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Le grand avertissement

Les deux témoins

(Attention, ceci n’est pas une prophétie. Juste un conte théologique.)

La Pietà de Michel-Ange, photographiée par Robert Hupka.
La Pietà de Michel-Ange, photographiée par Robert Hupka.

 

« Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme ; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine ; et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. » (Matthieu 24, 26)

 

Comme je l’ai rapporté, à l’époque où cela se produisit, l’humanité vivait dans les ténèbres spirituelles depuis de longues années. Elle s’était construite autour d’une religion de paix terrestre, dans l’unité d’une vie centrée sur les plaisirs égoïstes. Elle s’était donné une religion et elle adorait sans le comprendre Lucifer dans la réalité de son projet, celui d’un paradis d’intelligence, de liberté et d’autonomie égoïste. En ce temps-là, régnait le dernier Antéchrist.

Or, ce qui le perdit, ce fut sa volonté de construire de manière parfaite son monde. Il voulut rendre invisible au yeux de tous un petit reste de croyants, de pauvres chrétiens et musulmans (deux témoins, Apocalypse 11, 3) qui aimaient – pour les premiers – et servaient – pour les seconds – le Dieu vrai, le Dieu de l’humilité et de l’amour, à l’image de Marie le samedi saint. Ce petit reste s’était réfugié dans la ville de Jérusalem, sous la protection d’un État israélien qui résistait à l’uniformité. Et le peuple juif, quitte à perdre sa souveraineté, choisit par ses gouvernants de le protéger. Ce furent des événements politiquement difficiles, qui eurent lieu lors de la dramatique Conférence de Megiddo.

Du Ciel, le Messie, que les autorités juives de jadis avaient fait crucifier, vit à quel point tout était différent. Quel honneur, quelle droiture dans ces hommes qui dirigeaient Israël ! Et comme Joseph face à ses frères (Genèse 45, 3), il ne put plus retenir davantage son amour. Il brisa le Ciel et descendit enfin.

Je le répète. Ce furent des événements visibles. Ils furent tout sauf symboliques. Ils fondirent sur le monde en paix alors qu’il ne s’y attendait absolument pas. Il y eut d’abord, pendant trois jours, ce qu’on pourrait qualifier de « grand avertissement ». Puis arriva le « miracle » tant attendu : Jésus.

Le grand avertissement

Le Dr Almeida Garrett, professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Coïmbra, raconte :

« Tous ces phénomènes que je vais décrire, je les ai observés moi-même, comme tout le monde, froidement, calmement, sans aucun trouble. Je laisse à d’autres le soin de les expliquer et de les interpréter.

J’étais au Portugal, à plus de 3500 km de Jérusalem… J’ai vu d’abord le phénomène depuis ma télévision, aux informations du soir. Lorsqu’il commença, la nuit tombait sur Lisbonne où je me trouvais. De la fumée sortait du Temple de Jérusalem, épaisse, lourde, tourbillonnante et en même temps lumineuse. Au début, les journalistes ont parlé d’un incendie. Tout le monde regardait les informations, comme attiré par un aimant. Puis le ton a commencé à changer, se teintant de plus en plus d’inquiétude à mesure que la fumée grossissait. Je suis resté éveillé une partie de la nuit tandis que, en boucle, les médias repassaient le début du phénomène. Il y avait eu une grande lumière, des éclairs, puis cette fumée. Inexplicablement, le peuple juif avait manifesté une grande liesse, apparemment à cause d’une vieille légende concernant leur Dieu. En annexe, les informations traitaient l’espace d’une minute de la fin de la conférence de Megiddo et de l’incroyable défi du Premier ministre israélien, dans son refus de livrer à la justice les derniers croyants des anciennes superstitions.

