils n’éteindront pas la mèche qui fume dans les cœurs comme le font ceux qui enseignent avec violence. Ils ne piétineront pas les âmes mais témoigneront par la douceur, toucheront les cœurs[76]. Mais cela ne signifie pas que l’effet sera durable. Lorsque Jésus entra à Jérusalem, il fut acclamé par le peuple tout entier. Les gens le voyaient monté sur un ânon et vivaient la Parole du prophète Zacharie[77]: « Sois sans crainte, fille de Sion! Voici que ton roi vient, monté sur un petit d’ânesse ». Quelques jours plus tard, cette même foule réclamait la mort de Jésus. Il en sera de même pour l’Église à la fin du monde. Le martyre vécu par les hommes de Dieu en ce temps là, martyre sans doute plus intérieur que physique à cause des progrès de la spiritualisation du monde, ressemblera point par point à celui de Jésus. La vie de l’Église des derniers temps sera d’ailleurs à son l’image. Mais quelle différence y a-t-il entre martyre spirituel et martyre sanglant? Pourquoi pas la délation, la déformation caricaturale du message, l’interdiction de parler et toutes les formes modernes de la désinformation dont l’Église est déjà victime de nos jours.
Les signes dans l’Église
(Chose certaine pour le fait, indécise pour le comment)
La marche vers l’humilité
L’Église est une communauté d’hommes et de femmes que l’Esprit Saint considère dès cette terre, malgré les péchés, comme son épouse. A la différence des autres religions, le christianisme a reçu de Dieu, dès ici-bas la révélation qu’il est possible de l’aimer… comme un ami intime. Il ne s’agit pas seulement de l’amour du serviteur (islam), de l’amour confiant d’une épouse soumise et incapable (Réforme protestante) mais du cœur à cœur réciproque le plus intime et réactif. En ce sens, l’Église est sainte.
Mais, si l’on se penche sur la vie concrète des chrétiens, l’humilité et l’amour pour Dieu et le prochain sont rares. En ce sens là, l’Église est loin d’être sainte. Alors Dieu a décidé de se la préparer. Jusqu’à la fin du monde, en vue de sa venue, il va la rendre limpide et aimante. Il agit à sa manière, de cette manière qui lui est propre, la croix.
Jésus et l’Église, une même passion
(Chose probable)
Il l’a déjà utilisée pour Jésus durant sa vie terrestre. Dieu avait voulu que la mission de Jésus ne s’arrête pas à la seule prédication de l’Évangile mais aille jusqu’au don personnel et volontaire de sa vie sur la croix. De même, l’Église qui est son épouse, après avoir prêché l’Évangile à toutes les nations*, sera conduite intérieurement à se préparer à un martyre mystérieux, identique dans son esprit. Avant cela, il y aura une lente préparation, à travers des générations de croyants. Ce changement progressif de mentalité sera visible pour ceux qui sauront regarder. Ce sera un grand signe de la proximité du retour du Christ. Pour discerner à l’avance ces signes, il suffit de se souvenir que le modèle de la fin de l’Église n’est autre que la fin de Jésus, passion, sépulcre, résurrection se déclinent pour l’Église en victoire de l’Antéchrist, silence, retour du Christ. Mais bien avant que ne viennent ces moments, l’Église ressemblera dans son histoire à la vie de Jésus. Déjà nous pouvons discerner cette ressemblance. Essayons de la suivre pas à pas.
Ceux qui ont connu l’Église avant le Concile Vatican II savent à quel point elle était différente de celle d’aujourd’hui. Ce n’est pas un phénomène français mais universel. Auparavant l’Église, sûre d’elle-même à travers son clergé à cause de la vérité dont elle se savait détentrice, ne s’adressait jamais aux autres religions. Il eut été inimaginable au temps de Pie IX (fin du XIXe siècle) ou de Pie XII (milieu du XXe) qu’un pape s’abaisse à recevoir les délégués des autres religions pour prier ensemble. C’est pourtant ce qu’a réalisé Jean-Paul II. D’autres faits significatifs de ce changement radical de mentalité sont à citer. Paul VI renonce après le Concile Vatican II à se faire porter dans un fauteuil surélevé puis il vend pour les pauvres sa triple couronne pontificale. Jean-Paul II est allé plus loin, allant jusqu’à embrasser la terre des nations qu’il visitait. Ces signes d’humilité suscitèrent le courroux des intégristes, outrés de voir la Sainte Église s’abaisser ainsi.
Pourtant, si l’on regarde la vie de Jésus, on discerne dans les mois qui précédèrent sa passion le même changement d’attitude. Alors qu’il ne s’adressait qu’aux juifs, allant jusqu’à dire à une pauvre femme étrangère qui lui demandait la guérison de sa fille: “Les petits chiens ne doivent pas manger le pain des enfants[78]”, il se met soudain à parler à des païens, à des grecs. Il ne leur dit pas quelque chose de banal mais leur annonce sa passion ! “Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits.[79]”. Nous avons dans la pauvreté actuelle de l’Église, si ressemblante à celle de Jésus, un grandiose signe des temps. En effet, l’humilité et la charité sont les conditions de l’entrée dans la gloire. Plus nous voyons l’Église humble et aimante, plus nous pouvons être certain du travail accompli par l’Esprit Saint et de la proximité du retour du Christ. Mais nous pouvons aussi être sûrs que le Christ ne reviendra pas avant que cette pauvreté ne soit devenue totale, semblable à celles de Jésus et Marie à la croix. Saint Paul l’affirme: « Avant sa Venue (la Parousie* du Christ) doit venir l’Homme Impie…[80] »
Sans trop forcer l’analogie entre la vie de Jésus et celle de l’Église, nous voudrions établir quelques parallèles très visibles qui peuvent démontrer un peu plus la proximité de l’Heure Sainte de l’Église[81]. Ils peuvent aussi aider les chrétiens qui vivent mal les temps actuels à mieux les comprendre. Les abaissements de Jésus vers la fin de sa vie furent précédés par des oppositions de plus en plus fortes. Il vit un nombre important de disciples le quitter[82], ses paroles furent passées au crible et déformées par les chefs du peuple et certains désirèrent le tuer[83]. Jusqu’à la fin, ces oppositions se durcirent au point que ses grands miracles eux-mêmes devinrent des motifs de mort[84]. L’Esprit Saint permit que ces luttes se produisent pour que le cœur humain de Jésus, frappé de souffrances, s’appauvrisse. Certes, Jésus n’était pas orgueilleux, lui en qui on n’a jamais pu trouver de péché! Mais la souffrance eut en lui pour effet de créer des abîmes de pauvreté. C’est une propriété de la souffrance. Rien ne peut produire plus de pauvreté qu’elle : “Par sa passion, Jésus a appris l’obéissance[85]”.
Depuis que l’apostasie* est en marche en Occident, il en est de même pour l’Église. Il y eut même de grands saints pour l’annoncer aux papes. Lorsque les États du Vatican furent envahis par les armées italiennes (1870) à l’occasion de sa réunification, le pape Pie IX prononça une sentence d’excommunication contre tous les auteurs de cette “injustice”. Il s’enferma au Vatican et se considéra dès lors comme prisonnier. Saint Jean Bosco vint le trouver pour lui dire en substance: « Cela vient de Dieu! Ne vous y opposez pas. Souvenez-vous de la prophétie donnée à saint Pierre* par notre Seigneur: Quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et un autre te mettra ta ceinture pour t’emmener où tu ne voudrais pas aller[86]. Cette parole se réalise aujourd’hui ». Le pape n’excommunia pas Jean Bosco car il l’aimait mais il ne put comprendre la portée de ses paroles. Le cheminement se fit à travers ses successeurs.
