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Apostolat éternel

« Je passerai mon Ciel à faire du bien sur la terre. »
(Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Docteur de l’Église)

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La couturière de Foix

Lorsque je vivais sur la terre, je m’appelais Raymonde. J’étais couturière en Ariège. J’ai eu un fils. Je suis morte à 81 ans, au tout début du XXIème siècle après une semaine passée à l’hôpital. Ma seule préoccupation, je l’avoue, était alors ma maison et mes deux chiens que je laissais sans surveillance.

Mais j’ai bien dû mourir et laisser ce que je ne quittais jamais. Ça a été dur. On est vieux et seul, et pourtant on s’attache à tout. Puis, d’un coup, on doit tout laisser.

J’ai ma tombe quelque part entre Foix et Pamiers, dans le caveau de la famille. C’est tout. Cela parait un triste destin.

Comme on se trompe. Quand on est sur la terre, on ne comprend rien…

Peinture de l’artiste canadienne Sylvie Roy.

Je n’imaginais pas tous les trésors d’amour, que Jésus allait réveiller en moi. Je ne me croyais plus capable, à mon âge, de retrouver les audaces de la jeune fille. J’étais devenue comme une plante desséchée par l’âge et la tiédeur d’une vie de tout le monde et, tout d’un coup, en m’apparaissant, Jésus a fait jaillir en moi une énergie qui a rendu mon être lumineux. Il m’a rendu jeune et belle comme jamais. De toute ma vie terrestre, je ne l’ai donc vraiment servi qu’à la onzième heure, et comme dans la parabole (Matthieu 20, 6), j’ai reçu le même salaire que ceux qui l’avaient aimé toute leur vie. Je l’ai choisi, à l’heure de ma mort, et après un temps de purification, il m’a emmenée dans la vision de Dieu.

Il a trouvé, avec beaucoup de miséricorde, quelques petites choses où j’avais été fidèle durant ma vie. J’ai essayé de bien élever mon fils. Et il m’a dit (Matthieu 25, 21) : « C’est bien, servante bonne et fidèle ! En peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton seigneur. »

Mon premier apostolat

Juste après mon entrée dans la vision de Dieu, c’est un ange gardien qui est venu m’avertir. Il s’est montré à moi dans son étonnante lumière et m’a dit, comme à Marie (Luc 1, 28) : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu conduiras un enfant et tu l’enfanteras pour la Vie éternelle. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. » Il voulait me confier la garde de l’un de mes deux arrière-petits-fils. Il se mettait à mon service pour que je décide avec lui de la manière de le conduire au Ciel, en fonction de son caractère. J’ai demandé à l’ange s’il ne me confiait pas une charge bien trop précieuse. Je pensais qu’il était bien plus capable que moi de prendre les décisions qui convenaient. C’est si précieux une âme. Il m’a répondu : « Tu es passée par la grande épreuve. Tu as connu la misère de la chair. Tu as péché et tu sais maintenant ce qu’est la miséricorde. Tu as épousé la Trinité, dans l’humilité et l’amour. Pour toutes ces raisons, tu feras bien mieux que nous, les anges, qui avons épousé Dieu dans sa lumière, sans jamais pécher. Du coup notre apostolat sur les hommes est parfois sévère et rapide. Ton apostolat sera plus doux que le nôtre, car maternel. Il sera plus efficace pour son salut. Et nous t’obéirons en tout. »

J’ai donc pris en main le chemin de salut de mon arrière-petits-fils le 1er décembre 2005, jour de l’anniversaire de ses sept ans et de celui de ma mort. Ces petites coïncidences de dates sont amusantes. J’en ai remarqué dans toutes les familles et elles indiquent ces liens d’apostolat que les anges aiment créer avec les ancêtres jusque dans l’éternité.

Mon arrière-petit-fils avait un caractère bouillonnant et entier. Il ne priait pas beaucoup mais avait compris beaucoup de choses sur le sens de la vie. Il a été facile à garder durant toute sa vie terrestre, dans la joie et la douleur. Il est devenu ce que j’espérais : humble donc grand au Ciel. Et c’est vrai que j’ai pu lui apprendre l’humilité et l’amour en utilisant des corrections très douces en comparaison de celles d’autres époques !

Reine

Peinture de l’artiste canadienne Sylvie Roy.

