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L’origine de l’islam

Les contes du tome 2 décrivent l’histoire d’une génération et de son éducation, selon le deuxième sens des textes eschatologiques de la Révélation. Il est parlé des « générations » de la manière dont le fait Jésus : les membres de cette génération ne forment pas un bloc uniforme. Le conte vise plutôt le courant dominant du temps, tenu le plus souvent par des représentants qui possèdent le pouvoir, au moins au plan médiatique.

Icône d’Ismaël.
Ismaël

 

« A l’Ange de l’Église de Laodicée, écris : Ainsi parle l’Amen, le Témoin fidèle et vrai, le Principe de la création de Dieu. Je connais ta conduite : tu n’es ni froid ni chaud – que n’es-tu l’un ou l’autre ! – Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. Tu t’imagines : me voilà riche, je me suis enrichi et je n’ai besoin de rien ; mais tu ne le vois donc pas : c’est toi qui es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! Aussi, suis donc mon conseil : achète chez moi de l’or purifié au feu pour t’enrichir. » (Apocalypse 3, 14)

 

 

L’Église

Depuis plus de trois siècles, l’Église du Christ vivait en paix. L’Édit de Milan avait mis définitivement fin au risque du martyr sanglant et le christianisme, au lieu d’être signe d’infamie, était devenu la religion de l’Empire romain. Les évêques étaient devenus des notables. Dans sa partie africaine, l’Église attiédissait le feu de la charité par un souci trop grand des choses du pouvoir. On adhérait trop souvent à tel ou tel courant de foi à cause de l’empereur de Constantinople, sans souci réel de la vérité. On s’enlisait dans des discussions théologiques sans fin qui avaient abouti à l’apparition de multiples hérésies et schismes.

Alors voilà comment Dieu et ses anges regardaient la Sainte Église à cette époque en Orient. Ils y voyaient de la puissance et de la fierté. L’union entre l’Empereur et le clergé en faisait souvent une maison formelle. L’Église était trop puissante. Elle s’endormait dans des missions temporelles, négligeant le salut éternel. Tout ce qu’elle entreprenait était teinté de l’orgueil.

Dans l’autre monde, à l’heure de leur mort, les chrétiens qui arrivaient n’avaient plus rien des petits pauvres de jadis. On voyait des hommes du pouvoir et de la puissance, qui devaient apprendre dans les divers purgatoires, durant de longues années, les rudiments mêmes d’une foi qu’ils prétendaient avoir toujours pratiqué.

Depuis des années, les Archanges du Seigneur discutaient entre eux : « Que ferons-nous de la Sainte Église ? Elle s’installe sur terre et n’est plus errante. »

L’un d’eux, saint Gabriel, dit : « Suscitons lui un adversaire, qui sera chargé de la souffleter. »

Et on lui donna raison. Ainsi, le ciel décida d’agir et Mohamed n’y fut pour rien. Sa religion, qui était un retour sur le service ancien d’Abraham, bien que venant de lui, un simple humain, fut bénie. Comme Dieu l’avait annoncé à Abraham à travers son fils Ismaël[1], il décida de faire de cette religion de guerre un instrument pour flageller l’égoïsme et le confort des habitant de cette terre, jusqu’à l’époque de l’Antéchrist.

Mohamed

L’archange Gabriel vit un homme qui marchait en conduisant une caravane vers le désert d’Arabie. Lorsque arriva la nuit, il se retira loin de ses compagnons pour méditer. Il s’appelait Mohamed. Depuis des années, au cours de ses pérégrinations, il étudiait les religions des régions qu’il traversait. Il avait fréquenté des Juifs et s’était informé auprès d’eux d’Abraham, et de sa confiance en Dieu. Il avait rencontré des communautés de chrétiens (non orthodoxes) qui lui avaient raconté le mariage du Dieu d’Abraham avec une femme, Marie, et la naissance de Jésus, Fils de Dieu (sic). Lui-même, issu des paganismes des déserts, s’était mis à réaliser dans son cœur une synthèse de ce qui était vrai et bien dans ces deux sagesses. Il s’était dit qu’il fallait garder la foi d’Abraham en un Dieu unique, qu’il fallait mettre Jésus à sa juste place, sans exagération, non comme un Fils de Dieu, mais comme le plus saint des prophètes, le Messie. Il pensa dans son cœur que la plus belle marque d’adoration pour Dieu consistait à se soumettre à sa volonté, tel un serviteur fidèle et inutile. C’est ainsi qu’il façonna une voie adaptée à sa recherche. Pendant longtemps, il la garda secrète dans sa prière, sans en parler à personne.

