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L’assomption des hommes et
la résurrection de la chair

(Attention, ceci est juste un conte théologique.
Il veut exprimer comment pourrait se passer ce spectacle grandiose,
en s’appuyant sur les prophéties de l’Écriture.)

La transfiguration.
La Transfiguration

 

Je m’appelle Théophile. Je suis français. J’étais là en cette année de la fin des fins. J’ai assisté de mes yeux à tous ces événements. J’étais déjà âgé lorsque le Christ est venu et s’est montré à nous tous, d’un coup. Je l’ai bien sûr suivi et j’ai fui le tigre Lucifer, sans me laisser séduire par ses propositions illusoires. Je vivais depuis trop longtemps dans des paradis artificiels. A force de ne pas comprendre pourquoi mon cœur était si sec, j’avais même pensé un temps à « éteindre ma lumière ». Si bien que lorsque le Messie m’est apparu, j’ai compris que je n’attendais que lui.

J’ai constaté la sagesse de Dieu. Tant que l’on est sur la terre, en cette vie, le royaume de Dieu ne se laisse pas remarquer extérieurement. Il vous travaille de l’intérieur, même quand vous n’y croyez pas et son effet est une angoisse sourde, celle de l’amputation d’une chose qu’on ne définit pas. Mais quand on arrive dans le passage entre ce monde et l’autre, tout change. On voit le Royaume de Dieu venir avec puissance (Marc 9, 1). C’est que la terre est un purgatoire du silence, tandis que le passage (la Pâque) est un purgatoire par la lumière.

J’ai donc vécu toute ma vie de manière très égoïste, et mon défaut majeur fut la recherche de la gloire. J’aimais briller, être chef.

Lorsque la grande bataille apocalyptique, « Harmagedôn » cette lutte finale de chaque âme face à Lucifer et au Christ, fut terminée, on a tous compris que tout était accompli et cette fois définitivement. La terre était devenue un vaisseau inutile, comme la peau morte, comme la chrysalide après la transformation du papillon. Nous, les vivants, on se tenait dans les rues des villes, plein d’allégresse, et on regardait ce qui allait advenir. La peur avait définitivement disparu car autour de nous, l’invisible emplissait le monde. On voyait, formant d’immenses nuées du ciel, les âmes des morts de jadis qui nous attendaient et nous faisaient signe. Ils ne nous approchaient pas encore, sauf ceux qui avaient une personne particulière à aider, attendant un signal du Seigneur. Les anges aussi étaient visibles sous forme lumineuse.

Je sais, mon récit vous paraît halluciné. Eh bien je vous dis que je ne mens pas. Ca surgit d’un coup, tout cela, et tout un monde nouveau est là, devant vous. D’ailleurs c’était pareil pour ceux qui mouraient à chaque époque.

A cet égard, nous nous demandions si nous étions morts tant ce que nous voyions était fou. Mais non, notre corps était bien vivant, respirant et touchant les choses comme avant. Ce que je raconte là n’est pas symbolique, ni spirituel. Ce sont des événements physiques.

Encore une chose : la lumière du Christ était partout, elle emplissait le ciel et la terre. C’était à la fois une lumière physique, faite de couleurs nouvelles qu’on n’avait jamais vue, mais c’était surtout sa présence, chaude, tendre et vraie à la fois. On était heureux à s’en éclater le cœur. Et paisibles aussi.

La trompette de l’Archange

« Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l’archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel ! » (1 Théssaloniciens 4, 15-17)

J’ai vu ce qui s’est passé : Marie a regardé Jésus, d’un regard qui en dit long sur leur union. On voyait bien que Dieu ne faisait rien sans Marie et que Marie ne faisait rien sans les habitants du Ciel. C’était une famille, tout simplement.

