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Le signe de Simon-Pierre

La révolte de la « tradition »
(Attention, ceci n’est pas une prophétie. Juste un conte.)

Blason de Monseigneur Marcel Lefebvre.
Blason de Mgr Lefebvre

 

« Pierre lui dit : “Pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi.” Jésus répond : “Tu donneras ta vie pour moi ? En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois.” » (Jean 13, 37)

 

1962, Concile Vatican II

Le bon pape qui décida d’ouvrir le Concile Vatican II ne régna que le temps qu’il fallut. Puis il rejoignit le Père, sans soupçonner l’immense changement que l’Esprit Saint avait suscité par lui. Pour la première fois, un Concile ne lança pas de condamnation. Il s’adressa au monde entier. Puis, il en sortit des signes qui marquèrent l’histoire sainte et que seuls quelques vautours aux yeux perçants discernèrent puisqu’ils parlaient de mort et de résurrection (le cadavre, selon Luc 17, 37). Ensuite le grand pape Jean-Paul publia le catéchisme de l’Église catholique où pour la première fois (n° 675), l’Église annonça sans détours pour elle-même ce que le Christ avait annoncé pour lui (Matthieu 16, 21) : « A dater de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter. »

Le message était trop spirituel pour être compris. Mais peu importe, quoi qu’il en soit, l’Église prit résolument le chemin qui mène à Jérusalem. A peine le concile était-il terminé que des milliers de prêtres et de fidèles s’en emparèrent pour lui faire porter des fruits selon l’air du temps, des fruits que leur peu de fréquentation de l’Esprit Saint suscitèrent. Ainsi dirent-ils :

« Ce Concile, par Gaudium et Spes nous dit de construire la terre ! Le Ciel sera pour plus tard. La gloire de Dieu, c’est le bonheur ici-bas. Occupons-nous de la pauvreté des corps. La pauvreté des âmes s’occupera d’elle-même. »

Et, dans leur zèle à construire la terre très vite, il brutalisèrent la foi des fidèles, traitèrent sans douceur l’ancienne génération qui venait à la messe, et réalisèrent une prophétie de Matthieu 24, 29 : « Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. »

La réaction de Monseigneur Lefebvre

Photographie de Monseigneur Marcel Lefebvre.

Un archevêque de l’Église se leva, fier et sans peur. Lorsqu’il vit que, dans la liturgie, l’abandon des signes de respect tournait à l’abandon des signes d’amour, il se révolta. Il dit :

« Ce Concile n’est pas fidèle à la foi de toujours. Par beaucoup de points, il est en contradiction avec les anciens papes. La liberté religieuse ne fut-elle pas condamnée par Pie IX, par saint Pie X ? Quant à cette nouvelle liturgie, qui ne met plus Dieu au centre mais l’homme, elle vide les églises. On peut juger l’arbre à ses fruits. »

Ce jour-là, et sans le savoir, il réalisa à travers sa révolte le signe de Simon-Pierre, car dans son amour trop humain de l’Église, il ne crut pas que tout cela venait du Saint Esprit (Matthieu 16, 22) : « Pierre, tirant Jésus à lui, se mit à le morigéner en disant : “Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera point ! Tu ne mourras pas à Jérusalem !” Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : “Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes !” Alors Jésus dit à ses disciples : “Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.” »

Retour à l’Église

Dieu qui n’abandonne pas son Église suscita alors un grand pape, le plus grand de tous sans doute. Saint Jean-Paul le grand rassura le troupeau, le rassembla et lui prouva qu’il restait sur la voie éternelle du salut. Dieu suscita aussi des docteurs qui, sans employer de circonvolutions, expliquèrent à l’Église le nouveau chemin où elle était engagée. « Tout cela vient de l’Esprit Saint ! N’ayez pas peur. Il conduit l’Église ! » La Vierge Marie accompagna ces Apôtres depuis le Ciel, multipliant ses apparitions et suscitant une nouvelle Église, peu nombreuse mais selon son cœur, qui avait compris le mystère Saint de la croix de l’Église à venir.