Je me suis couché. Le lendemain, l’inquiétude se transforma partout en angoisse. Pour ma part, heure après heure, je continuais à prendre note de tout, en évitant l’émotion. Le jour ne s’est pas levé sur Lisbonne. Les vues satellites ne sont arrivées que vers 9 heures, plongeant le monde entier dans une véritable panique. La fumée épaisse recouvrait le Portugal, l’Europe entière, l’Afrique et s’étendait de manière inexplicable et rapide vers l’Asie et l’Amérique. A 10 heures, sur Lisbonne, il faisait nuit noire, une nuit étrange et comme zébrée de flash de lumière. La science a été convoquée et des professeurs de toutes les disciplines se sont relayés à la TV, échafaudant les hypothèses les plus diverses, depuis l’explosion d’une nappe de pétrole souterraine, jusqu’à un phénomène volcanique. Vers 11 heures, un représentant du gouvernement mondial s’est présenté aux informations et a déclaré :

“Que personne ne panique. Le gouvernement maîtrise parfaitement la situation.”

A 11 heures 30, un astrophysicien est intervenu, très en colère, disant que le gouvernement ne maîtrisait bien sûr rien du tout. Que cette fumée était inexplicable scientifiquement.

Vers midi, le soleil a percé pendant 12 minutes cette masse noire, compacte. Les gens regardaient. J’essayais, moi aussi, de le fixer et je le vis pareil à un disque aux contours nets, brillant mais non éblouissant. J’entendis autour de moi des gens qui le comparaient à un disque d’argent mat. La comparaison ne me parut pas exacte. Son aspect était d’une clarté nette et changeante, rappelant l’orient d’une perle. Il ne ressemblait nullement à la lune d’une belle nuit ; il n’en avait ni la couleur, ni les clairs-obscurs. On eût dit plutôt une roue lisse, découpée dans les valves argentées d’un coquillage. Ceci n’est pas de la poésie ; je l’ai vu ainsi de mes yeux. »

* * *

Je m’appelle Gabrielle. Je témoigne avec Marine ma très chère amie et compagne dans le Seigneur Jésus que grâce à elle j’aime depuis mon adolescence. Nous étions à Jérusalem quand le phénomène a commencé. Je me suis rendue avec mon amie sur l’esplanade pour voir de plus près le Temple qui brûlait mais ne se consumait pas. J’ai tout de suite su que c’était le Seigneur. Ce n’était pas de la fumée naturelle. Elle n’étouffait pas. Et pourtant le phénomène était terrible, d’une puissance inouïe. Je suis restée à le contempler une heure. Je suis tombée sur le Premier ministre d’Israël qui regardait comme moi. Il pleurait de joie et d’émotion. Il m’a expliqué qu’il attendait ce signe depuis son enfance, que c’était la « gloire du Seigneur. »

Je suis retournée chez moi. Marine m’a rejointe et nous avons regardé les informations en hébreu. Nous y avons vu des cohanim, ceux qui officiaient dans le Temple au moment du phénomène. Tous racontaient la même chose : les tonnerres, les éclairs et la lumière, comme pour Moïse sur le mont Sinaï, et cette voix qui avait dit en hébreu : « Je suis (Yahvé en hébreu) Jésus. Mon Père vit-il encore en Israël ? »

Et les journalistes semblaient aussi démunis, affolés que les prêtres : « Que devons-nous faire ? » disait un docteur de la loi.

Vers 11 heures, cette nuit-là, on est venu nous chercher, Marine et moi, pour que nous passions à la télévision. On nous a interviewées pendant deux heures, en hébreu, dans le désordre, nous posant surtout quatre questions :

Jésus va-t-il nous punir ? Nous n’avons jamais cru qu’il était le Messie.

Comment est-il ? Est-il vraiment Dieu ?

Que devons-nous faire ?

Allons-nous mourir ?

J’ai répondu comme j’ai pu pendant ces deux heures, racontant tout ce que je savais. J’ai parlé du vrai Dieu, de son amour, de son humilité. Que cela se passerait bien, comme Joseph avec ses frères. Qu’il n’y avait rien à craindre. Que c’était pour les sauver qu’il avait été crucifié il y a si longtemps par leurs ancêtres.