A son signal, Jésus a dit : « Aujourd’hui, je fais disparaître à jamais la mort. Je l’engloutis dans ma victoire. Elle n’est plus utile. Jamais plus elle n’existera sur cette terre. Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? » (1 Corinthiens 15, 55). Aussitôt, le spectacle a commencé. J’ai vu le sol être pris d’un mouvement, comme d’un hoquet. En même temps, une main m’a saisie, celle de mon ange gardien et je me suis trouvé élevé de terre à une certaine hauteur. J’ai vu les champs et les prés. Ils semblaient labourés d’un spasme, comme un animal qui s’ébroue. Et la matière a semblé se mettre à tournoyer de plus en plus vite. Mon ange m’a dit : « Regarde, c’est l’action puissante de l’ordre angélique des Vertus. Ils préparent la matière pour la résurrection. Ils prennent la matière qu’il leur faut. Et il leur en faut beaucoup. Tu vois toute cette terre. Elle est la substance des cadavres de tout ce qui a vécu sur terre depuis des millions d’années. »

Devant nous, la matière s’envolait maintenant. Je regardais. Je me rappelle m’être rapproché de mes petits enfants qui étaient non loin de là, avec leurs anges. Ils adoraient vivre ce qui leur arrivait. Ils volaient et demandaient à s’approcher du spectacle. Depuis la terre montait un vacarme assourdissant, comme celui d’un grondement profond. (1 Corinthiens 15, 52) « En un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette ! »

La résurrection des saints

Alors, j’ai regardé les âmes des saints qui se trouvaient au dessus de nous. Elles semblaient ravies à l’idée de retrouver leur corps. Et j’ai vu la matière les rejoindre à une vitesse faramineuse. Elle sortait de la terre comme un essaim d’abeilles en furie, sombre et bourdonnante. Mais elle devenait lumineuse au moment où elle se fondait dans l’âme de ces saints, formant avec elle une personne humaine complète, corps et âme… Les saints ressemblaient en cet instant à des enfants recevant leur toilette de communion. Il faut dire qu’il leur manquait quand même le corps. L’intellectuel et le sensible, ça ne fait pas une personne entière, même quand on voit Dieu au Ciel.

L’assomption et la transformation des vivants

« Après quoi nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours. » (1 Théssaloniciens 4, 15)

Tableau du peintre Sergueï Toutounov
Tableau du peintre Sergueï Toutounov

Ma petite-fille de dix ans, Mathilde, regardait attentivement le ciel. Elle semblait chercher quelqu’un. Et tout d’un coup, elle a vu sa mère – ma fille – qui était décédée cinq ans plus tôt et qui lui faisait signe. Personne n’a pu la retenir. Elle s’est littéralement envolée vers elle. Elle l’a rejointe comme une flèche. Je les voyais d’en bas. Et elles se sont fait des caresses, des câlins. Je vous assure que ce n’était pas seulement psychique et sentimental. Ma fille avait de nouveau un vrai corps. Ca sert à cela, la résurrection de la chair. C’est magnifique de pouvoir toucher, saisir, embrasser. Je les ai aussi vu se faire un baiser. C’était spécial, pas terrestre. Sa maman tenait Mathilde contre elle et, front contre front, âme contre âme, elles semblaient ne plus faire qu’un. Elles se sont tout dit, en un instant. Et Mathilde s’en est trouvé guérie du manque qui l’avait laissée orpheline. Ce baiser était à la fois physique et spirituel. C’est une étrange et forte communication qui rend obsolète tout ce qu’il y a de plus fort sur terre. Oui, rien à voir avec quoi que ce soit de connu sur terre. Même leurs corps s’étaient interpénétrés mystiquement. Et les saints applaudissaient ces retrouvailles d’une mère et de sa fille.

Cette audace de ma petite fille a été comme un signal aussi bien du côté du ciel que de la terre. D’autres enfants se sont essayés à s’envoler, franchissant la distance qui les séparait des ressuscités. Et ils ont constaté que leur corps leur obéissait. Ils étaient comme portés par Dieu, sur des ailes d’aigle. Moi, j’ai remarqué que mon ange ne me soutenait plus. En même temps, tout s’est mis à vibrer en moi, dans un plaisir physique immense. J’ai regardé mes mains. Elles étaient toute changées. Elles n’étaient plus faites de ma chair opaque mais d’une chair lumineuse.