« La limite que Dieu mettra à sa création, c’est la limite de son amour et de sa lumière. » C’est bien moi qui dit cela ! Moi, l’ancienne couturière de Foix ! C’est facile d’être théologienne quand on voit Dieu face à face.

Mais cette phrase dit du concret. Elle raconte ce qui se passe, après la fin de ce monde… Lorsque je gardais mon arrière-petit-fils, je visitais sans cesse, par plaisir, les galaxies gigantesques de l’univers visible. Et je constatais que, pour le moment, elles étaient vides de toute présence civilisée [Ceci est une remarque de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich]. Pourtant, partout, je remarquais l’activité des Anges chargés de la vie, l’ordre des Vertus. Ce sont de magnifiques ingénieurs qui ensemencent l’univers. Dans divers coins de cette immensité, ils faisaient évoluer des formes de vie végétales, animales, psychiques. Quelle imagination dans leur travail ! Visiblement, ils préparaient quelque chose pour Dieu. Et ce qu’ils préparaient étaient foisonnant !

Puis, mon arrière-petit-fils est venu me rejoindre en Dieu. Ensuite, j’ai assisté à la fin du monde. A l’heure décidée par le Père, le Christ est venu mettre fin à la Terre. Les générations humaines et animales se sont arrêtées et la vieille planète, délaissée, a terminé son errance en se fondant dans le soleil.

Après la fin du monde, nous avons tous (les bons comme les mauvais) retrouvé notre corps de chair. Nous qui étions avec Dieu, nous avons vécu dans l’enthousiasme de nous rencontrer, de nous embrasser. Chacun des habitants du Ciel était à lui seul un séjour de la Trinité, un immense univers à contempler.

Je ne quittais jamais la vision de Dieu et je n’avais plus d’autre désir que lui, et les surprises que chaque jour il me préparait.

Et puis, un jour, Dieu, mon époux, m’a parlé. « Ma reine, m’a-t-il dit, j’aimerais te confier une mission. » Et il m’a porté en un instant par sa Puissance jusqu’à une planète inconnue et immense, située dans l’univers de l’ancienne Terre, celui où toutes les choses s’usent, selon ses lois propres. Elle était entièrement couverte de mer. Là, il m’a montré un animal gracieux, qui nageait dans la mer au milieu de tout un monde fait d’animaux et de plantes inconnus. Et mon époux, Dieu, m’a dit : « Mes anges m’ont préparé ce nouveau monde. Quel beau cadeau de leur part ! Je vais bénir leur œuvre en créant un nouvel être fait de corps et d’esprit. Cet être spirituel ne sera pas un humain mais autre chose. J’infuserai une âme spirituelle pour faire une personne à partir de ce joli dauphin. Regarde comme sa sensibilité sera grande. J’aimerais te confier la garde spirituelle du premier couple et des enfants qu’ils auront, jusqu’à ce que, parmi eux, tu m’aies préparé une reine et un roi selon mon cœur, de leur espèce, pour t’aider. Je te fais entièrement confiance. »

J’ai demandé à mon Amour, Dieu : « Pourquoi me choisis-tu, Seigneur, pour une si grande mission ? N’y aurait-il pas une personne plus adaptée, plus sainte ? »

Il m’a alors montré une scène de mon enfance. J’avais cinq ans. Je faisais une prière, à genoux à côté de mon lit et je demandais tout fort à Dieu si, au paradis, on pourrait être amis avec des animaux. Mon père, qui se tenait assis à côté de moi, m’avait dit : « On ne peut pas être ami avec des animaux. Ils n’ont pas d’esprit. Mais Dieu a des secrets et des pouvoirs. Et tout ce que nous demandons, il nous le donnera. Il l’a promis. Il est bien capable de créer, rien que pour toi, une espèce nouvelle dotée d’esprit. Tu devrais donc le lui demander. Tu seras sûrement exaucée un jour, à sa façon… »

Et je l’avais demandé. Dieu s’en était souvenu !

C’est ainsi que je suis devenue la reine d’un tout nouveau peuple de Dieu, un peuple immense qu’il conduisit à la Vision béatifique.

Arnaud Dumouch, 21 août 2006, fête de Marie Reine
Illustrations : tableaux de l’artiste Sylvie Roy

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