Comme ils me demandaient ce qu’ils devaient faire, j’ai cru bon de dire, aidée sûrement par le Saint-Esprit, que cette fumée était un baptême de repentir, qu’il n’allait pas durer, qu’il fallait demander pardon pour ses péchés, couvrir de cendres son âme. Mais qu’il préparait le vrai baptême qui allait venir, un baptême que Jésus allait donner lui-même, à chacun, en apparaissant bientôt.

Enfin, je leur ai dit que nous n’allions pas mourir. J’en étais sûre. Que saint Paul l’avait dit explicitement (1 Corinthiens 15, 51).

Si Marine et moi avions su que ce serait nous qui annoncerions la bonne nouvelle au peuple juif ! Je ne sais pas pourquoi Jésus m’a choisi. Pourtant, ma vie n’avait pas toujours été bien. (Jean 20, 18). Marine, elle, est vraiment pure…

Le lendemain, de bon matin, j’ai vu que tout le peuple avait écouté mes paroles et celles de Marine. Il était dans la rue. Chacun avait pris qui une lampe, qui des bougies pour s’éclairer dans les ténèbres épaisses. Spontanément, ils s’étaient revêtus de vêtement de deuil et tous pleuraient en demandant pardon pour leurs péchés. Ils se tournaient vers cette grande nuée qui planait au-dessus d’eux comme au jour de la création.

Avec Marine, nous avons été rappelées à la télévision. Les journalistes trouvaient que nous expliquions bien. Et durant les trois jours qu’ont duré les ténèbres, nous avons tout raconté, depuis la Trinité jusqu’à ce que nous savions du retour de Jésus dans sa gloire. Marine, quant à elle, qui est plus profonde que moi, insistait sur ce qui plaît au Seigneur : « un cœur à la fois humble (repentant) et prêt à aimer Dieu et les autres plus que soi-même. Le reste, il s’en charge… », répétait-elle.

* * *

Le Dr Almeida Garrett, professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Coïmbra, continue son récit :

« Le soir, aux informations de 20 heures, des vues satellites ont montré un spectacle tout à fait affolant. Le nuage noir avait continué son expansion. Il recouvrait presque toute la terre, progressant partout, presque à la vitesse d’un avion de ligne. Un coin de l’océan Pacifique était encore à découvert, laissant apparaître le bleu des eaux. Le Premier ministre du gouvernement mondial est apparu alors sur les écrans, commençant son intervention avec un ton d’assurance tranquille. Il invitait les habitants à s’enfermer chez eux. L’analyse des fumées était en cours. Ils seraient informés heure par heure. Si un refroidissement du monde était prévisible, les autorités travaillaient à mettre en place, grâce à l’énergie illimitée de la fusion nucléaire, du chauffage, des cultures artificielles, jusqu’à ce qu’on ait purifié l’air. Le journaliste l’interrompit alors d’un ton visiblement agacé.

“Monsieur le ministre, arrêtez de prendre les gens pour des imbéciles. Il y a une fumée qui sort du Temple de Jérusalem, qui envahit le monde entier en 24 heures, qui cache le soleil mais n’étouffe pas les gens. Que se passe-t-il ?”

Le ministre se montra alors parfaitement incapable de répondre : “Je suis comme vous. Je constate. Je n’en sais rien. Strictement rien.”

21 heures : Dehors, mon attention fut attirée par les cris et les clameurs de gens qui passaient sur la voie publique. Une institutrice était là, et les enfants couraient tous derrière elle ! Sur la place, les gens pleuraient et poussaient des cris en montrant le ciel noir, sans prêter la moindre attention aux questions que leur posait l’institutrice, toute angoissée… Un enfant, particulièrement, regardait fixement cette étrange nuées zébrée de lueurs. Tous pleuraient, s’attendant d’un moment à l’autre à la fin du monde !