Cela dura jusqu’à ce que, un jour, alors qu’il s’était retiré dans une grotte pour méditer au sens de la vie, tout change. Car un ange du Seigneur lui apparut, revêtu de lumière et lui dit : « Je suis Gabriel. Je multiplierai beaucoup ta religion, tellement qu’on ne pourra pas la compter. » L’Ange de Dieu lui dit : « Tu donneras naissance à une religion, et tu lui donneras le nom d’Islam, car Dieu a entendu ta détresse. Cette religion sera comme un âne indomptable, sa main contre tous, la main de tous contre elle, elle s’établira à la face de tous ses frères. »[2]

Cette vision bouleversa profondément Mohamed. Il ne fut plus le même homme. Lui qui était auparavant discret sur ses méditations, se mit à les raconter à sa famille, puis à ses amis. Il s’attira le rire de certains, mais aussi l’intérêt d’autres. De cette vision, il tira surtout beaucoup d’assurance sur lui-même, et il prit conscience d’un coup qu’il avait une mission, celle d’être le dernier prophète de Dieu.

Il attendit longtemps d’autres directives. Or l’ange ne revint pas. Il finit par en conclure qu’il lui avait été donné liberté et initiative pour faire naître cette religion. C’est ainsi qu’il prit sur lui de tout structurer, en conscience, selon ce qui lui parut juste. Le fait qu’il n’attende pas, mais qu’il prenne l’initiative d’aider Dieu à réaliser la promesse reçue de l’archange, lui fit imiter le comportement d’Abraham dans ce passage de l’Écriture sur la naissance d’Ismaël : « et Saraï dit à Abram : « Vois, je te prie : Yahvé n’a pas permis que j’enfante. Va donc vers ma servante. Peut-être obtiendrai-je par elle des enfants. » Et Abram écouta la voix de Saraï. Ainsi, au bout de dix ans qu’Abram résidait au pays de Canaan, sa femme Saraï prit Agar l’Egyptienne, sa servante, et la donna pour femme à son mari, Abram. »[3]

C’est donc Mohamed qui prit alors l’initiative d’aller prêcher dans sa ville natale, La Mecque, sûr de la protection de Dieu. Il annonça donc le Dieu unique, le Dieu d’Abraham, de Moïse, de Jésus, son unicité et sa demande de soumission. Or, et contre toute attente, les choses se passèrent mal. Il fut chassé comme un malpropre et dût se retirer en exil, dans une ville voisine appelée Médine. Mais des compagnons de valeur le suivirent. Il vit de ses yeux le nombre de ceux qui suivaient sa voie augmenter.

Esaü

Mohamed n’était pas un saint. C’était un homme de chair, sensible aux passions de ce siècle. Il ressentit donc comme une humiliation contre lui, le prophète, et donc contre Dieu son éjection de La Mecque. C’est ainsi que, bien qu’il ait structuré une religion sur des piliers faits de profession de foi, de prières, d’aumônes, de pèlerinages, il ne put résister au sang qui bouillonnait en lui et décréta la guerre contre les païens de La Mecque. Il pensa avoir bien fait et fut certain que ses actions avaient été bénies de Dieu puisque ses victoires s’accumulèrent. Comment pouvait-il en être autrement puisqu’il voyait que tout pliait devant lui, un si misérable marchand.

Vers la fin de sa vie, Mohamed était devenu un chef militaire couvert de gloire (et de sang). Elle était loin, l’époque de ses méditations spirituelles. Il avait obtenu en gloire et en plaisir plus que n’importe quel homme sur terre, attirant à lui les plus belles concubines, comme l’avait fait avant lui le roi Salomon. Au fond de sa conscience, il voyait bien certains crimes et accommodements, mais, en homme fier, il trouvait toujours une justification extérieure pour ses disciples : il avait justifié le nombre de ses femmes par le nombre croissants de veuves de guerre ; il avait expliqué quelques massacres et mises en esclavage d’ennemis par le bien de la communauté. Pourtant, devant Dieu, il n’avait aucune illusion et connaissait la part d’ombre, l’usage mauvais qu’il avait fait pour son bien propre de cette grande mission.