Devant l’abondance des signes, les disciples de Monseigneur Lefebvre, brebis par brebis, puis tous ensemble, finirent par se rallier à la Sainte Église. Ils le firent d’un pas hésitant, mais plein de bonne volonté. Ils demandèrent d’abord à l’Église de supprimer certains textes pastoraux du Concile Vatican II. Bien sûr, le pape ne les suivit pas puisque le Concile venait tout entier de l’Esprit Saint. Mais il reconnut avec eux les excès et la violence pastorale des pasteurs de jadis. Il leur fallut un héroïque acte de foi et certains ne cédèrent qu’en relisant ce rêve que saint Jean Bosco fit au XIXe siècle concernant les épreuves à venir de l’Église. « Je vis l’Église. Elle ressemblait à une barque secouée par les flots d’une immense tempête. Elle semblait sans timonier. Elle allait couler. Soudain apparurent trois colonnes blanches dans la nuit. La barque de l’Église fut bientôt entourée de ces trois lumières. Et aussitôt l’eau devint calme. Ces trois blancheurs étaient : Marie, Jésus dans son eucharistie et le pape pour sa foi toujours vraie. »

Les disciples de Monseigneur Lefebvre revinrent car leur amour de l’Église était sincère. Mais l’avenir prouva qu’il était trop fragile, trop fondé sur l’espoir humain d’une victoire immédiate et terrestre, alors qu’était arrivée l’époque de la victoire céleste, celle de l’espérance éternelle (Jean 12, 32) : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi. »

Lors de leur réconciliation, le pape et les disciples de la Tradition réalisèrent sans le comprendre cette prophétie de l’évangile (Jean 13, 5) sur Simon-Pierre : « Jésus mit de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vint donc à Simon-Pierre, qui lui dit : “Seigneur, toi, me laver les pieds ?” Jésus lui répondit : “Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent ; par la suite tu comprendras.” Pierre lui dit : “Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais !” Jésus lui répondit : “Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi.” Simon-Pierre lui dit : “Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête !” »

Ils acceptèrent que l’Église s’abaisse à laver les pieds des hommes.

Lorsqu’ils s’enfuirent tout nus

Hélas, ils n’avaient pas tout vu et ils devaient « être criblés comme froment par Satan » (Luc 22, 31). Pourtant, par ses apparitions, la Vierge leur donna toutes les armes intellectuelles qu’il fallait, allant jusqu’à leur annoncer à Fatima le martyre futur de l’Église visible. Le troisième secret[1] est rapporté ainsi par Lucie.[2]

« Après les deux parties que j’ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en hauteur, un ange avec une épée de feu dans la main gauche. Elle scintillait et émettait des flammes qui devaient, semblait-il, incendier le monde. Mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui. L’ange, indiquant la terre avec sa main droite dit : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! » Et nous vîmes, dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir, un évêque vêtu de blanc, nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père.

Nous vîmes divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne liège avec leur écorce. Avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la croix, il y avait deux anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

Ils tinrent fidèlement tant qu’ils crurent discerner quelques progrès visibles de l’Église. Mais quand ils virent l’apostasie recommencer à s’étendre, les gens se désintéresser de plus en plus de la foi, le trouble les reprit. Agités, ils recommencèrent à analyser fiévreusement et la tentation fut plus forte. Ils se dirent : « C’est clair, c’est à cause de la perte du pouvoir politique et visible dans l’Église. Le Sacré-Cœur n’est plus vénéré publiquement ! Il faut relever la tête et arrêter cette perpétuelle folie de l’abaissement volontaire de l’Église ! » Quand les parlements du monde décidèrent d’enlever à la papauté son État au Vatican, certains d’entre eux passèrent à l’action violente. Il y eut des attentats. Mais le pape, loin de les soutenir, leur parla avec fermeté et leur demanda de cesser. Il ajouta, reprenant les termes de saint Jean Bosco à Pie IX : « Ayez confiance. Tout cela vient de Dieu ! »

Sans le comprendre, ces disciples de l’Église réalisèrent ce jour-là cette prophétie (Jean 18, 10 ; Matthieu 26, 53 ; Luc 22, 51) : « Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, le tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Ce serviteur avait nom Malchus. Jésus dit à Pierre : “Rentre le glaive dans le fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges ? Comment alors s’accompliraient les Écritures d’après lesquelles il doit en être ainsi ?” Et, lui touchant l’oreille, il le guérit. »

Découragés et humiliés, ils obéirent donc et rentrèrent chez eux, assistant impuissants et en silence au dépouillement du pape, à son humiliation, puis à son exil vers Jérusalem.