Le progressisme
(Chose indécise)
Il est possible de décrire les souffrances et les appauvrissements subis par l’Église romaine depuis cette époque. La première d’entre elles fut la perte de la foi dans des couches de plus en plus nombreuses de la société. En contemplant la vie de Jésus, on s’aperçoit que, plus encore que des luttes extérieures, il eut à souffrir d’oppositions sourdes à l’intérieur du cercle de ses amis. La plus terrible d’entre elles fut le fait de son apôtre Judas. Sa révolte éclate[87] après qu’une femme pleurant ses péchés et pleine de reconnaissance pour la douceur de Jésus à son égard eût versé sur ses pieds un parfum de grand prix: « Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers qu’on aurait donnés à des pauvres? Jésus lui répondit: Laissez-la. C’est pour le jour de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. Les pauvres en effet, vous les aurez toujours avec vous; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours ». L’attitude de Judas est compréhensible. Trois cents deniers représentent un salaire ouvrier d’une année. Le geste d’amour gratuit de la femme lui parut une perte considérable par rapport à l’annonce de l’Évangile, qui est un message d’attention aux plus pauvres. Judas ne saisissait pas l’unité totale entre les deux commandements de l’amour, entre l’amour de Dieu et l’amour des pauvres.
Il s’agit là sans aucun doute d’un signe des temps qui apparaîtra dans l’Église vers la fin du monde. Comment pourrait-il en être autrement? J’ai montré que le dernier antichristianisme séduirait le monde entier en raison des riches valeurs d’humanisme (sans Dieu…) qu’il intégrera. Il y eut jadis des chrétiens généreux mais peu clairvoyants pour se laisser séduire au nom de l’amour de Dieu, par le fanatisme religieux ou encore par le nationalisme et le marxisme. Comment pourrait-il en être autrement de l’humanisme sans Dieu* qui ressemble beaucoup plus à l’Évangile du Christ? L’humanisme fait même partie du christianisme mais celui-ci sait le consacrer au Dieu aimé. De nos jours, nous avons vu apparaître dans l’Église un courant de pensée très puissant qui réduit l’Évangile à la lutte pour le bien social. Ses membres sont familièrement qualifiés sous l’étiquette de progressistes ou de libéraux parce qu’ils semblent en harmonie avec le progrès du monde. Ils se caractérisent par une sourde opposition aux décisions des papes jugées en décalage par rapport à notre temps. Ils critiquent en particulier ses positions en matière de comportement sexuel. “De quoi se mêle-t-il? Chacun est libre de mener sa vie privée selon sa conscience”. La liberté, telle est sans doute aux yeux de ce courant le qualificatif le mieux choisi pour résumer l’Évangile. “Il est l’Évangile de la liberté”. Il est surprenant de constater comme une petite variation d’interprétation peut avoir de conséquences. Nous disions précédemment que l’Évangile se spécifie d’abord dans l’amour de Dieu et du prochain… L’amour de Dieu et du prochain est premier, la liberté conséquence.
Ainsi, pour le courant progressiste, l’encouragement de l’Église pour la vie consacrée, la prière, paraît être une perte de temps et d’énergie pour l’action sociale. Il ressent ces dons comme Judas ressentit le gaspillage d’un parfum de grand prix. L’amour gratuit de Jésus aimé et servi comme un époux au jour le jour paraît n’être le fruit que d’une fuite du monde. Ce courant de pensée ne se séparera jamais de l’Église par un schisme bien qu’il le soit par le cœur.
Ne constituera-t-il pas un signe des temps très significatif car analogue à ce qu’on voit dans la vie de Jésus? Vers la fin du monde, il est probable que le progressisme* humaniste ira en s’approfondissant. Il supportera de moins en moins l’infaillible fidélité intellectuelle des papes à l’Évangile. A l’image de Judas au moment de sa tentation, il aura sans doute un rôle de coopération dans l’œuvre qui aboutira à la fin de l’Église visible[88]. Il livrera l’Église pour sa perte à l’Antichristianisme final[89]. Nous ne faisons pas oeuvre de prophète mais seulement d’observateur des idées et de leurs conséquences probables.
L’intégrisme
(Chose indécise)
Un autre signe des temps, tout aussi significatif, mérite d’être rapporté. Quelques jours avant sa mort, Jésus eut un geste incompréhensible pour les apôtres. Il voulut se comporter avec eux comme s’il était leur esclave. Il se mit à laver les pieds de ceux qui étaient à table. Par ce geste, Jésus fit une révélation que jamais aucune autre religion, pas même le judaïsme, n’a soupçonné : Dieu, le Tout-Puissant, maître et Seigneur de l’univers, est humble[90]. Mais Pierre* ne voulut pas se laisser faire: « Seigneur toi, me laver les pieds? Jésus lui répondit: Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent; par la suite tu comprendras. Pierre lui dit : - Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais! Jésus lui répondit: - Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi »[91]. Pierre n’agit ainsi qu’à cause de son amour de Jésus, mais d’un amour mal éclairé. Il eut le sens de sa dignité de Maître et Seigneur. Son cœur était généreux mais absolument incapable de pensées divines. Pour lui, un Messie est fait pour devenir un roi politique ou spirituel. Un maître de vérité est fait pour avoir raison. Mais pour Jésus, un Messie est fait pour être le serviteur de tous jusqu’à en mourir.
Là encore il convient d’être attentif car l’Église, conduite sur le même chemin d’abaissement que Jésus, connaîtra nécessairement de la part de certains de ses membres la même réaction. Il existe d’ailleurs depuis le Concile Vatican II un courant de pensée qui ressemble à s’y méprendre à saint Pierre le jour du lavement des pieds. Familièrement, il est qualifié de mouvement intégriste* car il rêve de voir l’Église avec l’intégrité des traditions qui firent sa force au temps passé. Ces croyants sincères rêvent d’une Église sûre de sa Vérité, ne s’abaissant pas à s’adresser aux autres religions en courant le risque qu’ils considèrent comme actuel, d’être mis au même niveau qu’elles. Ils voudraient une liturgie de gloire, comme au temps des fastes, et non celle instaurée par les papes après le Concile. Ils n’arrivent pas à se rendre compte que le monde a changé, qu’il n’est plus chrétien en Occident. Aussi, la défense de la liberté religieuse, selon la conscience de chacun, leur parait s’opposer aux décrets faisant du christianisme la religion des États du temps où ceux-ci étaient catholiques. Alors, tel saint Pierre* devant Jésus ceint d’un tablier, ils ne reconnaissent plus leur Église en tenue de servante. Ils vont jusqu’à enseigner: « Les papes depuis Jean XXIII et le Concile Vatican II sont peut-être des antipapes. L’abomination de la désolation[92] est dans le Temple Saint, c’est-à-dire aux sommets de l’Église atteints par l’apostasie* ». Ils oublient qu’il est impossible que ce texte des Évangiles se réalise de cette manière à cause de la promesse solennelle de Jésus faite aux papes: « J’ai prié pour que ta foi ne défaille pas.[93] » Ils interprètent mal des textes qu’ils savent pourtant adressés à tous les papes légitimement élus, jusqu’à la fin du monde. Cette contradiction torture leur esprit.
Mais, si l’on compare leurs agissements au comportement de saint Pierre qui les prophétise, on ne peut nier que leur révolte est liée à leur bonne volonté et à leur amour (mal éclairé) du Seigneur. Saint Pierre se laissa finalement laver les pieds. Mais force est de le constater, parce qu’il ne changea pas vraiment, sa confiance ne fut pas assez forte. Il s’enfuit. Il ne put dire : « j’étais avec mon Dieu au pied de sa croix. »
Il en sera de même à la fin du monde pour ceux parmi les chrétiens qui rêveront encore d’une Église intègre et glorieuse. Ils ne tiendront pas. Ils s’enfuiront à la vue de la destruction spirituelle à venir. Ils n’auront pas, comme ceux parmi les chrétiens qui se seront laissés formés par Marie, la capacité de vivre de l’intérieur dans l’espérance la victoire finale de l’Église enfin devenue grande aux yeux de Dieu. Ils se diront plutôt, relisant fiévreusement les promesses de Jésus: « Les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle![94] » que tout cela n’était peut-être que vanité… Ils passeront par les mêmes doutes que Pierre après l’arrestation et la mort de Jésus, doutes qui l’amenèrent à renier trois fois. Il y aura dans leur souffrance un signe des temps important.
On pourrait multiplier la description de ces signes dans l’Église. Nous ne voudrions en rapporter que deux autres qui me paraissent importants en ce début de XXIe siècle, alors que les chrétiens sont encore secoués par les effets du Concile Vatican II. Le premier concerne la liturgie et le second la papauté*.