Cependant n’était-il pas le Prophète de Dieu ? Ses actions n’avaient-elles pas valeur d’exemple pour les musulmans qui sortiraient de lui ? Il était donc troublé.

C’est alors qu’une deuxième fois, l’archange Gabriel lui apparut : « Qu’as-tu, Mohamed ? Ne crains pas, car Dieu a entendu les cris de ton âme. Debout ! Soulève ta religion et tiens-la ferme, car j’en ferai une grande nation. »[4]

C’est bien l’Archange Gabriel qui lui apparut deux fois. Mais, la deuxième fois, il lui montra la fin de l’islam. Mohamed n’aima pas cette prophétie. S’il avait du l’écrire de son propre fond, jamais il n’aurait imaginé une telle fin. Car Dieu lui annonça, pour la fin du monde, une grande guerre (Gog et Magog). Il vit de ses yeux des Arabes pervers provoquer le reste du monde par une série de crimes abominables ; il vit le monde entier se liguer contre sa Communauté ; il vit les lieux saints détruits par un feu, les immenses califats musulmans transformés en nations sans religion, puis l’apostasie, par millions, des masses de musulmans. Ses compagnons et les femmes qui l’entouraient l’entendirent raconter ces visions et le virent plusieurs fois en pleurer. C’est qu’il ne pouvait comprendre ces mystérieuses volontés de Dieu pour le futur.

Il mourut donc en homme troublé. Et il dut poursuivre après sa mort par bien d’autres purifications son chemin vers la sainteté.

Les raisons de Dieu

C’est à l’heure de sa mort que toutes les explications lui furent données. L’ange le rassura d’abord lorsqu’il découvrit l’immensité de ses erreurs et de ses constructions purement humaines : « Laisse faire. C’est la victoire éternelle de Dieu qui compte seule. Car les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes. »

L’Archange lui montra ce jour là tout ce que valait aux yeux de Dieu toutes ces victoires militaires qu’il avait accumulées : en elles-mêmes, elle n’étaient que de la poussière, aussitôt balayé par le vent. Mais elle produisaient un fruit, dans le monde entier entré en échec : de l’humilité.

« Pourquoi, demanda Mohamed, ne pas m’avoir corrigé quand j’ai dit que Jésus n’était qu’un homme et qu’il n’était pas mort sur la croix ?

— Parce que, dit l’ange, la terre n’est pas le temps de la vérité parfaitement révélée, mais celui de l’apprentissage de l’humilité. Donne-moi deux attelages pour une course de chars. Que les chevaux du premier s’appellent Vérité (le Christ) et Orgueil, ceux du second s’appellent Hérésie et Humilité. Et bien tu verras le second attelage remporter la victoire, non à cause de l’erreur mais à cause de la force du cheval Humilité. (Saint Jean Chrysostome).

Et pourquoi m’avoir laissé décréter la guerre, alors que le Royaume de Dieu est celui des doux ?

— Parce que, face à l’orgueil des hommes qui vivent en paix et égoïsme sur terre, il fallait à Dieu un bras qui fragilise et détache de ce qui ne dure pas. Ainsi le fera l’islam, ta religion, à chaque fois que l’une des parties de l’humanité s’installera sur la terre.

Et pourquoi m’avoir lancé, dans mon combat, contre la sainte Eglise du Christ ?

— Parce que même le Temple de Dieu, lorsqu’il trouve sa perfection sur terre, se corrompt aussitôt. Lui aussi est fait d’hommes et l’homme ne s’attache décidément qu’à la chair, qu’à ce qu’il voit comme les belles constructions, les civilisations passagères. Alors, Dieu livrera des pans entiers de la Sainte Eglise à l’islam. Elle y apprendra la peur et se tournera vers Dieu.

Et pourquoi avoir déclaré une fin si misérable pour l’islam, une fin faite de défaite et d’apostasie.

— Parce que le fouet lui-même, dans ce qu’il croit être ses réussites, se met à se penser supérieur à l’enfant qu’il corrige ! Or nul ne peut être sauvé s’il n’a vu sa misère. Ensuite, il ressuscite pour la vie éternelle.

Bénédiction de Dieu sur l’islam

Et c’est vrai que, du Ciel, Mohamed assista avec un autre regard au cheminement de l’humanité. Il vit les anges donner tour à tour victoire et défaite à sa Communauté, selon la mesure exacte qu’il convient pour le salut du plus grand nombre.

