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La subsistance des sagesses
et des religions anciennes

Les contes du tome 2 décrivent l’histoire d’une génération et de son éducation, selon le deuxième sens des textes eschatologiques de la Révélation. Il est parlé des « générations » de la manière dont le fait Jésus : les membres de cette génération ne forment pas un bloc uniforme. Le conte vise plutôt le courant dominant du temps, tenu le plus souvent par des représentants qui possèdent le pouvoir, au moins au plan médiatique.

Le Bouddha, tableau du peintre Odile Redon.
Le Bouddha (Odile Redon)

 

On s’étonne parfois que Dieu ait laissé, et encore aujourd’hui, des peuples entiers adorer des idoles, où suivre des doctrines qui n’annoncent pas Dieu. On se dit que c’est une sagesse bien curieuse, 2000 ans après sa passion et sa résurrection. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas envoyé des Apôtres auprès de milliards de ses enfants ? On se dit : « Pourquoi ne déploie-il pas sa puissance, par les charismes qu’il donnait à ses Apôtres ? En un instant, sa bonne nouvelle serait connue jusqu’aux extrémités de la terre. »

En réalité, Dieu prend volontairement son temps. Et l’histoire suivante le démontrera.

L’histoire du Bouddha

Le prince Siddhartha Gautama était hindouiste. Il vivait en Inde bien longtemps avant Jésus Christ et le roi son père avait tout fait pour lui cacher la vraie nature de ce monde. Jamais il n’avait vu un vieillard, afin que ses yeux ne devinent pas la fin de toute chose. Jamais on n’avait laissé un malade l’approcher, pour que lui échappe la fragilité des êtres. On lui avait même caché l’existence de la mort. On le maria tout jeune avec une princesse belle comme le rêve. Mais un jour, fuguant du palais de son père, il vit dans les rues de la ville, la vieillesse, la maladie et la mort.

A partir de ce jour, bouleversé, une seule question l’obséda : « Pourquoi ? » Son père ne pouvait rien contre cela. On n’étouffe jamais la nature humaine car « depuis les temps les plus reculés jusqu’à aujourd’hui, on trouve dans les différents peuples une certaine sensibilité à cette force cachée qui est présente au cours des choses et aux événements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême, ou encore du Père. » (Concile Vatican II). Il commença un chemin spirituel qui lui prit trois étapes et le conduisit, de l’hindouisme, à l’invention d’une des plus belle sagesses de ce monde (le bouddhisme), et enfin à la Lumière de la Vision face à face du Dieu infini.

Les paillettes de diamant de l’hindouisme

Et il trouva les premières réponses à ses lancinantes questions dans la mythologie hindouiste. Des prêtres lui expliquèrent la nature de l’homme, émanation de l’Être de l’Univers et dont le destin devait, de réincarnations en réincarnations, se fondre de nouveau dans ce Grand Tout. On lui expliqua les raisons de la souffrance : « Chaque homme croit être quelque chose. Aussi se soumet-il à des désirs individuels qui l’obsèdent et l’épuisent. Mais quand l’homme comprend enfin qu’il n’est que la partie d’un immense Être qui seul compte, quand il accepte de disparaître pour se fondre en Lui, alors tout désir disparaît, donc toute souffrance, donc toute réincarnation. Et on devient ce qu’on est : Partie du grand Tout. »

Son âme en fut nourrie tout un temps. « Ainsi, reconnaît le Concile Vatican II, dans l’hindouisme, les hommes scrutent le mystère divin et l’expriment par la fécondité inépuisable des mythes et par les efforts pénétrants de la philosophie ; ils cherchent la libération des angoisses de notre condition, soit par les formes de la vie ascétique, soit par la méditation profonde, soit par le refuge en Dieu avec amour et confiance.

La grande sagesse bouddhiste

Pour se libérer de tout désir, donc de toute souffrance et de toute réincarnation, le prince Siddhârta décida de se livrer avec intensité à la pratique de l’ascèse. Il partit avec quelques autres aspirants au détachement et commença à jeûner durement, au fond d’un bois. Il décharna durant des années son corps, le soumettant au vent à la pluie, s’efforçant d’être indifférent à tout. Il pensait, en usant son corps, user en lui les désirs. Il se fit donc rocher et s’identifia à l’indifférence du vent.

Un jour, une fillette appelée Sujata se dirigeant vers la rivière pour puiser de l’eau, le vit sous son grand arbre. Une araignée avait tissé sa toile entre son visage et le tronc. Devant sa maigreur, elle fut prise de pitié et lui dit simplement : « Veux-tu un peu de riz ? »

D’après certains, le déclic s’est fait avant la rencontre avant la jeune fille. Il y a plusieurs versions. Après 6 ans d’ascèse extrême, son corps affaibli ne le supportait plus qu’à peine – 1) alors qu’il ressentait une infinie douleur, une voix mélodieuse descendit du ciel. C’était sa mère Maya-Devi qui lui fit comprendre que son destin n’était pas de mourir ainsi. – Ou 2) une barque passa sur la rivière près de lui, avec à son bord un maître de musique et son élève. En essayant d’accorder l’instrument, une corde se brisa. Le maître lui : « vois-tu, si la corde est trop détendue, aucun son ne peut en sortir, mais si la corde est trop tendue elle casse ! » Le Bodhisattva comprit immédiatement son erreur : une ascèse excessive.