Les signes dans la liturgie
(Chose probable)
La liturgie est un objet de conflit si important en Occident depuis le Concile Vatican II qu’il convient de montrer qu’elle est aussi signe de notre époque et de la proximité du retour du Christ. L’art a de tout temps été signe de la mentalité des époques. Ainsi, le XIIIe siècle, époque de la civilisation chrétienne où tout s’unifie autour du Christ, brille par l’harmonie des cathédrales gothiques qui ressemblent à des vaisseaux en marche vers la lumière. En ce temps, il n’existe pas d’art profane et tout, peinture, sculpture, musique, sert Dieu. La Renaissance qui est le siècle de la redécouverte de valeurs humaines autonomes du christianisme, se caractérise par ses oeuvres profanes aux lignes classiques. L’époque moderne et contemporaine qui se caractérisent par l’oubli progressif de Dieu a été source d’un art de plus en plus profane et aujourd’hui torturé, non figuratif et parfois même sans vie apparente, marqué du même désespoir que le monde qui ne croit plus devoir espérer un salut après la mort. L’art est donc un signe philosophique de chaque époque.
Il en est de même au plan théologique mais l’art s’appelle liturgie. Le temps de l’Église a un sens plus profond puisqu’il annonce le retour du Christ. Or la liturgie de l’Église suit le même cheminement par étape que celle qu’on peut discerner dans les Évangiles autour du Christ jusqu’à sa mort. Durant sa vie terrestre, Jésus reçut de la part de ceux qui l’entouraient des marques qui étaient des signes de leur attachement à son égard. Il fut honoré diversement au cours de sa vie apostolique. Il y eut un temps caché de persécution et de fuite en Égypte. C’est le temps de la petite enfance. Il correspond pour l’Église aux 300 ans des persécutions romaines. Les églises sont alors des caves et des catacombes. La liturgie est pauvre et confidentielle.
Les trois ans de vie apostolique du Christ peuvent se diviser en trois temps. Il y eut un temps plus caché au moment où les Juifs commencèrent à entendre parler de lui. De même, l’Église, au commencement de sa reconnaissance dans l’Empire romain d’Occident, au temps des invasions barbares, est encore peu puissante au milieu des peuples païens. Elle se réunissait dans des églises intimistes et, ne célébrait que derrière un voile le mystère de l’eucharistie. En Occident, l’art roman est l’empreinte de cette époque.
Au cours de sa vie, Jésus connut ensuite un moment de gloire extérieure. Les gens venaient de tout Israël* pour écouter sa parole et voir ses miracles. On voulait le toucher, le faire roi. De même, l’Église connut une époque de gloire. Elle dominait le monde, pouvant excommunier les rois et leur enlever leur trône. Au Moyen-Age et jusqu’à la Révolution française, sa liturgie devint somptueuse, riche et solennelle, à l’image du pouvoir spirituel (et matériel) qu’elle possédait. C’est le temps du gothique, de l’art flamboyant qui s’élève en flèches vers le ciel.
Dans une troisième phase de sa vie apostolique, Jésus connut de plus en plus la lutte et les abandons. On vint moins l’écouter. Il fut souvent de plus en plus seul. Il en est de même pour l’Église depuis le siècle des Lumières et de plus en plus actuellement. Alors, poussée par l’Esprit Saint, l’Église changea de liturgie. Après le Concile Vatican II, elle l’appauvrit, la rendit plus familiale en insistant davantage durant la Messe sur l’aspect “repas intime” de la Cène de Jésus et moins sur la gloire du Sacrifice universel de la croix. L’Église avait bien sûr le droit d’agir ainsi, puisant dans l’immense richesse des trésors de l’Évangile. Mais elle fut contestée. Pourtant, elle donnait aux chrétiens l’un des plus grands signes des temps de la fin.
Nous pouvons être sûrs que d’autres signes seront donnés par la liturgie dans le futur, à mesure que s’approchera l’Heure Sainte du martyre de l’Église. Les chrétiens de ces époques futures devront y être attentifs et, chaque fois que les signes de petitesse s’approfondiront, se réjouir “et redresser la tête car leur Rédemption s’approche[95]”. Cette liturgie de pauvreté sera poussée très loin, à l’image de Jésus. Sa dernière liturgie, celle de son sépulcre, fut accomplie par des laïcs qui n’étaient même pas ses compagnons de route mais de simples admirateurs[96]. Il n’eut pas droit au parfum de l’embaumement. Il en sera de même pour l’Église…
L’heure de l’Église sera-t-elle annoncée par la papauté?
(Chose probable)
Verra-t-on, vers la fin, avant la venue de l’Antéchrist, des papes annoncer explicitement la proximité de l’épreuve? C’est une question difficile qui appelle deux réponses car le pape a deux rôles principaux dans l’Église.
1 - Il est le Maître de la Vérité délégué par Jésus pour que notre connaissance de Dieu ne se fourvoie pas: “Affermis tes frères”.
2 - Il est aussi le Berger suprême délégué pour conduire l’Église vers la Venue du Christ: “Sois le berger de mes brebis.[97]”.
1 - Elle sera explicitement annoncée par Pierre en tant qu’il est le Magistère
Le fait que l’Église doive subir un martyre relève, en tant que doctrine théologique, du ministère du pape comme Maître de vérité (Magistère). Il est donc probable que vers la fin des temps les papes annonceront ce martyre ou sa possibilité, de la même façon que Jésus l’a annoncé à ses disciples. Curieusement, la chose est devenue réalité depuis quelques années. Qu’on se réfère à l’enseignement rapporté précédemment et tiré du Catéchisme de l’Église catholique[98]. C’est la première fois que, historiquement, le Magistère rappelle en usant de son infaillibilité habituelle, un tel enseignement de l’Écriture.
Quoiqu’il arrive dans le futur et quoiqu’en disent aujourd’hui des membres de la mouvance intégriste, il est impossible qu’un pape élu légitimement se mette à prêcher en tant que pape, autre chose que l’Évangile de Jésus. Toute l’histoire de l’Église le montre. Nous avons eu des papes assassins, adultères, polygames même, mais jamais de pape hérétique[99]. A l’inverse, tous les autres sièges apostoliques, sans exception, ont connu des évêques douteux et même hérétiques. Un seul échappe à cette règle, celui du successeur de Pierre*. La raison en est simple. Jésus a promis. Il est Dieu et il a la puissance de tenir sa promesse. Il est donc certain que, quelles que seront les décisions solennelles des papes futurs au plan de la foi et de la morale, elles viendront de Dieu.