Alors je suis bien placé pour en témoigner aujourd’hui : Oui, je ne suis pas mort ce jour-là mais j’ai été transformé comme de l’intérieur. Mon être, qui était corruptible l’instant d’avant, a revêtu en un éclair l’incorruptibilité. Moi qui étais mortel, je suis devenu immortel. (1 Corinthiens 15, 51). Et cela s’est produit alors que j’étais encore en ce monde, avant que je n’entre dans l’autre.

Vision béatifique

J’ai donc vu que les morts qui étaient dans le Christ étaient ressuscités en premier (1 Thessaloniciens 4, 15). Puis nous qui étions vivants, nous avons été transfigurés par la puissance divine. Mais cela ne s’est pas arrêté là.

Nous tous qui avions suivi le Christ, nous avons rejoint les ressuscités et nous nous sommes mêlés à eux. Nous étions légers et dotés de notre nouveau corps dont les propriétés magnifiques nous étonnaient. C’était magique.

Mais sa plus belle propriété, je voudrais vous la décrire maintenant. C’était sa lumière. Je ne parle pas ici de sa lumière physique, mais de sa parfaite translucidité pour l’âme. A chaque fois que je croisais le regard d’un de ces saints, j’aurais voulu vivre avec lui pour l’éternité. Et je ne pouvais plus l’oublier, comme s’il avait été l’unique au monde. Je voyais un univers unique de beauté intérieure et d’humilité. Et, surtout, j’ai constaté tout de suite une énorme différence entre nous qui venions de la terre et eux qui habitaient dans le Ciel depuis longtemps. Nous, nous étions tout enthousiastes de la nouveauté. Eux étaient habités… Certes, leur corps était magnifique, comme les plus belles cathédrales. Mais il y avait un plus que nous n’avions pas encore, comme lorsqu’une église possède, au fond du chœur, la petite lampe rouge qui indique la présence réelle.

C’est mon ange, lui qui ne me quittait pas et m’assistait, qui m’a expliqué la raison de ce mystère qu’ils portaient en eux, que je ne comprenais pas, qui me faisait penser à l’intériorisation des femmes qui portent un enfant :

« Ils voient Dieu face à face, me dit-il.

— Et nous ? Le verrons-nous un jour ? lui ai-je demandé.

— Oui, tu le verras. Mais il te faudra, tu le sais déjà, vivre encore quelques temps de purification. En attendant, regarde le spectacle de la vie ! »

La résurrection des nobles âmes de l’enfer

Ainsi, du haut du ciel, nous avons continué à regarder l’immense spectacle offert par Dieu. J’ai vu que la matière décapée de la terre par la puissance des anges pénétrait dans l’autre monde. Un tunnel de lumière s’était ouvert entre notre univers et l’autre. Et les deux mondes communiquaient maintenant, l’un aspirant l’autre en lui. La matière volait et allait dans des recoins reculés de l’autre monde. Elle se divisait en des millions de filets, se dirigeant droit où il fallait. Conduite par l’invisible main des anges, elle dénichait dans leurs refuges isolés les damnés. Eux aussi retrouvaient leurs corps, chacun son corps parfait et magnifique. Il possédait les mêmes propriétés que le nôtre (agilité pour voler de monde en monde, subtilité pour traverser la matière, légèreté et surtout lumière pour révéler leur âme). Du coup, lorsqu’on les regardait, on comprenait parfaitement l’histoire et les motifs de leur révolte. On visualisait le côté libre et volontaire de leur isolement, au point de se réjouir avec eux puisque c’était leur choix. On voyait que les damnés se montrèrent d’abord heureux de retrouver la plénitude de leur être puis qu’ils s’en montrèrent agacés, se reprenant dans leur révolte et cherchant quelque nouveau motif de reproche à faire au Dieu qui leur faisait ce cadeau sans arrières-pensées.