Siddhârta ne répondit pas à la jeune fille. Mais il se mit à tourner dans son esprit cette phrase. Et soudain, elle illumina son âme. Il se dit : « Et si j’avais dit oui, tout tranquillement, à la fillette ? Si j’avais pris les choses simplement, sans convoitise, mais comme un don de la vie ? Pour se détacher de tout désir, ce n’est donc pas le corps qu’il faut frapper. C’est l’âme qu’il faut simplifier. » Il en fut illuminé. Ce jour là il décida de cesser son jeûne et il commença de vivre par l’âme. Il s’en trouva bien. Il vécut libre, prêt à mourir ou à vivre, indifférent à tout désir et heureux de tout don. C’est lui qui enseigna, dans la joie, cette nouvelle sagesse du juste milieu. Il dit à ses amis hindouistes :

« Avant, tu méprisais toute joie par peur de t’y attacher et d’être condamné à la réincarnation. Aujourd’hui, accueille dans la joie toutes les beautés, bontés de ce monde, puisqu’elles sont une partie de ce Grand Tout, et donc de toi. Et n’y mets pas ta convoitise. »

« Avant, tu te refusais d’aider celui qui souffrait au bord du chemin, puisqu’il avait choisi cette souffrance entre ses deux vies, comme salaire de son Karma.

Aujourd’hui, je te dis de l’aider si tu le peux, et d’avoir compassion de lui. Ce n’est pas la souffrance qui payera son Karma. Mais c’est son détachement et le tien. Et s’il t’est impossible de l’aider, garde ta joie : car tout va vers le même chemin. »

[Note : Entre temps, il y a son combat avec Mara (Satan), le Seigneur du désir et son armée de démons.]

Les anges de Dieu regardaient depuis le Ciel et voyaient cette sagesse que venait de trouver le prince Siddhârta. Ils se dirent entre eux : « Cet homme est simple, humble et bon. Quelle excellente préparation donnera sa sagesse pour ses disciples jusqu’à la Venue du Sauveur ! Bénissons cette Sagesse. Donnons lui une descendance immense, aussi nombreuse que les étoiles du ciel. » Ainsi fut-il fait et le bouddhisme se répandit à partir de ce jour partout dans l’Asie, nourrissant des milliards d’humains. Cette voie ne sauvait pas ses adeptes. Mais elle constitua une sorte de « jean Baptiste » de l’Extrême Orient et elle prépara les cœur, leur enseignant : « Soyez des hommes simples, droits et honnêtes. Ne vous attachez à rien. Et viendra la lumière. »

La surprise du Bouddha

Fidèle à sa simplicité, le Prince Siddhârta, devenu le « Bouddha » (l’illuminé) dormait la nuit, puisque tel était structuré son corps. Il ne pratiquait plus depuis longtemps les grandioses exploits ascétiques de sa jeunesse. Avant de mourir, le Bouddha dit à Ananda, son fidèle disciple qui tremblait de voir son corps éclatant de lumière : « Le corps d’un Bouddha se transfigure deux fois dans sa vie. La première fois, au milieu de la nuit où il parvient à la Vue suprême et parfaite. La seconde fois, au milieu de celle où il entre dans le Nirvana. Puis il tomba malade et il mourut durant son sommeil, dans sa quatre vingtième année. Son âme souriante s’étira, sortit de son corps. Elle rencontra un Prince lumineux, un ange de Dieu qui en un instant, soulevant son manteau et montrant son cœur, lui révéla la vérité. Il ne fut pas enseigné avec des mots mais par le simple geste de cette lumière qui parlait.

Siddhârta dit donc : « C’est ainsi ? Il existe un Dieu d’amour ? Et il viendra bientôt pour nous conduire dans la Vision de son Infinie beauté ? » Il adhéra dans une grande joie à cette nouvelle, sans aucun mouvement de recul, sa simplicité désirant ardemment la Simplicité du Christ. Il rencontra Abraham, qui l’attendait dans un paradis appelé « limbe ».

La survie du bouddhisme

Et c’est ainsi que, jour après jour, à partir de cette époque, beaucoup parmi les disciples du Bouddha arrivent dans l’autre monde. Ceux qui ont suivi sa voie avec sincérité sont sauvés sans efforts, souvent sans même avoir besoin du purgatoire, dès que l’ange leur parle du Christ.

C’est pourquoi, jusqu’à la fin du monde, il y aura sur la terre quelques disciples du Bouddha. Car Dieu protégera un petit reste de leurs fidèles afin qu’ils soient présents lors du retours du Christ. C’est ce qu’annonce prophétiquement le livre des Actes des Apôtres à propos d’une autre Asie (Actes 16, 6) : « Paul voulut aller prêcher en Asie mais l’Esprit Saint l’en empêcha. »

C’est de cette sagesse que le Concile Vatican II écrit, fidèle à la foi du Concile de Trente sur ce qui « prépare à la venue du salut » : « Dans le bouddhisme, selon ses formes variées, l’insuffisance radicale de ce monde changeant est reconnue et on enseigne une voie par laquelle les hommes, avec un coeur dévot et confiant, pourront soit acquérir l’état de libération parfaite, soit atteindre l’illumination suprême par leurs propres efforts ou par un secours venu d’en haut. »

Conclusion

Aussi effrayant que cela paraisse pour des chrétiens, l’Esprit n’a jamais voulu que le monde d’ici-bas soit totalement chrétien. Il a promis que, dans le monde de l’au-delà, « Il n’y aurait plus qu’un seul troupeau et un seul berger. » (Jean 10, 16)

Quant aux païens, s’ils ne sont pas encore dans la bergerie de Jésus, ils ont leur propre chemin conduisant au salut qu’ils ignorent encore. Dieu est maître de l’histoire. Il dose toute chose, y compris la permission qu’il laisse à ce que nous appelions jadis le mal (quand il s’agit d’autres formes religieuses que la nôtre) et que le Concile Vatican II nous demande d’appeler : « la semence de l’Esprit à venir ».

« L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la Vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jean 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses. » (Concile Vatican II, Nostra Ætate, Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes).

Arnaud Dumouch, 5 août 2006

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