Un récit romancé récent, passé presque inaperçu, semble indiquer une prise de conscience de plus en plus forte d’une partie des chrétiens à l’égard de la proximité de la passion de l’Église. Dans son roman L’anneau du pécheur, Jean Raspail[100] rapporte une parabole qu’il faut lire pour comprendre ce que pourrait être le témoignage final des papes. Il raconte qu’à Rome, dans la crypte souterraine du Vatican où reposent la plupart des papes de l’histoire, près du tombeau de Jean XXIII, une pierre tombale sans date porte sur le côté l’inscription Benedictus. Elle est très récente puisqu’elle fut posée en 1994. Elle contient les restes d’un homme pauvre, décédé dans le sud de la France. Son corps fut ramené par un évêque au service de l’État du Vatican. Or cet homme était pape, un vrai pape de l’Église catholique romaine, dont la lignée apostolique remonte à la fin du XIVe siècle. A cette époque, un grand schisme eût raison de la papauté d’Occident et la divisa en deux puis bientôt en trois papes. Or, l’un d’eux, Clément VII, fut élu en Avignon selon les règles canoniques. En fin de compte et pour mettre fin au schisme, les trois papes furent déposés par un Concile (Constance, 1417). Un quatrième pape fut élu, à l’origine des actuels papes de Rome. Loin de renoncer, le successeur de Clément VII, nommé Benoît XIII (Benedictus PP. XIII), résista dans le sud de la France et en Espagne. Il eut un successeur, puis un autre et, les uns après les autres, de moins en moins connus, de plus en plus pauvres, la lignée des papes prénommés Benoît perdura jusqu’à aujourd’hui. Devenus mendiants, ils ne gardaient plus sur eux que trois objets témoins de leur gloire passée, l’anneau papal ou anneau du pécheur donné au pape Benoît XIV, un calice pour leur office de prêtre, et une étole rouge, couleur du martyre. Ils trouvaient toujours quelques jeunes vocations pour adhérer à leur Église parallèle et la faire durer, jusqu’au dernier d’entre eux qui se trouva seul et incapable de s’assurer un successeur. Il fut rejoint par la crise religieuse de l’Occident. Il mourut en 1994 auprès d’un prêtre envoyé par Rome, alors qu’il s’était mis en marche vers cette ville. On trouva dans ses papiers, outre le récit d’une aventure de sept siècles, la prophétie suivante:
« J’ai vécu longtemps et j’ai vu le monde changer. II y a des choses que je sais. Je dirai de quelle façon. C’est pourquoi je dois aller à Rome. Avant cinquante ans, plus tôt peut-être, deux forces s’y opposeront et le pape se souviendra du destin du pape Pedro de Luna et de ses trente-deux successeurs qui ne laissèrent aucune trace sur cette terre. »
Le pape Jean-Paul II, raconte Jean Raspail, fut frappé par cette histoire. Il fit transférer les restes de Benoît à Rome. Le fait que cette succession de papes ait duré jusqu’à aujourd’hui, sous le nom de Benoît (Bénis*) et qu’elle ait émaillé son histoire par des miracles réalisés ici ou là lui parut une marque de l’action de Dieu. Ces papes ne sont-ils pas une prophétie vivante, une image de l’avenir de la papauté de Rome? D’après le roman de Jean Raspail, le commentaire de Jean-Paul II fut le suivant[101]:
« La simplicité de Benoît, son humilité, son dénuement, sa naïveté, sa solitude, sa fonction pontificale réduite à celle des premiers âges, quand l’apôtre Pierre*, tout aussi seul, errait sur les routes de l’Empire sans grand espoir d’être écouté… Pierre était le commencement. Benoît ressemble à une fin qui aurait été anticipée. Tout cela a profondément ému le Saint-Père. À ses proches il a dit que viendrait un jour où l’enseignement de l’Église serait unanimement rejeté parce que devenu inapplicable au regard de la morale admise et de la religion du progrès. Il a dit que l’Église catholique serait déchirée, ses gros bataillons prêts à s’incliner. Il a dit que la conscience internationale contre laquelle il s’est déjà élevé sans succès enjoindrait au pape de se soumettre, lui-même ou l’un de ses proches successeurs, qu’un concile l’imposerait à la lumière d’une nouvelle lecture de l’Évangile, et qu’il ne resterait plus au pape qu’à quitter Rome et disparaître, comme Benoît. Pour traverser encore d’autres siècles, comme Benoît. L’un et l’autre sont des fugitifs »[102].
Quelle est la vérité de ce récit? Peu importe. Il est prophétiquement vrai. Il raconte, mieux encore qu’un long traité de théologie, ce que j’entends par « témoignage final de la papauté ».
2 - En tant qu’il est le « pasteur universel », il semble que Pierre essayera de fuir sa passion et d’en dispenser ses frères
Si l’on suit les Écritures, il semble que le dernier pape et ses prédécesseurs immédiats seront signes de la proximité du retour du Christ sans le vouloir. La papauté essayera d’y échapper. C’est ce que signifie un texte de l’Évangile qui exprime allégoriquement ses dernières heures. Jésus venait de ressusciter. Pierre, repentant de ses reniements, était venu à lui. Jésus le confirma dans son rôle de premier parmi les apôtres et lui dit solennellement les paroles suivantes:
« En vérité, en vérité, je te le dis. Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il signifiait en parlant ainsi le genre de mort par laquelle Pierre devait glorifier Dieu[103] »
Ce texte est évidemment une allégorie. Il s’adresse à la personne de Simon-Pierre*, mais aussi, profondément, à ce qu’elle représente. Appliquée à la personne de Pierre, la prophétie s’est réalisée de manière très forte. L’hagiographie ancienne raconte que, lors de la persécution inaugurée par l’Empereur Néron après l’incendie de Rome, Pierre se sauva seul hors de la ville, laissant les fidèles en proie au martyre. Ce fut sans doute un effet de son tempérament à la fois héroïque s’il s’agit de mourir vite et faible quand il faut durer dans l’épreuve. En route, il rencontra le Christ qui se dirigeait vers Rome. Pierre lui dit: « Où vas-tu, Seigneur? » Quo vadis ? Il lui fut répondu: « Je vais à Rome pour y mourir à ta place ». Alors Pierre, contrit, retourna à Rome où il fut crucifié. Il demanda à l’être la tête en bas, conscient de son indignité à subir la même passion que son maître. Tout cela est visiblement une prophétie. Elle annonce symboliquement la manière dont la papauté sera conduite elle-même vers son Heure.
Il peut arriver qu’un homme soit prophète sans le vouloir. Ainsi Caïphe qui était grand prêtre à l’époque de la vie apostolique de Jésus, dit-il à ses confrères: « Vous ne voyez même pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière[104] ». Et l’évangéliste comprend cette parole en disant: « Il ne dit pas cela de lui-même mais, étant grand prêtre cette année là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ». De même, à la fin des temps, la papauté sera certainement conduite par l’Esprit Saint à prononcer des paroles et à subir des événements qui seront signes de la fin prochaine. Elle le fera en résistant. Mais elle le fera. Avec difficulté sans doute, elle imitera Jésus dans un comportement significatif de sa dernière heure. En cela, elle sera signe des temps[105].
Le martyre de l’Église, qui sera un événement historique, et qui se réalisera à l’heure voulue par Dieu, concerne donc le rôle du pape en tant que berger qui conduit le troupeau de Dieu vers son sacrifice et sa glorification. Il conviendra donc de scruter les décisions de fond concernant la Pastorale de l’Église (la manière utilisée par Pierre* en tant que Pasteur des brebis pour conduire l’Église vers le retour du Christ), avec l’œil de l’espérance théologale. Il est certain qu’elles seront invisiblement dirigées par l’Esprit vers le Golgotha et la gloire.
Saint Jean Bosco fit un rêve[106] concernant les épreuves à venir de l’Église. Il voyait que seuls survivaient au naufrage ceux qui s’appuyaient sur trois blancheurs: Marie, Jésus dans son eucharistie et le pape pour sa foi toujours vraie. Ce rêve est non seulement prophétique mais aussi théologique[107].
Avant la fin de l’Église, la dernière Pentecôte d’amour
(Chose probable)
« Les disciples amenèrent l’ânesse et l’ânon. Puis ils disposèrent sur eux leurs manteaux et Jésus s’assit dessus. Alors les gens, en très nombreuse foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin. Les foules qui marchaient devant lui et celles qui suivaient criaient: "Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna au plus haut des cieux!" Quand il entra dans Jérusalem, toute la ville fut agitée. "Qui est-ce?" Disait-on, et les foules disaient: "C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée."[108] »
Tout au long de cet ouvrage, j’ai montré que la vie de Jésus dans son ensemble est l’icône de celle de l’Église. C’est le même Esprit Saint qui les dirige dans une même direction et selon une même méthode.
Cette identification entre l’Église et son époux sera poussée très loin. Les contemplatifs, ceux qui lisent de l’intérieur l’histoire, y trouveront au moment voulu les signes pour discerner les temps. Ils pressentiront où en est l’humanité en observant l’attitude de l’Église, en la comparant à celle de Jésus.