Ils suivaient les événements de loin. Ce qui les marqua le plus, c’est que toutes ces scènes télévisées étaient sans panache. Le Magistère de Pierre puis l’eucharistie disparurent et avec eux, le songe de Saint Jean Bosco. Beaucoup perdirent jusqu’à la foi. La persécution médiatique poursuivit quelque peu ces chrétiens. A cette époque, il devint une honte sociale d’être de l’ancienne « secte catholique ». Et beaucoup, lorsqu’ils étaient interrogés, niaient publiquement leur appartenance à l’Église. Ils rentraient chez eux dans la souffrance, se méprisant eux-mêmes pour leur lâcheté et pleurant amèrement. Et comme par une étrange ironie de l’histoire, ce fut la France, la servante aînée de l’Église, dont le symbole est le coq (Luc 22, 60), qui fut la nation la plus virulente dans cette poursuite peu glorieuse et purement médiatique des derniers chrétiens.

Ils ne furent pas là

Lors des événements du martyre de l’Église, ils ne furent pas là. Ils ne regardaient pas les événements aux informations. Ils s’étourdirent dans leurs activités profanes. Mais cela aussi, il fallait que cela arrive.

Car, plus tard, lorsque se produisit le retour du Christ dans sa gloire (à l’heure de leur mort pour certains, à la fin du monde pour d’autres), ils furent là les premiers. Autant ils avaient douté, autant ils crurent quand ils virent les signes annonciateurs. Et leur repentir fut si profond, si sincère, porté par leur amitié fragile et infidèle que, de l’autre côté de cette vie, dans le Royaume éternel, ils furent grands : « Celui à qui l’on pardonne peu aime peu ! » (Luc 7, 47).

Ainsi se réalisa la prophétie (Jean 20, 2) : « Marie Madeleine court alors et vient trouver Simon-Pierre, ainsi que l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : “On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis.” Pierre sortit donc, ainsi que l’autre disciple, et ils se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble. L’autre disciple, plus rapide que Pierre, le devança à la course et arriva le premier au tombeau. Se penchant, il aperçoit les linges, gisant à terre ; pourtant il n’entra pas. Alors arrive aussi Simon-Pierre, qui le suivait ; il entra dans le tombeau ; et il voit les linges, gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête ; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit. Alors entra aussi l’autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. En effet, ils ne savaient pas encore que, d’après l’Écriture, il devait ressusciter d’entre les morts. »

Arnaud Dumouch, 24 décembre 2005

 

1. Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage. La béatification de deux des trois voyants montre l’importance que donne l’Autorité apostolique romaine à cet événement. [↩]

2. Dévoilé au monde le 26 juin 2000 par le pape Jean-Paul II. Mon opinion est que ce secret ne concerne pas le passé. Elle diffère en cela de celle du cardinal Ratzinger (commentaire du secret, 26 juin 2000). Sa portée me semble être beaucoup plus grande que l’attentat de 1981 contre Jean-Paul II. Le fait que les autorités de Rome le rangent dans les faits passés n’est-il pas lié à cette parole de Jésus en Jean 21, 18 : « Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas. »
Autre interprétation (par Laurent C., juillet 2005) : La 3eme prophétie de Fatima (la ville en ruines, l’évêque vêtu de blanc tué au pied de la croix, etc.) pourrait-elle aussi s’appliquer à un futur attentat (islamiste) ayant pour objet Rome et/ou le Vatican ? Le pape a bien été victime d’un attentat, mais cela n’explique pas la ville en ruine…
Oui, cela pourrait, puisque ces prophéties ont plusieurs sens possibles. C’est même une très intéressante interprétation car elle est dans la ligne des deux autres secrets qui annoncent les 3 premières guerres mondiales :
    1° Cette guerre va bientôt finit (guerre 14)
    2° Mais il en viendra une autre pire (guerre 39)
    3° La Russie répandra ses erreurs (Guerre froide). [↩]

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