La résurrection des animaux et des plantes

J’ai donc cessé de regarder les damnés. Et je me suis aperçu que le spectacle m’avait fait franchir le tunnel de lumière. J’étais dans l’autre monde et je voyais la matière venant de la terre, comme mue de l’intérieur, qui se précipitait toujours. Elle franchissait l’immensité et ressuscitait toute les formes de vie. Tout ce qui avait vécu sur terre était rendu à la vie, du plus insignifiant moustique, à l’ancien dinosaure. J’ai vu que chaque animal revivait, individuellement, avec cette même matière lumineuse qui les rendait magnifiques. Cette matière n’était pas soumise à la corruption, les animaux n’avaient pas à reprendre leur ancienne et perpétuelle quête de nourriture. « Le loup habitait avec l’agneau, la panthère se couchait avec le chevreau. Le veau, le lionceau et la bête grasse allaient ensemble, conduits par un petit garçon. On ne faisait plus de mal ni de violence dans tout ce monde saint, car le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer. » (Isaïe 11, 6)

Mais quelle magnifique diversité ! On disait que 99, 9 % des espèces ayant vécu sur terre avaient disparues. C’était bien plus. La paléontologie était donc une science si faible pour avoir vu si peu. J’ai vu aussi les plantes reprendre vie, comme si rien, absolument rien n’avait été perdu. Mais c’était une vie nouvelle incorruptible.

Les animaux rayonnaient de bonheur sensible et ce qui les ravissait le plus, c’était la vue du corps revêtu de lumière des saints qui regardaient le spectacle. Ils semblaient récompensés de leur présence et se contentaient de cette récompense. On aurait dit que, après des millions d’années de gestation, enfin, « la création en attente se reposait dans la révélation des fils de Dieu. Enfin les animaux semblaient sortir de l’esclavage de leur destin fragile et de corruption. Ils participaient, à leur place, à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Ce jour là, la création me parut enfin née, comme après un long accouchement. » (Romains 8, 19-21).

Quant aux saints, ils étaient enthousiasmés de la beauté, de la force, de la diversité des animaux. Comment visiter un univers aussi gigantesque. Il faudrait une éternité…

L’univers fut rendu incorruptible

« Il viendra, le Jour du Seigneur, comme un voleur ; en ce jour, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les oeuvres qu’elle renferme sera consumée. Ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera. » (2 Pierre 3, 10)

Ne voulant rien perdre du spectacle, je suis revenu sur terre. J’y ai vu les derniers animaux qui la quittaient, portés dans les airs par les anges, pour intégrer leur nouvel univers. Et la terre continuait de se ronger comme un sucre qui fond dans l’eau.

Je suis allé vers Paris et j’ai vu que le sol, aspiré vers le ciel, se dérobait sous cette ville. Ses bâtiments tombaient. Je n’éprouvais aucun regret à voir s’effondrer les merveilles que j’admirais jadis. En comparaison de ce que j’avais entr’aperçu de l’autre monde, cette masse de pierre me paraissait grise et inerte. Et surtout, tout sentait la mort et le péché. J’allais à Chartres. La cathédrale s’était effondrée, privée du sol qui la supportait. Et ses pierres, elles-mêmes composées d’anciens vivants disparus, fondaient comme neige au soleil.

J’appelais mon ange. Il se tint près de moi :

« Que deviendront les galaxies lointaines ? Sont-elles habitées ?

— Elles ne le sont pas encore. Mais un jour, si Dieu le veut. [Ceci est une remarque de la Bse Anne-Catherine Emmerich.]

— Tout cet univers va-t-il disparaître ?

— Tout sera rendu un jour incorruptible. Mais pas maintenant. L’univers corruptible doit recevoir d’autres créations. Mais c’est le mystère de Dieu. Tu verras tout de toi-même quand tu seras entré dans la vision béatifique.

En attendant, viens. Ton combat n’est pas terminé. »

J’ai suivi mon ange et je suis entré avec résolution dans l’autre monde pour effectuer le reste de mon purgatoire. J’étais pressé de devenir parfait. Je voulais être digne de Dieu pour qu’il m’ouvre les portes de ses noces éternelles. J’avais tellement péché…

Il m’a fallu beaucoup de temps, d’impatience et de solitude pour comprendre que jamais, jamais, on n’est digne de voir Dieu. Mais ces années ne sont qu’un éclair face à l’éternité de gloire…

Selon qu’il est écrit, nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. (1 Corinthiens 2, 9)

Arnaud Dumouch, 4 avril 2006

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