Avant sa semaine Sainte, Jésus connut un dernier moment de gloire terrestre. Cela fut inattendu tant les luttes le pressaient de partout. Alors qu’il entrait dans Jérusalem*, les foules vinrent à lui et l’acclamèrent. Il ne faut pas s’illusionner sur la qualité spirituelle de ces acclamations. La plupart des personnes ne savaient pas pourquoi elles agitaient des palmes et criaient « Hosanna au Fils de David ! » Elles suivaient le mouvement de masse. Elles se laissaient entraîner. La preuve en est que la même foule, quelques jours plus tard, demanda qu’on crucifie Jésus et qu’on délivre Barabbas[109]. Sans le savoir, en agissant ainsi, la foule réalisait une prophétie ancienne. Ainsi, tout dans l’Écritures, jusqu’au dernier iota devait être accompli. « Exulte avec force, fille de Sion! Crie de joie, fille de Jérusalem! Voici que ton roi vient à toi. Il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. Il retranchera d’Ephraïm la charrerie et de Jérusalem les chevaux; l’arc de guerre sera retranché. Il annoncera la paix aux nations. Son empire ira de la mer à la mer et du Fleuve aux extrémités de la terre[110]. »
De même, avant la semaine Sainte de l’Église, il y aura une dernière acclamation, faite d’enthousiasme communicatif. Ce sera l’Hosanna de l’histoire de l’Église[111]. Il s’agira d’un événement visible. Il ne s’agira pas de cette gloire intérieure de l’heure du sépulcre. Nous parlons ici d’une gloire terrestre. Les foules humaines reconnaîtront à l’Église devenue humble la riche valeur de civilisation qu’elle apporte à l’humanité. Médiatiquement, l’Église catholique sera considérée et admirée. Elle recevra de Dieu, pendant quelques années, l’autorisation d’enseigner son message sans qu’il soit déformé par les médias. A cette occasion, il est probable que l’Évangile sera une fois de plus annoncé à toutes les nations. Sa parole de vie sera proposée une dernière fois au monde. Il sera entendu, quoique de manière éphémère.
La Vierge Marie semble décrire ce moment dans le secret de La Salette[112]: « Au premier coup de son épée foudroyante, les montagnes et la nature trembleront d’épouvante, parce que les désordres et les crimes des hommes percent la voûte des cieux. Paris sera brûlé et Marseille englouti[113]; plusieurs villes seront ébranlées et englouties par des tremblements de terre; On croira que tout est perdu; On ne verra qu’homicides, on n’entendra que bruits d’armes et que blasphèmes. Les justes souffriront beaucoup; Leurs pénitences et leurs larmes monteront jusqu’au Ciel, et tout le peuple de Dieu demandera pardon et miséricorde, et demandera mon aide et mon intercession. Alors Jésus-Christ, par un acte de sa justice et de sa grande miséricorde pour les justes, commandera à ses anges que tous ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de l’Église de Jésus-Christ et tous les hommes donnés au péché périront, et la terre deviendra un désert[114]. Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié; La charité fleurira partout. Les nouveaux rois seront le bras droit de la sainte Église, qui sera forte, humble, pieuse, pauvre, zélée et imitatrice des vertus de Jésus-Christ. L’Évangile sera prêché partout, et les hommes feront de grands progrès dans la foi, parce qu’il y aura unité parmi les ouvriers de Jésus-Christ et que les hommes vivront dans la crainte de Dieu. Cette paix parmi les hommes ne sera pas longue. Vingt-cinq ans d’abondantes récoltes leur feront oublier que les péchés des hommes sont cause de toutes les peines qui arrivent sur terre ».
Beaucoup de révélations privées[115]* annoncent la dernière Pentecôte d’amour de l’Église. Le message de la Salette décrit 25 ans d’abondantes récoltes[116]. Actuellement, le message du Christ n’est pas médiatiquement audible. La génération qui tient les médias le déforme par peur que sa vérité n’enflamme les cœurs. Mais l’histoire provoquera un retournement. La génération de mai 68 passe et la génération suivante vit dans un désert spirituel. Suite à un fléau dont nous ne pouvons que supputer la nature[117], les peuples chrétiens s’ouvriront un temps à la foi. Il conviendra de profiter de ce temps de grâce et d’enseigner l’Évangile[118].
Ainsi se réalisera une dernière fois de manière visible, médiatique et selon sa lettre, la prophétie fameuse de Jésus: « L’Évangile sera prêché à toutes les nations. Puis viendra la fin. » Toutes les nations, sans en exclure aucune (les nations chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, hindouistes, animistes, humanistes), entendront le message de Jésus. Ce sera le dernier signe donné avant le temps de l’Antéchrist* final.
Que l’Église puisse une dernière fois faire entendre la vérité ne signifie pas qu’elle sera reçue. Tout cela sera éphémère. Les forces du mal auront trop pris les âmes. Les conditionnements sociologiques de l’histoire rendront possible la dernière prédication et ces mêmes conditionnements la rejetteront ensuite. Le balancier de l’histoire se retournera vite. Une génération plus tard, des jeunes se lèveront et diront: « la religion n’apporte que des malheurs et de la domination. Elle opprime la liberté des hommes ». De fait, cette génération sera mue par une puissante soif de liberté et de plaisirs. Elle ne supportera pas les contraintes de l’amour vrai. Elle étayera son discours sur les faits de l’histoire lointaine ou récente. L’Inquisition ecclésiastique et la crise violente de l’islam* seront évoqués, pêle-mêle. On libérera de nouveau le « bandit Barabbas » que dénonçait l’Église[119]. Alors nulle parole de Dieu ne sera plus écoutée. Il ne sera plus temps de parler mais de prier[120].
Mon opinion
Qu’on me permette de donner ici mon opinion. Ce temps de gloire de l’Église me semble proche. Il me semble que l’Église arrive à ce moment de son histoire où il lui faut monter vers Jérusalem. Comme le Christ persécuté, elle a été contrainte de prendre depuis 200 ans un ton plus humble. Depuis le Concile Vatican II, elle s’est mise à parler aux païens[121]. Elle ne cesse de ressembler à Jésus dans sa dernière année d’apostolat. Depuis quelques temps, à travers la voix du grand pape de Marie*, Jean-Paul II, elle commence à annoncer son Heure future. En cela aussi elle imite Jésus[122]. Tout cela constitue sans aucun doute une série de signes des temps. Si cet instinct spirituel est juste, il semble que l’Église va devoir bientôt monter sur un ânon d’humilité et parler, peut-être une dernière fois. Ensuite, son message ne sera plus oral. Il sera le témoignage d’un sacrifice ultime.
1. Luc 12, 54-56. [↩]
2. Voir du même auteur La grande guerre de l’islam. [↩]
3. Genèse 16, 10. [↩]
4. Genèse 21, 20. [↩]
5. Voir la foi des musulmans concernant la guerre sainte, mode principal de leur extension. Voir La Voie du musulman, Aboubaker Djaber Eldjazaïri (Aslim éditions 1986, France), « catéchisme sunnite officiel ».
A- Institution: L’objectif principal du djihad est d’affronter les mécréants et les belligérants. B- Différentes sortes de djihad ; C- Le but du djihad: Toute sorte de djihad tend à proscrire toute autre adoration que celle de Dieu, l’Unique, à se dresser contre la violence et le mal, à sauvegarder la vie, les biens et l’équité, à généraliser le bien et à répandre la vertu. Dieu dit: — Combattez les afin que plus aucun croyant ne soit tenté d’abjurer et que le culte tout entier soit rendu à Dieu. (8 - Le Butin - 39) ; D- Mérite du djihad: Le mérite du djihad et de la mort en martyr pour la Cause de Dieu est exprimé en termes nets dans les annonces véridiques divines et dans les hadith authentiques du Prophète. [↩]
6. Je rapportais précédemment la prophétie des Incas qui les livra pieds et mains liés aux conquistadors violent et… évangélisateurs. Des centaines d’autres exemples pourraient être rapportés, non seulement dans la Bible mais dans l’histoire récente. En 1940, lorsque Hitler décida de son nid d’aigle la date définitive de l’invasion de la Russie, il se fit dans l’atmosphère une agitation étonnante. Le ciel était rouge feu et le vent soufflait en tempête tandis que des nuages aux formes déchirées passaient dans le ciel. Une femme présente s’écria : « Mauvais présage. Beaucoup de sang et de malheur ». Hitler fut fortement impressionné. (Document U.S., La chaîne histoire, « Hitler, homme et Mythe »).