Ce premier jour de ténèbres fut le plus terrible qu’il m’a été donné de voir. Les gens ne savaient plus où fuir. Ils finirent par se terrer chez eux, comme s’ils disaient à leur maison, comme à une montagne rassurante : “Tombe sur nous !” ou comme à une colline : “Couvre-nous !” (Luc 23, 30).

Le lendemain, deuxième jour de ténèbres, fut celui de la colère, puis de l’espoir. Les gens se répandirent dès le matin, sur les médias et dans les rues, en insultes contre le gouvernement mondial. Ils se sentaient trahis. Cette puissance qui sortait du Temple de Jérusalem, ce lieu sans cesse dénigré de l’ancien Dieu, manifestait clairement que le monde entier avait été trompé. On ne voulait plus entendre parler du président et de ses sbires. On criait dans la rue : “Il est où votre puissant Dieu de liberté ?”

Mais ce fut aussi le jour du désespoir, puis de l’espoir. Les gens erraient, affolés, sans savoir vers où se tourner. Vers midi, toujours dans l’obscurité, des nouvelles vinrent d’Israël, où avait commencé ce prodige. Partout dans le monde, les informations passaient en boucle le journal télévisé israélien de la nuit. On montrait les prêtres du Temple et leur récit. Le nom de Jésus se répandit sur toutes les lèvres. Fiévreusement, les journalistes cherchaient à s’informer sur ce vieux culte aujourd’hui disparu. Mais on ne trouva rien en dehors de la littérature officielle, plutôt négative.

Finalement, on se décida à passer la catéchèse simple et maladroite de deux jeunes filles chrétiennes, réfugiées à Jérusalem, que les Israéliens avaient interviewées. On traduisit leur discours de l’hébreu, toute la journée puis toute la nuit. Et c’est ainsi que, en ce deuxième jour de ténèbres, dans le monde entier, l’Évangile fut annoncé.

Le lendemain, troisième jour de ténèbres, fut celui du repentir et de la prière. Les gens se mettaient à imiter les Israéliens et sortaient dans la rue, vêtus de noir et une lampe à la main. Ils se serraient les uns contre les autres. Je suis sorti aussi, pour regarder. A côté de moi se trouvait justement un nouveau disciple de Jésus, qui disait avoir passé sa vie à enseigner la religion et à se moquer des gens qu’il voyait vivre à Jérusalem… Je l’ai observé. Il était comme paralysé, abasourdi, les yeux braqués sur le ciel ! Je l’ai vu ensuite trembler des pieds à la tête, lever les mains au ciel et tomber à genoux sur le bitume de la rue, en criant : “Sainte Vierge ! Sainte Vierge ! …”.

Alors, de cette foule épouvantée, s’est échappé soudain un cri formidable, une clameur intense, traduisant la terreur religieuse des âmes qui se préparent sérieusement à la mort, en confessant leur foi et en demandant à Dieu pardon pour leurs péchés. “Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant”, s’écriaient les uns. “Je vous salue Marie !”, s’exclamaient les autres. “Mon Dieu, miséricorde !”, implorait un grand nombre. Et d’un seul mouvement, tombant à genoux sur ce sol, les spectateurs récitaient, d’une voix entrecoupée de sanglots, le plus sincère acte de contrition qui soit jamais sorti de leur cœur ! Je me demandais d’où ils pouvaient sortir toute ces prières et cette piété.

Qui décrira l’émotion de toute cette foule, partout dans le monde ? Un vieillard, jusque-là incroyant, agite les bras en criant : “Vierge Sainte ! Vierge Bénie ! …” Et tout en larmes, les bras tendus vers le ciel comme un prophète, le ravissement visible dans tout son être, il crie de toutes ses forces : “Vierge du Rosaire, sauvez le Portugal ! …” Et de tous côtés se déroulent des scènes analogues.

Pourquoi, dans le monde entier et pas seulement ici à Lisbonne, les foules se sont-elles tournées vers la sainte Vierge dont elles ignoraient jusqu’au nom deux jours auparavant ? Mystère. »

Arnaud Dumouch, 30 décembre 2005

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