Les arabes étaient un petit peuple qui ne comptait au mieux que quelques millions de personnes, comment se fait-il qu’en un siècle ils aient pu posséder un empire allant de l’Espagne à l’Indus ? C’est que la main de l’Ange de Dieu était avec lui, puissante et fidèle, jusqu’à la limite exacte assignée par Dieu : la sanctification du christianisme, de l’hindouisme et celle des musulmans. Dieu donna donc douze peuples à Mohamed. Puis il vit que les musulmans eux-mêmes s’enorgueillissaient de leur victoire. Alors Dieu l’abandonna un temps. C’est ainsi que, très vite, pour des raisons de pouvoir, les chefs musulmans s’entretuèrent. Ce fut le grand schisme primordial, celui des sunnites et des chiites.

Sept siècles plus tard, une deuxième fois, l’islam emporta la victoire sur un christianisme devenu tiède. Ce fut la perte de Byzance et de l’Empire romain d’Orient tout entier. Celui qui va en Turquie constate avec tristesse que bien des mosquées sont des églises reconverties. La cathédrale sainte Sophie est, pour toute âme orthodoxe, un mur des lamentations. Mais les orthodoxes furent guéris de leurs « byzantinades sans fin ».

Le fait que l’Église ait pratiquement disparu en Afrique du Nord et dans d’autres régions du monde pour être remplacée par l’islam est un désastre du moins en ce qui concerne la connaissance et l’amour immédiat de Jésus à court terme. Pourtant, pour celui qui sait regarder avec le regard de la foi et avec la distance de Dieu, il est certain qu’il sortit du bien pour la vie éternelle. Ce fut un bien pour l’Église qui, divisée et diminuée, en sortit moins sûre d’elle-même, plus pauvre devant le mystère des permissions de Dieu. C’est un bien pour l’islam qui l’oblige à constater que la puissance de son extension n’est pas infinie.

Sept siècles plus tard, une troisième fois, l’islam reçut une mission : il s’agissait cette fois de déstabiliser un Occident devenu aussi riche et paisible qu’égoïste et éloigné de Dieu. Mais cette fois-ci, ce fut aussi au tour de l’islam de connaître l’échec et la mort, l’incompréhension et la purification.

Conclusion

Que faisons-nous sur terre ? Pourquoi nous faut-il passer par ce lieu de fragilité où le mal frappe, sans cause apparente ? Visiblement, comprirent les Juifs, il est une qualité qui tient au cœur de Yahvé plus que toute autre : Il ne supporte pas l’orgueil. En vue de la charité (ajoute Jésus), l’humilité est appréciée par Dieu au-dessus de tout. En conséquence, tout ce qu’il crée est marqué tôt ou tard par la faiblesse et la mort. Marie, mère de Jésus, jeune fille formée par le plus pur des judaïsmes, avait compris ce fait. Elle le chante dans son Magnificat[5]: « Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. »

Il semblerait que Dieu veut apprendre quelque chose d’important à l’homme, quelque chose en rapport avec son salut. Ainsi en va-t-il de la guerre. Celui qui prend l’épée fait périr les autres par l’épée mais finit, tôt ou tard par périr lui-même. Et la chose semble universelle. Le peuple juif en fut le témoin et victime.

Quant aux musulmans qui vivent avec pureté les préceptes du Coran, mettant au premier plan Dieu et leurs frères humains et non la recherche du pouvoir au nom de Dieu, ils sont disposés de l’intérieur à se tourner vers Jésus quand il se manifeste à eux à l’heure de la mort. Pour le moment, ils nient que Dieu ait un Fils éternel, mort pour nous sur la croix. Ils le nient non par haine de Dieu mais à cause de leur zèle de la grandeur de Dieu.

Que se passera-t-il à l’heure de leur mort, lorsque le Christ leur apparaîtra, accompagné de la Vierge Marie et de leur Prophète Mohamed ? Refuseront-ils obstinément de le reconnaître comme Dieu fait homme s’il se présente à eux comme tel ? Non bien sûr. Les musulmans sont disposés de l’intérieur à accueillir favorablement la plénitude de la révélation du Christ, lorsqu’elle leur apparaîtra à la fin du monde.

Arnaud Dumouch, 29 juillet 2006

 

1. Genèse 16, 17 : les deux descendances promises à Abraham. [↩]

2. Genèse 16, 5-12. [↩]

3. Genèse 16, 1-2. [↩]

4. Genèse 21, 10-21. [↩]

5. Luc 1, 51-53. [↩]

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