La tradition du bouddhisme khmer gardait la prophétie suivante : « Quand le ciel rougira comme le feuillage du banian, de l’orient à l’occident, que chacun fuit le pays car la guerre et le malheur arrivent ». Or un couché de soleil de ce type se produisit peu avant la prise de pouvoir du criminel marxiste Pol Pot qui, en quelques années, causa la mort d’un million de cambodgiens. Une étude approfondie de ce genre de présages ou de prophéties mériterait d’être faite, avec les vérifications critiques d’usage. Les prophéties d’une puissante religion comme l’islam méritent d’autant plus d’être étudiées en détail. [↩]
7. Voir La mort et le jugement dernier selon les enseignements de l’islam, Fdal Haja, Rayhane éditions, Paris 1991, p. 53ss [↩]
8. Il existe d’autres signes, mineurs. [↩]
9. Voir chapitre 7, le temps du sépulcre, le signe de Jonas. [↩]
10. Tirmizzi dans « ce qu’on rapporte du Mahdi » note qu’il teint de Ibn Mass’oud ce Hadith* « un homme de ma famille viendra, son nom correspondra à mon nom ». [↩]
11. Les Musulmans anti-Wahhabites appèlent le Wahhabisme "fitna an Najdiyyah", le malheur venant de Nejd. [↩]
12. Il s’agit des habitants musulmans de l’Arabie vers la fin du monde. [↩]
13. Selon Hisham al-Kabbani, né au Liban et vivant actuellement aux U.S.A. [↩]
14. Ces textes paraissent clairs? Ils sont en fait ambigus et ne provoquent pas la paix des débats en islam. Chacun voit « l’Arabe pervers » annoncé selon ce qui l’arrange. Pour le terroriste Oussama Bin Laden, c’est la royauté de l’Arabie Saoudite qui a accompli l’horreur en introduisant les armées étrangères sur la terre sainte. Pour la famille royale arabe, les pervers sont les terroristes arabes puisqu’ils répandent le sang des femmes et des enfants par toute la terre… Pour la majorité des musulmans Sunnites, ce sont tous les arabes à cause de leur sectarisme Wahhabite* (voir plus loin). [↩]
15. Ezéchiel 39, 9-11. Il s’agit de l’annonce d’une grande guerre qui verra la défaite des impies. [↩]
16. Elle ne parle pas seulement du danger du retour du nazisme. Cette phrase est universelle. [↩]
17. Deutéronome 28, 47-66. Cette prophétie a été réalisée une troisième fois par Hitler dont, est-ce une simple coïncidence, l’étendard était aussi l’aigle. [↩]
18. Isaïe 60, 1-5. [↩]
19. Isaïe 11, 1-5. [↩]
20. L’ambiguïté de Dieu vient d’abord de la psychologie trop humaine… de l’homme. Lorsque Dieu parle de « gloire, de victoire, de salut », il entend souvent « vie éternelle, donc humilité et son chemin, crucifixion et humiliation ». Seul un croyant lui-même passé au feu purificateur de Dieu finit par s’habituer à son style et à ne plus lire « succès mondain, gloire terrestre ». [↩]
21. Josèphe raconte (La Guerre des Juifs contre les Romains, livre 6, 31): « Quelques années avant la guerre, il se leva un pauvre homme, qui était prêtre. Il se mit à prophétiser par toute la Judée en disant simplement: « Voix du côté de l’orient! Voix du côté de l’Occident! Voix du côté des quatre vents! Voix contre Jérusalem et contre le Temple! Voix contre les nouveaux mariés et les nouvelles mariées, voix contre tout le peuple! » Il parlait ainsi, toujours, sans injurier ceux qui le battaient, ni remercier ceux qui lui donnaient à manger. Toutes ses paroles se réduisaient à un triste présage, et il les proférait d’une voix plus forte dans les jours de fête. Il continua d’en user ainsi durant sept ans cinq mois sans aucune intermission et sans que sa voix ne fut ni affaiblie ni enrouée. Quand Jérusalem fut assiégée, on vit l’effet de ses prédictions et, faisant alors le tour des murailles de la ville, il se mit encore à crier: « Malheur, malheur sur la ville, malheur sur le peuple, malheur sur le Temple », à quoi ayant ajouté « Malheur sur moi », une pierre lancée par une machine le renversa par terre, et il rendit l’esprit en proférant ces mêmes mots. » [↩]
22. Un troublant rapprochement des dates s’impose. Le Wahhabisme est la plus terrible attaque satanique contre l’islam depuis l’Hégire*. Il prend la religion par sa qualité d’honneur militaire et la transforme en un fanatisme exterminateur. Au même moment, le christianisme subissait une attaque au défaut de sa cuirasse (il libère l’homme) avec la Révolution française et le culte de l’homme divinisé… [↩]
23. D’après la longue prophétie d’Ezéchiel, 39, 1 ss. [↩]
24. Ezéchiel 39, 12: « On les enterrera afin de purifier le pays pendant sept mois. » [↩]
25. Avis religieux adressé aux musulmans, quoique n’engageant que celui qui la prononce. Comme chez les Protestants, chaque musulman est imam. N’ayant pas de magistère papal, les fatwa islamiques n’ont de valeur que pour ceux qui reconnaissent l’autorité de l’imam émetteur. Depuis la révolution islamique d’Iran, le terme fatwa a pris le sens malheureux d’appel à l’exécution sommaire. [↩]
26. Création en 1979 en Iran d’une république islamique sectaire. [↩]
27. Nous ajoutons cette note le 11 septembre 2001. Ce livre était déjà écrit en 1996 (Voir Nihil Obstat). Mais devant moi défile à la télévision, en boucle, l’attaque suicide du World Trade Center aux U.S.A. Les deux tours viennent de s’écrouler après avoir été percutées par deux avions gros porteurs chargés de passagers détournés par des combattants de l’islam. Les commentateurs parlent de « nouveau Pearl Arbor ». Ils n’ont pas tort. Le monde entre sans doute, après la guerre froide, dans une quatrième guerre mondiale. L’ennemi ne viendra pas d’abord des nations musulmanes mais de cette mouvance particulière des combattants de l’islam qui agit en s’appuyant sur les textes de sa foi. La présence de ces textes est dramatique. Elle plongera beaucoup de musulmans dans la guerre Sainte. La victoire du monde coalisé ne fait pas de doute, mais à quel prix? Le Pakistan possède l’arme nucléaire. Lorsque la guerre sera gagnée, il est probable que naîtra une nouvelle génération qui, devenue adulte 20 ans plus tard, rejettera dans un nouveau mai 68 la religion et celui qui en porte le nom: Dieu. C’est une étape nouvelle mais essentielle dans la réalisation des prophéties. [↩]
28. Matthieu 26, 52. [↩]
29. Nous disions que cette époque n’est pas pour aujourd’hui. C’est donc que le temps de l’Antéchrist n’est pas encore pour cette année. Mais il peut venir vite, en quelques générations d’autant plus que les moyens modernes de communication précipitent l’évolution des mœurs. Les enfants bouddhistes d’Orient se forment en ce moment avec la télévision occidentale tout entière imbibée du message de l’homme sans Dieu. [↩]
30. 2 Thessaloniciens 2, 4. [↩]
31. « Qu’on le veuille ou non, l’heure est venue de devenir citoyen du monde ou de voir périr toute civilisation. » Citation d’un discours aux enseignants, du ministre français de l’Instruction publique, 1918. [↩]
32. En Luc 21, 24 : « Jérusalem sera foulée par les païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations ». [↩]
33. Dans les années 70, des jeunes aux cheveux longs se tenaient non loin d’un monument au mort. On fêtait l’Armistice du 11 novembre et des anciens combattants des deux guerres mondiales saluaient le drapeau français. Des cris fusèrent : « fascistes ! – Mais nous avons combattu le fascisme, leur fut-il répondu. – Peu importe, vous êtes à mettre dans le même sac patriotique. » Cette anecdote illustre ce que peut être la réaction d’une génération, non par son intelligence, mais par sa sensibilité. [↩]
