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La grande épreuve du judaïsme

Comment Dieu rendit humble le judaïsme
(Ceci n’est pas un conte. Seule la partie prospective sur le futur d’Israël
doit être prise comme un conte, non comme une prophétie.)

Dans la synagogue de Vilna, tableau de l’artiste Marc Chagall.
Dans la synagogue de Vilna (Marc Chagall)

 

Comme le levain dans la pâte du monde, le peuple Juif est peu nombreux (environ 18 millions de personnes sur la terre). Il est composé d’individus si divers que, de fait, en le regardant, on voit une image du monde en tout petit. Il est divers non seulement selon les races (bien des Juifs sont blonds aux yeux bleus, beaucoup sont de type sémitique et certains sont noirs) mais aussi par les mentalités comprenant tous les types d’opinions. C’est que, durant près de 2000 ans, il fut dispersé parmi les nations du monde.

Et pourtant, ce peuple est différent des autres, car il est mis à part par Dieu jusqu’à la fin du monde.

Son rôle sur le monde est multiple. Dieu en a fait l’un de ses instruments préférés. L’un des plus étonnants est qu’il révèle, tel un baromètre, là où se trouve l’orgueil. En effet, l’antijudaïsme est très souvent le fruit du mécanisme primitif suivant :

L’orgueil d’un individu repère dans un Juif un défaut qu’il exècre.

Il en conclut que tous les Juifs ont ce défaut.

Il établit ensuite une théorie du complot démontrant que tout le malheur qui frappe le monde vient de ce vice Juif.

Tel fut le calcul d’Hitler : il repéra des banquiers Juifs, des artistes Juifs et même un Juif, homme politique, qui signa la capitulation de l’Allemagne en 1918. Il en conclut au complot des Juifs contre l’Allemagne et contre le monde. Mais, ce qu’il y a de particulier chez Hitler, c’est que parmi tous les raisonneurs qui firent ce genre d’analyse, lui reçut de Dieu le pouvoir.

« De Dieu ? », proteste chacun. « Du Diable plutôt ! »

C’est oublier que le diable lui-même ne peut rien faire sans que le Tout-puissant ne l’y autorise (Jean 19, 11) : « Jésus répondit à Pilate : Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne t’avait été donné d’en haut. »

D’autres objecteront, profondément choqués : « Dieu ne peut permettre la mort d’un peuple entier, d’enfants par millions ! » La réponse est terrible : depuis le péché originel, Dieu a permis la mort de tous les hommes sans exception (dont un tiers d’enfants soit par mortalité naturelle, soit aujourd’hui par avortement), et même de son Fils unique devenu homme. Mais le regard de Dieu sur la mort n’a rien à voir avec le nôtre. Lui qui vit dans la totalité des mondes, sait bien qu’un homme qui meurt passe juste dans une autre étape de sa vie, tel un enfant qui passe de la nuit du ventre à la lumière de ce monde.

La liturgie Juive

La shoah, la décision d’exterminer le peuple Juif de la surface de la terre, fut prise par Hitler en 1941. Et Dieu le laissa faire plus de trois longues années, comme un écho à la sombre prophétie de Daniel 12, 11 : « A compter du moment où sera aboli le sacrifice perpétuel et posée l’abomination de la désolation : 1.290 jours. Heureux celui qui tiendra et qui atteindra 1.335 jours. »

Pour un chrétien, il est certain que Jésus pensait aussi à son peuple, lorsqu’il disait (Matthieu 24, 22) : « Et si ces jours-là n’avaient été abrégés, nul n’aurait eu la vie sauve ; mais à cause des élus, ils seront abrégés, ces jours-là. »

Chaque année, la liturgie religieuse des Juifs fait mémoire de la shoah. Elle se souvient que trois fois dans son histoire, le peuple Juif fut amputé d’un tiers de ses membres : Nabuchodonosor, Vespasien et Hitler réalisèrent l’avertissement de Moïse dans son Testament (Deutéronome 28 ss) : « Mais si tu n’obéis pas à la voix de Yahvé ton Dieu, ne gardant pas ses commandements et ses lois que je te prescris aujourd’hui, toutes les malédictions que voici t’adviendront et t’atteindront. Yahvé suscitera contre toi une nation lointaine, des extrémités de la terre ; comme l’aigle qui prend son essor. Ce sera une nation dont la langue te sera inconnue, une nation au visage dur, sans égard pour la vieillesse et sans pitié pour la jeunesse. Elle mangera le fruit de ton bétail et le fruit de ton sol, jusqu’à te détruire… »