34. 2 Thessaloniciens 2, 1-12. Rappelons encore une fois, afin d’éviter le scandale de certains théologiens exigeants au plan de la précision, que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que l’autorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. L’exemple de la fameuse parole de l’archange Gabriel à la Vierge Marie: « Ton fils régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » (Luc 1, 33) le prouve. Marie aurait pu comprendre l’annonce d’une royauté terrestre, puis éternelle. L’ange ne parlait que d’abord d’une royauté spirituelle, par la croix, puis d’une royauté totale dans la gloire éternelle. Il était aisé de se tromper. [↩]
36. Ils voient de leurs yeux, dirait Job. Voir, à propos de la survie des facultés sensibles après la mort, du même auteur, L’heure de la mort. [↩]
37. Romains 11, 15. [↩]
38. Matthieu 24, 15. [↩]
39. Luc 21, 24. [↩]
40. Luc 23, 28. [↩]
41. Luc 21, 24. [↩]
42. Romains 11, 25. [↩]
43. Luc 13, 35. [↩]
44. Romains 11, 15. [↩]
45. Voir par exemple Apocalypse 9, 15. Ce chiffre d’un tiers, appliqué au malheur, est cité 14 fois dans ce livre. [↩]
46. Actes 5, 34. [↩]
47. A l’image du pharaon devant Moïse: « Car Dieu renverse les puissants de leur trône et relève les humbles », dit la Vierge Marie dans son Magnificat. [↩]
48. Chapitres 6 et 7. [↩]
49. Ce livre a été reconnu canoniquement par l’Église catholique mais certaines confessions chrétiennes le rejettent. Voir Maccabées 2, 4-8. [↩]
50. Bien sûr, chacune des prophéties concernant les Juifs a, outre une réalisation matérielle, une signification spirituelle. La destruction du temple de Jérusalem* marque l’entrée dans un nouveau temps qui est celui de la Nouvelle Alliance où Dieu n’est plus adoré sur une montagne ou dans un temple mais au fond des cœurs. Dans un sens symbolique, cette destruction préfigure et annonce celle de notre corps par la mort et celle du nouveau temple qu’est l’Église dans un sacrifice final qui précédera la glorification du monde. La déportation d’Israël ne doit pas être considérée comme une punition pour l’acte commis par ceux qui ont tué Jésus car ce péché leur a été imputé personnellement lors de leur jugement particulier. Cette dispersion est donnée aux nations comme un signe qui manifeste les conséquences auxquelles aboutit tout péché. Ce peuple de prophètes montre sans le vouloir qu’en péchant, nous sommes dispersés à tous vents loin de Dieu et de nos frères. Il en est de même pour les persécutions. Elles sont un témoignage des conséquences terribles du péché qui tue la vie de l’âme d’une manière analogue à la barbarie des persécuteurs lorsqu’ils massacrent des enfants innocents. Le peuple juif persécuté est le signe de la fin du monde où se manifestera la haine implacable du démon pour toute vie de l’âme. [↩]
51. Cité par saint Louis-Maie Grignon de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, édition du seuil, Paris, 1966, 46. [↩]
52. … qui est un saint canonisé. Ses visions et ses prophéties ont de ce fait une certaine autorité dont le degré, sans rapport évidement avec celui de la Révélation publique, est précisé en fin d’ouvrage. Elles n’en demeurent pas moins très importantes pour la théologie de l’espérance. [↩]
53. Lire son Traité de la vraie dévotion à Marie, édition du seuil, Paris, 1966, 47 ss. [↩]
54. En réalité, l’apparition à Catherine Labouré est loin d’être la première. L’apparition à Jean Courdil (Celles, 1686) ou à Benoîte Rencurel (Notre Dame du Laus) est largement antérieure. Mais celle de Catherine inaugure un caractère eschatologique nouveau. Pour la première fois, la Vierge ne vient pas seulement comme mère. Elle vient comme sage-femme en ce sens qu’elle va accompagner une douloureuse naissance vers la Vie. [↩]
55. Il s’agit d’une apparition reconnue officiellement par l’autorité de l’Église. Son message a donc une certaine autorité sur l’espérance des catholiques et leur compréhension de l’action incarnée de Dieu dans chaque génération, à un degré précisé en fin d’ouvrage. [↩]
56. A savoir que le salut consiste en une réconciliation amoureuse de Dieu avec l’humanité. Pour se faire, une nouvelle Ève a eu à dire oui. Le rôle de Marie, loin d’être passif, fait partie de la rédemption de la même manière que, pour qu’il y ait mariage, il faut deux oui. [↩]
57. La valeur théologique de ces deux cœurs est très profonde. Elle est le cœur même de la révélation dans son interprétation catholique. Marie et Jésus sont ensemble, l’image de Dieu. Jésus-Dieu et Marie-femme sont ensemble rédempteurs et co-rédempteurs. etc. [↩]
58. Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. [↩]
59. Les apparitions continuent en ce début de troisième millénaire. Medjugorje* ne peut encore être reconnu puisque cette apparition n’est pas terminée. [↩]
60. Apocalypse 11, 3-13. Texte symbolique, d’abord valable pour chaque époque de l’humanité, mais de plus en plus nettement réalisé vers la fin. [↩]
61. Genèse 6, 22. [↩]
62. 2 Rois 2, 11. [↩]
63. Matthieu 11, 14. [↩]
64. 1 Rois 17, 1. Le cycle d’Élie est rapporté dans la Bible au premier livre des Rois, à partir du chapitre 17. [↩]
65. Marc 6, 18. [↩]
66. Romains 11, 16. [↩]
67. Il invita des représentants des grandes religions du monde à prier ensemble Dieu pour la paix. [↩]
68. Il est probable que les trois sens soient vrais. Dieu se plaît à réaliser les textes selon tous leurs sens. [↩]
69. L’Antéchrist, 1905. [↩]
70. Daniel 12, 10. [↩]
71. Daniel 11, 33. [↩]
72. Matthieu 24, 14. [↩]
73. … qui est un saint canonisé. Ses visions et ses prophéties ont de ce fait une certaine autorité dont le degré, sans rapport évidement avec celui de la Révélation publique, est précisé en fin d’ouvrage. [↩]
74. Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, édition du seuil, Paris, 1966, 49ss. [↩]
75. Psaume 126, 4. [↩]
76. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich* eut la vision de ces derniers apôtres sous la forme de douze prédicateurs : « Je vis au milieu des désastres les douze hommes dont j’ai déjà parlé, dispersés en diverses contrées sans rien savoir les uns des autres, recevoir les rayons de l’eau vive. Je vis que tous faisaient le même travail de divers côtés. Ils étaient tous catholiques. Je vis aussi, chez les ténébreux destructeurs, de faux prophètes et les gens qui travaillaient contre les écrits des douze nouveaux apôtres. Les douze hommes apostoliques gagnaient toujours un grand nombre d’adhérents et la lumière se mit à briller depuis Rome. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 159). [↩]
77. Zacharie 9, 9. [↩]
78. Marc 7, 27. [↩]
79. Jean 12, 20-36. [↩]
80. 2 Thessaloniciens 2, 3. [↩]
81. Il s’agit d’une proximité en terme de générations -20, 40 ou 100 ans- nous l’avons déjà suggéré à propos de l’islam. Dieu a le temps. Rappelons que la Vierge a commencé à parler de la fin des fins à la Salette, il y a 150 ans! Les évènements peuvent certes se précipiter au plan de la politique. [↩]
82. Jean 6, 66. [↩]
83. Jean 7, 19. [↩]
84. Jean 11, 45-53. [↩]
85. Hébreux 5, 8. [↩]
86. Jean 21, 18 - l9. [↩]
87. Jean 12, 4, [↩]
88. La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich*, écrit à propos du clergé progressiste qu’elle voit dans ses célèbres prophéties : « Ces « éclairés », je les vois toujours dans un certain rapport avec la venue de l’Antéchrist, car eux aussi, par leurs menées, coopèrent à l’accomplissement du mystère de l’iniquité. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 536). Ailleurs, elle décrit leur oeuvre de la manière suivante: « Ils bâtissaient une grande Église, étrange et extravagante. Tout le monde pouvait y entrer pour communier et y posséder les mêmes droits. Ce devait être une vraie communion des profanes où il n’y aurait qu’un seul pasteur, un seul troupeau. Il devait y avoir un pape (vraisemblablement élu) mais qui ne possèderait rien et serait salarié. Tout était préparé d’avance et bien des choses étaient déjà faites. Mais, à l’endroit de l’autel, il n’y avait que désolation et abomination. Ils veulent enlever au pasteur le pâturage qui est à lui. Ils veulent en imposer un qui livre tout aux ennemis. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 184). [↩]
89. Des courants puissants réclament un Concile Vatican III: suppression de la papauté*, démocratisation dans la définition de la foi, de la morale. Si la foi chrétienne est un jour votée par les hommes, à quoi sera-t-elle réduite? La parole viendra-t-elle encore d’en haut? [↩]
90. Avec le mystère de la charité de Dieu, qui veut se faire époux à égalité de droit avec l’homme, il s’agit de l’autre révélation spécifique du christianisme. Sur le cœur de Dieu. [↩]
91. Jean 13, 6. [↩]
92. Matthieu 24, 15. [↩]
93. Luc 22, 32. [↩]
94. Matthieu 16, 18. [↩]
95. Luc 21, 28. [↩]
96. Jean 19. [↩]
97. Jean 21, 16. [↩]
98. Catéchisme de l’Église Catholique, Mame 1992, pages 149-150. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi. [↩]
99. Seule exception peut-être à cette règle. Honorius I qui enseigna un temps de manière privée le monothélisme (Jésus n’aurait qu’une seule faculté volontaire, la volonté divine). Ce pape se rétracta. Mais son enseignement avait un caractère privé. [↩]
100. Voir sous ce titre l’ouvrage de Jean Raspail qui raconte cette histoire, Albin Michel, 1995. [↩]
101. L’anneau du pêcheur, Albin Michel, 1995, p. 226. [↩]
102. Rappelons pour le puriste de la théologie, que je ne cite ce texte de roman qu’au titre d’une belle histoire qui illustre mieux qu’une théorie mon propos. [↩]
103. Jean 21, 18 et ss. [↩]
104. Jean 11, 49. [↩]
105. Le 26 juin 2 000, le pape Jean-Paul II dévoila au monde le troisième secret de Fatima. Il parle d’un homme vêtu de blanc, entouré de prêtres, d’évêques et de laïcs et que des soldats viennent tuer sur une montagne. Dans son commentaire, le Cardinal Ratzinger, préfet pour la Congrégation de la foi, dit: « Ce secret concerne visiblement le passé ». Il fait référence à l’attentat de 1981. Ce commentaire, venant de la source la plus proche du Saint Père, manifeste la difficulté du clergé à croire que cette prophétie puisse avoir un sens plus profond, plus radical. Pourtant, ce secret ne concerne pas le passé. Sa portée est beaucoup plus grande que l’attentat de 1981 contre Jean-Paul II. Voir texte complet du secret dans cet ouvrage, chapitre 7, L’Église du silence. [↩]
106. Vers 1870. [↩]
107. Ceci étant dit, nous verrons plus tard en quel sens il faut interpréter la prophétie de Jésus sur la présence de l’Abomination au cœur même du Temple saint, en Marc 13, 14. [↩]
108. Matthieu 21, 7. [↩]
109. Matthieu 27, 17. [↩]
110. Zacharie 9, 9. [↩]
111. Voir Le temps de la fin des temps, Patrick de Laubier, Editions F. X. de Guibert. [↩]
112. Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. [↩]
113. Ce texte de style apocalyptique ne doit pas nécessairement être pris au sens littéral. Il peut signifier aussi une destruction spirituelle par le péché. (Paris n’est-il pas une nouvelle Babylone, mère de tous les péchés médiatique d’une génération perdue). Cela peut signifier aussi un combat physique, une lutte civile. A notre époque, on serait tenté de voir sous ces images une future crise de l’islamisme des banlieues. [↩]
114. La terre, c’est-à-dire les habitants du péché, du mondain. Ce texte semble indiquer une conversion subite du peuple, suite à un fléau. Terrorisme? Maladie? [↩]
115. Par exemple, La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich*, vit au XIXème siècle plusieurs renouveaux cycliques de l’Église suivis de décadence. Elle vit un dernier renouveau, plus puissant : « J’ai vu la Pentecôte, à travers le monde entier. Elle m’a été montrée en divers tableaux. J’ai vu aussi les douze nouveaux apôtres et leur rapport avec l’Église. J’ai vu encore une Église spirituelle se former de beaucoup de paroisses réunies et celles-ci recevoir le Saint-Esprit. C’était un nouveau réveil de l’Église catholique. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 144). « Je vis l’Église complètement restaurée. Au-dessus d’elle, sur une montagne, l’Agneau de Dieu entouré de vierges tenant des palmes à la main. Je vis beaucoup de personnes qui devaient souffrir le martyre pour Jésus. Il y avait encore beaucoup de méchants et une autre séparation devait plus tard avoir lieu. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 113-115). [↩]
116. Voir aussi La prophétie des papes* de saint Malachie, citée dans le vocabulaire en fin d’ouvrage. Je ne peux l’utiliser dans le corps de cet ouvrage où seules les révélations reconnues canoniquement ont leur place. Mais le nom du pape qui suit Jean-Paul II (le travail du soleil) est intéressant: « la gloire de l’olivier ». L’olivier est symbole à la fois de l’Église, d’Israël, de la paix de Dieu. A Medjugorje* (apparition de la Vierge en Yougoslavie, non encore canoniquement reconnue), la Vierge annonce un grand signe, comme un jugement dernier de l’âme, qui incitera le peuple à réfléchir gravement sur lui-même. [↩]
117. Beaucoup de crises possibles peuvent sortir à chaque époque. Épidémies brutales, fous d’Allah nucléarisés, etc. Le monde occidental sommeille, sûr que tout est sous contrôle. C’est un colosse aux pieds d’argile qui peut être remis par Dieu face à sa faiblesse par de multiples moyens. [↩]
118. La Vierge Marie confirme à la Salette cette prophétie, en appelant pour cette époque les apôtres des derniers temps: « J’adresse un vibrant appel à la terre: J’appelle les vrais disciples du Dieu Vivant et régnant dans les cieux. J’appelle les vrais imitateurs du Christ fait homme, le seul et vrai sauveur des hommes. J’appelle mes enfants, mes vrais dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que je les conduise à mon divin Fils, ceux que je porte pour ainsi dire dans mes bras, ceux qui ont vécu de mon esprit. Enfin, j’appelle les apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d’eux-mêmes, dans la pauvreté et l’humilité, dans le mépris et le silence, dans l’oraison et la mortification, dans la chasteté et dans l’union avec Dieu, dans la souffrance et inconnus du monde. Il est temps qu’ils sortent et viennent éclairer la terre. Allez, montrez-vous mes enfants chéris. Je suis avec vous et en vous, pourvu que votre foi soit la lumière qui vous éclaire dans ces jours de malheurs. Que votre zèle vous rende comme les affamés pour la gloire et l’honneur de Jésus-Christ. Combattez, enfants de lumière, vous, petit nombre qui y voyez. Car voici le temps des temps, la fin des fins. » [↩]
119. Liberté égoïste, humanisme orgueilleux, 666. [↩]
120. Le secret de la Salette continue: « Avant que n’arrivent les dix rois de l’Antéchrist qui gouverneront le monde, il y aura une espèce de fausse paix sur le monde. On ne pensera qu’à se divertir. Les méchants se livreront à toutes sortes de péchés. Mais les enfants de la sainte Église, les enfants de la foi, mes vrais imitateurs, grandiront dans l’amour de Dieu et dans les vertus qui me sont les plus chères. » [↩]
121. Jean 12, 20: « Il y avait là quelques Grecs, de ceux qui montaient pour adorer pendant la fête. » [↩]
122. Jean 12, 23: Jésus leur répond: « Voici venue l’heure où doit être glorifié le Fils de l’homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » [↩]
123. Matthieu 24, 15. [↩]
124. Luc 21, 24. [↩]
125. Luc 23, 28. [↩]
126. Luc 21, 24. [↩]
127. Romains 11, 25. [↩]
128. 2 Maccabées 2, 4-7. [↩]
129. 2 Maccabées 2, 8. [↩]
130. Luc 13, 35. [↩]
131. Romains 11, 15. [↩]
Arnaud Dumouch, La fin du monde, Éditions Docteur angélique, Avignon, 2007.