C’est à cause de ces textes que, étrangement, les Rabbins Juifs chantent le jour de la shoah et sans comprendre : « C’est à cause de nos péchés, Seigneur Dieu, que tu envoyas sur nous ces malheurs. »

Comment pourraient-ils comprendre ? Qu’a de si terrible le péché des Juifs ? Rien. Il est comme le péché de tout homme. Jésus en avertit toute personne qui serait tentée de penser autrement (Luc 13, 2) : « Prenant la parole, il leur dit : Pensez-vous que, pour avoir subi pareil sort, ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens ? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement. » Tous, nous allons mourir. Tôt ou tard, nous périrons. C’est donc que la shoah est l’image de l’état réel de notre cœur et de notre péché à tous.

Israël devait apprendre l’humilité…

Pourquoi cette terrible permission de Dieu sur cette génération de son peuple prophète ?

La réponse tient en quelques mot : Israël, comme peuple et comme nation, devait apprendre à jamais l’humilité, à cause d’évènements inouïs qui devaient se produire jusqu’à la fin du monde. Ces évènements grandioses commencèrent en 1948. Ce fut la fondation, sur la terre promise, de l’État d’Israël. Le prophète Jérémie l’avait annoncé 2700 ans plus tôt (2 Maccabées 2, 7) : « Ce jour là, Dieu opèrera le rassemblement de son peuple et lui fera miséricorde. »

Déjà, une première fois, le peuple Juif avait été dispersé, justement au temps de Jérémie et pendant 70 années. Dieu, l’ayant par cet exil transformé en un peuple misérable et tremblant, avait fini par le ramener dans sa terre. Mais la vue puis le souvenir des ruines de son Temple n’avait pas suffi à rendre ce peuple humble et droit à jamais. Loin de cela, à peine retourné dans ses murs, Israël s’était mis à se comporter de nouveau comme les autres peuples, transformant d’années en années son pauvre territoire en un havre d’orgueil nationaliste. Quand le roi Hérode lui avait rebâti son Temple, plus beau que le premier, ce peuple s’était mis de nouveau à se croire le plus grand de l’univers. Comme Jérémie, Jésus avait donc de nouveau annoncé la ruine du Temple (Matthieu 24, 2) et la dispersion sanglante du peuple parmi les autres nations (Luc 21, 24). Mais rien n’y avait fait : loin de rester humble, ce peuple s’était laissé séduire par une caste fanatique prétendant servir Dieu, les zélotes, et avait suscité la guerre jusqu’au cœur du Temple de Jérusalem, le transformant physiquement en un lieu d’abattage de ceux qui, parmi les Juifs, voulaient la paix avec les Romains.

Cet état de fait ne devait plus jamais exister. Israël devait se souvenir à jamais de sa fragilité, en prévision de gloires inouïes que Dieu voulait lui accorder.

… en prévision de gloires inouïes que Dieu voulait lui accorder

A partir de 1948 en effet, le temps de la bénédiction (2 Maccabées 2, 7) vint sur Israël, au point que le monde entier, sauf à s’aveugler lui-même, dut y reconnaître la main de Dieu. Dès le lendemain de sa fondation, le petit État Juif, livré à lui-même, fut attaqué par la coalition des nations musulmanes qui l’entouraient. Elles étaient sûres de leur fait, tant le rapport de force était pour elles, face au ramassis de survivants des camps qui défendait le nouvel État. Mais Israël gagna cette guerre. Et Yahvé fit que les nations qui demeuraient sur la Terre promise, trompées par leurs propres chefs, quittent la Palestine et n’y reviennent pas, libérant un territoire pour le peuple Juif. Ensuite, Israël devint comme un îlot entouré de l’océan en furie. Il fut attaqué tous les dix ans environ, par des vagues innombrables de nations. Mais Israël gagna toutes ces guerres. Certains dirigeants Arabes finirent par comprendre qu’on se battait là contre la main de Dieu. L’Égypte et la Jordanie firent la paix, ne voulant plus se détruire. Mais d’autres furent endurcies par Dieu, tel le pharaon face à Moïse, et refusèrent de reconnaître que la Palestine était la terre promise à Israël. Ils expliquèrent ses victoires tantôt par la chance, tantôt par l’aide de la France, tantôt par les États-unis. C’est Dieu qui permit cette obstination chez ces peuples, tous musulmans, à qui il avait pourtant donné d’immenses terres pour s’établir et des paroles coraniques pour ne pas aller sur le chemin de la haine des Juifs. C’est que Dieu prévoyait de se servir d’Israël comme d’une pierre dans le chemin de l’orgueil musulman, de manière analogue que l’orgueil chrétien avait trébuché. En effet, de même que les nations chrétiennes se sentirent à jamais déshonorées par leur silence à Auschwitz, y apprenant pour très longtemps qu’elles étaient pécheresses, de même les nations musulmanes devaient, par Israël, découvrir l’horreur de leur propre péché.

Mais les nations chrétiennes ont un maître spirituel, Jésus. Aussi, elles peuvent comprendre leur misère en voyant leurs échecs spirituels. C’est ainsi que le silence des nations chrétiennes durant les années de la shoah suffit à leur façonner un cœur brisé et repentant.

Les nations musulmanes ont un maître militaire et national, Mohamed. C’est pourquoi Israël devait être l’occasion pour elles d’une ruine militaire et nationale. C’était une mission énorme, visible, et dangereuse pour l’humilité des Juifs.

La gloire d’Israël

Pendant des années, Israël devait recevoir une série de gloires visibles et politiques. Dieu lui donna d’abord une puissance économique et militaire qu’il n’avait pas connue dans son histoire. Et Israël résista, en mémoire de la shoah, à la tentation de s’en servir pour dominer sa région. Pourtant, il fut cruellement attaqué, ses ennemis visant sans cesse et directement sa population civile et ses enfants. Israël répliqua, visant les coupables et faisant tout son possible, autant que faire se peut, pour protéger les populations ennemies. Le discours de ses chefs s’efforçait de rester à la fois conforme à l’honneur (ne voulant plus voir les sien exilés, et livrés à des bourreaux, comme brebis pour l’abattoir) et humain (ne voulant pas se comporter de manière impitoyable, quoique ses victoires le lui permissent) :

« Je dirais seulement que l’État d’Israël sanctifie les valeurs morales les plus essentielles, qui sont ancrées dans notre antique tradition juive – et dans notre sang qui a été répandu -, et nous n’avons pas besoin qu’une autre nation ou un autre pays nous enseigne ces principes. Nous ne poursuivons pas d’innocents civils, nous ne cherchons pas le pouvoir, mais seulement la légitime défense de notre peuple et de notre État. Nous combattons des terroristes sans scrupule, et nous ne cesserons pas de les combattre jusqu’à ce qu’ils partent de notre frontière. » (Discours d’Ehud Olmert, 1er août 2006).

Il fallut tout le souvenir de la shoah pour que, jusqu’à la fin de cette grande guerre de l’islam, Israël garde cette attitude.

Lorsque la survie d’Israël fut menacée par des armes nucléaires, ce pays s’abstint d’user de ses propres armes nucléaires ne voulant pas commettre le crime contre l’humanité. Et il fit bien, étant puissamment protégé par Dieu, le monde entier s’étant ligué pour l’assister.

Lorsque l’islam durement frappé par l’échec militaire se convertit à l’humilité et reconnut à Israël son existence et sa terre, ce peuple en remercia Dieu et non sa propre capacité manœuvrière. Il n’oublia pas que tout aurait pu tourner à sa propre destruction.

Lorsque Dieu rendit à Israël la totalité de la terre promise, y compris Jérusalem, ce peuple n’en oublia pas la fragilité de son destin.

Lorsque l’Arche d’Alliance fut retrouvée dans le désert et le troisième Temple de Jérusalem rebâti, plus beau que le précédent, Israël n’oublia pas que tout pouvait être perdu s’il s’en glorifiait.

Ainsi et pour la première fois, on vit ce peuple garder la mémoire de son passé et en faire, pour le monde entier, un modèle.

Mais, au-delà de ces évènements politiques, il fut aussi préparé pour des évènements eschatologiques, qui devaient aboutir à la Venue du Messie glorieux qu’il annonçait par vocation depuis sa fondation.

Arnaud Dumouch, 2 août 2006

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